👁‍🗨 Le tic-tac de l'horloge de la liberté de la presse

Le film"Ithaka" montre "jusqu'où les nations sont prêtes à aller pour dissimuler leurs crimes, et que la liberté de la presse et notre droit à communiquer sont lentement démantelés sous nos yeux".

Affiche du film : www.ithaka.movie

👁‍🗨 Le tic-tac de l'horloge de la liberté de la presse

Par Peter Streiff, le 10 janvier 2023

"Ithaka", un père qui se bat pour son fils montre "jusqu'où les nations les plus riches et les plus puissantes de l'histoire du monde sont prêtes à aller pour dissimuler leurs crimes. Ithaka est au cœur du processus par lequel la liberté de la presse et notre droit à communiquer sont lentement démantelés sous nos yeux".

Depuis avril 2019, Julian Assange est incarcéré dans la prison de haute sécurité de Belmarsh à Londres. Le journaliste et fondateur de WikiLeaks est considéré comme le prisonnier politique le plus célèbre du monde et est devenu le symbole d'un bras de fer international pour la liberté du journalisme, la corruption des gouvernements et les crimes de guerre impunis. Le documentaire bouleversant "Ithaka" montre la lutte pour la libération d'Assange du point de vue de sa femme et avocate ainsi que de son père.

"Ne vous étonnez pas d'avoir les larmes aux yeux à la fin du film", a averti Craig Murray aux spectateurs* du cinéma Bollwerk de Stuttgart avant la projection d'"Ithaka". Le célèbre journaliste écossais et militant des droits de l'homme soutient la campagne pour la libération de son ami de longue date Julian Assange et a parcouru l'Allemagne en décembre avec le réalisateur Ben Lawrence.

Et Murray devait avoir raison : "Je suis abasourdie", a déclaré une spectatrice lors d'une discussion après la projection. D'autres avaient l'air affecté ou cherchaient leurs mots. Sur le site Internet du film, une commentatrice a résumé ses impressions en trois phrases : "Ceux qui n'avaient pas encore pris conscience de la gravité de la situation se réveilleront au plus tard pendant le film. Julian Assange est littéralement torturé, et ce par ceux qui devraient être derrière les barreaux sur la base de ses découvertes. Il ne s'agit de rien de moins que de notre liberté à tous".

Le journaliste et militant Julian Assange, aujourd'hui âgé de 51 ans, a fondé en 2006 la plateforme WikiLeaks, qui a acquis une renommée internationale quatre ans plus tard avec la publication de documents des services secrets, notamment sur les crimes de guerre en Irak. La justice américaine a alors ouvert une enquête pénale.

En novembre 2010, la Suède a émis un mandat d'arrêt international pour des accusations d'inconduite sexuelle. Assange a toutefois perçu ces accusations comme un prétexte pour permettre son extradition vers les États-Unis. En 2012, il s'est réfugié à l'ambassade équatorienne de Londres, où il a obtenu l'asile. En 2019, l'asile lui a été retiré et la police britannique l'a arrêté. Depuis, il est incarcéré à la prison de haute sécurité de Belmarsh à Londres et risque d'être extradé vers les États-Unis et d'y être condamné à 175 ans de prison. Il est accusé d'avoir enfreint la loi sur l'espionnage de 1917, vieille de 100 ans.

Le frère d'Assange, Gabriel Shipton, lui a déjà rendu visite à plusieurs reprises à l'ambassade et à Belmarsh. Toutefois, en août 2019, après une visite à la prison de Belmarsh, tout a changé : il aurait eu le sentiment oppressant que la vie de Julian ne tenait qu'à un fil et aurait décidé de tourner le film.

C'est au cours du voyage de son père John Shipton qu'il a eu l'idée du titre du film "Ithaka" : un père qui se bat pour son fils - et qui doit aussi lutter pour chaque millimètre de transparence et de liberté de communication. Avec son film, Gabriel veut montrer "jusqu'où les nations les plus riches et les plus puissantes de l'histoire du monde sont prêtes à aller pour dissimuler leurs crimes. Ithaka est au cœur du processus par lequel la liberté de la presse et notre droit à communiquer sont lentement démantelés sous nos yeux".

Le résultat est un documentaire tourné sur deux ans en Grande-Bretagne, en Europe et aux États-Unis. Cette histoire, dans laquelle s'entremêlent des images d'archives historiques et des séquences intimes en coulisses, montre le parcours de John aux côtés de la fiancée de Julian, l'avocate Stella Moris, qui se sont engagés ensemble pour Julian. Entre-temps, Stella et Julian se sont mariés et ont deux fils.

Ce combat de David et Goliath est personnel - et comme l'état de santé de Julian se détériore dans la prison britannique de haute sécurité et que le procureur américain tente de l'extrader pour le faire juger aux États-Unis, l'heure tourne.

L'ancien rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, le professeur Nils Melzer, prend clairement position dans le film : en 20 ans de travail avec des victimes de la guerre, de la violence et de la persécution politique, il n'a jamais vu "un groupe d'États démocratiques s'unir pour isoler, diaboliser et maltraiter délibérément une seule personne sur une période aussi longue, et avec aussi peu de considération pour la dignité humaine et l'État de droit".

Selon Craig Murray, il y aurait depuis peu un nouvel espoir, car après de longues hésitations, le New York Times, le Spiegel et d'autres journaux se sont prononcés en faveur de la libération de Julian Assange.

Plus d'informations :

Le film australien "Ithaka - un père, une famille, un combat pour la justice" dure 114 minutes. Informations (en allemand) sur l'histoire de Julian Assange, le film et ses lieux de projection (en janvier/février à Bonn, Cologne, Düsseldorf et Sarrebruck) sur :

www.ithaka.movie & www.freeassange.eu

https://www.contraste.org/die-tickende-uhr-der-pressefreiheit/