👁🗨 L'Empire étrangle lentement Assange comme il le fait avec tous ses ennemis
“Le but n’a jamais été que gagner du temps. Faire disparaître Assange, le vilipender. Et briser la plateforme de publication révolutionnaire d’aide aux lanceurs d'alerte à dénoncer les crimes d'État”.
👁🗨 L'Empire étrangle lentement Assange comme il le fait avec tous ses ennemis
Par Caitlin Johnstone, le 27 mars 2024
La High Court britannique a décidé que le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, pouvait éventuellement faire appel de son extradition vers les États-Unis, mais seulement dans un cadre très limité et à condition que des conditions bien spécifiques soient remplies.
La Cour a estimé que Julian Assange ne pouvait faire appel qu'au motif que sa liberté d'expression pourrait être restreinte aux États-Unis et qu'il était possible qu'il soit condamné à la peine de mort. Si les États-Unis donnent des “garanties” que ni l'une ni l'autre de ces choses ne se produira, le procès passe à une autre phase au cours de laquelle l'équipe juridique d'Assange peut débattre du bien-fondé de ces garanties. Si les États-Unis ne fournissent pas ces garanties, l'appel limité se poursuivra.
De manière absurde, le tribunal a décidé que les avocats d'Assange ne pouvaient pas s'opposer à l'extradition sur des questions aussi évidentes que la CIA a comploté pour l'assassiner, ou sur l'évidence qu'il est politiquement persécuté pour avoir commis l’embarrassent crime de journalisme.
Les médias parlent de “sursis”, voire de “merveilleuse nouvelle”, mais comme l'explique Jonathan Cook dans son dernier article “Assange's 'reprieve' is another lie, hiding the real goal of keeping him endlessly locked up” [“Le “sursis” d'Assange est un autre mensonge, qui cache le véritable objectif de son interminable emprisonnement”], il s'agit là d'un ramassis de conneries.
“Le mot “sursis” est là - tout comme l'intitulé de la décision des juges selon lequel certains des motifs de son appel ont été “accordés” - pour dissimuler le fait qu'il est prisonnier d'une interminable mascarade juridique tout autant qu'il est prisonnier dans une cellule de Belmarsh”, écrit M. Cook. “En fait, la décision d'aujourd'hui est une preuve supplémentaire que M. Assange est privé d'une procédure régulière et de ses droits juridiques les plus élémentaires, comme il l'a été pendant une décennie ou plus.”
M. Cook écrit ce qui suit :
“L'affaire n’a jamais eu pour but que de gagner du temps. Faire disparaître Assange de la scène publique. Le vilipender. Pour briser la plateforme de publication révolutionnaire qu'il a fondée pour aider les lanceurs d'alerte à dénoncer les crimes d'État. Envoyer aux autres journalistes le message que les États-Unis peuvent les attaquer où qu'ils soient s'ils tentent de demander à Washington de rendre compte de ses crimes.
“Et, pire que tout, apporter une solution finale à la nuisance qu'Assange était devenu pour la superpuissance mondiale en le piégeant dans un processus sans fin d'incarcération et de procès qui, s'il est autorisé à s'éterniser, le tuera très probablement”.
Ce type de strangulation au ralenti est la pratique constante de l'empire de nos jours, dans tous les domaines. Aider Israël à affamer Gaza tout en faisant faussement croire que l'on cherche des solutions. Faire traîner une guerre par procuration en Ukraine le plus longtemps que possible pour saigner la Russie. En assassinant lentement Assange en prison, sans procès, sous couvert de procédures judiciaires.
L'empire centralisé des États-Unis ne chasse pas comme un tigre, tuant sa proie d'une seule morsure fatale à la jugulaire, mais plutôt comme un python : en étouffant lentement sa proie jusqu'à ce que mort s’ensuive. Il privilégie la strangulation longue et obscure de populations et d'individus gênants, exécutée par le biais de la bureaucratie et de la propagande. Dans le monde d'aujourd'hui, il privilégie les sanctions, les blocus et les longs conflits par procuration aux grandes invasions terrestres de type “coup de poing” que nous l'avons vu mener dans des pays comme l'Irak et le Viêt Nam.
Ces asphyxies lentes peuvent prendre plus de temps, mais elles compensent leur manque d'efficacité par une meilleure gestion de la perception. C'est pourquoi les dirigeants de l'empire occidental ont pu montrer du doigt Poutine, bien qu'ils soient quantifiablement bien plus meurtriers que la Russie. Les gens commencent à sortir de la matrice de propagande qu’ils ont passé tant de temps à construire pour eux, et commencent à s'organiser contre le statu quo politique sur lequel leur pouvoir est fondé.
Ils optent donc pour de lentes stratégies par étranglement qui leur permettent d'embrouiller le public sur ce qui se passe et sur les responsabilités, en rejetant la faute sur d'autres tout en se faisant passer pour le bon gars qui essaie d'apporter paix et stabilité. Cela prend du temps, mais l'empire a du temps devant lui. C'est ce qui se produit lorsqu’on est l'empire le plus puissant de l'histoire de la civilisation : on peut s'offrir le luxe d'attendre son heure tout en orchestrant des opérations à grande échelle et sur le long terme pour faire avancer les objectifs de pouvoir.
Pendant ce temps, Gaza meurt de faim, l'Ukraine se vide de son sang et Assange dépérit en prison, chacun d'entre eux aspirant chaque jour davantage à mettre un terme à cette situation.