đâđš Lâhomme le plus dangereux du monde & son fidĂšle bras droit
Trump & Bibi ont jouĂ© la scĂšne du bon & du mĂ©chant flic avec lâIran, variante de la duplicitĂ© de Biden qui a armĂ© IsraĂ«l pour gĂ©nocider Gaza en prĂ©tendant se battre âjour & nuitâ pour un cessez-le-feu
đâđš Lâhomme le plus dangereux du monde & son fidĂšle bras droit
Par Patrick Lawrence pour Scheerpost le 16 juin 2025
VoilĂ plusieurs annĂ©es que je dĂ©cris Benjamin Netanyahu comme l'homme le plus dangereux d'Asie occidentale, Ă l'Ă©poque oĂč l'on entendait parler de la menace que reprĂ©sentait le prĂ©sident Assad Ă Damas, du BelzĂ©buth autrement connu sous le nom de guide suprĂȘme iranien, et d'autres personnages tout aussi dĂ©testables.
Le Premier ministre israélien vient de décrocher son diplÎme. Selon toute estimation sérieuse, il est l'homme le plus dangereux du monde depuis les attaques choquantes, imprudentes et totalement nihilistes qu'il a lancées contre la République islamique aux premiÚres heures du vendredi 13 juin. J'en viendrai dans un instant à la place de Donald Trump dans ce classement.
Dans son annonce initiale de l'opĂ©ration âRising Lionâ, Netanyahu a qualifiĂ© l'Iran de âmenace existentielleâ pour IsraĂ«l et qu'il n'a d'autre choix que d'ordonner une attaque. C'est absurde, mais nous ferions mieux de faire attention Ă cette absurditĂ©. Par cette phrase lourde de sens, Bibi a effectivement autorisĂ© l'Ătat sioniste Ă lancer une arme nuclĂ©aire si ces attaques ne parviennent pas Ă dĂ©truire tous les programmes nuclĂ©aires de la RĂ©publique islamique, comme cela semble probable.
On peut en effet parler d'une menace existentielle depuis vendredi dernier. Mais elle s'Ă©tend bien au-delĂ de l'Iran et, en fait, de l'Asie occidentale. Comme le montre clairement le long et terrible bilan de l'Ătat juif autoproclamĂ©, celui-ci ne semble admettre aucune limite aux violences qu'il inflige aux autres, Ă ses violations du droit international et des principes Ă©thiques liĂ©s Ă la cause humaine, ni aux risques qu'il fait courir au monde au nom de ce qui Ă©quivaut Ă un projet biblique de soumission et de domination.
Pour couronner le tout, le dirigeant obsédé d'une nation dotée de l'arme nucléaire jamais soumise aux termes du Traité de non-prolifération vient d'attaquer une nation non nucléaire qu'il qualifie de danger mortel pour la survie d'Israël en raison des armes nucléaires qu'elle ne possÚde pas. Faites les comptes, comme on dit.
Pour mĂ©moire, l'âOperation Rising Lionâ fait rĂ©fĂ©rence Ă la prophĂ©tie de Balaam, un infidĂšle au passĂ© trĂšs controversĂ©, mais qui impressionna les anciens IsraĂ©lites par ses pouvoirs divinatoires exceptionnels. Dans la version rĂ©visĂ©e du Livre des Nombres, 23:24, on peut lire : âC'est un peuple qui se lĂšve comme une lionne, et qui se dresse comme un lion. Il ne se couche point jusqu'Ă ce qu'il ait dĂ©vorĂ© la proie, Et qu'il ait bu le sang des blessĂ©s.â. C'est ce qui motive Bibi, qui considĂšre les Palestiniens comme des AmalĂ©cites malĂ©fiques tout droit sortis de la mythologie de l'Ancien Testament, dĂ©clarant une fois de plus sa vision gĂ©nĂ©rale.
IsraĂ«l et l'Iran sont dĂ©sormais en guerre, comme l'a dĂ©clarĂ© une habitante de TĂ©hĂ©ran au New York Times aprĂšs avoir entendu des explosions et vu les flammes monter depuis sa fenĂȘtre vendredi soir dernier. Tout a changĂ© dĂ©sormais. Netanyahu aspire Ă cette guerre depuis des dĂ©cennies, justifiant toujours sa soif â une soif cliniquement psychotique, il faut bien le dire â par des mensonges sans fin et une paranoĂŻa apparemment sans fond. Ces mensonges et cette paranoĂŻa font courir au monde le danger d'une confrontation mondiale. Nous sommes tous Iraniens maintenant : je suis tout Ă fait disposĂ© Ă le dire.
Quant au prĂ©sident Trump et au rĂŽle des Ătats-Unis dans tout cela, ne nous leurrons plus. Je continue d'affirmer, contrairement Ă beaucoup, que l'Ătat sioniste doit ĂȘtre perçu comme un satellite irresponsable et trop gĂątĂ©, et non comme le Ăbermeister [Grand maĂźtre] de la politique amĂ©ricaine. C'est une dynamique complexe, mais l'Ătat sioniste vient d'exĂ©cuter ce Ă quoi aspire l'empire dans son ambition plus large de âremodeler le Moyen-Orientâ, comme le disent depuis longtemps les cliques nĂ©oconservatrices qui dirigent la politique amĂ©ricaine. Comme je l'ai dĂ©jĂ soulignĂ©, en reprenant le jargon des services secrets [Ndt : ou du chancelier allemand Friedrich Merz, interviewĂ© par la chaĂźne publique allemande ZDF le 19 juin 2025 lors du sommet du G7], IsraĂ«l fait le sale boulot de Washington en Asie occidentale.
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Comme l'ont fait remarquer de nombreux commentateurs de par le monde, les Israéliens ont pour habitude de mentir sur les faits, la politique, la stratégie des Forces de défense israéliennes, etc. Tous les gouvernements mentent, comme l'a souvent affirmé Isador Feinstein Stone, journaliste indépendant américain, mais les Israéliens sont dans une catégorie à part parmi les menteurs officiels, c'est évident.
Le problĂšme avec les IsraĂ©liens, c'est qu'ils continuent Ă mentir mĂȘme aprĂšs qu'un mensonge a Ă©tĂ© dĂ©voilĂ©. Netanyahu, illustration probante, continue de raconter que les milices du Hamas qui ont attaquĂ© le sud d'IsraĂ«l le 7 octobre 2023 ont violĂ© des hommes et des femmes, dĂ©capitĂ© des bĂ©bĂ©s et en ont fait rĂŽtir d'autres dans des fours, etc. Tout cela a Ă©tĂ© dĂ©menti, exposĂ© comme Ă©tant le fruit de la machine de hasbara israĂ©lienne, ce systĂšme Ă l'activitĂ© incessante qui produit de la propagande destinĂ©e Ă l'opinion publique internationale. Mais Bibi continue nĂ©anmoins Ă colporter ces calomnies.
C'est le cas des affirmations de Netanyahu selon lesquelles, la semaine derniĂšre, l'Iran est sur le point de produire des armes nuclĂ©aires et qu'il est donc urgent de l'en empĂȘcher.
Lorsqu'il a annoncĂ© l'opĂ©ration âRising Lionâ, Netanyahu a dĂ©clarĂ© : âCe pourrait ĂȘtre dans un an, dans quelques mois, dans moins d'un anâ. Lisez attentivement ces propos. Il s'agit purement et simplement d'un discours destinĂ© Ă instiller la peur, et non d'un fait avĂ©rĂ©. Ces affirmations n'ont pas plus de substance que celles que Netanyahu a faites depuis qu'il tient ce discours, depuis le dĂ©but des annĂ©es 1990. Quiconque connaĂźt l'histoire sait qu'il s'agit simplement d'une nouvelle dĂ©claration parmi tant d'autres du mĂȘme genre faites par Netanyahu. Bibi sait que tous ses âpeut-ĂȘtreâ et ses prĂ©dictions sont sans fondement â les services du renseignement israĂ©liens et la CIA le lui ont dit â et il ne peut ignorer que ceux qui suivent l'actualitĂ© savent qu'il le sait. Aujourd'hui, ce mensonge flagrant suffit Ă dĂ©clencher une guerre avec deux camps, et Ă risquer une guerre avec plusieurs autres.
Le 11 juin, deux jours avant que les IsraĂ©liens ne lancent leurs attaques contre l'Iran, un compte sur les rĂ©seaux sociaux appelĂ© âThe United States of Israelâ a publiĂ© sur X une chronologie des dĂ©clarations de Netanyahu selon lesquelles la RĂ©publique islamique serait sur le point de franchir un cap et de devenir une menace nuclĂ©aire. On peut y trouver 20 dossiers, commençant en 1992 et se terminant plus tĂŽt cette annĂ©e. En 1996, l'Iran aurait Ă©tĂ© Ă quelques mois, voire un an, de construire une bombe. En 2010, il lui restait un an, en 2021, quelques mois Ă un an, et ainsi de suite.
Je ne connais pas bien The United States of Israel et ne peux pas garantir l'exactitude de chaque section, mais celles que je connais sont toutes exactes. Je revois tout d'abord 2013, lorsque Netanyahu s'est adressĂ© Ă l'AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies le 1er octobre avec ce croquis tristement cĂ©lĂšbre et ridicule dont les lecteurs se souviennent peut-ĂȘtre : une bombe en forme de boule de bowling avec une mĂšche qui sort du sommet. Il y a douze ans, la prĂ©vision Ă©tait alors d'un an avant l'accession Ă la capacitĂ© nuclĂ©aire.
J'ai couvert cet événement. C'était une semaine aprÚs que Hassan Rouhani, élu en juin président réformateur de l'Iran, se soit adressé à l'Assemblée générale et ait courageusement tendu la main en proposant l'ouverture de négociations sur le programme nucléaire de son pays. Deux ans plus tard, Téhéran signait le Plan d'action global conjoint, qui allait dans ce sens. C'est exactement ce que Netanyahu voulait à tout prix éviter, et Donald Trump lui a rendu service en sabotant l'accord en 2018, un an aprÚs son entrée en fonction.
Si cela intĂ©resse les lecteurs, The Intercept a publiĂ© un article il y a dix ans confirmant bon nombre de ces dates. Il circule Ă nouveau sous son titre original, âBenjamin Netanyahu's Long History of Crying Wolf About Iran's Nuclear Weaponsâ [La longue histoire de Benjamin Netanyahu qui crie au loup au sujet des armes nuclĂ©aires iraniennes], un intitulĂ© encore plus appropriĂ© aujourd'hui qu'en 2015.
Mais peu importe. Netanyahu a réussi au fil des ans à créer une sorte de méta-réalité qui prospÚre dans les médias mainstream. Il faut lui reconnaßtre cette performance.
Israël n'avait pas d'autre choix que d'attaquer, a suggéré vendredi dernier dans le New York Times Bret Stephens, un faucon iranien de longue date :
âEn clair, l'Iran duper le monde depuis des annĂ©es tout en se dotant des moyens de dĂ©velopper plusieurs armes nuclĂ©airesâ.
David French, un autre chroniqueur conservateur du Times, dans l'édition de samedi :
âLâurgence d'arrĂȘter la marche de l'Iran vers la bombe est bien plus claire [sic] aujourd'hui qu'il y a trois ansâ.
Ces commentateurs et d'autres accordent désormais beaucoup d'importance à un rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique accusant l'Iran d'avoir violé ses obligations au titre du Traité de non-prolifération nucléaire.
Quelques faits : l'Agence est un organe des Nations unies et compte 35 membres. Elle s'est rĂ©unie pour voter une rĂ©solution prĂ©sentĂ©e par les Ătats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne. Cette rĂ©solution a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e jeudi 12 juin, la veille des attaques israĂ©liennes contre l'Iran. Elle a Ă©tĂ© adoptĂ©e par 19 voix contre 3 (Russie, Chine, Burkina Faso) et 11 abstentions, et deux membres du conseil n'ont pas votĂ©.
Ces faits mĂ©ritent d'ĂȘtre passĂ©s au crible. Pourquoi quatre puissances occidentales, qui soutiennent unanimement IsraĂ«l et s'opposent Ă l'Iran, ont-elles prĂ©sentĂ© cette rĂ©solution alors que, jeudi dernier, les responsables amĂ©ricains et europĂ©ens mettaient dĂ©jĂ en garde contre une attaque israĂ©lienne imminente ? Pourquoi 16 autres pays - dont beaucoup ne sont pas occidentaux, certains (le Canada, les Pays-Bas, la CorĂ©e du Sud, le Japon) Ă©tant des alliĂ©s des Ătats-Unis - ont-ils refusĂ© de soutenir la rĂ©solution ? Le jour du vote, vous vous en souvenez peut-ĂȘtre, le dĂ©partement d'Ătat a Ă©vacuĂ© son personnel diplomatique de son ambassade Ă Bagdad et encouragĂ© les familles des militaires prĂ©sents dans la rĂ©gion Ă Ă©vacuer les lieux de leur plein grĂ©.
Le ministre iranien des Affaires Ă©trangĂšres, Abbas Araghchi, a immĂ©diatement interprĂ©tĂ© la censure de l'AIEA comme Ă©tant motivĂ©e par des raisons politiques, un prĂ©lude Ă l'opĂ©ration israĂ©lienne du lendemain. Restons prudents : cette interprĂ©tation des Ă©vĂ©nements ne peut ĂȘtre vĂ©rifiĂ©e comme telle, mais elle ne peut certainement pas ĂȘtre Ă©cartĂ©e.
La censure de l'AIEA est contenue dans le rapport de quatre pages daté du 12 juin. Il s'agit d'un document hautement technique qui traite de l'accÚs de l'agence aux sites liés au nucléaire en Iran et des comptes rendus officiels des Iraniens sur leurs programmes nucléaires dans le cadre de leurs contacts réguliers avec l'AIEA. Les points de discorde entre l'agence et les Iraniens remontent à cinq ans, le plus récent datant de novembre 2024. Rien ne s'est passé la semaine derniÚre, ni le mois dernier, ni le mois précédent, qui puisse justifier la condamnation de l'agence.
Voici un passage clé du document :
âNotant avec prĂ©occupation la conclusion du Directeur gĂ©nĂ©ral, Ă©noncĂ©e tout rĂ©cemment dans le document GOV/2025/25, selon laquelle ces questions dĂ©coulent des obligations qui incombent Ă l'Iran en vertu de son accord de garanties TNP et que, tant que l'Iran n'aura pas aidĂ© l'Agence Ă rĂ©soudre les questions en suspens, celle-ci ne sera pas en mesure de fournir l'assurance que le programme nuclĂ©aire iranien est exclusivement pacifiqueâŠâ
Cela ne resemble-t-il pas Ă une dĂ©claration selon laquelle l'Iran serait sur le point d'acquĂ©rir la capacitĂ© nuclĂ©aire et devrait ĂȘtre arrĂȘtĂ© de toute urgence ? Ou bien s'agit-il d'un autre rapport provisoire parmi tant d'autres, qui servira de base Ă de nouvelles interactions du type de celles qui ont lieu rĂ©guliĂšrement depuis des dĂ©cennies ? Ce passage, ou tout autre passage si vous prenez la peine de lire ce texte technique, soutient-il les derniĂšres prĂ©dictions de Bibi Netanyahu citĂ©es plus haut ? Soutient-il les commentaires de David French et Bret Stephens ? Comparez ce rapport aux affirmations de ces gens, et vous obtenez un cas flagrant de manipulation grossiĂšre.
L'Iran, en rĂ©ponse Ă la censure de l'AIEA, menace dĂ©sormais de se retirer complĂštement du TraitĂ© de non-prolifĂ©ration et de poursuivre sĂ©rieusement ses propres dĂ©veloppements nuclĂ©aires. On peut lire cela comme un scĂ©nario catastrophe potentiel, ou rĂ©flĂ©chir au principe de dissuasion. Je partage cette derniĂšre opinion depuis de nombreuses annĂ©es dans le cas de l'Iran. La dissuasion a Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e comme un concept stratĂ©gique trĂšs important durant les dĂ©cennies de la guerre froide. J'ai dĂ©plorĂ© les circonstances rendant la dissuasion nĂ©cessaire, mais j'en ai compris la nĂ©cessitĂ©. Et maintenant, nous sommes confrontĂ©s Ă la nation dâIsraĂ«l, dotĂ©e de l'arme nuclĂ©aire, qui a maintes fois dĂ©montrĂ© son comportement dangereux, menaçant âun Ătat sans armes nuclĂ©airesâ, comme l'AIEA qualifie l'Iran. J'en arrive Ă la mĂȘme conclusion.
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Abbas Araghchi, le ministre des Affaires Ă©trangĂšres iranien, actuellement considĂ©rablement prĂ©occupĂ©, devait se rendre Ă Oman dimanche 15 juin pour poursuivre les nĂ©gociations avec les Ătats-Unis sur un accord nuclĂ©aire qui remplacerait celui que Netanyahu a dĂ©noncĂ© avant mĂȘme sa signature et que Trump a abandonnĂ©. Ce voyage est dĂ©sormais annulĂ©, pour des raisons Ă©videntes.
Et ce qui nous amĂšne au cas de Donald J. Trump. Je ne considĂšre pas le prĂ©sident amĂ©ricain comme aussi dangereux que Benjamin Netanyahu. Trump est peut-ĂȘtre plus stupide que Bibi, mais il n'est pas aussi dĂ©rangĂ©. Je considĂšre Trump comme celui qui a permis Ă Netanyahu d'agir, et c'est le rĂŽle qu'il vient de jouer.
Trump est autant Ă la solde des lobbies israĂ©liens et de plusieurs riches soutiens amĂ©ricains de l'Ătat sioniste que n'importe quel autre politicien amĂ©ricain, Ă quelques exceptions prĂšs. Mais en soutenant une opĂ©ration aussi dangereuse que âRising Lionâ, Trump les a peut-ĂȘtre tous surpassĂ©s, me semble-t-il. C'est une chose, dĂ©jĂ condamnable, de soutenir un gĂ©nocide en livrant de maniĂšre illimitĂ©e des armes, du soutien politique et de la couverture diplomatique. C'en est une autre d'approuver une agression qui risque de provoquer une conflagration mondiale. Le degrĂ© de cynisme me semble encore plus grand que celui de Joe Biden, et pourtant, il faut y mettre du sien.
Un jour ou deux avant que le lion de Netanyahu ne se mette en mouvement, Trump a envoyĂ© Marco Rubio, son secrĂ©taire d'Ătat dĂ©sespĂ©rant, devant les micros et les camĂ©ras pour dire au monde entier que non, les Ătats-Unis n'Ă©taient pas au courant des plans d'IsraĂ«l et qu'aucun âavion amĂ©ricainâ n'a Ă©tĂ© impliquĂ©. Or Rubio ne parlait pas des avions arborant l'emblĂšme âUSAFâ peint sur leur fuselage. Newsweek a rapportĂ© le jour de l'attaque israĂ©lienne qu'IsraĂ«l a dĂ©ployĂ© divers avions de combat de fabrication amĂ©ricaine - des F-35, des F-16 et des F-15 - contre les Iraniens. Vous allez vous demander si cela Ă©quivaut Ă un consentement tacite, mais ne vous donnez pas cette peine. Les IsraĂ©liens, toujours prompts Ă se vanter de l'approbation amĂ©ricaine de toute leur malveillance, ont clarifiĂ© la question.
Antiwar.com, le site d'information libertaire, a rapportĂ© le 13 juin qu'un haut responsable israĂ©lien a rĂ©vĂ©lĂ© au Jerusalem Post que les rĂ©gimes Netanyahu et Trump s'Ă©taient entendus âpour convaincre TĂ©hĂ©ran que la diplomatie est encore possible aprĂšs qu'IsraĂ«l se soit prĂ©parĂ© Ă attaquer l'Iranâ. Comme l'a rapportĂ© le Jerusalem Post,
âla sĂ©rie de nĂ©gociations sur le nuclĂ©aire entre les Ătats-Unis et l'Iran prĂ©vue pour dimanche faisait partie d'une opĂ©ration de dĂ©sinformation coordonnĂ©e entre les Ătats-Unis et IsraĂ«l visant Ă faire baisser la garde de l'Iran avant l'attaque de vendrediâ.
Voici le rapport trĂšs complet de Dave DeCamp sur Antiwar.com et voici celui du Jerusalem Post. Et ici, pour faire bonne mesure, voici comment le New York Times a prĂ©sentĂ© cette histoire sous le titre âUne erreur de calcul de l'Iran a donnĂ© lieu Ă un bilan lourd des frappes israĂ©liennes, selon des responsablesâ. Ces Iraniens stupides : ils ont pris les AmĂ©ricains au mot.
Pendant ce temps, pour compléter le tableau, Trump publiait ce genre de message sur sa plateforme Truth Social :
âNous restons attachĂ©s Ă une rĂ©solution diplomatique de la QUESTION NUCLĂAIRE IRANIENNE ! Toute mon administration a reçu pour instruction de nĂ©gocier avec l'IRAN. Ce pays peut ĂȘtre un GRAND PAYS, mais il doit d'abord renoncer complĂštement Ă ses espoirs d'obtenir l'arme nuclĂ©aire. Je vous remercie de votre attention Ă la question !â
J'aime bien la flatterie ironique, les noms propres en majuscules et les points d'exclamation. Du pur Donald. C'est ce que nous lisons dans les publications citées ci-dessus.
Je ne veux pas m'Ă©tendre sur la lĂąchetĂ© dont les Ătats-Unis font si souvent preuve dans les affaires d'Ătat. Cela a Ă©tĂ© suffisamment soulignĂ©. Mais ce que les Ătats-Unis viennent de faire Ă l'Iran grĂące au concours de leur client me semble ĂȘtre le ne plus ultra de la trahison diplomatique. Je ne vois qu'un seul autre cas prĂ©sentant une comparaison pertinente.
C'Ă©tait lorsque Vladimir Poutine a personnellement nĂ©gociĂ© un accord pour l'Ukraine au dĂ©but de la crise. Le prĂ©sident russe s'est fortement investi dans les deux protocoles de Minsk, signĂ©s en septembre 2014 et fĂ©vrier 2015, qui constituaient une solution prometteuse aux divisions manifestes en Ukraine aprĂšs le coup d'Ătat fomentĂ© par les Ătats-Unis Ă Kiev en fĂ©vrier 2014. Il a ensuite dĂ©couvert que ni l'Ukraine ni les puissances occidentales qui ont garanti ces accords, Ă savoir la France et l'Allemagne, n'avaient la moindre l'intention de les mettre en oeuvre.
Avant tout, ce sont la confiance et sa violation qui sont en cause dans ces deux cas. La confiance est fondamentale dans les relations internationales. Sans elle, il ne peut y avoir de diplomatie constructive, ni entre ennemis, ni entre alliés. Les nations se voient alors d'autant plus proches d'un retour aux aux hostilités et d'un chaos potentiel. Les Européens ont trahi la confiance des Russes lorsqu'ils ont abandonné les accords de Minsk dÚs leur signature. Trump vient de trahir celle des Iraniens. C'est une forme de désagrégation, une politique de la terre brûlée, pourrait-on dire.
Pour conclure, pensez-vous que d'autres ne s'en rendent pas compte ? Les Chinois, pour citer le cas le plus essentiel ?
Trump et Netanyahu viennent de jouer la scĂšne du bon et du mĂ©chant flic avec TĂ©hĂ©ran. C'est une variante de la duplicitĂ© de Biden qui a armĂ© IsraĂ«l de tout ce dont il avait besoin pour poursuivre son gĂ©nocide Ă Gaza tout en prĂ©tendant se battre âjour et nuitâ pour un cessez-le-feu. Biden a trahi les Palestiniens, Trump a trahi les Iraniens. Ils nous ont tous trahis. Ă mon sens, ce sont des actes dĂ©sespĂ©rĂ©s. N'oublions pas pourquoi il en est ainsi, et dans quelle direction tourne la roue de l'histoire.
Traduit par Spirit of Free Speech
Patrick Lawrence, correspondant à l'étranger pendant de nombreuses années, principalement pour l'International Herald Tribune, est critique des médias, essayiste, auteur et conférencier. Son nouveau livre, Journalists and Their Shadows, est désormais disponible chez Clarity Press. Son site web est Patrick Lawrence. Soutenez son travail via son site Patreon.
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