👁‍🗨 “Lettre ouverte à Joe Biden”, complice du “crime entre les crimes”.

En refusant d'enquêter, de poursuivre & intervenir dans le génocide à Gaza - bafouant la Convention sur le génocide - vous contraignez les Américain à la déchéance de toute identité morale & éthique.

👁‍🗨 “Lettre ouverte à Joe Biden”, complice du “crime entre les crimes”.

Peter Dimock*, l'éminent romancier, a déjà fait la une de nos pages il y a deux ans cette semaine, lorsque Deep Vellum, l'éditeur de Dallas, a publié Journal de bord de Sheep Meadow : les carnets de Tallis Martinson, le plus récent de ses ouvrages novateurs. Les romans de Dimock sont marqués, entre autres, par une conscience aiguë du pouvoir du langage et une forte détermination à ce que l'art de la fiction soit toujours en prise avec la politique et l'histoire. Nous avons le plaisir de publier ici son message adressé directement au président Biden concernant le génocide israélien à Gaza, et ses implications pour chacun d'entre nous, génocide au nom desquels le régime Biden apporte son soutien à l'Israël de l'apartheid.

— Patrick Lawrence

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Maison Blanche,

Washington.

22 novembre 2023

Cher Président Biden,

Je vous remercie pour votre lettre du 15 novembre en réponse à mon appel à utiliser tout le pouvoir à votre disposition pour obtenir un cessez-le-feu dans le génocide israélien soutenu et autorisé par les États-Unis contre la population palestinienne de Gaza à la suite de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Je sais que votre intention n'était pas de m'inviter à vous écrire davantage. Je me vois néanmoins contraint de vous importuner encore, dans l'espoir sincère que cette lettre vous rappellera vos obligations envers le droit humanitaire international et de la Convention sur le génocide, dont les États-Unis sont signataires au même titre que 148 autres nations.

En vertu de la Convention sur le génocide, le gouvernement des États-Unis et ses citoyens sont tenus d'intervenir pour remédier à la perpétration d'un génocide, “le crime entre les crimes”. Les signataires de la Convention sur le génocide sont légalement tenus d'intervenir pour y mettre fin et de poursuivre ses auteurs dans la pleine mesure de la loi en vertu du jus cogens, c'est-à-dire la norme impérative, en temps de paix comme en temps de guerre, qui proscrit les “attaques violentes dans l'intention spécifique de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux”.

La politique américaine actuelle apporte un soutien inconditionnel et sans réserve - en paroles et en actes - à ce que les dirigeants israéliens ont annoncé comme étant leur détermination à massacrer un nombre illimité de civils palestiniens. Sous votre direction, la politique américaine constitue le mal absolu du crime de génocide. Un tel fléau ne devrait jamais être invoqué pour soutenir le “droit à se défendre” d'une nation. Ne pas s'opposer au crime de génocide, c'est s'associer à sa perpétration. Si l'on ne s'oppose pas au génocide maintenant, il deviendra à jamais la norme dans les relations internationales. Rétrospectivement, il ressort que la logique de l'idéologie politique nazie exterministe aura rétrospectivement prouvé qu'elle n'était pas un phénomène exceptionnel - le renoncement au principe implicite de la valeur universelle de toute vie - mais l'accomplissement de la dépravation du pouvoir politique, qui affirme que l'exercice illimité de la violence d'une force absolue constitue finalement la seule monnaie d'auto-justification pertinente universellement reconnue par le pouvoir.

Dans le cas présent du génocide, le choix politique de votre administration témoigne d'une volonté de créer, puis d'exercer un leadership mondial insensé au cœur d'un monde invivable. Mon sentiment est que vous agissez ainsi au nom de la revendication malavisée d'un droit à exercer, avec une légitimité imparable, une “domination à spectre complet” illimitée dans les affaires mondiales par le biais de la force militarisée nationale américaine.

Votre participation active au génocide des quarante-six derniers jours, ainsi que celle de votre administration, rend implicitement chaque citoyen américain complice de ce crime dans la mesure où il ne s'oppose pas directement et activement à vos politiques. En refusant d'enquêter, de poursuivre et d'intervenir pour arrêter le génocide désormais en cours à Gaza - comme l'exige la Convention sur le génocide - vous contraignez chaque Américain à participer la déchéance de notre identité morale et éthique et de notre cohérence en tant que peuple démocratique attaché à la poursuite universelle de l'émancipation humaine et de la justice historique universelle.

La complicité de chaque Américain face au génocide implicite dans les politiques de votre administration détruit notre monde politique, éthique et moral en tant que forme viable de solidarité humaine, et nous contraint tous à la nécessaire prise en compte des “principes premiers”. Je vois mal comment un individu menant la politique actuelle qui est la vôtre vis à vis des actes génocidaires d'Israël à Gaza pourrait être élu président des États-Unis le 5 novembre 2024. Du moins, je l’espère.

Vous devez savoir en votre for intérieur que l'inhumanité de la politique étrangère américaine que vous menez actuellement vous coûtera certainement la prochaine élection. Je soupçonne que vous êtes également conscient qu'en trahissant votre propre humanité et en compromettant celle de chaque citoyen américain, vous ouvrez les portes à la criminalité innommable représentée par le fascisme à part entière de Donald Trump.

Pour notre bien à tous, je vous exhorte à modifier la trajectoire du soutien que vous apportez à l'actuel gouvernement israélien dans la perpétration du crime de génocide à Gaza. Il n'est pas trop tard pour faire ce qu'il faut.

Je vous remercie de prendre en considération ce nouvel appel à faire tout ce qui est en votre pouvoir pour mettre fin au crime de génocide contre les Palestiniens de Gaza en imposant au gouvernement israélien un cessez-le-feu immédiat et permanent.

Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de mes salutations distinguées,

Peter Dimock

* Peter Dimock est l'auteur de trois romans publiés par Dalkey Archive Press et Deep Vellum Publishing. Il a été éditeur principal chez Random House et Columbia University Press. Parmi les auteurs avec lesquels il a travaillé figurent Toni Morrison, Amartya Sen, Angela Davis, Paul Kennedy et Siddharth Kara.

"An open letter to Joe Biden."