đâđš Les snipers israĂ©liens âtirent sur les Palestiniens pour le funâ
Les snipers israĂ©liens prennent systĂ©matiquement pour cible des civils non armĂ©s, y compris des enfants, avec lâintention gĂ©nocidaire dĂ©libĂ©rĂ©e dâanĂ©antir un peuple, pas juste pour faire la guerre.
đâđš Les snipers israĂ©liens âtirent sur les Palestiniens pour le funâ
Par Robert Inlakesh, le 25 novembre 2024
Les manĆuvres d'IsraĂ«l pour excuser les meurtres massifs de civils Ă Gaza en les qualifiant de âdommages collatĂ©rauxâ s'effondrent face aux preuves de plus en plus nombreuses du recours aux tirs dĂ©libĂ©rĂ©s de snipers. L'assassinat ciblĂ© de personnes non armĂ©es - Ă l'aide de drones et de tireurs d'Ă©lite professionnels - a compromis l'accĂšs aux soins mĂ©dicaux vitaux, Ă la nourriture et Ă l'eau, dĂ©nonçant la rĂ©alitĂ© glaçante qui se cache derriĂšre les agissements de l'armĂ©e d'occupation.
Les mandats d'arrĂȘt de la Cour pĂ©nale internationale (CPI) Ă l'encontre du Premier ministre israĂ©lien Benjamin Netanyahu et de son ancien ministre de la DĂ©fense Yoav Gallant dĂ©montrent une fois de plus qu'il ne s'agit pas d'une guerre conventionnelle, mais une prise pour cible systĂ©matique de civils qui rĂ©vĂšle clairement l'intention gĂ©nocidaire de l'armĂ©e israĂ©lienne.
Au cours de l'annĂ©e Ă©coulĂ©e, les dĂ©bats ont fait rage sur ce qui constitue un niveau âacceptableâ de dommages collatĂ©raux Ă Gaza. En juillet, le Modern War Institute de l'AcadĂ©mie militaire amĂ©ricaine de West Point a mĂȘme publiĂ© un article prĂ©conisant une approche plus radicale de la part des IsraĂ©liens.
Les rĂ©flexions analogues sur ce qui constitue un âusage disproportionnĂ© de la forceâ reposent toutes sur le fait que l'approche de Tel-Aviv serait celle d'une guerre conventionnelle. Toutefois, si l'intention d'IsraĂ«l n'est pas de mener une guerre contre le Hamas, mais de commettre dĂ©libĂ©rĂ©ment un gĂ©nocide et un nettoyage ethnique, ces discussions n'ont aucun sens. Et il n'existe pas de preuve plus Ă©vidente que le meurtre de sang-froid de civils par des snipers.
Abattre des civils en direct
Bien que certaines attaques de snipers contre des civils aient capté l'attention des médias internationaux, cet élément macabre de la stratégie militaire d'Israël est largement ignoré, probablement en raison de ses implications accablantes.
Le premier Ă©pisode majeur qui a fait la une des mĂ©dias occidentaux a Ă©tĂ© le meurtre de deux chrĂ©tiennes Ă l'Ă©glise de la Sainte-Famille de Gaza le 16 dĂ©cembre 2023. L'incident a mĂȘme Ă©tĂ© condamnĂ© par le pape pour le meurtre de la mĂšre catholique palestinienne et de sa fille, qui ont Ă©tĂ© sciemment abattues alors qu'elles cherchaient refuge dans l'enceinte de l'Ă©glise.
Mais aujourd'hui, ce type de fusillade est si courant qu'il se produit mĂȘme lors d'interviews tĂ©lĂ©visĂ©es en direct avec des mĂ©dias occidentaux. Ainsi, en janvier, la chaĂźne britannique ITV a filmĂ© le moment oĂč Ramzi Abu Sahloul, 51 ans, a Ă©tĂ© abattu d'une balle dans la poitrine, quelques instants seulement aprĂšs avoir parlĂ© Ă l'antenne. Ramzi Abu Sahloul faisait partie d'un groupe de civils qui fuyaient vers Rafah, dans le sud de Gaza, en brandissant des drapeaux blancs sur ordre de l'armĂ©e israĂ©lienne.
Hala Khreis, une autre civile innocente assassinĂ©e alors qu'elle fuyait avec un drapeau blanc, a Ă©tĂ© tuĂ©e par balle alors qu'elle tenait la main de son petit-fils en marchant. L'incident a Ă©galement Ă©tĂ© filmĂ©. Une enquĂȘte de CNN a pu prouver que des soldats israĂ©liens stationnĂ©s Ă proximitĂ© en Ă©taient responsables.
Des intimidations sanglantes
Le correspondant palestinien Motasem Dalloul, qui vit au nord de Gaza, témoigne auprÚs de The Cradle que son propre fils Yahya a été assassiné par un sniper israélien le 29 mai, aprÚs quoi les soldats ont écrasé le corps de l'enfant avec un tank.
âJ'ai emmenĂ© mes fils dans notre maison dĂ©truite, dans le quartier d'Al-Sabra, afin de rĂ©cupĂ©rer des vĂȘtements sous les dĂ©combres. LĂ , j'ai vu mon fils tomber, et il s'est mis Ă saigner de la tĂȘte. Je me suis approchĂ© de lui et j'ai constatĂ© que sa tĂȘte avait explosĂ©â.
Il explique que mĂȘme s'il ne pouvait pas voir les soldats israĂ©liens, il savait qu'ils Ă©taient positionnĂ©s Ă proximitĂ© avec des fusils Ă lunette et dĂ©clare que lorsqu'il s'est approchĂ© du corps du petit Yahya, il a Ă©tĂ© frappĂ© par son immobilitĂ©. Il ajoute :
âLes chars israĂ©liens ont commencĂ© Ă tirer et Ă tirer encore. Je savais que mon fils Ă©tait mort... j'ai donc dĂ» le laisser sur place et fuir avec mes autres fils pour les mettre Ă l'abri. Je n'ai pas pu revenir avant dix jours, et j'ai dĂ©couvert par la suite qu'un char israĂ©lien a Ă©crasĂ© son corps et l'a dĂ©membrĂ©. Nous n'avons pu que rĂ©cupĂ©rer une partie de sa chair et de ses os, broyĂ©s par les tanks israĂ©liens, et nous les avons mis dans un morceau de tissu, comme une chemise, et nous les avons emmenĂ©s, les enterrant dans un cimetiĂšre improvisĂ©â.
Pendant lâentretien avec Dalloul, on entend des bombes exploser en arriĂšre-plan pendant qu'il raconte :
âJe pense que la raison pour laquelle l'occupation israĂ©lienne [mot Ă©touffĂ© par le bruit des explosions] a tuĂ© mon fils Ă©tait de nous effrayer et de nous empĂȘcher de revenir dans cette zone ... car elle a Ă©tĂ© dĂ©truite par la suite et tous les bĂątiments ont Ă©tĂ© rasĂ©s, ce qui l'a transformĂ©e en zone tampon militaire. Cela a exercĂ© davantage de pression sur les habitants de la ville de Gaza qui n'avaient plus de lieu oĂč vivre, et beaucoup de ces personnes dĂ©placĂ©es ont Ă©tĂ© assassinĂ©esâ.
Guerre psychologique et privation de soins médicaux
Le ciblage délibéré des civils ne se limite pas aux tirs de snipers. Le 20 septembre, un comité spécial des Nations unies a signalé à l'Assemblée générale que les snipers israéliens ont délibérément refusé l'accÚs aux soins de santé aux femmes palestiniennes enceintes et allaitantes.
AprĂšs que d'innombrables tĂ©moignages de tirs dĂ©libĂ©rĂ©s sur des civils ont Ă©mergĂ©, en dĂ©cembre 2023, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH) a publiĂ© un communiquĂ© de presse demandant instamment que des comptes soient rendus et qu'une enquĂȘte soit menĂ©e. Le communiquĂ© de presse souligne Ă©galement l'exĂ©cution de 11 hommes devant leurs familles dans le quartier de Remal, dans la ville de Gaza.
Yassin, un jeune homme du camp de réfugiés de Jabalia, a raconté à The Cradle comment il a été blessé par balle par un drone quadcopter à la mi-novembre 2023, réussissant à survivre par pure chance. Yassin raconte qu'il marchait sur la route de Salah al-Deen, entre Jabalia et Khan Younis, aprÚs avoir reçu des ordres d'évacuation de l'armée d'occupation qui lui demandaient de se diriger vers le sud.
Alors qu'il fuyait, un accrochage armé a soudainement éclaté dans son champ de vision :
âJ'ai ramassĂ© mes vĂȘtements et mon tĂ©lĂ©phone et je suis parti en courant pour Ă©chapper Ă l'affrontement. Il y avait une colline de sable devant moi, j'ai sautĂ© et certains de mes vĂȘtements sont tombĂ©s. J'ai ensuite trouvĂ© l'ambulance que l'ennemi [IsraĂ«l] avait arrĂȘtĂ©e, restĂ©e sur la routeâ.
EffrayĂ©, il dit avoir entendu des appels en arabe lui demandant d'arrĂȘter de courir, puis
âj'ai entendu le sifflement d'une balle, et j'ai criĂ© : âQui est touchĂ© ?â Au bout de 10 mĂštres, j'ai rĂ©alisĂ© que la balle Ă©tait entrĂ©e dans mon foie et que j'Ă©tais la rĂ©ponse Ă ma propre question. Cette balle a pĂ©nĂ©trĂ© mon poumon droit, puis le diaphragme, avant de pĂ©nĂ©trer dans le foieâ.
Yassin affirme que la seule raison pour laquelle il a survĂ©cu est qu'un de ses proches se trouvait par hasard au volant d'une ambulance toute proche et qu'il a agi rapidement, lui sauvant ainsi la vie. Le rĂ©tablissement de Yassin a Ă©tĂ© long et Ă©prouvant, plusieurs mois. Il continue de souffrir de ses blessures bien qu'il ait Ă©tĂ© Ă©vacuĂ© par le point de passage de Rafah vers l'Ăgypte.
Des cibles délibérément choisies
Le chirurgien amĂ©ricain Mark Perlmutter, qui s'est rendu Ă Gaza afin de soigner les Palestiniens blessĂ©s pendant la guerre, a Ă©galement attirĂ© l'attention sur le fait que les enfants sont intentionnellement visĂ©s par les tirs des snipers israĂ©liens. âOn n'abat pas dâenfants deux fois par erreurâ, a-t-il dĂ©clarĂ© Ă France 24. Lors de plusieurs interviews, Perlmutter a fondu en larmes en dĂ©crivant comment des dizaines d'enfants Ă©taient morts sous ses yeux.
Le rĂ©cit de Perlmutter rejoint le tĂ©moignage rĂ©cent du mĂ©decin britannique Nizam Mamode, qui a dĂ©crit aux dĂ©putĂ©s britanniques comment les drones abattent dĂ©libĂ©rĂ©ment des enfants âtous les joursâ dans la bande de Gaza. De tels rĂ©cits ont Ă©tĂ© faits par des mĂ©decins Ă©trangers tout au long de la guerre, neuf autres mĂ©decins sur le terrain ayant fourni au Guardian, au dĂ©but de l'annĂ©e, des comptes rendus sur les tirs dĂ©libĂ©rĂ©s sur les enfants.
The Cradle a également recueilli le témoignage d'un Palestinien du nord de Gaza dont le frÚre a été abattu par un sniper israélien en octobre, lors de la ré-invasion d'Israël. Alors qu'il tentait de mettre son frÚre à l'abri, il a été visé à plusieurs reprises par des snipers et a finalement dû regarder son frÚre mourir peu à peu.
Il explique que son frÚre et lui ont fui leur maison pour se réfugier dans la ville de Gaza, mais qu'ils ont décidé de revenir quand les combats ont été plus espacés, ajoutant que les tirs ont claqué de nulle part alors qu'ils se trouvaient dans la zone de Jabalia. Il a alors vu son frÚre s'effondrer et se vider de son sang, précisant que la balle l'avait atteint en plein corps.
Des tactiques perverses
Les rĂ©cits fournis Ă The Cradle ne sont que quelques exemples dans la longue liste d'horreurs similaires qui Ă©manent quotidiennement de la bande de Gaza. En avril, Euro-Med Human Rights Monitor a publiĂ© un rapport soulignant l'utilisation par IsraĂ«l de sons inquiĂ©tants pour effrayer ou attirer les civils dans les zones oĂč ils seront abattus. Dans le camp de rĂ©fugiĂ©s de Nuseirat, certains ont enregistrĂ© des drones diffusant des pleurs de bĂ©bĂ©s pour faire sortir les civils de chez eux et les faire descendre dans la rue pour pouvoir les tuer.
Plus d'une douzaine de témoins oculaires de fusillades, dont des journalistes et des médecins de Gaza, ont été contactés tout au long de la rédaction de cet article. Tous ont confirmé que les snipers israéliens prennent délibérément pour cible les civils, sans aucune justification, afin d'instiller la peur et dissuader les gens de se déplacer librement.
Un médecin palestinien du nord de Gaza, qui a requis l'anonymat, a déclaré à The Cradle:
âIls tirent sur des civils pour le fun, et c'est parfaitement intentionnel. Ăa doit ĂȘtre la stratĂ©gie de l'armĂ©eâ.
https://thecradle.co/articles/israeli-snipers-shoot-palestinians-for-sport