👁🗨 L’ère de l’exceptionnalisme interplanétaire
Quelle autre entité que l’“Empire en Or exceptionnaliste brutalement bienveillant” se risquerait à requalifier un génocide en une formidable opportunité immobilière dans un “lieu phénoménal” ?
👁🗨 L’ère de l’exceptionnalisme interplanétaire
Par Pepe Escobar, le 22 janvier 2025
Seuls les États-Unis peuvent transformer un génocide en une formidable opportunité immobilière à un “emplacement phénoménal”.
Commençons par le commencement : La Destinée Manifeste* touche au firmament. Littéralement.
Trump 2.0
- le plus grand show sur terre - a bel et bien commencé par un (big) bang : “Nous poursuivrons notre Destinée Manifeste* jusqu'au firmament”. Ce qui signifie planter le drapeau américain sur Mars. Pour de vrai. Pas un film de Netflix. Rien d'étonnant à ce que l'acolyte de Mister Platine, Elon Musk, PDG de SpaceX, se soit instantanément extasié.
* [Manifest Destiny / Destinée Manifeste : expression apparue en 1845 pour désigner la forme américaine de l'idéologie calviniste selon laquelle la nation américaine aurait pour mission divine l'expansion de la “civilisation”), déjà présente chez les Pères pèlerins puritains arrivés en Amérique sur le Mayflower, est promue aux États-Unis dans les années 1840 par les républicains-démocrates, plus particulièrement par les “faucons” sous la présidence de James Polk].
Bienvenue dans l'exceptionnalisme interplanétaire. Littéralement. Comme au pays de la liberté, la patrie des braves, dans ce nouvel âge d'or, sera “bien plus exceptionnelle que jamais”. Le déclin impérial est terminé. Adoptez le nouvel Empire, brutalement bienveillant. Ou alors...
Concrètement, tout a commencé, comme on pouvait s'y attendre, par une avalanche de décrets - comme un vortex psychédélique.
Il est temps d'envoyer des troupes à la frontière sud ( la ville d'El Paso est déjà bloquée) pour stopper l'“invasion” d'immigrants illégaux, de décréter que les cartels de la drogue sont des organisations terroristes et de rebaptiser le golfe du Mexique “golfe de l'Amérique”.
À cela s'ajoute la déclaration de l'état d'urgence pour stimuler la production d'énergie :
“Nous allons user de nos pouvoirs d'urgence pour permettre au pays, aux entrepreneurs et aux gens riches de bâtir de grands projets, des projets d'intelligence artificielle. Nous avons besoin de deux fois plus d'énergie que nous n'en avons déjà”.
C'est un code indiquant que l'Empire exercera nécessairement un contrôle total sur l'IA et sur des centres de données d'IA gigantesques et énergivores.
Entre temps, Trump 2.0 va suspendre chaque plan d'“aide à l'étranger” pendant 90 jours pour évaluer leur “cohérence avec les intérêts nationaux et les objectifs de politique étrangère des États-Unis” (traduction : Kiev, courez vous mettre à l'abri).
Trump 2.0 ne reconnaîtra que deux genres - masculin et féminin -, éliminera immédiatement le “wokisme” de notre armée, lui redonnera ses qualités d’antan, et “reprendra” le canal de Panama (ou “Canal américain”, qu’en pensez-vous ?).
N'oublions pas non plus les prémices d'une grande guerre commerciale : des droits de douane de 25 % pourraient être imposés au Canada et au Mexique à partir du 1er février, afin de forcer les négociations. Et plus tard, la cible sera l'Union européenne : Bruxelles est déjà en mode “panique”.
Tik Tok, qui est là ?
Sur le plan intérieur, le dossier Tik Tok est l'un des plus étranges : le président a déclaré : “L'accord sur Tik Tok aux États-Unis pourrait valoir un trillion de dollars”. Racheter 50 % de Tik Tok pourrait être une coentreprise. Avec la contribution essentielle du fils de Trump, Barron, Tik Tok a de facto aidé Trump et les Républicains à obtenir pas moins de 36 % du vote des jeunes.
L'éventuel accord sur Tik Tok obligerait essentiellement la Chine à partager 50 % de son capital avec des actionnaires américains, afin de pouvoir continuer à vendre des publicités aux États-Unis.
Le schéma d'actionnariat de Tik Tok est assez fascinant. Le fondateur, Zhang Yiming, détient 20 % du capital. Les autres 20 % sont détenus par les employés de Tik Tok dans le monde entier. Les 60 % restants sont détenus par trois fonds américains. Les États-Unis détiennent donc depuis longtemps plus de 50 % des actions.
Mais aujourd'hui, toute l'affaire repose sur l’intention de Trump/du gouvernement américain de forcer le fondateur Zhang Yiming à vendre ses parts.
Imaginez maintenant un monde parallèle où Bruxelles imposerait le rachat de 50 % de YouTube ou de X par un oligarque européen pour qu'il soit autorisé à faire des affaires en Europe (cela pourrait même d'ailleurs se produire un jour).
Passons maintenant aux questions de politique étrangère.
Ukraine
Trump est resté évasif : un calendrier potentiel pour solder la guerre par procuration en Ukraine pourrait être abordé lors d'un prochain appel téléphonique avec Poutine (“bientôt”). Concernant le maintien des sanctions contre la Russie, Trump les a qualifiées de “droits de douane”.
OTAN
Il faut payer. Et payer beaucoup plus :
“L'OTAN doit payer 5 %. Nous sommes engagés dans la guerre d'Ukraine à hauteur de 200 milliards de dollars de plus que l'OTAN. C'est absurde, car ils sont bien plus concernés que nous. Il y a un océan entre nous. Et nous avons dépensé 200 milliards de dollars de plus que l'OTAN pour l'Ukraine. Il faut que les deux entités se mettent d'accord”.
Le chef de l'OTAN, le Néerlandais Rutti-Frutti, semble avoir compris le message avant même l'investiture : il fait déjà virevolter ses 5 % de dépenses pour les citoyens européens tel un chien enragé. Qu'importe si les dépenses de santé et les services sociaux doivent être réduits : c'est pour le bien commun (impérial).
Union Européenne
Le message brutalement anodin adressé à l'UE - que Trump n'a même pas mentionné en tant que telle - signifie que ces toutous de poche relèvent de la sphère d'influence des États-Unis. Trump les a impérialement ignorés.
À une exception spectaculaire près. Interrogé sur un éventuel tarif douanier de 100 % “sur ces pays comme l'Espagne”, la réponse de Trump a été percutante : “En tant que nation des BRICS, oui”.
On a juste oublié de dire à Madrid qu'elle fait désormais partie des BRICS. Pourtant, le message clé reste le même : Trump menace d'imposer des tarifs douaniers de 100 % à toutes les nations des BRICS allant dans le sens de la dédollarisation. D'ailleurs, 95 % des paiements entre la Russie et la Chine se font désormais en roubles et en yuans.
Défense antimissile
Trump : “Je vais ordonner à notre armée de démarrer la construction du grand bouclier de défense antimissile Dôme de fer, qui sera entièrement fabriqué aux États-Unis”.
Rappeler au Pentagone de demander l'avis des Houthis.
Venezuela
Rebondissement étonnant : l'émissaire de Trump, Ric Grenell, organise des pourparlers directs avec Caracas. Le ministre vénézuélien de l'Intérieur, Diosdado Cabello, encourage la “reprise” des relations. Et le procureur général est prêt à relancer la coopération pour réprimer les gangs criminels, extradition comprise.
Rien de tout cela ne signifie que le changement de régime sera écarté. Car l'Empire brutal et bienveillant a grand besoin de tout ce pétrole, et tous ces minerais.
Cuba
De retour sur la liste des “États organisateurs du terrorisme”. La Havane y figurait déjà en 2021, à l'époque de Trump 1.0. Et maintenant, avec Marco Rubio au département d'État, les perspectives sont sombres. La Havane va continuer à résister.
Gaza
On a demandé à Trump de préciser son degré de confiance à l'égard du cessez-le-feu à Gaza :
“Je ne suis pas confiant. Ce n'est pas notre guerre, c'est leur guerre”.
Mais le meilleur est pour la fin :
“Gaza est une sorte de gigantesque chantier de démolition. Il faut vraiment reconstruire cet endroit d'une manière différente [...] Gaza est une zone très intéressante, un lieu phénoménal. Au bord de la mer, avec des conditions climatiques idéales [...] On pourrait en faire quelque chose de magnifique”.
Ne sous-estimons en aucun cas le modèle de l’année, l'Empire en Or exceptionnaliste brutalement bienveillant. Quelle autre entité se risquerait à requalifier un génocide en une formidable opportunité immobilière dans un “lieu phénoménal” ?
https://strategic-culture.su/news/2025/01/22/the-age-of-interplanetary-exceptionalism/
Son prénom ne lui correspond pas. C’est Dingo Trump le chien plutôt qu’un canard.
Ce type représente bien les USA. Hableur et exubérant comme un vendeur de Chevrolet d’occasion. Sur la forme, c’est un pitre. Sur le fond, c’est un copié/collé de son prédécesseur....car qui va placer toute sa smala à la tête d’affaires juteuses ? C’est bien pire que Biden dont le cercle privé était plus restreint! On appelle ça de la Simonie lorsque l’on distribue les postes clés et les bénéfices à la famille et à ses alliés proches. L’autre lascar sud-africain (et aussi canadien par son aieul Haldeman) milliardaire va rafler la mise ...on appele ça abus de position dominante. Une bagatelle ! Le pognon et rien que le pognon! Avant les USA avaient des milliardaires avec une ideologie douteuse derrière le deep state. Désormais et pour 4 ans, ils auront un vendeur de chez Macdo (ça ne s’invente pas) affublé d’un eugéniste qui va pondre un New Deal à la hache et les wokistes épouvantés vont chercher refuge (mon oeil...) dans le dernier carré rose...chez Hidalgo ?
La seule constante dans ce (faux) changement, c’est bien sûr la mémoire de poissons rouges des 'souverainistes' qui croient au messie Trump, mais aussi l’indifférence et la stabilité des marchés financiers au jour d’aujourd'hui et ça, ça ne 'trump' personne! Il fait toujours beau au dessus de la 'City' à Londres où l’on tisse les véritables scenarii depuis longtemps pour notre planète. C’est ça, la 'Comedia dell’Arte'...