👁‍🗨 Les toutes dernières nouvelles de Julian Assange

“La persécution de Julian Assange devrait être une leçon pour nous tous : elle nous enseigne que si nous voulons agir comme lui, nous devons nous protéger et nous tenir prêts”.

Photo X : Julian avec sa femme Stella et ses fils Gabriel et Max ici en Australie

👁‍🗨 Les toutes dernières nouvelles de Julian Assange

Par The Pen, le 24 février 2025

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Depuis sa libération de prison, Julian Assange, le fondateur australien de WikiLeaks, journaliste et rédacteur en chef, est resté discret mais continue néanmoins d'être une personnalité marquante. Son parcours et ses projets futurs suscitent un vif intérêt. Dans cette interview, son frère Gabriel revient sur les priorités immédiates de Julian et laisse entrevoir les prochaines étapes. Le calvaire qu'il a vécu n'a pas eu raison de Julian.Il se concentre actuellement sur sa guérison, sa réadaptation à la vie hors de prison et le renforcement des liens familiaux. Julian reviendra quand il sera prêt.

Comment va Julian ?

“Il va beaucoup mieux. Il vit maintenant dans une zone rurale d'Australie et reconstruit sa vie pratiquement à partir de zéro, en commençant par toutes ces choses que nous tenons pour acquises dans notre vie quotidienne : documents, numéros d'assurance maladie, citoyenneté pour ses enfants et bien d'autres choses encore.

“Maintenant, il a de son permis de conduire et il se déplace en voiture : c'est un peu comme redevenir adolescent, car il a retrouvé une liberté qu'on lui a refusée si longtemps. Il profite de cette liberté : c'est l'été ici en Australie, donc les enfants sont en vacances. Il profite du beau temps”.

Photo © Lukas Coch/AAP/Reutersa : Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, fait signe à ses soutiens après son arrivée à l'aéroport de Canberra, en Australie, le 26 juin 2024, après avoir été libéré de prison au Royaume-Uni.

À quoi passe-t-il ses journées ?

“Il passe du temps avec sa famille et ses enfants. Ils ont grandi à Fulham, à Londres. Julian leur fait découvrir l'Australie, les emmène dans les bois, dans la campagne australienne, leur apprend à reconnaître la flore et la faune du pays et à interagir avec la nature de notre terre. Julian connaît bien l'Australie. C'est là qu'il a grandi et il peut partager toutes ses expériences avec eux. J'ai l'impression qu'il apprécie vraiment cette vie quotidienne de père : pouvoir faire toutes ces choses simples d'ordinaire considérées comme allant de soi”.

Photo © AP : Le frère de Julian, Gabriel Shipton

Vous a-t-il déjà parlé de son séjour en prison ?

“Oui, bien sûr. Je suis resté en contact avec lui pendant toute sa détention et je lui ai rendu visite à plusieurs reprises. Il a connu des périodes très sombres en prison, où il était en isolement jour et nuit, sous surveillance constante, de peur qu'il ne se suicide. Je dirais que les effets de cette détention prolongée se font encore sentir aujourd'hui et que certaines séquelles prendront certainement plus de temps à guérir”.

Depuis qu'il est rentré en Australie, les informations à son sujet se font rares. Pouvez-vous nous raconter le moment de votre arrivée en Australie ? Que s'est-il passé ?

“Je n'étais pas présent, je ne l'ai vu qu'une semaine plus tard car j'étais en France. Voir Julian marcher sur le tarmac de l'aéroport en Australie, serrer dans ses bras sa femme Stella et mon père sur le sol australien, a été un moment très fort. Je me suis senti submergé par toutes sortes d'émotions. Nous avons travaillé si dur pour en arriver là et avons consacré notre vie à faire sortir Julian de prison. Je me souviens de ce moment, après l'avoir revu, où nous étions ensemble sur la plage à regarder nos enfants jouer dans les vagues.

“J'ai passé mon bras autour de ses épaules, il s'est tourné vers moi et m'a dit : “C'est incroyable, n'est-ce pas ?” et j'ai répondu : “Oui, c'est vraiment incroyable”. Nous étions submergés par l'émotion. C'était un moment indescriptible : nous ne croyions pas qu'il serait un jour libre, et partager ce moment ensemble a été vraiment magique”.

Dans quelle mesure le soutien du mouvement Free Assange a-t-il pesé sur sa libération ?

“Le mouvement pour sa libération a fait une énorme différence et a également incité les dirigeants mondiaux à agir en sa faveur. Il ne serait pas libre aujourd'hui sans cette mobilisation. Le mouvement a également eu un impact énorme sur nous lorsque nous faisions campagne pour Julian, car il nous a montré que nous pouvions et devions redoubler d'efforts pour faire libérer Julian. Même l'un des juges a mentionné le mouvement mondial dans son jugement : “Si des milliers de personnes venues de toute l'Europe se rassemblent devant le tribunal, il est difficile de l'ignorer”.”

La campagne mondiale pour la libération de Julian Assange a finalement abouti.

Depuis sa libération, Julian ne s'est exprimé en public qu'une seule fois, à Strasbourg, devant la Commission des droits de l'homme du Conseil de l'Europe. Est-ce parce qu'il ne se sent pas encore prêt ou parce qu'on lui a demandé de ne pas le faire ?

“S'il n'y tenait qu'à lui, je ne pense pas qu'il se serait exprimé si tôt, malgré l'invitation du Conseil de l'Europe. Maintenant, il se repose et prend le temps de mener une vie normale et de passer du temps en famille. Je pense aussi qu'avant de s'exprimer en public, il veut s'y préparer : les attentes sont fortes à son égard. Beaucoup aimeraient qu'il nous parle du monde dans lequel nous vivons aujourd'hui, comme on a pu le voir dans les questions qui lui ont été posées à Strasbourg.

“Mais Julian doit d'abord apprendre à mieux connaître ce monde et se familiariser avec lui s'il veut être en mesure de faire le lien avec ce qui se passe et de le commenter comme les gens s'y attendent. Julian n'a eu que quelques mois pour vraiment s'imprégner du monde et des nouvelles technologies, et il veut être parfaitement préparé avant de se lancer et de s'exprimer publiquement”.

J'imagine qu'il n'a pas encore de projets en tête ?

“Je suis sûr qu'il a quelques idées en tête et un certain nombre de projets qu'il aimerait mener à bien, mais je le laisse les révéler en temps voulu. En attendant, il se repose, récupère de l'énergie et mène ses recherches pour vraiment être en phase avec le monde et les nouvelles technologies. À titre d'exemple, Julian doit s'habituer à la surconsommation médiatique via nos téléphones.

“Avant qu'il ne soit incarcéré, il n'était pas si courant que les gens soient rivés sur leur smartphone comme ils le sont en permanence. Maintenant, il apprend à appréhender la manière dont une génération différente assimile l'information et les implications de ces nouveautés. Il s'intéresse par exemple à l'IA et à l'évolution des réseaux sociaux, comme TikTok”.

Jusqu'à présent, nous n'avons parlé que de votre frère, mais j'aimerais aussi connaître votre point de vue, en tant que membres de la famille de Julian : comment avez-vous vécu ces longues années ?

“Chris Hedges, un journaliste américain qui travaille fréquemment avec des prisonniers et leurs proches, a toujours dit que de nombreuses familles qu'il rencontre vivent comme si elles aussi étaient en prison, car toute leur énergie est consacrée à ce membre de la famille, et à la façon de le maintenir en vie : c'était également notre cas. Consacrer son existence à un membre de sa famille emprisonné a un impact sur les relations, sur la famille : je pense à ma fille par exemple. Je m'absentais souvent, je voyageais, je frappais aux portes, je consacrais du temps à la campagne pour Julian, et cet engagement a bien sûr eu des répercussions.

“Pour moi, cependant, l'expérience a été douce-amère : je me suis fait de nouveaux amis, j'ai découvert que je pouvais faire des choses dont je ne me serais jamais cru capable, et tout cela grâce à la campagne de Julian. J'ai tellement appris et rencontré tant de gens pleins d'amour et de reconnaissance pour ce que nous avons fait et pour Julian, et cela fait vraiment chaud au cœur : c'est encourageant, ça vous donne la force de continuer. C'est vrai, nous l'aurions fait de toute façon, mais c'est grâce à toutes ces nouvelles amitiés et tous ces soutiens que nous avons pu tenir le coup”.

L'image de votre frère a été au centre d'un phénomène particulier : dans un premier temps, de nombreux journaux ont surfé sur la vague et exploité ses révélations, puis ont activement participé à sa condamnation et à sa diabolisation. Que pensez-vous de la couverture médiatique de l'affaire ?

“Lorsque Wikileaks a lancé ses révélations, Julian était une sorte de célébrité, un héros révélant des informations et avec qui on pouvait établir une collaboration. Après tout, d'énormes quantités de journaux se sont vendues grâce à ces révélations. Puis, progressivement, le récit s'est mis à changer. Les attaques ont démarré et on a pu assister à une sorte d'assassinat en règle du personnage de Julian Assange.

“De nombreux journaux ayant collaboré au projet sont devenus les promoteurs actifs de sa persécution. À mon avis, ce changement de perspective les a démasqués et nous en a appris davantage sur eux et ceux qui les manipulaient”.

A-t-il été si difficile de faire évoluer le discours sur Julian ?

“Oui, très difficile : nous avons réalisé des films, des livres ont été écrits et, finalement, certains de ces mêmes médias ont commencé, non sans réticence, à soutenir la libération de Julian. Mais il a fallu du temps et du travail pour dissiper les calomnies et réparer les torts causés. La persécution de Julian n'a précisément été possible que grâce à ces calomnies véhiculées par les médias et l'érosion de sa base de soutien causée par ces attaques incessantes.

“Je ne tiens vraiment pas a garder rancune, mais je pense qu'il faut prendre du recul et identifier le phénomène auquel nous avons été confrontés : d'abord ils s'en prennent à votre argent, puis à votre image et enfin à votre liberté. La persécution de Julian Assange devrait être une leçon pour nous tous : elle nous enseigne que si nous voulons agir comme lui, nous devons nous protéger et nous tenir prêts”.

https://the-pen.co/assange-is-healing-from-what-they-did-to-him/