đâđš âLes bombes pleuvent de partoutâ
âQue faire pour que le monde se sente concernĂ© & cesse de permettre ce gĂ©nocide ? Nos peurs, nos vies, nos souffrances, nos espoirs & nos rĂȘves font-ils encore inscrits des objectifs de ce monde ?â
đâđš âLes bombes pleuvent de partoutâ
Par Maram Humaid, le 1 décembre 2023
Ma fille me demande si la guerre a repris. Je lui rĂ©ponds qu'elle n'a jamais cessĂ©. Nos vies, nos rĂȘves et nos espoirs importent peu au monde.
Deir el-Balah, bande de Gaza - AprĂšs une trĂȘve temporaire d'une semaine, les frappes aĂ©riennes israĂ©liennes ont malheureusement repris.
Le calme relatif des sept derniers jours a pris fin, et le vacarme récurrent des bombardements, des explosions venus des avions, de l'artillerie, des bateaux et des tirs à balles réelles est de retour.
C'est ce que nous vivons au quotidien depuis sept semaines, jusquâĂ la trĂȘve, et nous sommes maintenant capables de distinguer les roquettes en provenance de Gaza et les bombardements israĂ©liens.
Ce matin, à 7 heures précises, le fracas des armes a repris, venant de la terre, de l'air et de la mer, ramenant de douloureux souvenirs sur les visages des membres de ma famille.
Mon frĂšre, ouvrant la fenĂȘtre pour voir ce qui se passait, a fait remarquer : âLes bombardements viennent de partoutâ.
La question la plus douloureuse est venue de ma fille de huit ans, Banias, qui m'a demandĂ© si c'Ă©tait de nouveau la guerre. Mon mari lui a expliquĂ© que les derniers jours âdâaccalmieâ n'Ă©taient qu'une trĂȘve temporaire, et que la guerre n'Ă©tait pas finie.
Banias avait du mal Ă comprendre cet Ă©trange cycle de guerre, de pause, puis encore de guerre.
En réfléchissant à la confusion de Banias, je me suis demandé comment un jeune esprit pouvait faire face à la nature illogique de la guerre - des pauses suivies de reprises.
Cinquante-six jours de conflit n'ont apparemment pas suffi Ă obtenir un cessez-le-feu.
Hier, des dĂ©placĂ©s vivant sous des tentes dans des conditions dĂ©sastreuses prĂšs de l'hĂŽpital des martyrs d'Al-Aqsa, dans le centre de la bande de Gaza, ont exprimĂ© leur dĂ©tresse, leur peur et leur dĂ©sespoir, souhaitant non pas une trĂȘve temporaire, mais un cessez-le-feu durable pour retourner dans leurs maisons, mĂȘme dĂ©truites.
Ils craignaient qu'une nouvelle reprise de la guerre nâamĂšne IsraĂ«l Ă bombarder le sud. TĂŽt ce matin, leurs craintes se sont concrĂ©tisĂ©es sous la forme de tracts larguĂ©s par les troupes israĂ©liennes demandant aux habitants de l'est de Khan Younis de se rendre Ă Rafah, Ă l'extrĂ©mitĂ© sud de la bande de Gaza.
Alors que les frappes aériennes se poursuivent du nord au sud, je réfléchis à la multitude de guerres auxquelles est confrontée la population de Gaza : déplacement, destruction, humiliation, vie sous la tente, soif, faim et peur des pauses temporaires suivies de nouveaux bombardements.
Que doivent faire les habitants de Gaza pour que le monde se sente concerné ? Comment le monde peut-il permettre que le génocide reprenne ? Qu'allons-nous faire face au bain de sang et à la perte de nos proches ? Comment, comment et comment ?
Je sais que ces questions resteront sans rĂ©ponse. Ces 56 derniers jours m'ont appris, comme ils l'ont montrĂ© Ă tous les habitants de Gaza, que nos peurs, nos vies, nos souffrances, nos espoirs et nos rĂȘves ne sont pas inscrits dans les objectifs de ce monde.