👁🗨 Les militaires israéliens ne sont pas des pros : leurs incursions terrestres ressemblent aux attaques de Daesh
Il est plus juste de nommer Tsahal un groupe de milices ethno-suprémacistes qui opèrent comme bon leur semble, jamais sanctionnées, au service d'une population qui croit en leur mentalité génocidaire.
👁🗨 Les militaires israéliens ne sont pas des pros : leurs incursions terrestres ressemblent aux attaques de Daesh
Par Robert Inlakesh, le 11 mai 2024
Au lieu de remplir professionnellement leur mission pourtant simple, la brigade Givati a filmé des vidéos d'elle & ses véhicules militaires dynamitant & rasant des zones le long du poste-frontière.
Les assauts terrestres de l'armée israélienne dans la bande de Gaza ont été ponctués par la découverte de charniers, la publication de crimes de guerre commis par des soldats d'occupation pour le plaisir, ainsi que par des massacres de masse, des prises de boucliers humains et des actes de torture généralisés. Bien que la plupart des armées modernes aient commis des crimes de guerre, l'armée israélienne ne fonctionne pas comme une force professionnelle, mais plutôt comme un ensemble de milices racistes indisciplinées.
Le 6 mai, après que le Hamas a annoncé accepter une proposition de cessez-le-feu, les dirigeants israéliens ont immédiatement écarté toute perspective d'accord viable et leur armée a commencé à envoyer des chars vers Rafah, dans le cadre d'une campagne massive de frappes aériennes. Le premier objectif que les militaires du régime israélien cherchent à atteindre est la prise du checkpoint de Rafah, situé à environ 3 kilomètres de la barrière de séparation entre Gaza et le reste de la Palestine occupée.
Tout en bouclant immédiatement et complètement Gaza, en empêchant les camions d'aide et le passage des civils du côté égyptien de la frontière, le comportement des soldats israéliens doit attirer l'attention. Selon l'armée sioniste, la Brigade Givati était responsable de la prise d'assaut du point de passage de Rafah. Au lieu de s'acquitter professionnellement de leur mission pourtant très simple - mener des chars vers une zone non défendue - ils ont décidé de filmer des vidéos d'eux-mêmes utilisant leurs véhicules militaires pour détruire et raser des secteurs du poste-frontière, vidéos diffusées sur internet afin de s'en vanter. Le poste frontière a été saccagé, des drapeaux israéliens ont été hissés à la place des drapeaux palestiniens et, selon certaines informations, une vingtaine d'employés du poste frontière ont été massacrés ou enlevés.
La brigade Givati est censée être l'une des mieux entraînées de l'armée israélienne et diffère des forces réservistes. Elle est également l'une des deux brigades qui composent le commandement israélien du Sud qui s'est effondré dans l'heure qui a suivi l'opération “Al-Aqsa Flood” dirigée par le Hamas, le 7 octobre. Le 6 mai, ces forces ont été envoyées pour violer les termes de l'accord de Camp David de 1978, qui a normalisé les relations entre Le Caire et Tel-Aviv, en pénétrant dans le corridor de Philadelphie. Bien que les autorités égyptiennes n'aient pas voulu déclarer que cet acte de guerre constituait une raison de rejeter l'accord de Camp David, l'arrogance avec laquelle les forces sionistes ont procédé à leur acte de guerre de facto contre l'Égypte est éloquente.
Les provocations manifestes des soldats israéliens qui ont décidé de sortir leurs iPhones et de se filmer en train de détruire des biens pour le plaisir au point de passage de Rafah ne sont pourtant pas nouvelles. Tout au long de la guerre terrestre à Gaza, les soldats sionistes se sont filmés en train d'humilier, de battre et de poser avec les civils palestiniens kidnappés. Ils se sont également filmés en train de voler des biens, de casser des magasins et des maisons, de déféquer et d'uriner à l'intérieur de maisons palestiniennes, en plus de faire exploser des bâtiments au hasard pour s'amuser. Les soldats israéliens se sont également filmés en train de jouer avec de la lingerie féminine, voire de la porter et de danser dessus pour des vidéos, tout en insultant les femmes palestiniennes. Ces soldats publient ensuite ces vidéos sur les réseaux sociaux pour se vanter de leurs crimes de guerre et de leurs actions à caractère sexuel. Les archives les plus volumineuses de ces vidéos ont été compilées sur le compte Twitter du reporter palestinien Younis Tirawi.
Les forces militaires israéliennes ont également pour habitude de se filmer sur leur téléphone pour les flux vidéo en direct sur Tiktok [Tiktok Livestreams], ce qui a même aidé la Résistance palestinienne à localiser leur emplacement à l'occasion, et à mener des opérations à l'aide de roquettes à courte portée et d'attaques au mortier.
S'il ne s'agissait que de la pratique de quelques soldats israéliens isolés, suivie de mesures disciplinaires sévères de la part de leurs supérieurs, on pourrait mettre cela sur le compte d'actions individuelles. Ce n'est manifestement pas le cas. Au contraire, cela s'inscrit dans une tendance au sein de l'armée israélienne observée depuis des années. Le problème a atteint son paroxysme en 2018, lors du mouvement de protestation non violent à Gaza appelé “La grande marche du retour”, lorsque des soldats israéliens publiaient des vidéos d'eux-mêmes en train de tirer sur des civils non armés et d'éclater de rire, puis postaient la vidéo sur les réseaux sociaux. À l'époque, en observant les commentaires des médias israéliens, on s'est rendu compte que les soldats n'obéissaient pas aux ordres et qu'ils aidaient même les sociétés à tester leurs armes sur le champ de bataille, mettant de côté leurs armes habituelles.
La question de savoir si un soldat israélien a le droit de faire ce qu'il veut a été soulevée à maintes reprises en 2016. Un soldat opérant à al-Khalil pour les forces d'occupation, nommé Elor Azaria, a décidé de sortir son fusil et de tirer une balle dans la tête d'un Palestinien déjà gravement blessé et à terre. L'incident a été filmé, ce qui a provoqué une réaction internationale et forcé l'armée israélienne à agir. En fin de compte, une grande partie de la société israélienne s'est ralliée à Azaria et l'a soutenu dans son prétendu “droit” de massacrer Abdel Fattah al-Sharif, allant même jusqu'à manifester et à organiser une collecte de fonds en sa faveur. Finalement, il a été condamné à 18 mois d'emprisonnement. Il n'a purgé que 9 mois et s'en est sorti avec un déclassement, mais n'a pas été chassé de l'armée.
Depuis Elor Azaria jusqu'à aujourd'hui, le problème est allé en s'amplifiant au sein de l'armée israélienne. Le fait est que l'armée israélienne est composée de soldats indisciplinés qui pensent pouvoir se comporter comme ils l'entendent. Ce que la guerre de Gaza a révélé, c'est qu'il ne s'agit pas seulement d'un problème en expansion, mais qu'il s'agit bien de la philosophie des forces armées israéliennes. La facilité avec laquelle les soldats israéliens montent en grade est embarrassante et a créé un climat de “primes de participation”, permettant à des soldats mal préparés d'être promus et de commander à d'autres soldats sans aucune conscience de ce qu'ils font.
Lorsque vous disposez d'une force militaire de cette nature, composée de suprémacistes ethniques qui se sentent autorisés à se comporter comme ils l'entendent, vous courez au désastre en envoyant ces soldats dans une zone de combat urbaine, densément peuplée par une population civile dont on leur a inculqué qu'elle était inférieure à la leur. Ajoutez à cela une dimension religieuse suprématiste, puisque même le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qualifie la population de Gaza d'“Amalek” [Dans le judaïsme, Amalek est l’ennemi archétypique d’Israël, incarnation du mal absolu sur terre - on a entendu aux débuts de l’offensive sur Gaza le Premier ministre Netanyahu faire référence à la phrase « Frappe Amalek et anéantis tout ce qui est à lui, qu’il n’obtienne pas de merci. Fais tout périr, hommes et femmes, enfants et nourrissons, bœufs et brebis, chameaux et ânes » (Samuel 15:3)], et on comprend mieux pourquoi ces soldats indisciplinés, autorisés, racistes et mal entraînés mènent une croisade violente contre les civils.
Voilà pourquoi nous voyons l'armée israélienne piller les maisons et les magasins. Voilà pourquoi nous assistons à des tortures massives, à des humiliations sexuelles et même à des viols de femmes palestiniennes. Cela explique également pourquoi l'armée israélienne a commis une série de ce que l'on a appelé les “massacres de la farine”, en assassinant plus d'un millier de personnes qui attendaient une aide alimentaire dans différentes zones de Gaza, les pires cas se situant dans le nord de l'enclave côtière assiégée.
Nous avons vu les preuves, présentées à la Cour internationale de justice, montrant des soldats israéliens chantant sur des vidéos leur intention de tuer les “Amalek”, arguant qu'il n'y a pas de civils innocents. Le monde entier a également vu des images de drones montrant les forces israéliennes utilisant leurs véhicules aériens sans pilote (UAV) pour lancer des frappes ciblées sur des groupes de civils marchant dans des zones découvertes, et d’autres montrant clairement des soldats israéliens utilisant des boucliers humains. Les militaires sionistes ont même abattu leurs propres prisonniers dans le quartier d'al-Shujaiyah qui agitaient leurs chemises en guise de drapeaux blancs.
Les fosses communes découvertes dans toute la bande de Gaza prouvent que des civils ont été enterrés vivants, déshabillés et ligotés avant d'être exécutés, que nombre d'entre eux présentent même des signes de torture et qu'ils ont été jetés dans des sacs noirs au milieu des ordures. Les deux fosses communes les plus importantes ont été signalées après le retrait de l'armée israélienne de l'hôpital Al-Shifa et du complexe de l'hôpital Nasser.
Des femmes, des enfants, des personnes âgées, des journalistes, des employés des Nations unies, des médecins, des équipes de la protection civile, des personnes handicapées et même des travailleurs humanitaires étrangers ont tous été massacrés de la manière la plus inhumaine qui soit, y compris à l'aide d'armes de précision.
Ce n'est pas seulement le cas à Gaza, mais aussi au Sud-Liban, où 7 travailleurs humanitaires bénévoles ont été assassinés avec une arme de précision qui a totalement détruit le centre ambulancier où ils se trouvaient.
Telle est la stratégie de l'armée israélienne : des frappes de précision désordonnées et insensées sur des cibles civiles. Bien que nombre de ces assassinats aient été clairement ordonnés par la chaîne de commandement, lorsque de tels crimes de guerre sont perpétrés avec une approbation préalable, pourquoi les soldats sur le terrain se soucieraient-ils des lois de la guerre ? Ils voient clairement qu'aucune loi ne s'applique à eux. Ils ne prennent même pas la peine de varier leurs tactiques, comme le montre une vidéo de la Résistance palestinienne qui filme les soldats se tenant aux fenêtres des bâtiments occupés. Tout au long de la guerre terrestre, nous avons vu des vidéos de soldats israéliens en train de commettre la même erreur évidente et stupide. Dans un cas, il semble même qu'un soldat israélien fumait de la marijuana dans un “bang” [accessoire utilisé pour consommer de l'herbe qui filtre la fumée en la faisant traverser de l'eau] lorsqu'il a été tué par une ogive de Yassin.
Tout cela signifie qu'une invasion du centre de population de Rafah, où quelque 1,4 million de civils déplacés sont entassés dans une zone densément peuplée, est considérée comme une catastrophe majeure en raison de la nature même de l'armée israélienne. Il ne s'agit pas d'une armée professionnelle, les soldats n'étant pour la plupart aucunement préparés à ce qu'on leur demande d'affronter. Ils sont lâches et ont la gâchette facile, sachant qu'il n'y aura rien à craindre s'ils ouvrent le feu au hasard lorsqu'ils paniquent. Ils disposent également de la latitude nécessaire pour se livrer librement leurs motivations raciales et religieuses en infligeant aux civils les souffrances qu'ils jugent nécessaires. Les soldats israéliens savent qu'ils ne seront jamais tenus pour responsables, et qu'ils recevront peut-être au pire une simple tape sur les doigts, de sorte qu'ils se livrent quotidiennement à des actes inqualifiables.
Au lieu de parler de l'armée israélienne comme d'une armée, il serait plus approprié de parler d’un ensemble de milices ethno-suprémacistes. Elles font ce qu'elles veulent et ne seront jamais tenues pour responsables, au service d'une population qui croit également en leur mentalité génocidaire. Il n'y a que trois différences perceptibles entre les milices israéliennes et leurs homologues de Daesh : Daesh est plus disposé à mourir pour sa cause sectaire, les Israéliens infligent un nombre beaucoup plus élevé de morts civils, et ils le font avec les équipements militaires les plus modernes, fournis en permanence par leurs bailleurs de fonds occidentaux.
* Robert Inlakesh est analyste politique, journaliste et réalisateur de documentaires.
Même les assassins de la waffen ss étaient plus disciplinés car ils comptaient leurs balles...