đâđš Les "vrais" journalistes reconnaissent que poursuivre Julian Assange constitue une grave menace pour la libertĂ© de la presse.
"Les tentatives de poursuivre des journalistes comme Julian Assange en vertu de l'Espionage Act devraient ĂȘtre combattues par tous ceux qui souhaitent sauvegarder nos droits constitutionnels."
đâđš Les "vrais" journalistes reconnaissent que poursuivre Julian Assange constitue une grave menace pour la libertĂ© de la presse.
La discrétion du ministÚre de la Justice est la seule chose qui les protÚge d'un sort similaire.
đ° Par Jacob Sullum, le 30 novembre 2022
"Publier n'est pas un crime", affirment les rédacteurs et éditeurs du New York Times et de quatre grands médias européens dans une lettre ouverte publiée lundi. Si cette déclaration peut sembler incontestable, le ministÚre américain de la justice n'est pas d'accord, comme en témoignent les poursuites engagées contre Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, pour avoir obtenu et diffusé des documents confidentiels.
En exhortant le ministĂšre de la justice Ă abandonner cette affaire, le Times, The Guardian, Le Monde, Der Spiegel et El PaĂs reconnaissent implicitement que la libertĂ© de la presse est vide de sens lorsque le gouvernement dĂ©cide qui est autorisĂ© Ă l'exercer. Bien que ce point puisse Ă©galement sembler Ă©vident, les journalistes qui voient Assange d'un mauvais Ćil ont longtemps soutenu que le fait de tenter de l'emprisonner pour avoir divulguĂ© des secrets gouvernementaux ne constituait pas une menace pour leur travail, car ils ne le considĂšrent pas comme un membre de leur profession.
Cette position est profondément ahistorique. Comme l'ont montré des universitaires tels qu'Eugene Volokh, professeur de droit à l'UCLA, la "liberté... de la presse" garantie par le Premier Amendement protÚge votre droit de communiquer avec le public par le biais de la presse écrite et d'autres outils de communication de masse, que vous le fassiez pour gagner votre vie ou que vous travailliez pour un organe de presse traditionnel.
L'exception Assange au Premier Amendement est aussi dangereusement myope. Comme le Times et consorts le soulignent, la conduite au centre de l'affaire contre Assange est indiscernable de ce que les journalistes professionnels font chaque jour lorsqu'ils révÚlent des informations que le gouvernement veut dissimuler.
Il y a douze ans, ces journaux ont publiĂ© une sĂ©rie d'articles surprenants basĂ©s sur des cĂąbles confidentiels du dĂ©partement d'Ătat et des dossiers militaires qu'Assange avait obtenus de l'ancienne analyste du renseignement de l'armĂ©e Chelsea Manning. Ces documents, note la lettre ouverte, "rĂ©vĂ©laient des cas de corruption, des scandales diplomatiques et des affaires d'espionnage Ă l'Ă©chelle internationale".
Comme l'a dit le Times à l'époque, ces documents racontent "l'histoire sans fard de la façon dont le gouvernement prend ses plus grandes décisions, celles qui coûtent le plus cher au pays en vies humaines et en argent." Selon Charlie Savage, journaliste au Times, les révélations comprenaient des "dossiers sur les détenus de Guantånamo Bay détenus sans procÚs" et des "Journaux de de guerres d'Afghanistan et d'Irak" qui montraient que "les pertes civiles étaient supérieures aux estimations officielles".
Les 17 chefs d'accusation contenus dans le dernier acte d'accusation fĂ©dĂ©ral d'Assange, Ă l'exception d'un seul, concernent l'obtention ou la divulgation de telles "informations de dĂ©fense nationale", un crime passible d'une peine de prison pouvant aller jusqu'Ă 10 ans en vertu de la loi sur l'espionnage de 1917. Une fois que les Ătats-Unis auront procĂ©dĂ© Ă son extradition du Royaume-Uni, Assange encourra une peine maximale de 160 ans pour ces seuls chefs d'accusation.
Les journalistes qui ont rapportĂ© les informations obtenues par Assange sont coupables des mĂȘmes crimes, fait qui constitue une menace Ă©vidente pour la libertĂ© de la presse. C'est en grande partie pour cette raison qu'aucun Ă©diteur d'informations gouvernementales auparavant secrĂštes n'a jamais Ă©tĂ© poursuivi en vertu de la loi sur l'espionnage jusqu'Ă prĂ©sent, et l'administration Obama, qui n'Ă©tait guĂšre favorable Ă Assange, a refusĂ© d'Ă©tablir ce prĂ©cĂ©dent effrayant.
L'administration Trump a adopté un point de vue différent. John Demers, qui dirigeait alors la division de la sécurité nationale du ministÚre de la Justice, a assuré aux journalistes qu'il n'y avait pas lieu de s'alarmer, car Assange n'est "pas un journaliste" et "le ministÚre n'a jamais eu pour politique de cibler" les journalistes officiellement reconnus "pour leurs reportages".
Le Times et ses collaborateurs ne sont pas aveugles aux écarts d'Assange par rapport aux normes journalistiques, notamment sa participation présumée à l'utilisation non autorisée d'ordinateurs gouvernementaux par Manning et sa prétendue publication de documents non expurgés qui auraient pu mettre en danger des sources de renseignement. Mais ils reconnaissent que la position du ministÚre de la Justice signifie que le pouvoir discrétionnaire de poursuivre est la seule chose qui protÚge les "vrais" journalistes, quelle que soit la définition de cette catégorie, d'un sort similaire.
Il en va de mĂȘme pour les Reps. Ro Khanna (D-Calif.) et Thomas Massie (R-Ky.), qui ont prĂ©sentĂ© l'Ă©tĂ© dernier un projet de loi visant Ă modifier l'Espionage Act pour protĂ©ger journalistes et lanceurs dâalerte.
"Les tentatives actuelles de poursuivre des journalistes comme Julian Assange en vertu de l'Espionage Act, a dĂ©clarĂ© Thomas Massie, devraient ĂȘtre combattues par tous ceux qui souhaitent sauvegarder nos droits constitutionnels."
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