👁🗨 Les mensonges des médias sur Nord Stream ne cessent de se multiplier
Pourquoi les milliardaires et les gouvernements se démènent-ils pour contrôler les médias ? Parce que le pouvoir sur nos esprits est le plus grand pouvoir qui soit.
👁🗨 Les mensonges des médias sur Nord Stream ne cessent de se multiplier
Par Jonathan Cook, le 14 novembre 2023
Pourquoi les milliardaires et les gouvernements se démènent-ils pour contrôler les médias ? Parce que le pouvoir sur nos esprits est le plus grand pouvoir qui soit.
Vous voulez comprendre pourquoi les médias que nous consommons sont soit la propriété de milliardaires, soit sous la coupe d'un gouvernement ? Les derniers développements de l'enquête sur les responsables des explosions qui ont détruit les gazoducs Nord Stream, qui acheminaient le gaz russe vers l'Europe, nous donnent la réponse.
Bien que largement oubliées aujourd'hui, les explosions survenues en mer Baltique en septembre 2022 ont eu des répercussions considérables et durables. L'explosion a été un acte de sabotage industriel sans précédent et de terrorisme environnemental inégalé, libérant dans l'atmosphère des quantités incalculables du plus puissant des gaz à effet de serre, le méthane.
L'explosion des gazoducs a plongé l'Europe dans une crise énergétique prolongée, et a enfoncé l'économie européenne dans une récession dont elle ne s'est pas encore remise. L'Europe a été contrainte de se tourner vers les États-Unis et d'acheter du gaz liquéfié bien plus coûteux. L'un des effets à long terme sera d'accélérer la désindustrialisation de l'Europe, en particulier de l'Allemagne.
Pratiquement tous les Européens ont subi des préjudices financiers personnels, dans la plupart des cas importants, à la suite des explosions.
La question à laquelle il fallait répondre de toute urgence au moment des explosions était une question qu'aucun média ne s'est empressé d'examiner : Qui a fait ça ?
À l'unisson, les médias se sont contentés de réciter l'extraordinaire thèse de la Maison Blanche selon laquelle la Russie avait saboté ses gazoducs.
Cela requiert un niveau d'incrédulité inédit. Cela aurait signifié que Moscou avait choisi de se priver à la fois des revenus lucratifs générés par les gazoducs et de l'influence politique et diplomatique qu'elle exerçait sur les États européens en contrôlant leurs approvisionnements en énergie. Cela se passait, rappelons-le, à un moment où le Kremlin, empêtré dans sa guerre en Ukraine, avait besoin de toute l'influence diplomatique qu'il pouvait rassembler.
Le principal coupable
La nécessité d'insuffler de la crédibilité à l'histoire risiblement improbable de “la Russie l'a fait” était si urgente à l'époque qu'il n'y avait qu'un seul autre coupable sérieux dans le cadre de l'affaire. Bien entendu, aucun média ne l'a mentionné.
Les États-Unis avaient à la fois le mobile et les moyens.
Les responsables américains, depuis Joe Biden jusqu'aux plus hautes sphères, avaient brandi ouvertement à plusieurs reprises la menace d'une intervention de Washington pour s'assurer que les gazoducs Nord Stream ne puissent pas être exploités. L'administration s'opposait expressément à la dépendance énergétique de l'Europe à l'égard de la Russie. Un autre avantage de la destruction des gazoducs est qu'une Europe économiquement plus vulnérable se verrait contrainte de s'appuyer encore plus fortement sur les États-Unis en tant que garants de sa sécurité, ce qui revient à une mainmise bien utile sur l'Europe alors que Washington se prépare à des confrontations prolongées tant avec la Russie qu'avec la Chine.
Quant aux moyens, seule une poignée d'Etats disposait des plongeurs et des ressources techniques leur permettant de réaliser l'exploit extrêmement complexe de réussir à poser et à faire détoner des explosifs au fond des mers sans être détectés.
Si nous avions su à l'époque ce qui commence à se préciser, même dans les médias officiels, à savoir que les États-Unis étaient, à tout le moins, intimement impliqués, il y aurait eu un tollé.
On aurait clairement constaté que les États-Unis étaient un État voyou et terroriste, prêt à sacrifier ses alliés pour des motifs géostratégiques. La preuve aurait été faite que leur propension à commettre des crimes est sans limite.
Chaque fois que les Européens ont dû payer nettement plus cher leur facture de chauffage, le plein de leur voiture ou leurs courses hebdomadaires, ils auraient compris que les crimes de l'administration Biden étaient à l'origine de ces augmentations.
Des preuves passées sous silence
C'est précisément la raison pour laquelle les médias de l'establishment ont pris soin, après les explosions, de ne pas impliquer l'administration Biden de quelque manière que ce soit, même si cela signifiait ignorer la masse de preuves qui leur sautaient aux yeux.
C'est pourquoi ils ont ignoré le rapport incendiaire du légendaire journaliste d'investigation Seymour Hersh - qui a révélé certaines des histoires les plus marquantes du dernier demi-siècle - détaillant exactement la manière dont les États-Unis ont mené l'opération. Lorsque les médias ont parfois fait référence à ce rapport, c'était uniquement pour le ridiculiser.
C'est pourquoi, lorsqu'il est devenu évident que l'affirmation selon laquelle “la Russie l'a fait” ne pouvait être étayée, les médias ont littéralement sauté le pas : ils ont rapporté avec crédulité qu'un petit groupe d'Ukrainiens “francs-tireurs” - inconnus du président Volodymyr Zelensky, bien sûr - avait loué un yacht et réalisé l'une des cascades en haute mer les plus audacieuses et les plus périlleuses jamais observées.
C'est pourquoi, par la suite, les médias ont jugé tout à fait anodin - et certainement pas digne du moindre commentaire - le fait que de nouvelles preuves suggèrent que l'administration Biden avait été avertie de cette opération ukrainienne hors normes contre la sécurité énergétique de l'Europe. Elle savait apparemment ce qui était sur le point de se produire, mais n'a précisément rien fait pour l'arrêter.
C'est aussi la raison pour laquelle le dernier article du Washington Post modifie l'affirmation antérieure, impossible à croire, selon laquelle des Ukrainiens “francs-tireurs” ont mené l'opération de destruction des gazoducs, pour la transformer en une déclaration impliquant les plus hauts responsables de l'armée ukrainienne. Pourtant, une fois de plus, le journal et le reste des médias refusent catégoriquement de relier les points et de suivre les implications contenues dans leurs propres articles.
Le personnage central de ce nouveau drame, Roman Chervinsky, est issu des forces d'opérations spéciales ukrainiennes. Il est censé avoir supervisé la petite équipe de six hommes qui a loué un yacht et aurait ensuite mené une attaque à la James Bond.
L'ingénu Washington Post affirme que sa formation et son expérience opérationnelle le rendaient “tout à fait apte à aider à mener à bien une mission secrète destinée à masquer la responsabilité de l'Ukraine”. Il énumère ses activités de résistance contre la Russie. Rien n'indique qu'il ait eu une quelconque expérience dans l'organisation d'un attentat extrêmement dangereux et techniquement complexe dans les eaux de la mer Baltique.
On le savait
Si l'armée ukrainienne est réellement à l'origine des explosions - et non les États-Unis - tout porte à croire que l'administration Biden et le Pentagone ont été intimement impliqués dans la planification, l'exécution et la dissimulation qui s'en est suivie.
En outre, il est fortement improbable que l'armée ukrainienne ait eu la capacité technique de mener seule une telle opération avec succès et dans la clandestinité.
Et étant donné que, même avant la guerre, l'armée ukrainienne était tombée presque entièrement sous le contrôle opérationnel de l'armée américaine, l'idée que le haut commandement ukrainien aurait pu, ou osé, mener à bien cette entreprise complexe et risquée sans impliquer les États-Unis est à peine croyable.
Sur le plan politique, il aurait été tout à fait exceptionnel que les dirigeants ukrainiens s'imaginent pouvoir décider unilatéralement d'interrompre l'approvisionnement en énergie de l'Europe sans consulter au préalable les États-Unis, surtout lorsque l'ensemble de l'effort de guerre de l'Ukraine est financé et supervisé par Washington et l'Europe.
Et bien sûr, les dirigeants ukrainiens n'auraient été que trop conscients que les États-Unis ne manqueraient pas de découvrir rapidement qui était à l'origine de l'attaque.
Dans ces conditions, pourquoi l'administration Biden aurait-elle choisi de récompenser l'Ukraine en lui donnant plus d'argent et d'armes pour son acte de sabotage industriel contre l'Europe, plutôt que de la sanctionner d'une manière ou d'une autre ?
De même, les trois États censés enquêter sur l'attaque - l'Allemagne, la Suède et le Danemark - n'auraient pas tardé à comprendre que l'Ukraine était coupable. Pourquoi auraient-ils décidé de dissimuler l'attaque de l'Ukraine contre l'économie européenne plutôt que de la dénoncer - à moins qu'ils ne craignent de contrarier les États-Unis ?
Et bien sûr, il y a l'éléphant dans la pièce : les précédents articles du Washington Post indiquaient que les États-Unis savaient déjà que l'Ukraine préparait l'attaque. C'est d'autant plus probable si l'explosion de l'oléoduc a été approuvée par des commandants militaires ukrainiens plutôt que par un groupe de “francs-tireurs” ukrainiens.
Le nouvel article du Post répète que l'administration Biden a été prévenue de l'attaque. Cependant, le journal relate maintenant avec désinvolture qu'après avoir fait part de leur désaccord,
“les responsables américains ont cru que l'attaque avait été suspendue. Mais il s'est avéré qu'elle n'avait été que reportée à trois mois plus tard, en adoptant un nouveau plan d'attaque que celui initialement prévu”.
Le Washington Post se contente tout simplement de croire sur parole les responsables américains, qui affirment que le pays le plus puissant de la planète s'est endormi au volant. La CIA et l'administration Biden savaient apparemment que l'armée ukrainienne souhaitait faire sauter les gazoducs Nord Stream et plonger l'Europe dans une crise énergétique et une récession économique. Mais les responsables américains ont été pris au dépourvu lorsque la même petite équipe opérationnelle ukrainienne a modifié le où et le quand de l'opération.
Selon ce scénario, les services de renseignement américains se sont laissés séduire par le plus simple des appâts, quand les enjeux atteignaient des sommets inégalés. Et le Washington Post et d'autres médias rapportent tout cela en feignant d'être sérieux.
Le bouc émissaire ukrainien
Quoi qu'il en soit, les États-Unis sont profondément impliqués dans l'attaque contre l'infrastructure énergétique de l'Europe et dans la fragilisation de son économie.
Même si les médias de l'establishment ont raison et que l'Ukraine a fait exploser Nord Stream, l'administration Biden a dû donner le feu vert, superviser la planification opérationnelle et aider à la mise en œuvre et à la dissimulation qui s'en est suivie.
Mais si, comme cela semble beaucoup plus probable, Hersh a raison, il n'y a pas eu d'intermédiaire - les États-Unis ont mené l'attaque de leur propre chef. Ils avaient besoin d'un bouc émissaire. Lorsque la Russie n'a plus fait l'affaire, l'Ukraine est devenue l'offrande sacrificielle.
Un an plus tard, ces implications feutrées tirées des propres reportages des médias font à peine froncer sourciller.
Les médias de l'establishment ont parfaitement rempli le rôle qu'on attendait d'eux : atténuer l'indignation de l'opinion publique. Ils ont accepté sans broncher l'affirmation initiale et absurde de la responsabilité de la Russie. Ils ont rapporté au compte-gouttes, sans esprit critique, d'autres possibilités tout aussi improbables. Son refus obstiné de relier les points trop visibles. Son incurie persistante à l'égard de sa propre histoire et de ce qu'impliquerait l'implication de l'Ukraine.
Les médias ont échoué à tous les niveaux de ce que le journalisme est censé être, de ce qu'il est censé faire. Et cela parce que les médias de l'establishment ne sont pas là pour déterrer la vérité, ils ne sont pas là pour obliger le pouvoir à rendre des comptes. En fin de compte, lorsque les enjeux sont importants - et il n'y a rien de plus important que l'attaque du Nord Stream - ils sont là pour faire passer un récit qui convient à ceux qui détiennent le pouvoir, parce que les médias eux-mêmes sont intégrés dans ces réseaux de pouvoir.
Pourquoi les milliardaires s'empressent-ils de racheter les sociétés de médias, même lorsqu’elles sont déficitaires ? Pourquoi les gouvernements sont-ils si désireux de laisser les milliardaires prendre en charge les principaux canaux d’informations où nous communiquons les uns avec les autres ? Parce que le pouvoir de raconter des histoires, le pouvoir sur les esprits, est le pouvoir le plus important qui soit