đâđš Les USA affirment que si la sĂ©curitĂ© de l'ambassade, mandatĂ©e par la CIA, a fouillĂ© dans les tĂ©lĂ©phones des visiteurs d'Assange, c'Ă©tait conforme Ă la Constitution
Le procureur amĂ©ricain Jean-David Barnea a fait valoir qu'il y a plusieurs cas oĂč, en confiant son tĂ©lĂ©phone Ă quelqu'un, on renonce Ă ses attentes lĂ©gitimes en matiĂšre de vie privĂ©e.
đâđš Les USA affirment que si la sĂ©curitĂ© de l'ambassade, mandatĂ©e par la CIA, a fouillĂ© dans les tĂ©lĂ©phones des visiteurs d'Assange, c'Ă©tait conforme Ă la Constitution
Par Kevin Gosztola, le 29 novembre 2023
Un procureur du gouvernement des Ătats-Unis a soutenu que les contractants soutenus par la CIA n'avaient pas violĂ© le droit Ă la vie privĂ©e lorsqu'ils ont ouvert le boĂźtier des tĂ©lĂ©phones portables appartenant Ă des AmĂ©ricains qui ont rendu visite au fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, dans l'ambassade de l'Ăquateur Ă Londres.
âIl existe plusieurs cas de figureâ, a dĂ©clarĂ© le procureur Jean-David Barnea, âselon lesquels, en donnant votre tĂ©lĂ©phone Ă quelqu'un d'autre, vous renoncez Ă vos attentes en matiĂšre de protection de la vie privĂ©eâ.
Cette affirmation a été faite au cours d'une audience exceptionnelle qui s'est tenue le 16 novembre devant le tribunal de premiÚre instance du district sud de New York. L'audience portait sur une motion visant à rejeter une action en justice contre la CIA et l'ancien directeur de la CIA Mike Pompeo pour leur rÎle présumé dans l'espionnage des visiteurs d'Assange qui étaient américains.
En août 2022, quatre Américains ont poursuivi la CIA et Mike Pompeo : Margaret Ratner Kunstler, militante des droits civiques et avocate spécialisée dans les droits de l'homme, Deborah Hrbek, avocate spécialisée dans les médias qui a représenté Assange ou WikiLeaks, le journaliste John Goetz, qui a travaillé pour Der Spiegel lorsque l'organe de presse allemand s'est associé pour la premiÚre fois à WikiLeaks, et le journaliste Charles Glass, qui a écrit des articles sur Assange pour The Intercept.
Glass, Goetz, Hrbek et Kunstler ont affirmĂ© qu'on leur avait imposĂ© de âremettreâ leurs appareils Ă©lectroniques Ă des employĂ©s d'une sociĂ©tĂ© espagnole, UC Global, que le gouvernement Ă©quatorien avait engagĂ©e pour assurer la sĂ©curitĂ© de l'ambassade.
Le 4 juin, le journal espagnol El PaĂs a rapportĂ© que le directeur d'UC Global, David Morales, avait sur son ordinateur portable un dossier portant la mention âCIAâ. (UC Global et Morales ont Ă©galement Ă©tĂ© poursuivis par Glass, Goetz, Hrbek et Kunstler).
En 2019, selon des tĂ©moignages et des documents obtenus par El PaĂs, l'organisation mĂ©diatique a rĂ©vĂ©lĂ© que des contractants d'UC Global avaient âouvert et photographiĂ© les tĂ©lĂ©phones portables de journalistes amĂ©ricainsâ.
âLeurs visites ont Ă©tĂ© surveillĂ©es, des vidĂ©o et les conversations ont Ă©tĂ© enregistrĂ©s, et des rapports sur les conversations ont Ă©tĂ© rĂ©digĂ©s et envoyĂ©s au serveur de Jerez de la Frontera, auquel la CIA aurait eu accĂšs.â
El PaĂs a Ă©galement expliquĂ© comment des rapports ont Ă©tĂ© rĂ©digĂ©s sur les AmĂ©ricains qui ont rendu visite Ă M. Assange et qui ont Ă©tĂ© dĂ©signĂ©s comme âcibles prioritairesâ. Les rapports incluaient la date de la visite, une copie de leur passeport, le contenu de leur conversation avec le fondateur de WikiLeaks et une vidĂ©o de la rencontre.
âLe journal a constatĂ© que les contractants d'UC Global avaient parfois ouvert les boĂźtiers de leurs tĂ©lĂ©phones portables afin de localiser et de photographier leurs numĂ©ros IMEI (International Mobile Equipment Identity), un code unique qui identifie un appareil et constitue l'une des informations les plus prĂ©cieuses pour quiconque cherche Ă pirater un tĂ©lĂ©phone. Lorsqu'un tĂ©lĂ©phone portable se connecte Ă un rĂ©seau, ce numĂ©ro d'identitĂ© est automatiquement transmisâ.
Lors de l'audition, le gouvernement amĂ©ricain a soutenu qu'il Ă©tait constitutionnel pour la CIA d'obtenir le numĂ©ro IMEI et d'autres informations de la âstructure physiqueâ des tĂ©lĂ©phones portables des AmĂ©ricains en l'absence de mandat.
âLes numĂ©ros de sĂ©rie, les petites cartes qui se trouvent Ă l'intĂ©rieur de votre tĂ©lĂ©phone et peuvent l'aider Ă accĂ©der au service de tĂ©lĂ©phonie cellulaire, etc. ne sont pas protĂ©gĂ©sâ, a dĂ©clarĂ© M. Barnea.
M. Barnea a précisé qu'il faisait référence aux cartes SIM des téléphones portables, sur lesquelles les services de télécommunications s'appuient pour identifier et authentifier les abonnés.
âSi le gouvernement tĂ©lĂ©chargeait le contenu de votre carte SIM, ce serait diffĂ©rentâ, a dĂ©clarĂ© M. Barnea. âMais si le gouvernement se contente d'ouvrir le logement de la carte SIM, d'en prendre une photo et de relever le numĂ©ro de la carte SIM, il n'est pas nĂ©cessaire d'obtenir un mandat si vous avez volontairement fourni ce tĂ©lĂ©phone au gouvernement ou Ă quelqu'un d'autre.â
Brian Levenson, un avocat reprĂ©sentant les AmĂ©ricains qui affirment que leur droit Ă la vie privĂ©e a Ă©tĂ© violĂ©, a rĂ©futĂ© l'idĂ©e qu'ils ont renoncĂ© Ă leur vie privĂ©e simplement parce qu'ils ont âvolontairementâ remis les appareils Ă©lectroniques Ă la sĂ©curitĂ© de l'ambassade.
âAu moment oĂč les plaignants se sont prĂ©sentĂ©s Ă l'ambassade, ont vĂ©rifiĂ© leurs appareils et ont fourni leur passeport, le gouvernement savait en temps rĂ©el qu'il s'agissait de citoyens amĂ©ricains sur le point d'entrer dans la piĂšce [avec M. Assange]â, a dĂ©clarĂ© M. Levenson. âLes AmĂ©ricains sont entrĂ©s dans la piĂšce, et le gouvernement a espionnĂ© des citoyens des Ătats-Unis sans disposer de mandat ou d'une quelconque justification. Rien n'est justifiĂ©. Il ne s'agit pas de criminels.â
Toutefois, les avocats du gouvernement amĂ©ricain ont insistĂ© sur le fait que M. Assange Ă©tait un âfugitif recherchĂ©â et que, par consĂ©quent, tout AmĂ©ricain le rencontrant aurait dĂ» savoir qu'il Ă©tait potentiellement visĂ© par une surveillance.
M. Assange risque d'ĂȘtre extradĂ© vers les Ătats-Unis en vertu de l'Espionage Act pour avoir pratiquĂ© le journalisme en publiant des documents du gouvernement amĂ©ricain en 2010 et 2011. Il est incarcĂ©rĂ© Ă la prison de Belmarsh, Ă Londres, depuis plus de quatre ans et demi.
Le gouvernement américain a soutenu à plusieurs reprises que le tribunal devrait considérer les contractants d'UC Global comme des policiers américains. Il semble également suggérer que si la sécurité d'une ambassade étrangÚre exige l'accÚs à l'appareil électronique d'un Américain, il n'y a aucun mal à ce que la CIA demande à cette ambassade de partager des informations avec elle à partir de cet appareil.
âIl n'y a pas eu de perquisition au sens du QuatriĂšme Amendement lorsque les passeports des plaignants et les parties extĂ©rieures de leurs appareils Ă©lectroniques ont Ă©tĂ© prĂ©tendument inspectĂ©s ou photographiĂ©s, puisqu'ils ont volontairement remis ces objets Ă la sĂ©curitĂ© de l'ambassadeâ, a dĂ©clarĂ© le gouvernement dans sa requĂȘte en irrecevabilitĂ©,
a déclaré le gouvernement dans sa demande de rejet de l'action en justice [PDF].
En revanche, le gouvernement n'a pas démontré que la sécurité de l'ambassade prévoyait de photographier les appareils électroniques des visiteurs américains si ces derniers n'avaient pas été prétendument impliqués dans une opération d'espionnage soutenue par la CIA.
Comme l'a précédemment rapporté The Dissenter, le juge John Koeltl a interrogé M. Barnea lorsqu'il a refusé de confirmer ou d'infirmer que la CIA avait ciblé des Américains sans obtenir de mandat. Il a également invité les avocats des Américains à adapter leur plainte afin que les allégations de violation de la vie privée portent explicitement sur l'absence de mandat de la part du gouvernement.
âJe ne crois pas qu'un mandat soit jamais exigĂ© en dehors des Ătats-Unisâ, a dĂ©clarĂ© M. Barnea au cours de l'audience. âLa cour d'appel de seconde instance a estimĂ© que l'exigence de mandat du QuatriĂšme Amendement ne s'appliquait qu'Ă l'intĂ©rieur des Ătats-Unisâ.
En fait, le gouvernement amĂ©ricain a affirmĂ© devant un tribunal amĂ©ricain que les AmĂ©ricains ne bĂ©nĂ©ficient plus de la protection constitutionnelle de leur vie privĂ©e contre les intrusions du gouvernement amĂ©ricain lorsqu'ils voyagent Ă l'Ă©tranger. Ils ne bĂ©nĂ©ficient d'aucune âaspiration lĂ©gitime Ă la protection de la vie privĂ©eâ.
Mais comme l'ont affirmĂ© les AmĂ©ricains prĂ©tendument visĂ©s [PDF], âils ne s'attendaient pas Ă ce que le contenu de leurs appareils Ă©lectroniques soit copiĂ© par le gouvernement amĂ©ricainâ. S'ils l'avaient su, les journalistes et les avocats n'auraient pas apportĂ© leurs appareils Ă©lectroniques, puisqu'ils n'Ă©taient pas autorisĂ©s Ă les utiliser lors des rencontres avec M. Assange.
Les journalistes et les avocats amĂ©ricains qui ont rencontrĂ© M. Assange n'avaient aucune raison âd'apporter des appareils Ă©lectroniques Ă l'ambassade pour que leur contenu soit saisi par le gouvernement amĂ©ricainâ.
https://thedissenter.org/us-if-cia-ecuador-security-opened-phones-assange-visitors-it-was-legal/