đâđš Les sales vieilles manies
âAu lieu de conclure un accord, prendre des dispositions avec l'axe sunnite modĂ©rĂ© & prĂ©server les otages & la sĂ©curitĂ© des IsraĂ©liens, Netanyahu crĂ©e une nouvelle bombe Ă retardement Ă Gazaâ.
đâđš Les sales vieilles manies
Israël soutient les milices palestiniennes à Gaza
Par Binoy Kampmark, le 7 juin 2025
C'est l'une de ces choses qui devraient ĂȘtre enregistrĂ©es et rejouĂ©es Ă l'infini : IsraĂ«l, afin de prĂ©server un sentiment de sĂ©curitĂ© mal placĂ©, soutient volontiers les groupes palestiniens afin de les diviser. Le Hamas, considĂ©rĂ© aujourd'hui comme un monstre existentiel, a Ă©tĂ© tolĂ©rĂ© et mĂȘme soutenu pendant de longues pĂ©riodes dans le but de saper les plusieurs factions de l'Organisation de libĂ©ration de la Palestine reprĂ©sentĂ©es par le Fatah.
Dans son ouvrage publié en 2008, Hamas vs. Fatah, Jonathan Schanzer explique comment les FrÚres musulmans égyptiens, source d'inspiration du Hamas, ont été considérés comme une opportunité par les Israéliens lorsqu'ils se sont implantés à Gaza.
âĂ la fin des annĂ©es 1970, les IsraĂ©liens pensaient avoir trouvĂ© le talon d'Achille du Fatahâ.
La stratégie israélienne a permis aux FrÚres musulmans de prospérer, allant jusqu'à autoriser le religieux Cheikh Ahmed Yassin à mettre en place un réseau de services sociaux, médicaux et éducatifs. Ceux-ci avaient été gravement négligés par le Fatah dans la bande de Gaza, et cette approche a effectivement favorisé l'émergence du fondamentalisme, considéré, curieusement, comme plus facile à gérer que l'aventurisme militaire de l'OLP.
La premiĂšre Intifada, en 1987, a incitĂ© Yassin et ses partisans Ă crĂ©er le Harakat al-Muqawama al-Islamiya (Mouvement de rĂ©sistance islamique). La charte de 1988 de l'organisation que nous connaissons sous le nom de Hamas, plus jeune, plus lĂ©gĂšre et plus affamĂ©e que ses rivaux du Fatah, Ă©nonçait clairement son objectif : âIl n'y a pas d'autre solution Ă la question palestinienne que le jihadâ.
En 2009, alors qu'il inspectait les ruines du bungalow d'un voisin à Moshav Tekuma, l'officier israélien à la retraite Avner Cohen, qui avait servi à Gaza pendant plus de deux décennies, était plein de regrets.
âĂ mon grand regretâ, a-t-il dĂ©clarĂ© au Wall Street Journal, âle Hamas est une crĂ©ation d'IsraĂ«lâ.
Le soutien et les encouragements de l'Ătat juif ont en effet enhardi un ennemi mortel.
Un tel bilan devrait inciter les lĂ©gislateurs et les dirigeants Ă©clairĂ©s Ă faire preuve de prudence. Mais comme toujours, l'histoire nous enseigne que ses erreurs restent lettre morte, et que les plus dĂ©sastreuses et nĂ©fastes se rĂ©pĂštent Ă lâinfini. Le Premier ministre israĂ©lien Benjamin Netanyahu en est la parfaite illustration. Ses nombreux gouvernements ont fiĂšrement soutenu la politique de division entre la bande de Gaza et la Cisjordanie, affaiblissant le prĂ©sident de l'AutoritĂ© palestinienne Mahmoud Abbas en Cisjordanie tout en soutenant le Hamas Ă Gaza. De temps Ă autre, l'armĂ©e israĂ©lienne procĂ©dait Ă des opĂ©rations sanglantes contre le Hamas, une stratĂ©gie qui a fini par ĂȘtre baptisĂ©e âtondre le gazonâ.
Le soutien d'IsraĂ«l au Hamas s'est traduit par l'octroi de permis de travail (jusqu'Ă 3 000 accordĂ©s aux Gazaouis en 2021, puis 10 000 durant le gouvernement Bennett-Lapid) et par l'entrĂ©e dans la bande de Gaza, depuis 2018, de valises bourrĂ©es d'argent qatari via les checkpoints. En 2019, Netanyahu aurait dĂ©clarĂ© lors d'une rĂ©union de la faction du Likoud que les opposants Ă un Ătat palestinien devraient soutenir le transfert de fonds au Hamas. Cinq ans plus tĂŽt, Bezalel Smotrich, l'actuel ministre des Finances, partisan de la purification ethnique, dĂ©clarait sans ambages que
âl'AutoritĂ© palestinienne est un fardeau, et le Hamas un atoutâ.
Avec le Hamas dĂ©sormais comme cible et ennemi jurĂ©, le Premier ministre estime que la mĂȘme expĂ©rience dĂ©faillante adoptĂ©e par Ă©tapes depuis les annĂ©es 1970 peut ĂȘtre reproduite : soutenir et encourager un autre groupe de Palestiniens Ă saper toute cause souveraine.
La figure centrale et bĂ©nĂ©ficiaire de cette derniĂšre folie est le trĂšs louche Yasser Abu Shabab, un habitant de Rafah issu d'une famille bĂ©douine connue pour son casier judiciaire bien chargĂ©. Se faisant appeler âService antiterroristeâ ou âForces populairesâ, et armĂ©s des fusils d'assaut et du matĂ©riel saisi au Hamas (et redistribuĂ©s par IsraĂ«l), son âclanâ, comme le dĂ©crivent certaines sources, est connu pour avoir pillĂ© l'aide humanitaire Ă Gaza. Aux yeux de Netanyahu, ces pillards cupides sont devenus des sentinelles opportunistes, surveillant partiellement l'aide dĂ©risoire actuellement envoyĂ©e Ă Gaza sous la supervision de la Fondation humanitaire de Gaza, soutenue par IsraĂ«l.
Georgios Petropoulos, haut fonctionnaire des Nations unies basĂ© Ă Gaza l'annĂ©e derniĂšre, qualifie Abu Shabab de âseigneur de guerre autoproclamĂ© de l'est de Rafahâ. Pour sa part, Abu Shabab admet avoir pillĂ© des camions d'aide humanitaire, mais uniquement âpour pouvoir manger, pas pour vendreâ. Les penchants prĂ©dateurs de ces groupes sont bien connus, et le chef du bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires dans les territoires palestiniens occupĂ©s, Jonathan Whittall, a portĂ© une accusation accablante le 28 mai :
âLe vĂ©ritable vol de l'aide depuis le dĂ©but de la guerre a Ă©tĂ© perpĂ©trĂ© par des gangs criminels, sous la surveillance de l'armĂ©e israĂ©lienne, qui les a laissĂ©s opĂ©rer Ă proximitĂ© du checkpoint de Kerem Shalom Ă Gazaâ.
Le 21 mai, le groupe d'Abu Shabab a publiĂ© sur Facebook que â92 camions ont Ă©tĂ© sĂ©curisĂ©s et sont entrĂ©s dans la zone protĂ©gĂ©e par nos forces populaires, puis sont ressortis sans encombre sous notre surveillanceâ. Aucune prĂ©cision n'a Ă©tĂ© donnĂ©e quant Ă l'organisation qui aurait louĂ© les vĂ©hicules de transport.
Alors que les rumeurs allaient bon train sur la derniÚre initiative du gouvernement israélien, Netanyahu a mis les choses au clair.
âSur les conseils des responsables de la sĂ©curitĂ©, nous avons mobilisĂ© les clans de Gaza hostiles au Hamasâ, a-t-il claironnĂ© dans une vidĂ©o publiĂ©e avec son cynisme habituel. âQu'y a-t-il de mal Ă cela ?â Cette stratĂ©gie âne fait que sauver la vie de soldats israĂ©liens et la divulgation de cette information ne profite qu'au Hamasâ.
Le conseil prétendument donné par le Shin Bet à Netanyahu d'armer les milices de Gaza opposées au Hamas était une mesure opportuniste, largement motivée par le refus persistant du Premier ministre d'impliquer l'Autorité palestinienne dans la bande de Gaza.
Les législateurs israéliens n'ont pas tous été impressionnés par la derniÚre tentative de Netanyahu de séduire par sa prétendue ingéniosité. Yair Golan, chef des Démocrates à la Knesset, l'a condamné comme constituant une menace pour la sécurité israélienne.
âAu lieu de conclure un accord, de prendre des dispositions avec l'axe sunnite modĂ©rĂ© et de ramener les otages et la sĂ©curitĂ© des citoyens israĂ©liens, Netanyahu crĂ©e une nouvelle bombe Ă retardement Ă Gazaâ.
Le chef du parti Yisrael Beiteinu, Avigdor Lieberman, estime que le transfert d'armes à la milice d'Abu Shabab a été effectué de maniÚre unilatérale.
âLe gouvernement israĂ©lien est en train d'armer un groupe de criminels et de hors-la-loi, identifiĂ©s comme appartenant Ă l'Ătat islamiqueâ, a-t-il dĂ©clarĂ© Ă la chaĂźne publique Kan. âĂ ma connaissance, cela n'a pas Ă©tĂ© approuvĂ© par le cabinetâ.
L'aide humanitaire Ă©tant dĂ©sormais Ă la merci d'un groupe rejetĂ© par les responsables de l'ONU, les travailleurs humanitaires et certains politiciens israĂ©liens â dans un rare consensus â , une nouvelle sĂ©rie de dĂ©rapages se profile, d'une stupiditĂ© absolue et dĂ©sespĂ©rĂ©e. IsraĂ«l ajoute Ă son insĂ©curitĂ©, tandis qu'Abou Shabab ne connaĂźt que trop bien l'opinion de sa famille, exprimĂ©e dans une dĂ©claration glaçante :
âNous affirmons ne plus tolĂ©rer le retour de Yasser dans notre famille. Nous n'avons aucune objection Ă ce que son entourage le liquide immĂ©diatement, et dĂ©clarons que sa mort est mĂ©ritĂ©eâ.
Traduit par Spirit of Free Speech