đâđš Les cendres du savoir
Sans combustible par des nuits glaciales, les familles brĂ»lent les livres pour survivre. âNous cherchons ne serait-ce quâun mĂštre carrĂ© de terre. âSoit pour planter une tente, soit pour ĂȘtre enterrĂ©sâ
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Le génocide intellectuel à Gaza
Par Story Ember leGaĂŻe, le 21 avril 2025
LĂ oĂč s'Ă©levait autrefois une bibliothĂšque, tout n'est plus que cendres.
Les salles de classe ont fait place aux campements.
LĂ oĂč de jeunes Palestiniens Ă©tudiaient autrefois pour un avenir auquel ils croyaient encore, ils dĂ©chirent aujourd'hui les pages de leurs manuels scolaires pour faire bouillir de l'eau.
Ce n'est pas seulement un déplacement. Ce n'est pas seulement un génocide.
C'est un âscholasticideâ, la destruction systĂ©matique de l'Ă©ducation, des institutions universitaires et de la vie intellectuelle palestiniennes.
Et à Gaza, tout brûle sous nos yeux.
LâuniversitĂ© devenue camp de rĂ©fugiĂ©s
La journaliste et photojournaliste palestinienne Ruwaida Kamal Amer rapporte que des milliers de familles dĂ©placĂ©es ont trouvĂ© refuge dans les ruines de l'UniversitĂ© islamique de Gaza. BombardĂ©e par lâarmĂ©e israĂ©lienne, privĂ©e d'Ă©lectricitĂ©, de combustible et d'eau, cette institution universitaire autrefois prestigieuse n'est plus qu'un tas de gravats et de fumĂ©e.
Aujourd'hui, des tentes bordent les salles de cours en ruines. Les étudiants sont partis. Les professeurs sont partis. Les salles de classe sont détruites.
Sans combustible par des nuits glaciales, les familles brûlent les livres pour survivre. Ce n'est pas une métaphore, ni une forme de contestation, c'est une nécessité. Les livres remplacent désormais le bois de chauffage. Les revues universitaires servent à allumer le feu. Le savoir est sacrifié aux flammes pour faire cuire du riz ou purifier l'eau.
âNous cherchons ne serait-ce quâun mĂštre carrĂ© de terreâ, confie M. Khalil Issa Naseer. âSoit pour planter une tente, soit pour ĂȘtre enterrĂ©sâ.
Le génocide intellectuel est un crime de guerre
Ce n'est pas un hasard. Israël a systématiquement pris pour cible toutes les universités de Gaza. Douze établissements ont été rasés, fermés ou mis hors d'état de fonctionner. Les campus sont des cratÚres. Des professeurs ont été assassinés. Des étudiants ont été tués, emprisonnés ou affamés.
Le scholasticide est l'anéantissement ciblé de la capacité d'un peuple à apprendre, à se souvenir et à imaginer. C'est un effacement intellectuel, une forme de génocide culturel visant à écraser l'autodétermination d'une population en détruisant les systÚmes qui lui permettent de s'éduquer et de vivre.
Lorsque vous bombardez une école, vous ne tuez pas seulement les élÚves. Vous tuez l'avenir de leur communauté.
Pourquoi le monde se tait
Parce que les puissances occidentales continuent de considérer l'éducation comme un privilÚge et non comme un droit. Parce qu'elles traitent l'intellect palestinien, tout comme la vie palestinienne, comme un produit jetable. Parce que les régimes coloniaux craignent plus que tout un peuple opprimé doté d'une conscience historique et d'une culture politique.
Ce qu'IsraĂ«l met en Ćuvre n'est pas quâune occupation militaire. C'est une violence Ă©pistĂ©mique, une tentative d'effacer le peuple palestinien.
Brûler les livres de l'Université islamique n'est pas une métaphore du passé. C'est bien la réalité de Gaza aujourd'hui.
Du berceau à la salle de classe, aucun lieu n'est sûr
Ce n'est pas seulement une guerre. C'est une campagne d'anéantissement de tous les aspects de la vie, de la maternité à l'université. Le bombardement des infrastructures intellectuelles de Gaza n'est pas fortuit : c'est un élément clé du projet sioniste de destruction de l'identité, de la culture et du continuum politique palestiniens.
Et il faut l'appeler par son nom :
C'est un génocide scolaire.
C'est un génocide culturel.
C'est un crime contre la mémoire, l'imagination et l'avenir de la Palestine.
Traduit par Spirit of Free Speech