👁🗨 Les écologistes ont une immense dette envers Julian Assange
Les sacrifices consentis par Assange sont extrêmes & sa contribution aux actions écologiques & pacifiques majeure. Sa détention & les tourments infligés par Américains & Britanniques doivent cesser.
👁🗨 Les écologistes ont une immense dette envers Julian Assange
Par Mitchel Cohen, le 23 août 2023
Les sacrifices consentis par Assange sont extrêmes & sa contribution aux mouvements écologiques & anti-guerre est considérable. Son incarcération & les tourments infligés par Américains & Britannique doivent cesser.
Les écologistes du monde entier sont redevables d'une immense dette envers le prisonnier politique Julian Assange, fondateur et éditeur de Wikileaks, et la plupart d'entre eux ne le savent même pas.
Wikileaks n'a pas seulement publié des documents confidentiels relatifs à la guerre et aux crimes contre l'humanité, grâce au travail héroïque de Chelsea Manning qui a téléchargé des milliers de dossiers secrets de l'armée américaine. Une série de câbles publiés par Assange a révélé les tentatives massives du gouvernement américain, au nom de Monsanto, de contraindre les gouvernements à autoriser la propriété foncière d'entreprises étrangères, et donc l'agriculture génétiquement modifiée, dans le monde entier, et de faire taire l'opposition aux OGM, en brisant les lois existantes interdisant le génie génétique de l'agriculture.
Les câbles révèlent que des fonctionnaires américains exercent des pressions financières, diplomatiques et souvent même militaires en faveur de Monsanto et d'autres entreprises de biotechnologie.
Ces câbles ont été suivis de révélations selon lesquelles les prêts accordés par les États-Unis, la Banque mondiale et le FMI "ont ouvert l'Ukraine aux grandes entreprises", écrit Joyce Nelson dans The Ecologist et également dans Counterpunch.
"Les conditions liées aux prêts obligent ce pays très endetté à s'ouvrir aux cultures d'OGM et à lever l'interdiction de la propriété foncière pour le secteur privé. Les entreprises américaines jubilent à l'idée de la 'mine d'or' qui les attend" (1).
Ces informations, passées inaperçues ici aux États-Unis, révèlent des clauses relatives au financement massif de l'armement de l'Ukraine par les États-Unis depuis plus de dix ans.
Le 28 avril 2020, le président Volodymyr Zelensky a signé un projet de loi autorisant la vente de terres agricoles en Ukraine, levant ainsi un moratoire en vigueur depuis 2001. Ce projet de loi fait partie d'une série de réformes politiques auxquelles le FMI a subordonné l'octroi d'un prêt de 8 milliards de dollars (2).
Les révélations de Wikileaks sur l'agriculture ont permis de mieux saisir les mécanismes de l'impérialisme. Les États-Unis exercent leur influence sur d'autres pays pour permettre à Monsanto et consorts de s'emparer d'immenses étendues de terres en Ukraine, en évitant leur acquisition directe par des sociétés étrangères. La propriété étrangère des terres était interdite par la loi en Ukraine - une prise de conscience soudaine sur laquelle les soi-disant "vérificateurs de faits" sur Internet se sont appuyés pour "démystifier" les articles de presse sur la dispersion privatisée des terres agricoles dans ce pays. Mais les "démystificateurs" ignorent les nombreux mécanismes utilisés par les sociétés étrangères pour avoir accès à la propriété et au contrôle des terres tout en contournant la loi. C'est ainsi que l'on découvre des investissements massifs d'entreprises américaines dans des sociétés ukrainiennes, contrôlant les types de semences plantées, et la manière dont elles sont cultivées.
Dans un câble de 2007 portant la mention "confidentiel", Craig Stapleton, alors ambassadeur des États-Unis en France, conseillait aux États-Unis de se préparer à une guerre économique avec les pays refusant d'introduire les semences de maïs génétiquement modifié de Monsanto. Il a appelé à des représailles pour "faire comprendre que le processus actuel a un coût réel pour les intérêts de l'UE et pourrait contribuer à renforcer les voix européennes en faveur des biotechnologies. En fait, les partisans des biotechnologies en France nous ont dit que les représailles étaient le seul moyen de renverser la situation en France" (3).
L'équipe diplomatique américaine a recommandé que "nous établissions une liste de représailles ciblée provoquant des difficultés dans l'ensemble de l'UE, puisqu'il s'agit d'une responsabilité collective, mais se concentrant aussi en partie sur les principaux coupables"(4).
Dans un autre câble, provenant cette fois de Macao et de Hong Kong, un responsable du ministère américain de l'agriculture demande 92 000 dollars de fonds publics américains pour des "kits de sensibilisation médiatique" afin de lutter contre la résistance croissante du public aux aliments issus des manipulations génétiques. Les tentatives d'imposer l'étiquetage des OGM y sont présentées comme une "menace" pour les intérêts américains, et l'on cherche à "compliquer la tâche des partisans de l'étiquetage obligatoire".
Les câbles publiés par Wikileaks révèlent que des fonctionnaires de l'administration Obama, en particulier au Département d'État d'Hillary Clinton, se sont opposés à l'étiquetage obligatoire des OGM "pour saper la législation qui pourrait restreindre les ventes de semences génétiquement modifiées". Sous Hillary Clinton, le département d'État américain était tellement enthousiaste à l'idée de promouvoir les OGM que Tom Philpott, auteur de Mother Jones, a qualifié l'agence ainsi présidée du
Le New York Daily News a rapporté que les fonctionnaires du département d'État sous Hillary Clinton investissait activement l'argent du contribuable pour promouvoir les semences OGM controversées de Monsanto dans le monde entier.
Des fonctionnaires américains ont préconisé l'envoi de DVD en faveur des biotechnologies et de la bio-agriculture dans tous les lycées de Hong Kong (6).
Les câbles révèlent la planification stratégique conjointe de Monsanto et du gouvernement américain, montrant que Monsanto a conclu que le nord de la Thaïlande serait le site idéal pour cultiver du maïs génétiquement modifié destiné à être exporté vers d'autres pays, en raison du coût très faible de la main-d'œuvre et de l'infrastructure dans cette région.
Dans ce câble publié par Wikileaks, un pays, le Pérou, est mentionné comme destinataire, et le représentant américain suggère que, même en tenant compte des frais de transport via deux océans, il serait néanmoins plus rentable de cultiver et d'expédier du maïs OGM depuis le nord de la Thaïlande que depuis l'Argentine ou le Brésil voisins, puisque les "efforts diplomatiques" des États-Unis seraient déployés pour faire baisser le coût de la production dans le nord de la Thaïlande. Les États-Unis inciteraient la Thaïlande à renoncer à ses arguments à la culture d'OGM, et le pays en serait récompensé.
Les câbles donnent un aperçu fascinant (et terrifiant) des mécanismes apparemment banals de l'impérialisme mondial, et de la consolidation du contrôle de l'agriculture mondiale à une échelle résolument locale.
WikiLeaks a "obtenu" et publié une base de données consultable et le texte intégral du Partenariat transpacifique, du Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement, et de l'Accord sur le commerce des services de 2015 (7). En publiant le texte confidentiel de l'accord, Assange a révélé les pressions exercées par le gouvernement américain sur d'autres pays pour qu'ils achètent et plantent les semences génétiquement modifiées brevetées de Monsanto, qui nécessitent l'achat concomitant des pesticides patentés de Monsanto, en vue d'assurer la croissance des récoltes.
Les traités ont limité la capacité des pays à contester légalement la dégradation de l'environnement dans le cadre de leurs échanges commerciaux avec d'autres, montrant clairement que les questions environnementales ne pouvaient être abordées de manière fragmentaire, mais considérées comme une guerre globale sur les plans politique, technologique, économique et scientifique. Pour ce faire, les militants vont être contraints d'éplucher non seulement les dangers de chaque pesticide du moment, mais aussi les mécanismes sous-jacents par lesquels des entreprises telles que Monsanto, Bayer, Dow, DuPont, Syngenta, Novartis, BASF et d'autres fabricants de pesticides et de produits pharmaceutiques en sont venues à déterminer les politiques gouvernementales dans leur ensemble, ainsi que celles des agences réglementaires mondiales, ce qui leur permet de dissimuler la vérité sur leurs produits, et de mentir purement et simplement sur leur dangerosité.
Si les militants de gauche et écologistes ont toujours dénoncé la collaboration entre gouvernements et expansion des entreprises, les détails révélés par les documents publiés par WikiLeaks sont tout simplement stupéfiants. Ils révèlent la nécessité pour les mouvements écologistes de développer des stratégies beaucoup plus radicales pour faire face aux immenses destructions liées au capitalisme dans la pratique, et pas seulement en théorie ou de manière fragmentaire. Pour cette contribution largement méconnue de Julian Assange, les militants écologistes, ainsi que les radicaux anti-guerre motivés par la publication par Assange de la désormais tristement célèbre vidéo "Collateral Murder" (obtenue par Chelsea Manning), doivent à Assange une reconnaissance qui ne pourra jamais être entièrement honorée.
Aujourd'hui, Julian Assange est enfermé dans une prison britannique et se bat pour sa vie. Le gouvernement américain cherche à faire comparaître ce citoyen australien aux États-Unis pour un simulacre de procès et à l'enfermer à jamais, s'il ne l'assassine pas en cours de route, comme la CIA et le département d'État américain l'ont envisagé. (8) Les sacrifices consentis par Julian Assange sont extrêmes et sa contribution aux mouvements écologiques et anti-guerre est considérable. Il nous incombe à tous d'exiger que cessent son incarcération et les tourments que lui font subir les gouvernements américain et britannique.
Pourtant, malgré l'exposition mondiale des dangers du glyphosate et sa désignation comme "cancérogène potentiel", seule une poignée de gouvernements dans le monde a rejoint les militants écologistes et les professionnels de la santé pour interdire le Roundup de Monsanto. Nous devons hausser le ton :
Free Julian Assange NOW. - “Non aux OGM et aux destructeurs de la planète”
Nous remercions Patricia Dahl, organisatrice de Stand with Assange NY, pour avoir décrit certaines des relations occultes du gouvernement américain avec Monsanto et d'autres entreprises pollueuses mises en lumière pour la première fois par Julian Assange et WikiLeaks. Voir Michael Ratner, Moving the Bar : My Life as a Radical Lawyer (New York : OR Books : 2021), pour un examen approfondi de première main du dossier juridique d'Assange par son avocat principal, avant qu'il ne décède d'un cancer en 2016.
NOTES
1. Joyce Nelson, "Monsanto and Ukraine", Counterpunch, 22 août 2014, et aussi, Joyce Nelson, "Ukraine opens up for Monsanto, land grabs and GMOs", The Ecologist, 11 septembre 2014.
2. Oakland Institute, " Walking on the West Side : the World Bank and the IMF in the Ukraine Conflict ", 28 juillet 2014 ; et aussi, Oakland Institute, Ben Reicher et Frederic Mousseau, " Who Really Benefits from the Creation of a Land Market in Ukraine ? " 6 août 2021.
3. https://wikileaks.org/plusd/cables/07PARIS4723_a.html
4. Ibid.
5. Tom Philpott, "Taxpayer Dollars Are Helping Monsanto Sell Seeds Abroad", Mother Jones, 18 mai 2013.
6. Anita Katial, Senior Director Europe Operations at USDA Foreign Agricultural Service (FAS), est désignée comme responsable de l'effort de propagande pro-biotech au nom du gouvernement américain. https://wikileaks.org/plusd/cables/09HONGKONG128_a.html ↑
7. https://wikileaks.org/tpp-final/
8. Julian Borger, " Les responsables de la CIA sous Trump ont discuté de l'assassinat de Julian Assange - rapport : Mike Pompeo et des fonctionnaires ont demandé des 'options' pour tuer Assange suite à la publication par WikiLeaks d'outils de piratage de la CIA, selon un rapport." The Guardian, 27 septembre 2021.
* Mitchel Cohen est coordinateur de la No Spray Coalition à New York. Il peut être joint à l'adresse suivante : mitchelcohen@mindspring.com.
https://www.counterpunch.org/2023/08/23/environmentalists-owe-an-enormous-debt-to-julian-assange/