👁🗨 Les défenseurs des droits demandent justice après la mort par balle d'une militante américaine en Israël
“Quand Hersh Goldberg-Polin a été tué, Biden a déclaré : 'Le Hamas paiera pour ces crimes'. Nous allons assister à une nouvelle démonstration de qui peut tuer des Américains en toute impunité”.
👁🗨 Les défenseurs des droits demandent justice après la mort par balle d'une militante américaine en Israël
Par la rédaction d’Al Jazeera, le 6 septembre 2024
Suite à la mort d'Aysenur Ezgi Eygi, les observateurs s'interrogent sur la volonté des Etats-Unis de demander justice aux forces israéliennes.
Washington, DC - Le meurtre d'une manifestant américain d'origine turque âgé de 26 ans en Cisjordanie occupée a suscité de nouveaux appels aux États-Unis pour exiger de l'armée israélienne qu'elle rende compte de ses actes.
Mais les défenseurs des droits affirment que la justice pour les citoyens américains tués par des soldats israéliens s'est longtemps avérée élusive, beaucoup accusant l'administration du président Joe Biden de pratiquer le deux poids, deux mesures à l'égard d'Israël et de son armée.
La fusillade de vendredi a coûté la vie à Aysenur Ezgi Eygi, 26 ans, qui possède la double nationalité américaine et turque et qui participait à une manifestation contre une colonie israélienne illégale sur le mont Sbeih à Beita, une ville située au sud de Naplouse.
Au cours de la manifestation, des témoins ont déclaré qu'un soldat israélien a visé Ezgi Eygi à la tête et qu'elle s'est effondrée dans une oliveraie. Elle a succombé à ses blessures à l'hôpital Rafidia de Naplouse.
Rashida Tlaib, membre du Congrès américain d'origine palestinienne, a été l'une des premières personnalités américaines à réagir à cet assassinat et a enjoint au secrétaire d'État Antony Blinken de “faire quelque chose pour sauver des vies”.
Plus tard dans la journée, lors d'une conférence de presse, M. Blinken a été questionné par un journaliste sur l'aide militaire que les États-Unis continuent d'apporter à Israël.
“Je tiens à présenter mes plus sincères condoléances, ainsi que celles du gouvernement des États-Unis, à la famille d'Aysenur Ezgi Eygi”, a répondu M. Blinken. “Nous déplorons cette perte tragique.”
Il a ajouté que l'administration Biden allait “rassembler les faits” et “agir en conséquence” si nécessaire.
“Je n'ai pas de priorité plus haute que la sécurité et la protection des citoyens américains, où qu'ils soient”,
a ajouté M. Blinken, faisant écho à une déclaration similaire de l'ambassadeur des États-Unis en Israël, Jack Lew.
Une justice élusive ?
Les défenseurs des droits de l'homme ont toutefois remis en question l'engagement du gouvernement américain en faveur de la sécurité des Américains à l'étranger, en particulier dans les territoires palestiniens occupés.
Ils évoquent une série de meurtres très médiatisés perpétrés par les forces israéliennes et pour lesquels, selon eux, Washington n'a pas cherché à rendre des comptes.
Au début de l'année, par exemple, un policier israélien qui n'était pas en service et un colon ont ouvert le feu et tué Tawfiq Ajaq, un citoyen américain de 17 ans, près de son village d'origine d'al-Mazraa ash-Sharqiya, en Cisjordanie. Une enquête est en cours sur cette affaire.
En 2022, un tireur d'élite israélien a également abattu Shireen Abu Akleh, citoyenne américaine et journaliste d'Al Jazeera, qui effectuait à l'époque un reportage dans le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie.
L'armée israélienne a reconnu par la suite que c'était bien un soldat qui avait tiré la balle mortelle, mais elle a estimé qu'il s'agissait d'un accident, et n'a pas voulu sanctionner les personnes impliquées dans l'affaire. Le Bureau fédéral du renseignement des États-Unis (FBI) a ouvert une enquête il y a près de deux ans, mais il n'a pas non plus fourni de précisions ni proposé de solution.
La même année, Omar Assad, un Américain d'origine palestinienne âgé de 78 ans, est mort après avoir été arrêté par des soldats israéliens à un checkpoint près de son domicile à Jiljilya. Les États-Unis ont finalement refusé d'interrompre le financement de l'unité de soldats, en dépit de ses antécédents en matière d'abus.
D'autres exemples remontent à plus de dix ans. En 2010, l'adolescent Furkan Dogan, qui possède lui aussi la double nationalité américaine et turque, a été tué lorsque des commandos israéliens sont montés à bord d'un navire qui tentait d'acheminer de l'aide à Gaza.
En 2003, un soldat israélien conduisant un bulldozer a écrasé Rachel Corrie, une citoyenne de Washington, alors qu'elle protestait contre la destruction de maisons palestiniennes.
Réaction de la Maison Blanche
Dans le cas de l'assassinat de vendredi, l'administration Biden a indiqué qu'elle s'en remettrait à Israël pour enquêter sur l'incident.
“Nous avons contacté le gouvernement israélien pour demander plus d'informations et l'ouverture d'une enquête sur l'incident”,
a déclaré Sean Savett, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche. Il a ajouté que l'administration américaine est “profondément affectée par cette mort tragique”.
Pour sa part, l'armée israélienne a publié un communiqué indiquant que ses forces avaient
“répondu par le feu à un instigateur majeur d'activités violentes qui a lancé des pierres sur les soldats en danger”.
Elle a déclaré qu'elle vérifiait les informations “selon lesquelles un ressortissant étranger a été tué à la suite de coups de feu tirés dans la zone”.
Israël est l'un des plus proches alliés des États-Unis au Moyen-Orient, et ses détracteurs craignent la réticence d'Israël à saisir la justice en cas de culpabilité de ses soldats.
Vendredi, par exemple, le Conseil des relations américano-islamiques (CAIR) a souligné la lenteur de la procédure de recherche des responsabilités.
“Depuis des années, les organisations musulmanes et palestiniennes américaines demandent au ministère de la Justice (DOJ) et au Federal Bureau of Investigation (FBI) de se pencher sur les crimes commis contre des Palestiniens américains tués par le gouvernement israélien et les acteurs associés”,
a écrit Robert McCaw, directeur des affaires gouvernementales du CAIR, dans une lettre ouverte.
Deux poids, deux mesures
Les États-Unis ont été le premier pays à reconnaître Israël en tant que tel en 1948, et ils entretiennent depuis lors des relations privilégiées avec le gouvernement israélien.
Washington fournit chaque année 3,8 milliards de dollars d'aide militaire au pays. Ce chiffre a augmenté depuis le début de la guerre d'Israël à Gaza en octobre, l'administration Biden s'étant engagée à fournir des armes et un soutien supplémentaires.
La guerre a commencé par une attaque du groupe armé Hamas contre le sud d'Israël. Environ 250 personnes ont été faites prisonnières pendant les attaques, et certaines sont mortes depuis à Gaza.
Parmi elles, Hersh Goldberg-Polin, un citoyen américain de 23 ans. Les défenseurs des droits de l'homme se sont demandé vendredi si l'administration Biden s'engagerait à demander les mêmes comptes dans le cas d'Ezgi Eygi que dans celui de Goldberg-Polin.
“L'assassinat d'un otage américain la semaine dernière à Gaza a suscité - à juste titre - indignation et tristesse”,
a écrit Yohan Lieberman, cofondateur d'IfNotNow, une organisation juive américaine de défense des droits, sur la plateforme de médias sociaux X. Mais M. Lieberman se demande si la mort d'Ezgi Eygi suscitera la même indignation.
“M. Biden et la vice-présidente Kamala Harris la mentionneront-ils au moins ?”, s'est-il interrogé.
L'analyste politique Omar Baddar a également souligné les déclarations publiques faites par M. Biden après l'assassinat de M. Goldberg-Polin.
“Rappelez-vous : quand Hersh Goldberg-Polin a été tué, Biden a déclaré : “Les dirigeants du Hamas paieront pour ces crimes”. Nous sommes sur le point d'assister à une nouvelle démonstration de qui peut tuer des Américains en toute impunité”, a écrit M. Baddar.
Vendredi après-midi, M. Biden n'avait pas encore réagi à l'assassinat.
À quoi ressemble l'obligation de rendre des comptes ?
Plusieurs défenseurs des droits de l'homme se sont rendus sur les réseaux sociaux pour demander que des mesures concrètes soient prises pour traduire l'assassin d'Ezgi Eygi en justice.
“Ouvrez une enquête du FBI et demandez l'extradition du meurtrier”, a écrit Michael Omer-Man, directeur de recherche à l'association Democracy for the Arab World Now (DAWN), basée à Washington.
Le CAIR, quant à lui, a demandé au ministère de la Justice d'enquêter et de poursuivre tous les “fonctionnaires, soldats et colons illégaux israéliens” responsables de l'assassinat non seulement d'Ezgi Eygi, mais aussi d'autres Américains comme la journaliste Abu Akleh.
Le ministère a lancé en début de semaine des accusations de terrorisme, de complot pour meurtre et de non-respect des sanctions à l'encontre des dirigeants du Hamas.
“Maintenant que le ministère de la Justice a démontré sa capacité et sa volonté de poursuivre les crimes du Hamas contre les Israéliens et les Israélo-Américains au Moyen-Orient, il est impératif que le ministère de la Justice fasse preuve de la même rigueur juridique sans compromis pour poursuivre les crimes commis contre les Américains d'origine palestinienne par les soldats et les colons israéliens”,
a déclaré M. McCaw, directeur des affaires gouvernementales du CAIR.
“Le ministère de la justice doit agir rapidement et avec fermeté pour faire respecter la justice pour tous les citoyens américains, quelle que soit leur origine ethnique”.
M. Omer-Man est allé plus loin en appelant les États-Unis à demander des comptes pour toutes les violations des droits de l'homme, quelles que soient les personnes visées.
Il a noté qu'une jeune fille palestinienne de 13 ans a également été tuée par les soldats israéliens près de Naplouse, lors d'un autre incident survenu vendredi.
“Il s'agit simplement de nous souvenir que la valeur d'une vie ou l'aspect criminel d'un meurtre ne doit pas se fonder sur le passeport de la victime”, a déclaré le président de la Commission.
Y a t-il vraiment, des gens assez naïfs pour croire que ce enième assassinat aura une suite autre que le mépris habituel à l’égard de la vie des « autres », des goyims?
Souvenez vous de l’USS Liberty et de l’attitude honteuse de Lyndon Johnson! Non, il n’y aura rien, si les américains se soucient comme d’une guigne des dizaines de milliers de morts Palestiniens, pourquoi voudriez vous qu’ils aillent au delà d’une petite tape sur les doigts de leur turbulent rejeton (et maître).
Ces meurtres, pleinement assumés, relèvent d’actes de deterrence! de dissuasion, en bon Français! Il s’agit de dissuader les potentiels et futurs contestataires par la terreur! Tout simplement….