👁🗨 Les États-Unis & la fable du cessez-le-feu à Gaza
M. Netanyahou n'a aucune raison de cesser la guerre à Gaza & fait fi des pressions d'un Washington mou & pathétique qui soutiendra sans réserve le régime sioniste, quel qu'en soit le prix.
👁🗨 Les États-Unis & la fable du cessez-le-feu à Gaza
Par Robert Inlakesh, le 22 juin 2024
La résistance palestinienne a transformé Gaza en cimetière pour ses envahisseurs, tandis que le Hezbollah libanais pilonne leurs sites militaires et brûle les colonies du nord.
Il est plus que temps de s'interroger sérieusement sur les raisons de l'incapacité du gouvernement américain à obtenir un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Il s'agit d'attentes peu réalistes, d'un refus de concéder une défaite, d'incompétence et d'un lobby pro-israélien qui contrôle de nombreux leviers de pouvoir.
Des semaines se sont écoulées depuis que le président américain Joe Biden s'est prononcé en faveur d'un cessez-le-feu, en présentant une proposition israélienne comme “une feuille de route pour un cessez-le-feu durable et la libération de tous les otages”. Peu de temps après, l'armée américaine a apporté son soutien à l'opération militaire sioniste de Nuseirat à Gaza, qui a tué trois prisonniers israéliens et en a capturé quatre autres, mais qui a surtout provoqué un massacre de civils, qui a coûté la vie à au moins 274 Palestiniens et en a blessé environ 800 autres.
Le projet américain de ponton temporaire, censé acheminer l'aide humanitaire à Gaza, a été retiré pour la troisième fois de l'enclave côtière assiégée, à la suite d'allégations selon lesquelles, immédiatement après sa réinstallation précédente, il a été utilisé lors du massacre de Nuseirat. Ce projet a coûté au contribuable américain des centaines de millions de dollars et n'a guère permis d'acheminer l'aide tant attendue, remettant en question sa véritable vocation.
Pour couronner le tout, le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, s'est rendu une fois de plus en Asie occidentale pour un voyage annoncé publiquement comme étant destiné à conclure la proposition de cessez-le-feu votée par le Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU). Blinken a immédiatement décidé de se poster devant les caméras et de dire aux médias que les Israéliens ont accepté la proposition et que le Hamas entrave sa mise en œuvre en raison de son incapacité à répondre par “oui” ou par “non”. Cependant, le Hamas, contrairement à l'entité sioniste, a été la seule partie à donner une réponse officielle à la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU sur la proposition de cessez-le-feu.
À ce stade, alors que le secrétaire d'État se met à mentir ouvertement et à trouver des excuses au régime sioniste, il est clair que son administration a renoncé à la proposition et se prépare à poursuivre publiquement son rôle de protecteur des Israéliens. Le régime sioniste n'a jamais accepté le cessez-le-feu, officiellement censé être le sien, et aucun de ses dirigeants n'a fait de déclaration dans ce sens. En fait, c'est tout le contraire qui s'est produit : alors que le Hamas s'est félicité de la pression exercée par le cessez-le-feu et y a répondu positivement, les sionistes n'ont cessé d'affirmer leur volonté de poursuivre le génocide dans la bande de Gaza. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a clairement fait savoir à plusieurs reprises que son intention était de poursuivre la destruction du Hamas et a seulement formulé des remarques concernant la libération des prisonniers israéliens.
Tout cela était prévisible, car M. Netanyahou n'a aucune raison de mettre fin à la guerre à Gaza, si ce n'est la menace d'une guerre régionale plus vaste. Le gouvernement américain le soutient quoi qu'il fasse. Il lui suffit donc d'ignorer toute pression émanant d'une administration américaine molle et pathétique qui soutiendra sans réserve le régime sioniste, quel qu'en soit le prix.
Toutefois, cette catastrophe revêt plusieurs aspects du point de vue du gouvernement américain. Tout d'abord, Washington ne peut accepter la défaite stratégique imminente à laquelle il est confronté et souhaite arracher une victoire par tous les moyens possibles et imaginables. Les États-Unis voient aujourd'hui leur influence se réduire dans la région, alors qu'émerge un nouvel ordre multipolaire où les nations du monde entier se voient proposer d'autres partenaires économiques comme alternatives à la tyrannie du soi-disant “ordre international fondé sur des règles” américain. Cet ordre s'enracine dans le maintien de la suprématie culturelle et physique de l'Occident collectif, où Washington commande le monde en tant que démocratie libérale dominante cherchant à inculquer aux autres la conduite à tenir.
En s'accrochant à l'idée qu'ils vivent encore dans un monde ressemblant à l'époque post guerre froide, ils pensent clairement que le soutien populaire à la cause palestinienne ira decrescendo et qu'ils pourront revenir à une situation similaire à celle d'avant Al-Aqsa Flood [7 octobre 2023]. Dans le droit fil de ce mode de pensée, auquel les régimes arabes clients s'accrochent toujours désespérément, les États-Unis poursuivent la normalisation des régimes arabes avec l'entité sioniste. Cette approche repose sur l'idée que le Hezbollah, Ansarallah et la résistance palestinienne disparaîtront subitement, concept bien éloigné de la réalité.
La résistance palestinienne a transformé Gaza en cimetière pour ses envahisseurs, tandis que le Hezbollah libanais pilonne leurs sites militaires et brûle les colonies du nord, et que la résistance yéménite a réussi à gêner constamment les forces navales américaines et à imposer son blocus à l'entité sioniste.
Les États-Unis pourraient mettre fin à cette guerre à tout moment, mais ce gouvernement regorge de carriéristes incompétents motivés par l'argent, incapables d'une réflexion stratégique à long terme. Si les Américains avaient mis fin à cette guerre plus tôt, ils auraient été en mesure de préserver leur pouvoir, leur image et, au moins temporairement, l'avenir de l'entité sioniste. Aujourd'hui, ils ont sapé à la fois leur propre avenir et l'existence du régime israélien de manière irréversible.
Joe Biden est essentiellement un légume vivant, qui n'est manifestement pas physiquement apte à gérer une question internationale aussi cruciale à un moment où d'autres défis géopolitiques majeurs sont également en jeu. Peut-être que si le sioniste autoproclamé était réellement sain et qu'il ne se réduisait pas à une simple coquille vide, l'influence du président aurait pu se faire sentir, au-delà de la propagande pro-israélienne diffusée devant les caméras.
Ensuite, nous avons Antony Blinken, officiellement chargé de tenir tête à Benjamin Netanyahou, et qui échoue lamentablement, à supposer même qu'il ait tenté de relever le défi. Le Premier ministre israélien est un homme bien introduit aux États-Unis, non seulement dans la classe des milliardaires, mais aussi dans les milieux du renseignement. M. Netanyahou est un menteur, un criminel de guerre et un narcissique avéré, mais il n'est pas stupide et sait tirer parti de sa position de pouvoir comme aucun autre homme politique israélien ne l'a fait avant lui. Blinken n'est manifestement pas fait pour la tâche qui l'attend, et passe pour un secrétaire d'État sans envergure et incompétent.
Bien que certains membres de l'administration Biden soient conscients de la situation délicate dans laquelle ils se trouvent actuellement et cherchent à manœuvrer stratégiquement, ils sont manifestement incapables d'amener leur gouvernement à une position qui sauverait ses propres intérêts.
Quant aux élus, la grande majorité des membres du Congrès et du Sénat américains sont soudoyés, que ce soit par le complexe militaro-industriel, l'AIPAC [lobby créé en 1963 aux États-Unis visant à soutenir Israël, soutien de la droite israélienne, réputé proche du Likoud], ou les deux à la fois. Ces fonctionnaires sont donc sans intérêt, ne servant que leurs donateurs aux intérêts particuliers et/ou cherchant à gravir les échelons du pouvoir politique comme les parasites sociaux qu'ils sont. Ensuite, nous avons les deux grands partis, qui se préparent à des élections nationales pour lesquelles ils ont besoin des dons de tous les milliardaires et divers groupes d'intérêt.
L'état actuel de la politique aux États-Unis garantit des poches bien remplies de tous bords. Cependant, on ne peut diriger un pays florissant selon les caprices de méga-corporations et de milliardaires aux loyautés particulières. La combinaison d'hommes politiques médiocres, d'incompétence, de déclin cognitif dans le cas du président, de pressions du lobby israélien, d'illusions sur leurs propres capacités et d'un mépris raciste pour la vie des Palestiniens explique la soumission de Washington aux exigences du Premier ministre israélien.
Malheureusement, l'approche adoptée par le gouvernement américain après le 7 octobre, qui a consisté à autoriser un assaut génocidaire pour tenter de sauver l'image de l'alliance régionale américano-israélienne vaincue, se poursuit.
Alors que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou sombre lentement dans le néant, entraînant avec lui l'entité sioniste tout en s'agrippant aux États-Unis qui le suivent dans sa chute. Washington, pour l’heure, résiste et choisit de croire qu'il existe des bulles d'air au fond du gouffre.