đâđš L'entitĂ© sioniste n'a jamais Ă©tĂ© prĂ©parĂ©e Ă une guerre d'usure
Israël affiche une posture résolument extrémiste, percevant que le monde d'avant le 7 octobre ne reviendra jamais & que le seul moyen de maintenir son régime raciste est d'engager un conflit sans fin.
đâđš L'entitĂ© sioniste n'a jamais Ă©tĂ© prĂ©parĂ©e Ă une guerre d'usure
Par Robert Inlakesh pour Al Mayadeen English, le 25 août 2024 à 00:29
Depuis la création de l'entité sioniste, la problématique tient à ce que les Israéliens n'ont pas réussi à exterminer et à nettoyer ethniquement tous les Palestiniens, sans réussir à tuer la cause.
Le 22 août, le général de brigade israélien Yitzhak Brik a écrit un article pour le journal Haaretz , dans lequel il prédit l'effondrement du régime sioniste dans un délai d'un an si la guerre se poursuit. Alors qu'il est clair que l'entité occupante traverse une crise existentielle, ce que certains responsables israéliens reconnaissent, il faut examiner les problÚmes sous-jacents rendant cette situation inévitable.
L'entité sioniste a fait croire au monde qu'elle dispose d'une armée des plus puissantes en Asie occidentale, d'une suprématie indéniable en matiÚre d'armement et d'un pouvoir apparemment sans faille. Cependant, comme l'a déclaré en 2006 le secrétaire général du Hezbollah libanais, Seyyed Hassan Nasrallah, l'entité sioniste est aussi fragile qu'une toile d'araignée.
Presque toutes les guerres dans lesquelles l'entitĂ© sioniste a Ă©tĂ© impliquĂ©e se sont briĂšvement dĂ©roulĂ©es Ă l'intĂ©rieur des frontiĂšres de la Palestine occupĂ©e ou dans des pays voisins, Ă l'exception de 1948. MĂȘme les assauts brutaux contre Gaza en 2008/2009, 2012 et 2014 ont tous Ă©tĂ© rĂ©duits Ă un Ă©change de tirs relativement limitĂ© oĂč aucune des deux parties n'a Ă©tĂ© obligĂ©e d'engager lâensemble de ses capacitĂ©s dans la bataille.
En rĂ©alitĂ©, les IsraĂ©liens s'Ă©taient dotĂ©s d'armes capables de pulvĂ©riser des nations entiĂšres et de la technologie nĂ©cessaire pour faire face Ă des menaces limitĂ©es, tout en prĂ©tendant ĂȘtre Ă la tĂȘte d'une armĂ©e qui, combinĂ©e Ă des soldats rĂ©servistes, pouvait reprĂ©senter une force de plus de 500 000 personnes. Sur le papier, fort de son arsenal nuclĂ©aire, le rĂ©gime sioniste Ă©tait capable de dissuader quelque peu son opposition et attirait mĂȘme des collaborateurs du monde arabe et musulman, attirĂ©s par ses capacitĂ©s matĂ©rielles et son influence.
Une défaite inévitable
Le rĂ©gime sioniste doit ĂȘtre replacĂ© dans son contexte. NĂ© en tant que mouvement colonisateur, dirigĂ© par des Juifs europĂ©ens non religieux cherchant Ă reproduire l'expĂ©rience d'autres EuropĂ©ens persĂ©cutĂ©s ou Ă©conomiquement dĂ©munis, le sionisme est apparu comme la rĂ©ponse Ă la âquestion juiveâ.
Sans entrer dans les dĂ©tails, les EuropĂ©ens ont historiquement attaquĂ©, tuĂ©, nettoyĂ© ethniquement et exterminĂ© des pans entiers de populations qui n'Ă©taient pas en accord avec leurs croyances religieuses dominantes ou leurs marqueurs culturels/ethniques, ou qui n'adhĂ©raient pas Ă ces croyances. L'une des mĂ©thodes de survie pour certains de ces peuples persĂ©cutĂ©s ou Ă©conomiquement dĂ©favorisĂ©s consistait Ă se rendre dans les colonies des nations dominantes. Si nous prenons l'exemple des Britanniques, les moins bien lotis dans leur pays d'origine avaient la possibilitĂ© de se rendre en Inde ou dans ce qui Ă©tait alors la Birmanie, par exemple, et dây gagner de petites fortunes.
Dans un tel environnement, oĂč la colonisation n'Ă©tait pas une tare, mais au contraire la norme, l'idĂ©e de se rendre dans une terre occupĂ©e pour y fonder une nouvelle vie, voire un Ătat, n'Ă©tait pas du tout mal perçue. En fait, si l'on examine les premiers temps de l'histoire du sionisme, c'est l'empereur français NapolĂ©on Bonaparte qui a recommandĂ© la crĂ©ation d'un Ătat juif en Palestine. NapolĂ©on est Ă©galement l'homme Ă qui l'on attribue la naissance du nationalisme.
Ainsi, pour les premiers sionistes, l'idĂ©e de se rendre dans un pays Ă©tranger pour y crĂ©er un Ătat pour leur minoritĂ© europĂ©enne Ă©tait l'une des nombreuses options envisageables. Ă l'Ă©poque de ThĂ©odore Herzl et d'autres figures fondatrices du mouvement sioniste, on vivait une Ăšre de pseudo-science raciale et de philologie orientaliste, oĂč la doctrine ethno-suprĂ©maciste darwinienne pernicieuse Ă©tait si rĂ©pandue qu'elle Ă©tait simplement acceptĂ©e comme un âfaitâ, Ă savoir que les non-EuropĂ©ens Ă©taient des ĂȘtres infĂ©rieurs.
Cela Ă©tant dit, les habitants de la Palestine n'Ă©taient pas Ă©pargnĂ©s par ce racisme, et le fait de les tuer, dâoccuper leur territoire, de les expulser et leur imposer des formes de gouvernance nouvellement inventĂ©es n'Ă©tait donc pas considĂ©rĂ© comme un vĂ©ritable problĂšme. Ă cette Ă©poque, un petit groupe de Juifs d'Europe avait rĂ©ussi Ă accumuler une considĂ©rable fortune Ă©conomique et tirait profit du systĂšme capitaliste. La famille Rothschild et d'autres ont donc dĂ©cidĂ© que la vision de Herzl pour le peuple juif, Ă savoir s'installer dans une nation Ă©trangĂšre et crĂ©er une nouvelle nationalitĂ©, Ă©tait la meilleure voie Ă suivre.
Bien entendu, certains Juifs européens ne soutenaient pas cette idée, mais des figures emblématiques du marxisme, telles que Vladimir Lénine, soutenaient que le peuple juif ne devait pas céder à l'antisémitisme qui prévalait en Europe et visait à dépeindre les Juifs comme des étrangers. Pourtant, de toute évidence, ces voix ne se sont pas imposées dans le débat sur la réponse à apporter à la question juive.
C'est pourquoi le projet de colonisation sioniste a poursuivi sans relĂąche l'objectif qu'il s'Ă©tait fixĂ© de s'emparer de la Palestine. Ce faisant, il cherchait Ă cĂ©lĂ©brer âle nouveau Juifâ sur le plan culturel, physique et linguistique, dans un Ătat qui leur serait exclusivement dĂ©volu. Au dĂ©but, les dirigeants de ce mouvement Ă©taient presque entiĂšrement laĂŻques, et la plupart des premiers partis politiques sionistes affichaient des perspectives quasi socialistes.
Mais les sionistes se sont heurtĂ©s Ă un Ă©norme problĂšme : le monde a soudainement changĂ©. Bien que les Ă©vĂ©nements de la Seconde Guerre mondiale, avec l'extermination massive des Juifs et leur transfert dans des camps de travail forcĂ©, aient convaincu l'ensemble de la population juive europĂ©enne du bien-fondĂ© du sionisme, la Seconde Guerre mondiale a Ă©galement engendrĂ© un autre phĂ©nomĂšne. Alors que le pouvoir de ce que nous appelons l'Empire occidental passait de la France et de la Grande-Bretagne aux mains des Ătats-Unis, l'Ăšre coloniale a commencĂ© Ă s'effondrer et les Nations unies ont mis en place leurs textes juridiques fondateurs, Ă©tablissant leurs organes de rĂ©gulation internationale, et de nouveaux Ătats-nations ont Ă©tĂ© rapidement crĂ©Ă©s.
Si la crĂ©ation d'âIsraĂ«lâ en 1948, grĂące au nettoyage ethnique de la Palestine, s'est produite Ă un moment oĂč la vĂ©ritĂ© pouvait ĂȘtre escamotĂ©e et oĂč le crime contre l'humanitĂ© pouvait ĂȘtre ignorĂ©, ce n'Ă©tait qu'un dĂ©but pour l'entitĂ© sioniste. Le problĂšme auquel ils ont Ă©tĂ© confrontĂ©s est que le peuple palestinien n'a jamais oubliĂ© qui il Ă©tait, n'a jamais abandonnĂ© et n'a jamais cessĂ© de rĂ©sister, et qu'il Ă©tait entourĂ© de nations liĂ©es Ă sa cause pour l'autodĂ©termination Ă un niveau idĂ©ologique.
L'idĂ©e de la cause palestinienne sâest profondĂ©ment ancrĂ©e dans le cĆur des Arabes et des musulmans, non seulement parce que nombre d'entre eux ont Ă©galement souffert aux mains des sionistes et/ou de leurs soutiens occidentaux, mais aussi parce qu'elle est parvenue Ă transcender le dogmatisme fondĂ© sur les idĂ©ologies politiques. La cause palestinienne n'a jamais Ă©tĂ© reprĂ©sentĂ©e par un Ătat spĂ©cifique, mais elle a survĂ©cu Ă l'effondrement du nationalisme arabe socialiste Ă©gyptien, Ă la dĂ©faite des groupes marxistes et nationalistes, et n'a jamais faibli, mĂȘme aprĂšs l'effondrement de l'Union soviĂ©tique. Quelle que soit l'ampleur des dĂ©faites militaires, que ce soit en 1967 ou en 1982, la rĂ©sistance palestinienne a continuĂ© Ă vivre sous diffĂ©rentes formes.
Les Israéliens pensaient que les accords d'Oslo [1993-5] seraient en mesure de faire taire les Palestiniens, et que si on leur attribuait une Autorité nationale palestinienne dans les territoires occupés en 1967, Israël continuerait simplement à accaparer tranquillement davantage de terres et à concentrer le peuple palestinien dans des enclaves de plus en plus restreintes.
Bien que l'opinion publique israélienne ait été focalisée sur la question palestinienne pendant un certain temps, en particulier pendant la deuxiÚme Intifada [2000-2005], lorsque la résistance armée menait des attaques fréquentes, la question a ensuite perdu de sa pertinence.
En observant les cycles Ă©lectoraux de l'entitĂ© sioniste au cours de la derniĂšre dĂ©cennie et les dĂ©bats politiques internes, on s'aperçoit que la question de savoir si la Palestine deviendrait un Ătat n'Ă©tait pas au centre des dĂ©bats et que, si elle se posait, elle n'Ă©tait pas considĂ©rĂ©e comme une question primordiale pour la majoritĂ© des IsraĂ©liens.
Ce qui s'est passĂ© pendant la pĂ©riode post-Oslo, cependant, nâa Ă©tĂ© en fait quâun processus de pourrissement et de dĂ©cadence interne pour les sionistes. Il y a d'abord eu la montĂ©e en puissance du parti du Likoud de Benjamin Netanyahu, considĂ©rĂ© comme l'hĂ©ritier idĂ©ologique du mouvement sioniste rĂ©visionniste qui s'Ă©tait inspirĂ© du fascisme italien. L'idĂ©ologie agressive promue par Netanyahu a commencĂ© Ă s'emparer de l'esprit du public israĂ©lien, entraĂźnant l'effondrement du parti travailliste, autrefois puissant dans les sondages.
En 2005, avec le retrait des colons israĂ©liens illĂ©gaux de leurs colonies Ă Gaza, un nouveau âmonstreâ a commencĂ© Ă Ă©merger, grĂące Ă Netanyahu. Au fur et Ă mesure que la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne Ă©voluait vers l'extrĂȘme droite, on a assistĂ© Ă la montĂ©e du sionisme religieux, dont le fer de lance Ă©tait un mouvement de colons violent et agressif en Cisjordanie.
Cette montĂ©e de la religiositĂ©, combinĂ©e Ă une doctrine politique d'extrĂȘme droite, a finalement abouti Ă l'actuel gouvernement de coalition que dirige aujourd'hui le Premier ministre israĂ©lien Benjamin Netanyahu. Cette situation a entraĂźnĂ© un conflit entre l'extrĂȘme droite religieuse et l'extrĂȘme droite plus laĂŻque, culminant avec les manifestations de rue massives qui ont eu lieu Ă Tel Aviv et dans d'autres villes occupĂ©es jusqu'en octobre 2023. La marque laĂŻque du sionisme d'extrĂȘme droite, Ă laquelle beaucoup de ceux qui se disent libĂ©raux adhĂšrent, a commencĂ© Ă se heurter aux soutiens de la coalition de Benjamin Netanyahu, accusĂ©s de vouloir renverser le systĂšme judiciaire israĂ©lien et judaĂŻser le pays.
Pourquoi est-ce important ?
DĂšs la crĂ©ation de l'entitĂ© sioniste, le problĂšme a rĂ©sidĂ© en ce que les sionistes n'ont pas rĂ©ussi Ă exterminer et Ă nettoyer ethniquement tous les Palestiniens et sans parvenir Ă Ă©liminer la cause. Comme l'a admis l'historien israĂ©lien Benny Morris, l'idĂ©e de transfert [nettoyage ethnique] est âinĂ©vitable et inhĂ©rente au sionismeâ. En fin de compte, la seule rĂ©ponse que l'entitĂ© sioniste ait jamais eue Ă propos du sort Ă rĂ©server au peuple palestinien a Ă©tĂ© une combinaison d'extermination, de nettoyage ethnique et d'asservissement.
Alors que les IsraĂ©liens n'ont pas eu Ă mener de guerre contre un pays depuis 1973, mais seulement contre des mouvements de rĂ©sistance, ils ont dĂ©veloppĂ© ce qu'ils appellent leur âcapacitĂ© de dissuasionâ pour porter des coups massifs et ciblĂ©s contre des groupes comme le Hezbollah et le Hamas lorsqu'ils l'ont jugĂ© nĂ©cessaire. Si vous vous penchez sur les manĆuvres militaires israĂ©liennes lors des prĂ©parations aux conflits avec le Hamas ou le Hezbollah, ou dans certains cas Ă une guerre sur plusieurs fronts, on part toujours toujours du principe que la guerre se terminera dans quelques semaines, ou au maximum quelques mois.
Quand le 7 octobre a eu lieu, la réponse du régime, sur la base du modÚle établi, était à bien des égards prévisible. Il a eu recours à une puissance de feu inimaginable pour pulvériser les villes et les camps de réfugiés, assassinant massivement les civils, avant de faire entrer ses troupes terrestres à bord de véhicules lourdement blindés, en évitant de s'engager dans des combats de rue et en s'appuyant sur sa technologie. Ils ont cru que cette stratégie médiévale de force maximale fonctionnerait, et les voilà 11 mois plus tard sans qu'un seul de leurs objectifs n'ait été atteint.
Ils n'ont jamais pensé qu'une guerre contre la résistance à Gaza durerait aussi longtemps, tout comme ils n'auraient pas pu prévoir le blocus du Yémen en mer Rouge ou les tirs incessants du Hezbollah sur leurs positions dans le nord de la Palestine occupée, et ce quotidiennement.
Sans aucun moyen de parvenir à une victoire crédible, tous les problÚmes de l'entité sioniste ont commencé à remonter à la surface.
Les Israéliens ont compris qu'il n'y aurait pas d'Israël sans que le peuple palestinien soit éliminé de l'équation, que ce soit d'un point de vue démographique sur le long terme, ou dans une perspective de résistance indéfectible.
Par ailleurs, la société israélienne est profondément divisée quant à la forme que devrait prendre son régime ethno-suprémaciste et quant au systÚme juridique qu'elle souhaite lui voir adopter.
En outre, l'économie, la société et l'armée israéliennes n'étaient pas préparées à une longue guerre d'usure sur plusieurs fronts : des centaines de milliers de colons ont été déplacés à l'intérieur du pays, l'industrie est moribonde dans le nord, le port d'Eilat est en faillite, l'industrie touristique est vidée de sa substance, environ un million de colons auraient quitté le pays, plus de 46 000 entreprises ont fait faillite, les investisseurs font marche arriÚre, des contrats de plusieurs milliards de dollars sont annulés, l'inflation s'installe, la monnaie se dévalue, et la liste est encore longue.
Mais qu'en est-il de leur puissante armée de 500 000 hommes ? Le coût du rappel des réservistes sur une longue période est un problÚme, mais le plus gros souci concerne leur désir de servir et leur degré d'épuisement, sans parler de leur formation inefficace. Pour citer l'article de Haaretz écrit par Yitzhak Brik :
âIsraĂ«l s'enfonce dans le bourbier gazaoui, perdant de plus en plus de soldats, tuĂ©s ou blessĂ©s, sans aucune chance d'atteindre l'objectif principal de la guerre : faire tomber le Hamas. Le pays court vraiment au-devant de la ruine. Si la guerre d'usure contre le Hamas et le Hezbollah se poursuit, IsraĂ«l s'effondrera d'ici un an tout au plusâ.
La vĂ©ritĂ© est que l'itĂ©ration la plus authentique de l'idĂ©ologie sioniste est maintenant exhibĂ©e au monde entier, une entitĂ© coloniale raciste qui n'est en dĂ©saccord que sur la forme que prendra son ethno-rĂ©gime exterminateur et sur la maniĂšre dont elle se dĂ©barrassera de la population autochtone. Si cette entitĂ© criminelle et sanguinaire a pu nourrir des ambitions il y a plus de 100 ans, elle s'y est prise trop tard et n'a pas rĂ©ussi Ă vaincre les Palestiniens. Aujourd'hui, Ă©quipĂ©s d'armes modernes, les IsraĂ©liens tentent d'achever leur projet sioniste, mais dans un monde qui ne l'accepte pas et Ă une Ă©poque oĂč les smartphones nous permettent de suivre leurs actions gĂ©nocidaires avec des mises Ă jour de minute en minute.
Ils n'ont pas su regarder la réalité en face et se sont au contraire enfermés dans leur propre perception de la sécurité, croyant que leur avidité ne connaßtrait pas de limites. La résistance les a choqués, et maintenant le monde entier est en mesure de voir la réalité - s'il le souhaite. Cette guerre d'usure était inévitable, et ils sont déjà vaincus.
Le public israĂ©lien a vĂ©cu dans un certain nombre d'illusions, des sortes de bulles façonnĂ©es par leur capacitĂ© illimitĂ©e Ă se leurrer, oĂč ils pouvaient simplement continuer Ă vivre leur vie comme si de rien n'Ă©tait tout en dĂ©truisant un peuple entier. En ce sens, d'une certaine maniĂšre, des individus comme le ministre israĂ©lien de la SĂ©curitĂ© Itamar Ben-Gvir, que nous qualifions tous d'extrĂ©miste, sont en fait plus sobres que le reste de la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne quant Ă la rĂ©alitĂ© de leur existence. Ces colons concĂšdent au monde que le seul moyen de maintenir leurs privilĂšges dans un rĂ©gime d'apartheid est de tuer et d'expulser en permanence des innocents, car la guerre de l'entitĂ© sioniste n'a jamais Ă©tĂ© dirigĂ©e contre le Hamas ou le Hezbollah, mais contre le peuple palestinien et tous ceux qui osent remettre en question leur âdroitâ Ă maintenir leur suprĂ©matie aux dĂ©pens de la population autochtone des territoires qu'ils occupent.
Croire qu'ils peuvent continuer à tourmenter les Palestiniens indéfiniment, que rien ne sera tenté et qu'ils peuvent continuer à infliger des souffrances aux nations qui les entourent, tout en ne planifiant que des confrontations limitées qui ne leur coûteront pas grand-chose, démontre l'arrogance maladive de l'entité colonisatrice. Voilà pourquoi ils se comportent aujourd'hui de maniÚre résolument extrémiste en tant qu'entité, car ils commencent à comprendre que le monde d'avant le 7 octobre ne réapparaßtra jamais, et que le seul moyen de maintenir leur régime raciste est d'engager un conflit sans fin.
* Robert Inlakesh est analyste politique, journaliste et réalisateur de documentaires.