👁🗨 Les leaders israéliens & américains doivent être tenus pour responsables du génocide des Palestiniens
Joe Biden a qualifié l'attaque du Hamas du 7 octobre d’“acte purement diabolique”, mais n'a jamais condamné l'assassinat aveugle, la famine & le nettoyage ethnique des Palestiniens de Gaza par Israël.
👁🗨 Les leaders israéliens & américains doivent être tenus pour responsables du génocide des Palestiniens
Par Marjorie Cohn / Truthout, le 21 octobre 2023
Netanyahu et Gallant commettent un génocide à Gaza. Biden et Blinken sont complices de ce génocide israélien.
En représailles contre les Palestiniens de Gaza pour le meurtre de centaines de civils israéliens par le Hamas le 7 octobre, Israël a intensifié son siège de Gaza, qui dure depuis 16 ans, et l'a transformé en “blocus total”. Israël massacre les habitants de Gaza, les prive de nourriture, d'eau, d'électricité et de carburant, ordonne à plus d'un million d'entre eux de quitter leurs maisons, puis bombarde leurs itinéraires d'évacuation, et les piège sans aucune possibilité de fuite.
Les forces israéliennes accumulent les chars à la frontière en prévision d'une invasion imminente. Les États-Unis envoient une puissance de feu massive en aide à Israël.
L'expression “blocus total” est un euphémisme pour désigner le nettoyage ethnique. Elle “correspond explicitement à un plan visant à mener le blocus à sa conclusion finale, à savoir la destruction systématique des Palestiniens et de la société palestinienne à Gaza”, a écrit Raz Segal dans Jewish Currents (en anglais).
Israël a transformé son massacre progressif du peuple palestinien en un véritable génocide, avec le soutien inconditionnel du gouvernement américain.
“Il est plausible et crédible qu'Israël commette un génocide contre la population palestinienne de Gaza, en tant que composante significative de l'ensemble de la population palestinienne, en tant que groupe protégé”, écrit le Center for Constitutional Rights (CCR) dans sa note d'information juridique d'urgence du 18 octobre intitulée “Israel's Unfolding Crime of Genocide of the Palestinian People & U.S. Failure to Prevent and Complicity in Genocide” (Le crime de génocide du peuple palestinien perpétré par Israël et l'incapacité des États-Unis à le prévenir, s'en rendant ainsi complices).
Le rapport du CCR conclut également
“Il est plausible et crédible d'affirmer que les actions des États-Unis pour soutenir l'opération militaire israélienne, le bouclage et la campagne contre la population palestinienne de Gaza, tout en sachant qu'Israël a l'intention de détruire les Palestiniens de Gaza en les massacrant, en leur causant de graves préjudices psychologiques et physiques et en créant des conditions de vie calculées pour entraîner leur destruction physique totale ou partielle, relèvent de la complicité dans le génocide.”
Les dirigeants israéliens et américains doivent être poursuivis en vertu de la Convention sur le génocide et du Statut de Rome
Les dirigeants israéliens devraient être inculpés pour crime de génocide et les dirigeants américains devraient être inculpés pour complicité de génocide.
La Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (la Convention sur le génocide) inclut dans la définition du génocide la commission de l'un des actes suivants lorsqu'il est commis dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux :
Tuer des membres du groupe
Atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe
Soumettre délibérément le groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle.
La Convention sur le génocide prévoit à la fois la responsabilité de l'État et la responsabilité pénale individuelle. La Cour internationale de justice est compétente pour régler les différends entre États, et ordonner des mesures provisoires pendant un génocide en cours.
Les crimes punissables en vertu de la Convention sur le génocide comprennent le génocide, l'entente en vue de commettre le génocide, l'incitation à commettre le génocide, la tentative de commettre le génocide et la complicité dans le génocide. Les parties à la Convention sur le génocide - dont Israël et les États-Unis - sont tenues de prévenir et de punir le génocide.
En outre, le Statut de Rome peut être utilisé par la Cour pénale internationale (CPI) pour poursuivre le crime de génocide, qui est défini de la même manière que dans la convention sur le génocide. Le Statut de Rome prévoit également la poursuite des personnes ayant aidé et encouragé la perpétration d'un génocide. Bien que ni Israël ni les États-Unis ne soient parties au statut de Rome, la CPI s'est déclarée compétente pour juger les crimes commis dans les territoires palestiniens occupés, y compris la bande de Gaza.
Les dirigeants israéliens tuent des Palestiniens et leur causent de graves dommages physiques et psychologiques
L'armée de l'air israélienne bombarde continuellement Gaza. Elle a largué plus de 6 000 bombes sur Gaza, l'une des zones les plus densément peuplées au monde. Cela représente plus de bombes que ce que le gouvernement américain a lancé en Afghanistan en un an. Certaines des bombes israéliennes contiennent du phosphore blanc, qui brûle jusqu’aux os et ne peut être éteint avec de l'eau. Il est interdit par le protocole III de la Convention sur les armes classiques.
Le 17 octobre, une terrible explosion a tué et blessé des centaines de Palestiniens à l'hôpital baptiste al-Ahli, dans la ville de Gaza, où de nombreuses personnes s'étaient réfugiées. Le ministère de la santé de Gaza fait état d'un bilan de 471 morts. Les agences de renseignement américaines ont cherché à contester ce nombre de morts, et se sont rangées du côté de l'armée israélienne en affirmant qu'une roquette palestinienne errante était responsable du bombardement, mais une enquête numérique d'Al Jazeera a récemment conclu qu'il n'y avait “aucun fondement à l'affirmation de l'armée israélienne selon laquelle l'attaque ... aurait été causée par un lancement de roquette raté”. De nombreuses autres agences de presse n'ont pas encore annoncé les résultats de leurs propres évaluations indépendantes.
“L'explosion à l'hôpital al-Ahli a occasionné des scènes horribles”, a confirmé l'Associated Press, avec “le feu engloutissant le bâtiment et le terrain de l'hôpital jonché de corps déchiquetés, dont beaucoup d'enfants en bas âge”.
Le ministère de la santé de Gaza rapporte que 3 785 personnes ont été tuées à Gaza, la plupart d'entre elles étant des femmes, des enfants et des personnes âgées. Près de 12 500 personnes ont été blessées et 1 300 autres seraient ensevelies sous les décombres.
Les opérations de bombardement impitoyables d'Israël ont tué plus de 2 000 enfants palestiniens, soit environ un toutes les 15 minutes, selon Defense for Children International-Palestine.
Les forces israéliennes ont frappé au moins 24 installations des Nations unies au cours de la semaine écoulée, tuant au moins 14 membres du personnel. Dans le centre de Gaza, une école des Nations unies dans laquelle 4 000 personnes avaient trouvé refuge a été bombardée par des chars israéliens, tuant six personnes et en blessant des dizaines d'autres. Le camp de réfugiés de Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, a été frappé par des frappes aériennes qui ont rasé tout un quartier de maisons et blessé des dizaines de personnes.
Le ministère de la santé de Gaza a déclaré dans un communiqué que les hôpitaux “sont dans une phase d'effondrement réel en raison des coupures d'électricité et de la pénurie de carburant”.
Les dirigeants israéliens créent délibérément les conditions de l'anéantissement des Palestiniens "en totalité ou pour partie".
Outre les hôpitaux et les écoles, les avions de guerre israéliens prennent pour cible maisons, mosquées, églises et autres bâtiments civils. Le ministre israélien de la défense, Yoav Gallant, a déclaré : “Pas d'électricité, pas de nourriture, pas d'eau, pas de gaz - tout est bouclé”, ajoutant que “nous combattons des animaux et agissons en conséquence”.
Oxfam, l'organisation internationale de secours en cas de catastrophe, a déclaré qu'elle n'avait jamais vu une crise humanitaire “comme celle de Gaza”.
Le gouvernement israélien a donné à 1,1 million de Palestiniens du nord de la bande de Gaza 24 heures pour quitter leurs maisons et se rendre vers le sud, sous peine d'être tués lors de l'invasion terrestre imminente d'Israël.
Stéphane Dujarric, porte-parole des Nations unies, a déclaré qu'il était “impossible qu'un tel mouvement ait lieu sans conséquences humanitaires dévastatrices” et a demandé que l'ordre soit annulé.
Plus d'un million de Gazaouis ont quitté leur domicile. Soixante pour cent d'entre eux se trouvent désormais dans une zone de 12 kilomètres au sud de la zone d'évacuation. Les deux postes-frontières israéliens avec Gaza, ainsi que le poste égyptien de Rafah, sont restés fermés vendredi matin.
“Aucune marchandise n'est entrée dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre. Absolument rien. Pas de carburant, pas de nourriture, pas d'eau, pas d'autres types d'assistance. Aucune aide n'est parvenue à Gaza depuis le 7 octobre”, a déclaré Juliette Touma, directrice de la communication de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). “Il n'y a toujours pas d'eau pour la grande majorité de la population de Gaza. Nous parlons de 2 millions de personnes dans la bande de Gaza qui n'ont pas d'eau. Et l'eau s'épuise. L'eau, c'est la vie. Et la vie est en train de disparaître de Gaza”.
Deux des huit camps de réfugiés de Gaza, où vivent des centaines de milliers de réfugiés, ont été bombardés. Israël a fait d'eux des réfugiés il y a 75 ans, lors de la Nakba (ou “catastrophe”) de 1948, lorsqu'il a mené une violente campagne de nettoyage ethnique à l'encontre de 750 000 Palestiniens, les chassant de chez eux pour créer l'État d'Israël. Des atrocités de masse, dont des dizaines de massacres, ont tué environ 15 000 Palestiniens. La Nakba a entraîné le déplacement forcé de 85 % de la population palestinienne.
“Il existe un grave danger que ce à quoi nous assistons soit une réédition de la Nakba de 1948 et de la Naksa de 1967, mais à plus grande échelle. La communauté internationale doit tout faire pour empêcher que cela ne se reproduise”, a averti Francesca Albanese, rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, le 14 octobre. Environ 350 000 Palestiniens ont été déplacés lors de la Naksa, qui a conduit à l'occupation par Israël de la Cisjordanie et de la bande de Gaza.
“Au cours des 75 dernières années, les gouvernements israéliens successifs ont mené contre les Palestiniens des campagnes délibérées, calculées et explicites d'expulsion forcée, de transfert et de déplacement, de meurtre, de fragmentation, d'emprisonnement arbitraire, de torture et de déni des droits fondamentaux”, a écrit le CCR dans son mémoire.
“Des centaines de milliers de Palestiniens qui ont obéi à l'ordre de l'armée israélienne d'évacuer certaines parties de la bande de Gaza sont confrontés à des frappes aériennes meurtrières des avions de guerre israéliens, même après être partis de chez eux”, selon le New York Times. Mohammad Ayoub, qui a fui sa maison avec sa famille, a déclaré au Times : “Il n'y a plus d'endroits sûrs à Gaza”.
Le journaliste Seymour Hersh a rapporté qu'Israël envisageait de procéder à un nettoyage ethnique des Palestiniens de Gaza et de les forcer à se réfugier en Égypte. L'armée de l'air israélienne détruira ensuite les structures restantes dans la ville de Gaza et dans d'autres zones du nord. Israël larguera ensuite des “bunker busters” de 5 000 livres fabriqués aux États-Unis pour aplanir la zone où, selon eux, les combattants du Hamas vivent et opèrent dans des tunnels souterrains.
Les dirigeants israéliens utilisent un langage d'intention génocidaire
“L'invocation par Israël de la légitime défense pour la campagne qu'il a déclenchée contre l'ensemble de la population palestinienne de Gaza, et le crédit total que lui accordent les États-Unis en affirmant leur soutien inconditionnel, n'annulent pas l'intention génocidaire, et ne justifient pas ses crimes au regard du droit international”, peut-on lire dans le mémoire du CCR.
Les déclarations des dirigeants israéliens sont la preuve d'une “intention de détruire, totalementt ou en partie” un “groupe ethnique”. Les Palestiniens de Gaza constituent une part importante de la nation palestinienne, et les dirigeants israéliens les prennent pour cible parce qu'ils sont palestiniens.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré le 16 octobre : “Il s'agit d'une lutte entre les enfants de la lumière et les enfants des ténèbres, entre l'humanité et la loi de la jungle”.
La déclaration du ministre de la défense Gallant, “nous combattons des animaux”, déshumanise les Palestiniens pour justifier leur extermination. Il s'est engagé à ce que “Gaza ne redevienne pas ce qu'elle était avant. Nous allons tout éliminer”. Gallant a menacé de “bombarder ceux qui tentent d'apporter de l'aide à la bande de Gaza”.
Le porte-parole des forces de défense israéliennes, Daniel Hagari, a déclaré que “l'accent est mis sur la destruction et non la précision”.
Netanyahu, Gallant et autres dirigeants israéliens devraient être inculpés de génocide devant les tribunaux nationaux et la CPI. Biden, Blinken, Austin et d'autres dirigeants américains devraient être accusés de complicité de génocide.
Le général de division israélien Ghassan Alian, responsable de la coordination des activités gouvernementales dans les territoires, a déclaré qu'Israël avait l'intention de détruire la vie des Palestiniens à Gaza : “Les animaux doivent être traités comme tels. Il n'y aura pas d'électricité ni d'eau, il n'y aura que de la destruction. Vous vouliez l'enfer, vous l'aurez”.
Le général de réserve Giora Eiland a écrit dans une tribune du journal israélien Yedioth Ahronoth que “créer une grave crise humanitaire à Gaza est le moyen nécessaire pour atteindre l'objectif”, ajoutant que “Gaza va devenir un endroit où aucun être humain ne pourra vivre”.
Face au massacre, à la famine et au déplacement forcé des Palestiniens de Gaza par Israël, M. Netanyahou a déclaré que ce n'était “que le début”. Il a prévenu que les habitants de Gaza paieraient le “prix fort”, et qu'Israël réduirait certains centres urbains de Gaza à un tas de “décombres”.
“Gaza finira par devenir une ville de toile. Il n'y aura plus de bâtiments”, aurait déclaré un responsable de la défense israélienne sous couvert d'anonymat.
Ariel Kallner, membre du parlement israélien pour le parti Likoud de M. Netanyahou, a proclamé : “En ce moment, un seul objectif : la Nakba ! Une Nakba qui éclipsera la Nakba de 1948”.
Les dirigeants américains sont complices du génocide israélien
Le Statut de Rome prévoit qu'un individu peut être reconnu coupable de génocide par la CPI s'il “aide, encourage ou assiste de toute autre manière” à la perpétration ou à la tentative de perpétration d'un génocide, ce qui inclut “fournir les moyens de sa perpétration”.
En plus des 3,8 milliards de dollars que les États-Unis versent chaque année à Israël au titre de l'assistance militaire, l'administration Biden envoie une puissance de feu écrasante et fournit une couverture diplomatique à la guerre menée par Israël contre le peuple palestinien.
Un porte-avions américain doté d'un groupe d'intervention se trouve déjà en Méditerranée orientale, et un deuxième s'y dirige actuellement. Trois navires de guerre transportant des milliers de Marines sont en route pour la zone. Les forces d'opérations spéciales américaines aident l'armée israélienne en matière de planification et de renseignement.
Le ministre de la défense, Lloyd Austin, a ordonné à 2 000 militaires américains, dont des membres de l'armée de l'air et de l'armée de terre, de se préparer au déploiement.
Le président Joe Biden a qualifié l'attaque du Hamas du 7 octobre d’“acte purement diabolique”. Mais il n'a jamais condamné l'assassinat aveugle, la famine et le nettoyage ethnique des Palestiniens de Gaza par Israël.
Le secrétaire d'État Antony Blinken a tenté d'inciter les alliés des États-Unis au Moyen-Orient à soutenir Israël. Après l'explosion de l'hôpital al-Ahli, la réunion américano-arabe prévue le 18 octobre à Amman, en Jordanie, avec des représentants de la Jordanie, de l'Égypte et de l'Autorité palestinienne, a été annulée.
Le 18 octobre, les États-Unis ont opposé leur veto à une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies qui aurait appelé à un cessez-le-feu et exhorté Israël à annuler l'ordre donné à 1,1 million d'habitants de Gaza de quitter leurs maisons et de se rendre dans le sud de la bande de Gaza.
Netanyahu, Gallant et d'autres dirigeants israéliens devraient être accusés de génocide devant les tribunaux nationaux et la CPI, et Biden, Blinken, Austin et d'autres dirigeants américains de complicité de génocide.
Plus de 800 universitaires et spécialistes du droit international, dont je fais partie, ont signé une déclaration officielle mettant en garde contre un génocide potentiel à Gaza. Se référant au “blocus total” de Gaza, la déclaration note que “cette terminologie elle-même indique une intensification d'un siège déjà illégal et potentiellement génocidaire en une attaque destructrice pure et simple”.
* Marjorie Cohn est professeur émérite à la Thomas Jefferson School of Law, ancienne présidente de la National Lawyers Guild, membre des conseils consultatifs nationaux d'Assange Defense et de Veterans For Peace, du bureau de l'Association internationale des juristes démocrates et représentante des États-Unis au conseil consultatif continental de l'Association of American Jurists. Ses ouvrages comprennent Drones and Targeted Killing : Legal, Moral and Geopolitical Issues. Elle est co-animatrice de la radio "Law and Disorder".