đâđš Les garanties diplomatiques amĂ©ricaines, une vĂ©ritable fumisterie
Je serais trĂšs surpris que les juges britanniques ne dĂ©clarent pas que demander Ă ne pas ĂȘtre discriminĂ© est une protection suffisante contre la discrimination. Ils n'ont vraiment honte de rien.
đâđš Les garanties diplomatiques amĂ©ricaines, une vĂ©ritable fumisterie
Par Craig Murray, le 17 avril 2024
Les Ătats-Unis ont maintenant, semble-t-il, produit la note diplomatique donnant les deux garanties exigĂ©es par la High Court pour permettre Ă l'extradition de Julian Assange de se poursuivre. L'assurance que Julian Assange sera autorisĂ© Ă invoquer le Premier Amendement pour sa dĂ©fense est un sophisme d'une rare mĂ©diocritĂ©.
Vous pouvez lire mon analyse de la décision de la High Court sur le droit d'appel d'Assange ici.
Permettez-moi de passer sur la garantie contre la peine de mort. Je suis sĂ»r qu'elle sera acceptĂ©e par la Cour. Les Ătats-Unis n'ont pas besoin d'exĂ©cuter Julian, ils peuvent l'incarcĂ©rer Ă vie dans un minuscule tombeau de bĂ©ton, sous privation sensorielle extrĂȘme, comme un terrible avertissement pour tout journaliste dĂ©sireux de rĂ©vĂ©ler leurs crimes.
Si cela devait s'avérer inconvenant, il peut à tout moment subir un traitement à la Epstein ou celui d'un Seth Rich. N'oubliez pas qu'il s'agit d'un gouvernement qui a comploté pour le kidnapper et/ou l'assassiner, comme cela a été argumenté et non démenti devant le tribunal.
La garantie requise sur la protection du Premier Amendement est mal comprise par presque tous ceux qui en font état, et la note diplomatique américaine cherche à tirer parti de cette confusion.
La High Court a estimĂ© que le Premier Amendement offre les mĂȘmes protections que l'article X de la Convention europĂ©enne des droits de l'homme et que, par consĂ©quent, les droits de M. Assange au titre de la Convention seront protĂ©gĂ©s s'il est autorisĂ© Ă invoquer le Premier Amendement comme moyen de dĂ©fense devant un tribunal amĂ©ricain. La Cour n'a pas exigĂ© l'assurance qu'un tel plaidoyer serait couronnĂ© de succĂšs. L'article X de la CEDH est lui-mĂȘme truffĂ© d'exceptions de sĂ©curitĂ© nationale et autres exceptions de nature autoritaire.
La garantie sur laquelle la High Court a insistĂ© Ă©tait qu'un tel plaidoyer ne pourrait ĂȘtre annulĂ© en raison de la nationalitĂ© d'Assange. Cela contredirait la disposition distincte de la CEDH contre la discrimination fondĂ©e sur la nationalitĂ©. La note diplomatique amĂ©ricaine n'a pas vĂ©ritablement abordĂ© ce point, mais elle feint de le faire.
Dans une dĂ©claration sous serment adressĂ©e au tribunal britannique, le procureur amĂ©ricain avait dĂ©jĂ dĂ©clarĂ© qu'Assange pouvait ĂȘtre privĂ© des dispositions du Premier Amendement en tant que ressortissant Ă©tranger ayant agi Ă l'Ă©tranger. Mike Pompeo l'avait Ă©galement dĂ©clarĂ© officiellement. Le principe est clairement Ă©noncĂ© par la Cour suprĂȘme dans l'affaire USAID vs Open Society :
LE TERME CRUCIAL âTENTER DEâ
Les Ătats-Unis n'ont donc tout simplement pas pu affirmer que Julian Assange pourra invoquer le Premier Amendement, car le juge, suivant le prĂ©cĂ©dent de la Cour suprĂȘme, va trĂšs certainement le rejeter pour des raisons de nationalitĂ©.
La note diplomatique indique donc que Julian Assange peut tenter de soulever une défense fondée sur le Premier Amendement sans restriction fondée sur la nationalité. Cela signifie précisément que ses avocats sont autorisés à dire :
âMon client souhaite revendiquer la protection du Premier Amendement pour la libertĂ© d'expressionâ.
C'est ce que l'on peut appeler âchercher Ă souleverâ cette dĂ©fense.
Le juge répondra immédiatement :
âLe Premier Amendement ne s'applique pas Ă votre client en tant que ressortissant Ă©tranger agissant Ă l'Ă©tranger, comme l'a Ă©tabli la Cour suprĂȘme des Ătats-Unis dans l'affaire USAid vs Open Societyâ.
Cette rĂ©ponse est conforme Ă la phrase utilisĂ©e dans la note diplomatique des Ătats-Unis :
âUne dĂ©cision sur l'applicabilitĂ© du Premier Amendement est entiĂšrement du ressort des tribunaux amĂ©ricainsâ.
Le 20 mai, une audience aura lieu pour déterminer si cette non-garantie est suffisante pour protéger Julian Assange de toute discrimination fondée sur la nationalité et permettre la poursuite de l'extradition.
En tant que personne sensĂ©e, vous pensez sans doute qu'il est impossible qu'un tel tour de passe-passe juridique puisse ĂȘtre admis. Mais si tel est le cas, cher lecteur, c'est que vous n'avez pas la moindre idĂ©e de la corruption des bouffons dĂ©guisĂ©s en juges britanniques.
Qui aurait pu croire que les juges britanniques Ă©taient capables de dĂ©cider que le traitĂ© entre le Royaume-Uni et les Ătats-Unis avait force de loi pour extrader Julian Assange, mais que l'article IV du traitĂ©, qui exclut les dĂ©lits politiques, n'avait Ă©trangement aucune valeur juridique ?
Qui aurait pu croire qu'ils jugeraient que l'espionnage par le gouvernement américain des entretiens juridiques avocat/client de Julian Assange et la saisie de ses documents juridiques n'invalidaient pas la procédure ?
Qui aurait pu croire qu'ils décideraient que le complot du gouvernement américain visant à l'enlever ou à l'assassiner est sans importance, car s'il est extradé, le gouvernement américain n'aura plus besoin de l'enlever ou de l'assassiner ?
Je pourrais continuer longtemps ainsi. Je serais trĂšs surpris que les juges de la High Court, Ă la suite de l'audience du 20 mai, ne dĂ©clarent pas que le droit de demander Ă ne pas ĂȘtre discriminĂ© pour des raisons de nationalitĂ© (et de se voir opposer un refus) est une protection suffisante contre la discrimination fondĂ©e sur la nationalitĂ©.
Ils n'ont vraiment honte de rien.
https://www.craigmurray.org.uk/archives/2024/04/the-farce-of-diplomatic-assurances/