👁🗨 Lettre de Manuel Zelaya, ancien président du Honduras, en faveur de Julian Assange.
Je joins ma voix à celles d'autres présidents ainsi que de nombreuses personnalités politiques et culturelles d'Amérique latine et du monde pour réclamer la libération du journaliste Julian Assange.
👁🗨 Lettre de Manuel Zelaya, ancien président du Honduras, en faveur de Julian Assange.
📰 À Tegucigalpa, The November 11, 2022
À: Son Excellence Rishi Sunak, Premier ministre du Royaume-Uni
Votre Excellence, Monsieur le Premier Ministre,
C'est en ma qualité d'ancien président de la République du Honduras et d'actuel président de l'Internationale des peuples anti-impérialistes en défense de l'humanité et de la nature que je vous écris pour demander la révision de l'extradition vers les États-Unis d'Amérique, et la libération immédiate du cyber journaliste et activiste australien Julian Assange, qui souffre de l'emprisonnement dans votre pays depuis avril 2019, après un séjour de 7 ans en tant que réfugié politique à l'ambassade d'Équateur.
Ce faisant, je joins ma voix à celles d'autres présidents, organisations de défense des droits de l'homme, ainsi que de nombreuses personnalités politiques et culturelles d'Amérique latine et du monde.
Je fonde cette demande sur des raisons humanitaires, puisque, comme il est de notoriété publique, l'enfermement prolongé et les conditions actuelles de détention ont gravement affecté la santé de M. Assange, mais aussi sur des raisons mettant en garde contre la violation des droits non seulement des personnes susmentionnées, mais de la communauté internationale dans son ensemble.
Si le Royaume-Uni autorise l'extradition de M. Assange vers les États-Unis, il encourt alors une peine de prison de 175 ans, ce qui, compte tenu de l'état de santé actuel du journaliste, signifie concrètement qu'il sera condamné à mort. Je me permets également de souligner que cette décision ne tient pas compte du fait que l'extradition pour délits politiques est interdite par le droit britannique et européen, et je n'ai aucun doute sur l'absence absolue de garanties dans un procès où le détenu est condamné à l'avance.
Monsieur le Premier Ministre, je suis de plus en plus convaincu que le plus grand crime de M. Assange a été de révéler au monde la vérité sur un certain nombre d'événements qui démontrent pour le moins la violation du droit international et des droits des peuples à la sécurité et à la paix. J'ai moi-même été victime de l'une de ces violations en 2009, quand j'ai été renversé par un coup d'État, où l'ingérence d'une force étrangère a été confirmée par la suite via les documents déclassifiés par Wikileaks.
Je dois rappeler à votre Excellence Monsieur le Premier Ministre que l'article 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, adoptée par tous les Etats de la communauté internationale, stipule que tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, y compris le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions, et celui de chercher, recevoir et répandre, sans considérations de frontières, informations et idées par quelque moyen d'expression que ce soit.
À la lumière de cette disposition, il convient donc de se demander si la diffusion de la vérité peut constituer une quelconque menace pour la sécurité des États signataires de cette déclaration, adoptée quelques années après la tragédie de la Seconde Guerre mondiale, dont il ne faut pas oublier les formidables leçons.
Si, comme l'exprime l'Évangile chrétien: "Seule la vérité nous rendra libres", n'ayez aucun doute sur le fait que la connaissance de la vérité, aussi dure et amère soit-elle, est la seule voie vers un monde plus juste où la coexistence non violente et harmonieuse entre États, peuples, communautés, devient une réalité.
En outre, l'emprisonnement prolongé et l'extradition imminente d'une personne qui n'a pas un seul crime sur la conscience, qui n'a pas ordonné de bombardements de villes ou de renversement de gouvernements, constitue une véritable menace pour la liberté de la presse, pour le droit des peuples à l'information, tel que consacré par l'article 19 pré-cité.
En ces temps tragiques de notre monde, menacés par une nouvelle conflagration planétaire, et alors que Votre Excellence vient d'être nommée à un poste gouvernemental aussi élevé, nous, les peuples, attendons des dirigeants des grandes nations des gestes de grandeur.
Vous avez aujourd'hui l'occasion d'accomplir l'un d'entre eux afin de contribuer à l'avènement d'une nouvelle ère de respect diligent des droits de l'homme, qui requiert de la part des gouvernements et des hommes d'État une attitude magnanime de respect du droit et de défense des faibles contre les puissants.
Je réitère donc ma demande de non-extradition et de libération immédiate de Julian Assange.
Recevez mes meilleures salutations.
Manuel Zelaya
Internationale anti-impérialiste des Peuples en Défense de l'Humanité et de la Nature Tegucigalpa, République du Honduras