đâđš Les Ătats-Unis prĂ©conisent l'Ă©viction de Khan.
Un document émanant d'une source de l'armée pakistanaise expose un diplomate américain ciblant le Premier ministre évincé pour avoir "adopté une position si fermement neutre" sur la guerre en Ukraine.
đâđš Les Ătats-Unis prĂ©conisent l'Ă©viction de Khan.
Par Jake Johnson, Common Dreams, le 10 août 2023
Un tĂ©lĂ©gramme confidentiel obtenu par The Intercept suggĂšre qu'un diplomate amĂ©ricain - avec l'approbation de la Maison Blanche de Biden - a exhortĂ© le gouvernement pakistanais Ă destituer Imran Khan, qui a Ă©tĂ© Ă©vincĂ© de son poste de Premier ministre lors d'une motion de censure l'annĂ©e derniĂšre, puis emprisonnĂ© en raison dâaccusations de corruption qui, selon lui, sont motivĂ©es par des considĂ©rations politiques.
Selon le cĂąble du 7 mars 2022, que The Intercept a publiĂ© dans son intĂ©gralitĂ©, sans cependant pouvoir lâauthentifier, le diplomate amĂ©ricain Donald Lu a dĂ©clarĂ© Ă l'ambassadeur pakistanais aux Ătats-Unis que "les gens ici et en Europe s'inquiĂštent de savoir pourquoi le Pakistan adopte une position aussi Ă©nergiquement neutre" sur la guerre en Ukraine.
Les Ătats-Unis avaient publiquement critiquĂ© M. Khan pour avoir entrepris un voyage Ă Moscou et rencontrĂ© le prĂ©sident Vladimir Poutine alors que les forces russes commençaient Ă envahir l'Ukraine en fĂ©vrier 2022. Le cĂąble indique que M. Lu a rĂ©itĂ©rĂ© les prĂ©occupations de l'administration Biden, mais a ajoutĂ© :
"Je pense que si la motion de censure contre le Premier ministre aboutit, tout sera pardonné à Washington parce que la visite en Russie est considérée comme une décision du Premier ministre".
"Dans le cas contraire, je pense que les choses risquent de se compliquer", a ajouté M. Lu.
Le cùble indique que M. Lu "n'aurait pas pu faire passer une démarche aussi énergique sans l'approbation expresse de la Maison-Blanche, à laquelle il s'est référé à plusieurs reprises".
Les relations tendues entre les Ătats-Unis et le Pakistan pendant le mandat de Khan Ă©taient de notoriĂ©tĂ© publique, mais Ryan Grim et Murtaza Hussain de The Intercept ont Ă©crit mercredi que le cĂąble "dĂ©voile Ă la fois la carotte et le bĂąton que le DĂ©partement d'Ătat a dĂ©ployĂ©s dans sa campagne contre Khan, promettant des relations plus chaleureuses si Khan Ă©tait dĂ©mis de ses fonctions, et des mesures d'isolement en cas d'Ă©chec ".
"Un mois aprĂšs la rĂ©union avec les responsables amĂ©ricains dĂ©crite dans le document du gouvernement pakistanais ayant fait l'objet d'une fuite, une motion de censure a Ă©tĂ© votĂ©e au Parlement, entraĂźnant la destitution de M. Khan", notent M. Grim et M. Hussain. "Ce vote aurait Ă©tĂ© organisĂ© avec le soutien de la puissante armĂ©e pakistanaise. Depuis lors, Khan et ses partisans se sont engagĂ©s dans une lutte contre l'armĂ©e et ses alliĂ©s civils, qui, selon Khan, ont organisĂ© sa destitution Ă la requĂȘte des Ătats-Unis.â
[Lire aussi : Craig Murray : Le silence autour dâImran Khan].
Mardi, la commission électorale pakistanaise a interdit à M. Khan d'exercer quelque fonction publique que ce soit pendant cinq ans. M. Khan devrait contester cette décision, et il fait actuellement appel de sa condamnation à trois ans de prison.
Le Pakistan a dissous son parlement mercredi, ouvrant la voie Ă de nouvelles Ă©lections aprĂšs l'arrestation de M. Khan.
Lors d'une confĂ©rence de presse organisĂ©e Ă la suite du reportage de The Intercept, le porte-parole du dĂ©partement d'Ătat, Matthew Miller, a niĂ© que les Ătats-Unis aient une quelconque "prĂ©fĂ©rence quant Ă l'identitĂ© des dirigeants du Pakistan".
Interrogé sur les commentaires spécifiques de Lu, qui semblent exprimer une préférence pour l'éviction de Khan, Miller a déclaré qu'il ne pouvait pas se prononcer sur la véracité du cùble, mais a suggéré que les commentaires rapportés de Lu pourraient avoir été "sortis de leur contexte".
Grim et Hussain ont rapporté mercredi que le Département d'Etat "a précédemment et à plusieurs reprises nié que Lu ait exhorté le gouvernement pakistanais à évincer le Premier ministre".
"Le 8 avril 2022, aprĂšs que M. Khan ait prĂ©tendu qu'il existait un cĂąble prouvant l'ingĂ©rence des Ătats-Unis, la porte-parole du dĂ©partement d'Ătat, Jalina Porter, a Ă©tĂ© interrogĂ©e sur la vĂ©racitĂ© de ce cĂąble", Ă©crivent les deux auteurs. Mme Porter a rĂ©pondu : "Permettez-moi de vous dire trĂšs clairement que ces accusations sont absolument sans fondement".
Hussain a écrit sur les réseaux sociaux que The Intercept avait obtenu le cùble secret d'une "source au sein de l'establishment militaire pakistanais qui a déclaré avoir été déçue par l'impact de la crise sur leur institution et qui souhaitait alerter le public et leurs collÚgues militaires de la vérité documentée de l'histoire".
Comme le rapportent Grim et Hussain :
"Alors que le scandale du cùble a éclaté au grand jour et dans la presse, l'armée pakistanaise a lancé un assaut sans précédent contre la société civile pakistanaise afin de réduire au silence les dissidents et la liberté d'expression que connaissait le pays jusqu'alors.
Ces derniers mois, le gouvernement dirigĂ© par les militaires a rĂ©primĂ© non seulement les dissidents, mais aussi les personnes soupçonnĂ©es d'ĂȘtre Ă l'origine de fuites au sein de leur institution, en adoptant la semaine derniĂšre une loi autorisant les perquisitions sans mandat et de longues peines d'emprisonnement pour les lanceurs d'alerte. EffrayĂ©s par la manifestation publique de soutien Ă Khan - relayĂ©e par une sĂ©rie de manifestations de masse et d'Ă©meutes en mai - les militaires ont Ă©galement assis leurs pleins pouvoirs autoritaires, rĂ©duisant drastiquement les libertĂ©s civiles, criminalisant toute expression critique Ă l'Ă©gard de l'armĂ©e, Ă©largissant le rĂŽle dĂ©jĂ Ă©tendu de l'institution dans l'Ă©conomie du pays, et confĂ©rant aux dirigeants militaires un droit de veto permanent sur les affaires politiques et civiles".
Sunjeev Bery, directeur du groupe de dĂ©fense Freedom Forward, a Ă©crit en rĂ©ponse Ă l'article de The Intercept que "les Ătats-Unis ont passĂ© des dĂ©cennies Ă s'ingĂ©rer dans la dĂ©mocratie pakistanaise et Ă pĂ©renniser ainsi la pauvretĂ© et les dysfonctionnements politiques dans le pays", citant le soutien apportĂ© par le passĂ© par les Ătats-Unis aux dictatures militaires pakistanaises.
" Pour moi, la volonté affichée à ce jour par l'administration Biden de maintenir ce cap est profondément déprimante ", a ajouté M. Bery.
* Jake Johnson est un journaliste de Common Dreams.
Cet article est issu de Common Dreams.
Les opinions exprimées dans cet article peuvent ou non refléter celles de Consortium News.
https://consortiumnews.com/2023/08/10/us-urged-ouster-of-khan-cable-shows/