👁🗨 Les États-Unis rejettent les appels de l'Australie à mettre fin aux poursuites contre le fondateur de WikiLeaks.
Le mépris du secrétaire d'État Blinken vis à vis des Australiens réclamant la liberté de Julian est d'autant plus choquant que Chelsea Manning, censée avoir divulgué les fuites, est libre depuis 2017.
👁🗨 Les États-Unis rejettent les appels de l'Australie à mettre fin aux poursuites contre le fondateur de WikiLeaks lors des discussions avec les ministres australiens.
Par Daniel Hurst, correspondant pour les affaires étrangères et la Défense, le 29 juillet 2023
La réunion des ministres s'est concentrée sur la coopération militaire et a convenu d'augmenter le "rythme" des visites de sous-marins nucléaires américains en Australie dans le cadre du pacte Aukus.
Le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, a réagi aux appels du gouvernement australien à mettre fin à la poursuite de Julian Assange, insistant sur le fait que le fondateur de WikiLeaks aurait "risqué de porter gravement atteinte à notre sécurité nationale".
À l'issue de discussions de haut niveau à Brisbane, principalement axées sur la coopération militaire, M. Blinken a confirmé que le gouvernement australien avait évoqué l'affaire avec les États-Unis à de multiples reprises et a déclaré comprendre "les préoccupations et les points de vue des Australiens".
Il a toutefois ajouté qu'il était “essentiel que nos amis australiens” comprennent les préoccupations des États-Unis concernant le "rôle présumé de M. Assange dans l'une des plus grandes compromissions d'informations classifiées de l'histoire de notre pays".
Parmi les principales annonces faites à l'issue de la réunion de samedi, les États-Unis ont annoncé qu'ils augmenteraient le "rythme" des visites de sous-marins à propulsion nucléaire en Australie.
Les États-Unis prévoient également d'intensifier les rotations d'avions de patrouille et de reconnaissance maritimes, et de mettre en place de nouvelles rotations d'embarcations de l'armée américaine, tout en s'engageant à aider l'Australie à lancer la fabrication nationale de missiles dans les deux ans à venir.
Les États-Unis ont assuré le gouvernement australien que les tentatives visant à obtenir le soutien du Congrès pour l'accord Aukus se poursuivaient, même si certains républicains font pression pour un financement plus important de la production américaine.
Mais les arguments avancés par M. Blinken pour défendre les accusations portées par les États-Unis contre M. Assange seront considérés comme un coup porté à la campagne en faveur de la libération du citoyen australien.
M. Assange est toujours détenu à la prison de Belmarsh, à Londres, alors qu'il lutte contre la tentative d’extradition des États-Unis pour répondre d'accusations liées à la publication de centaines de milliers de documents divulgués sur les guerres d'Afghanistan et d'Irak, ainsi que de câbles diplomatiques.
La ministre australienne des affaires étrangères, Penny Wong, a confirmé qu'elle avait soulevé la question auprès du gouvernement américain.
Lors d'une conférence de presse conjointe avec M. Blinken, Mme Wong a déclaré:
“Nous avons clairement exprimé notre opinion sur le fait que l'affaire de M. Assange traîne depuis bien trop longtemps, ainsi que notre souhait qu'elle soit menée à son terme, et nous l'avons déclaré publiquement, reflétant la position que nous avons exprimée dans un cadre privé".
M. Wong a toutefois ajouté qu'il y avait des limites à ce qui pouvait être entrepris dans le cadre de pourparlers entre gouvernements "tant que la procédure de M. Assange n'est pas arrivée à son terme".
M. Blinken, qui a pris la parole en second, a déclaré aux journalistes qu'en règle générale, les États-Unis ne commentaient pas les procédures d'extradition.
"Je comprends et confirme, comme l'a dit Penny, que cette question a été soulevée avec nous, ainsi que dans le passé, et je comprends les préoccupations, les inquiétudes et les opinions des Australiens", a-t-il déclaré.
"Mais il est essentiel que nos amis australiens comprennent nos préoccupations à ce sujet.”
M. Blinken a déclaré que le ministère américain de la justice estime que M. Assange est "accusé de délits très graves".
"Les actions qu'il est censé avoir commises risquent de porter gravement atteinte à notre sécurité nationale au profit de nos adversaires, et font courir un risque grave à des sources humaines identifiées - un risque grave d'atteinte à leur intégrité physique et d’éventuelle détention", a déclaré M. Blinken.
" Tout comme nous comprenons les sensibilités ici en Australie, il est crucial que nos amis prennent en compte les préoccupations des États-Unis ".
Le frère de M. Assange, Gabriel Shipton, a déclaré qu'il incombait désormais au premier ministre, Anthony Albanese, de "présenter le point de vue des Australiens au président lui-même" lors d'une prochaine visite aux États-Unis.
"Le mépris du secrétaire d'État Antony Blinken à l'égard des Australiens qui réclament la liberté de Julian est d'autant plus choquant que l'Américaine qui a prétendument divulgué les informations est libre depuis 2017", a déclaré Gabriel Shipton.
La peine de l'ancienne analyste militaire américaine Chelsea Manning a été commuée par l'administration Obama en 2017.
Un avocat de l'Australian Assange Campaign, Greg Barns, a également réagi aux commentaires de M. Blinken.
"L'Australie est le plus proche allié des États-Unis", a déclaré M. Barns.
“M. Blinken doit comprendre que l'écrasante majorité des Australiens estiment que trop, c'est trop. Julian doit être libéré immédiatement et pouvoir rejoindre sa famille.”
En avril, des élus fédéraux australiens de tous bords ont écrit au procureur général des États-Unis, Merrick Garland, pour lui faire valoir que cette affaire "créait un précédent dangereux" pour la liberté de la presse, et qu'elle porterait atteinte à la réputation des États-Unis.
Les 48 députés et sénateurs, dont 13 du parti travailliste au pouvoir, ont déclaré que les accusations - qui comprennent 17 chefs d'accusation au titre de lEspionage Act, et un chef d'accusation au titre de la loi sur la fraude et les abus informatiques - concernaient les actions de M. Assange "en tant que journaliste et éditeur" pour avoir publié des informations "contenant des preuves de crimes de guerre, de corruption et d'abus des droits de l'homme".
La Media, Entertainment and Arts Alliance a fait valoir que les poursuites engagées contre M. Assange "mettent en péril le journalisme partout dans le monde, et sapent la réputation des États-Unis en tant que nation respectueuse de la liberté de la presse et de la liberté d'expression".
M. Blinken et Mme Wong ont été rejoints par le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, et le ministre australien de la défense, Richard Marles, pour des entretiens annuels connus sous le nom d'Ausmin.
La réunion a été perturbée par l'accident d'un hélicoptère d'entraînement des forces de défense australiennes près de l'île Hamilton, dans le Queensland, dans la nuit de vendredi à samedi, au cours duquel quatre membres d'équipage ont été portés disparus.
M. Marles, vice-premier ministre, a déclaré au début des entretiens de samedi qu'ils se réunissaient "le cœur lourd", les recherches se poursuivant pour retrouver les quatre membres de l'équipage, tandis que M. Blinken a déclaré : "Nous pensons à eux, à leur famille, leurs amis, leurs camarades".
Alors que des dizaines de Républicains au Sénat font pression sur la législation Aukus au Capitole - demandant des fonds supplémentaires pour stimuler la production nationale américaine - Marles a déclaré que lui et Wong étaient "tous deux législateurs" et "comprenaient très bien la pression et le poids qui accompagnent la promulgation d'une législation".
"Tony et Lloyd, mais aussi les efforts déployés par nous-mêmes lors d’échanges avec les parlementaires, nous assurent qu'il existe un engagement bipartite en faveur de la capacité de l'Australie à exploiter des sous-marins à propulsion nucléaire", a déclaré M. Marles.
M. Austin a défendu la pertinence du niveau d'investissement des États-Unis dans leur propre production de sous-marins, mais n'a pas exclu d'envisager une augmentation des fonds : "Nous continuerons à nous assurer que tous ces éléments sont en place au fur et à mesure de notre progression".
Il a ajouté que les États-Unis s'étaient engagés à "aider l'Australie à produire des systèmes de fusées à lancements multiples guidés, ou GMLRS, d'ici à 2025".
"Nous nous efforçons d'accélérer la livraison à l'Australie de munitions stratégiques par le biais d'un processus d'acquisition accéléré", a déclaré M. Austin.
"Nous sommes également ravis d'annoncer que nous prenons des mesures pour permettre à l'Australie d'entretenir, de réparer et de moderniser des munitions essentielles d'origine américaine".