👁🗨 Les députés australiens s'en prennent à Blinken et ses déclarations au sujet d'Assange.
Si la "sécurité nationale" concerne l'ensemble de la nation, c’est plutôt l'obsession de M. Blinken à poursuivre la guerre en Ukraine qui constitue la vraie menace pour la sécurité de la nation.
👁🗨 Les députés australiens s'en prennent à Blinken et ses déclarations au sujet d'Assange.
Par Joe Lauria, Spécial Consortium News, le 1er août 2023
Les députés ont qualifié de "non-sens" les remarques du secrétaire d'État américain selon lesquelles Julian Assange menaçait la sécurité nationale des États-Unis, et ont déclaré que les États-Unis ne poursuivaient que par esprit de vengeance.
Si la "sécurité nationale" concerne la sécurité de l'ensemble de la nation, c’est plutôt l'obsession de M. Blinken à poursuivre la guerre en Ukraine qui constitue la vraie menace pour la sécurité de la nation.
Trois membres du Parlement australien ont qualifié de "non-sens" la déclaration choc du secrétaire d'État américain Antony Blinken en faveur de la poursuite de l'éditeur emprisonné de WikiLeaks, Julian Assange.
Le député indépendant Andrew Wilkie a déclaré à l'édition australienne du Guardian que M. Assange n'était pas le méchant, et que si les États-Unis n'étaient pas tant obsédés par la vengeance, ils abandonneraient l'accusation d'extradition.
"L'allégation d'Antony Blinken selon laquelle Julian Assange risquait de porter gravement atteinte à la sécurité nationale des États-Unis est un non-sens flagrant", a déclaré M. Wilkie.
"M. Blinken n'ignore pas que les enquêtes menées tant aux États-Unis qu'en Australie ont conclu que les révélations de WikiLeaks n'avaient porté préjudice à qui que ce soit", a ajouté M. Wilkie. “Les seuls comportements meurtriers ont été les actes des forces américaines [...] exposées par WikiLeaks, comme l'équipage de l’hélicoptère Apache qui a abattu des civils irakiens et des journalistes de Reuters" dans la tristement célèbre vidéo "Collateral Murder".
S'exprimant lors d'une conférence de presse avec la ministre australienne des affaires étrangères, Penny Wong, à Brisbane samedi, M. Blinken a déclaré qu'il comprenait les préoccupations des Australiens concernant leur citoyen emprisonné, mais qu'il s'opposait fermement à toute initiative visant à mettre un terme à sa persécution. M. Blinken a déclaré :
“Je comprends très bien, et je peux certainement confirmer ce qu'a dit Penny sur le fait que cette question a été soulevée avec nos services, comme cela a été le cas dans le passé. Et je comprends les préoccupations et les opinions des Australiens. mais il est essentiel que nos amis australiens comprennent nos préoccupations à ce sujet.”
Ce que notre ministère de la justice a déjà dit publiquement et à plusieurs reprises, c'est ceci :
“M. Assange a été accusé d'un comportement criminel très grave aux États-Unis en lien avec son rôle présumé dans l'une des plus grandes compromissions d'informations classifiées de l'histoire de notre pays.
Les actions qu'il est supposé avoir commises risquent de porter gravement atteinte à notre sécurité nationale, au profit de nos adversaires, et exposent des sources humaines nommément désignées à un risque grave d'atteinte à leur intégrité physique et de détention.”
Je vous le dis car, tout comme nous comprenons vos préoccupations, il est essentiel que vous compreniez les nôtres".
Comme l'ont démontré de manière concluante les témoins de la défense lors de l'audience d'extradition de septembre 2020 à Londres, M. Assange a travaillé assidûment pour expurger les noms des informateurs américains avant les publications de WikiLeaks sur l'Irak et l'Afghanistan en 2010. Le général américain Robert Carr a témoigné lors de la cour martiale de la source de WikiLeaks, Chelsea Manning, que personne n'avait été lésé par la publication des documents.
Mais M. Assange risque 175 ans dans un cachot américain, accusé d'avoir violé l'Espionage Act, non pas pour avoir volé des documents classifiés américains, mais pour les avoir publiés dans le respect du Premier Amendement*.
La "sécurité nationale”
WikiLeaks a effectivement menacé la "sécurité nationale" si l'on entend par "nation" uniquement ses dirigeants. En revanche, si la "sécurité nationale" est définie comme la sécurité de l'ensemble de la nation, alors l'obsession de M. Blinken à poursuivre la guerre en Ukraine avec le risque d'un conflit nucléaire constitue véritablement une menace pour la sécurité de la nation.
La députée libérale Bridget Archer, autre coprésidente du groupe parlementaire pro-Assange, a déclaré :
"Il continue de souffrir mentalement et physiquement, tout comme sa famille, et le gouvernement doit redoubler d'efforts pour obtenir sa libération et son retour en Australie".
Le député travailliste Julian Hill, qui fait également partie du groupe parlementaire Bring Julian Assange Home, a déclaré au Guardian qu'il avait
"un point de vue fondamentalement différent de celui exprimé par le secrétaire Blinken sur le fond de l'affaire. Mais j'apprécie qu'au moins ses remarques soient franches et directes".
"Dans le même ordre d'idées, je dirais aux États-Unis : prenez au moins au sérieux les problèmes de santé de Julian Assange, et saisissez la justice britannique pour le sortir d'une prison de haute sécurité où il risque de mourir sans soins médicaux s'il a une nouvelle attaque.
La semaine dernière, M. Hill a appelé M. Assange à accepter un accord de plaidoyer, ce qui ne devrait pas avoir d'effet négatif sur lui. En attendant, M. Hill a déclaré que l'amélioration des conditions de détention "ne devrait pas être bien difficile à mettre en oeuvre, même si les discussions sur la résolution de cette affaire se poursuivent".
Un récent sondage d'opinion montre que 79 % des Australiens souhaitent que M. Assange soit libéré et puisse rentrer chez lui.
* Le Premier Amendement de la Constitution des Etats-Unis d’Amérique fait partie des dix amendementsratifiés en 1791 et connus collectivement comme la Déclaration des Droits (Bill of Rights). Il interdit au Congrès des États-Unis d'adopter des lois limitant la liberté de religion et d'expression, la liberté de la presse ou le droit à « s'assembler pacifiquement » : « Congress shall make no law respecting an establishment of religion, or prohibiting the free exercise thereof; or abridging the freedom of speech, or of the press; or the right of the people peaceably to assemble, and to petition the Government for a redress of grievances. » : « Le Congrès n'adoptera aucune loi relative à l'établissement d'une religion, ou à l'interdiction de son libre exercice ; ou pour limiter la liberté d'expression, de la presse ou le droit des citoyens de se réunir pacifiquement ou d'adresser au Gouvernement des pétitions pour obtenir réparations des torts subis. »
* Joe Lauria est rédacteur en chef de Consortium News et ancien correspondant aux Nations unies pour le Wall Street Journal, le Boston Globe et de nombreux autres journaux, dont The Montreal Gazette et The Star of Johannesburg. Il a été journaliste d'investigation pour le Sunday Times de Londres, journaliste financier pour Bloomberg News et a commencé sa carrière professionnelle à 19 ans comme pigiste pour le New York Times. Il est l'auteur de deux livres, A Political Odyssey, avec le sénateur Mike Gravel, préfacé par Daniel Ellsberg, et How I Lost By Hillary Clinton, préfacé par Julian Assange. Il peut être contacté à l'adresse joelauria@consortiumnews.com et suivi sur Twitter @unjoe.
https://consortiumnews.com/2023/08/01/australian-mps-blast-blinken-over-assange/