đâđ¨ LâimpĂŠrialisme US nouvelle mouture
Les USA changeront un jour parce quâils nâauront simplement plus le choix. Mais ce sera une fois leur empire Ă terre et leur dollar redevenu une simple monnaie nationale.
đâđ¨ LâimpĂŠrialisme US nouvelle mouture
Par Le Bon Dosage, le 9 janvier 2025
Le prĂŠsident Trump nâest pas encore entrĂŠ officiellement en fonction quâil multiplie dĂŠjĂ les lieux de conflits avec les puissances ĂŠtrangères. En effet, on a appris ces derniers jours que Trump voudrait Ă la fois annexer le Canada, le Groenland et le Panama. Câest une espèce dâAnschluss version 2025, avec un blond Ă brushing plutĂ´t quâun brun Ă moustache. Pour jouer toujours dans la provocation, il dĂŠcide de rebaptiser ĂŠgalement le golfe du Mexique en golfe dâAmĂŠrique. La prĂŠsidente mexicaine nâa pas tardĂŠ Ă rĂŠagir en rappelant que ce nom ĂŠtait internationalement reconnu. Ce Ă quoi nous pourrions rajouter que le Texas, et une bonne partie des actuels USA, faisaient partie Ă lâorigine du Mexique dâoĂš le nom du golfe, au passage. On remarquera dâailleurs que le Mexique a visiblement mieux rĂŠagi que les autoritĂŠs danoises ou canadiennes qui se retrouvent un peu prises au piège de leur propre soumission aux USA Ă travers lâOTAN bien sĂťr, mais aussi Ă travers leur politique ĂŠconomique.
Si lâaffaire du nom du golfe du Mexique est en rĂŠalitĂŠ sans importance, ce nâest quâun nom après tout. Elle caractĂŠrise la stratĂŠgie agressive des USA vis-Ă -vis de pays qui lui sont pourtant totalement soumis, en particulier le Canada. On pourrait ici dire quâil sâagit de la mĂŠthode Trump pour faire bouger les lignes. Certes, il y a de ça, et il y a aussi toute une affaire de communication destinĂŠe avant tout Ă ses ĂŠlecteurs. Après tout, il a promis âMake America Great Againâ. Et les USA sont un pays historiquement extrĂŞmement agressif. Se servant allègrement de nâimporte quel prĂŠtexte pour dĂŠfendre leurs intĂŠrĂŞts et envahir des nations. En un sens, Trump, câest la vĂŠritable AmĂŠrique, la seule diffĂŠrence avec ses prĂŠdĂŠcesseurs rĂŠcents est que ces derniers faisaient tout en cachette, si je puis dire. Mais lâagression de Trump vis-Ă -vis du Canada ou du Danemark nâest en un sens que la continuation de la politique anti-europĂŠenne qui lâa prĂŠcĂŠdĂŠ. La guerre en Ukraine est une guerre contre lâEurope mĂŞme si beaucoup dâEuropĂŠens ne lâont pas encore compris. Il sâagissait de couper la Russie de lâEurope de lâOuest et surtout de lâAllemagne. Mission accomplie, du moins pour le moment.
Or Trump nâĂŠtait pas au pouvoir au moment de la guerre. On voit donc bien quâil y a un mouvement de fond qui pousse les USA Ă ĂŞtre de plus en plus agressif mĂŞme contre leurs vassaux directs. Mais nous y reviendrons plus tard. La question est de savoir comment rĂŠagiront les vassaux. Vont-ils se coucher comme le pense sĂťrement le prĂŠsident amĂŠricain, qui nâa que mĂŠpris pour eux, comme lâessentiel de lâestablishment US, Emmanuel Todd lâa rappelĂŠ rĂŠcemment. Ou bien est-ce quâils vont rĂŠagir ? Le Mexique ne se fera certainement pas marcher sur les pieds. Le Canada affaibli par le dĂŠpart de son pathĂŠtique Premier ministre pourrait tout aussi bien se coucher que se lever. Lâaction de Trump pourrait en rĂŠalitĂŠ produire lâeffet inverse Ă ce quâil recherche et produire exactement ce quâavait prĂŠvu de Gaulle dans lâune de ses prophĂŠties disant que les USA finiront par rentrer chez eux dĂŠtestĂŠs de tous. MĂŞme si lâaction de Trump est humiliante, elle pourrait aussi avoir des effets bĂŠnĂŠfiques pour les pays vassaux. Ces derniers comprenant enfin que les USA ne sont pas leur alliĂŠ, mais leur suzerain. Et quâil nâest peut-ĂŞtre pas très intelligent dâasseoir sa dĂŠfense et tous ses intĂŠrĂŞts en se cachant derrière les USA. Dans ce cadre, les EuropĂŠens tout comme les voisins des USA auraient tout intĂŠrĂŞt Ă jouer de diplomatie avec les autres grandes puissances comme la Russie et la Chine plutĂ´t que de se soumettre totalement Ă Washington. On mesure ici toute la bĂŞtise des dirigeants europĂŠens qui ont servilement obĂŠi aux USA en sâattaquant inlassablement Ă la Russie. Les EuropĂŠens, qui ont pourtant inventĂŠ le jeu gĂŠopolitique moderne, ne semblent plus comprendre le bĂŠaba du jeu des alliances et des contre-pouvoirs.
Lâautre facteur est ĂŠconomique. Lâobsession europĂŠenne et mĂŞme canadienne des excĂŠdents commerciaux vis-Ă -vis des USA les a mis en ĂŠtat de soumission. Les USA ne dominent pas par la production, mais par la consommation. Ainsi les Allemands ou les Canadiens ont-ils peur dâĂŞtre privĂŠs du client US devenu beaucoup trop important pour eux ? Le plus drĂ´le, câest que lâĂŠpargne de ces pays finance en partie les immenses dĂŠficits des USA. Câest une leçon quâil faut bien comprendre. Exporter massivement sur un marchĂŠ spĂŠcifique ne vous rend pas fort, mais faible, car trop dĂŠpendant de ce marchĂŠ. La libertĂŠ sâacquiert par lâautonomie ĂŠconomique, ou au moins une diversification suffisante en termes de marchĂŠ pour ne pas dĂŠpendre dâune puissance en particulier. Malheureusement, lâidĂŠologie libĂŠrale de ces 50 dernières annĂŠes a dĂŠpolitisĂŠ lâĂŠconomie en Europe. Et les EuropĂŠens sont en train de rĂŠapprendre dans la douleur quâon ne peut pas sĂŠparer lâĂŠconomie de la politique et de la gĂŠopolitique. Trop dĂŠpendre du gaz russe vous rend dĂŠpendant de la Russie, trop dĂŠpendre du marchĂŠ US vous rend dĂŠpendant des USA. La seule voie de lâindĂŠpendance est celle qui consiste Ă ne pas trop dĂŠpendre ni de lâun ni de lâautre mĂŞme si le prix Ă payer est ĂŠlevĂŠ ĂŠconomiquement, câest une prĂŠcaution essentielle pour garantir lâindĂŠpendance de nos pays.
Un empire mourant qui cannibalise ses vassaux
Alors, revenons maintenant aux USA. Pourquoi une telle agressivitĂŠ vis-Ă -vis de pays qui jusque-lĂ nâont fait quâobĂŠir aux USA ? Dâun point de vue gĂŠopolitique on voit très bien oĂš veut en venir Trump. Il veut faire de lâAmĂŠrique du Nord une ĂŽle appartenant aux USA. Avec le Groenland il veut Ă la fois dominer les matières premières très importantes de la zone et contrĂ´ler en partie lâocĂŠan Arctique en prĂŠvision dâune espèce de nouvelle guerre froide avec la Russie, la Chine et mĂŞme les BRICS. En ce sens, il admet la fin de lâempire US et se recroqueville sur des places fortes. Dans cette optique, on peut imaginer les USA aller plus loin que le Groenland en Europe, et certaines terres de la Grande-Bretagne et mĂŞme la Norvège pourrait ĂŞtre des cibles pour contrĂ´ler rĂŠellement le Grand Nord. On peut ĂŞtre inquiet pour lâIslande, les Shetlands et les ĂŽles FĂŠroĂŠ. En ce sens, Trump nous fait de la stratĂŠgie Ă la Bismarck, mais sans la profondeur et lâintelligence du prussien en se mettant Ă dos un peu tout le monde.
Du reste si la rĂŠaction de Trump aurait pu se comprendre dans le cadre dâune nation visant Ă une certaine autosuffisance ĂŠconomique en ayant accès Ă toutes les matières premières possibles sans dĂŠpendre dâautres puissances, le cas des USA actuel est très diffĂŠrent. Les USA ne souffrent pas dâun manque de matières premières, mĂŞme sâils ont laissĂŠ les Chinois dominer les mĂŠtaux rares si utiles dans les technologies de pointe. La Chine a aujourdâhui un quasi-monopole sur ces matières premières bien quâen rĂŠalitĂŠ elles ne soient pas si rares. Câest jute que lâOccident nâa simplement pas pensĂŠ lâĂŠconomie autrement que dans des termes purement ĂŠconomiques et marchands. Il se retrouve aujourdâhui avec des consĂŠquences dramatiques de dĂŠpendance vis-Ă -vis dâune nation qui utilise lâĂŠconomie Ă lâancienne, câest-Ă -dire dans une optique de puissance et non pour nourrir le grand capital et ses rentes. Mais cette dĂŠpendance Ă certaines matières premières nâest quâune petite partie du problème amĂŠricain. Le gros du problème est avant tout la très grande dĂŠsindustrialisation du pays, et son incapacitĂŠ Ă produire les biens de consommation quâil consomme.
Emmanuel Todd, dans sa dernière interview, a bien dĂŠcrit le destin de Trump, celui dâun personnage qui va devoir gĂŠrer la dĂŠfaite face aux Russes. Trump pourrait simplement ici utiliser le conflit avec le Canada et le Danemark comme un moyen de camoufler la dĂŠbandade en Ukraine. Mais en un sens Trump pourrait bien aussi avoir un destin Ă la Gorbatchev, celui dâun homme qui a voulu sauver un système politique et ĂŠconomique, mais qui lâa finalement dynamitĂŠ sans le faire exprès. Car les USA dĂŠpendent du reste du monde pour tout et nâimporte quoi, pas seulement pour les matières premières. Le graphique ci-dessus montre lâĂŠvolution de la production dâĂŠnergie et la balance commerciale. On voit bien que malgrĂŠ un retour Ă lâĂŠquilibre et mĂŞme Ă lâexportation dâĂŠnergie, les USA ont continuĂŠ Ă voir leur balance commerciale se dĂŠgrader. La faute Ă des niveaux de salaires et dâune monnaie trop ĂŠlevĂŠe par rapport au reste du monde. En gros, les USA vivent largement au-dessus de leur capacitĂŠ rĂŠelle. Il sâagit lĂ justement des consĂŠquences de la domination du dollar qui a rendu les producteurs locaux inutiles. Alors certes, Trump annonce des politiques protectionnistes pour rĂŠindustrialiser le pays. Mais il faut bien comprendre que câest un processus long et pas vraiment compatible avec un système ĂŠlectoral aux scrutins frĂŠquents et surtout aux variations de politiques si prononcĂŠes.
Du reste, la seule dĂŠvaluation ou le seul protectionnisme ne suffiront pas. Il faut une politique interventionniste, une planification. Il faut ĂŠgalement rompre avec le système oligarchique US qui a beaucoup trop concentrĂŠ les richesses en haut. Rendre les ĂŠtudes beaucoup moins coĂťteuses et orienter les jeunes vers les sciences. Bref pour arriver Ă leurs fins, il faudrait vĂŠritablement que les USA rompent littĂŠralement avec eux mĂŞme sur le plan idĂŠologique. On peut nourrir quelques doutes sur la faisabilitĂŠ de lâentreprise. Les USA changeront un jour parce quâils nâauront simplement plus le choix. Mais ce sera une fois leur empire Ă terre et leur dollar redevenu une simple monnaie nationale.
https://lebondosage.over-blog.fr/2025/01/l-imperialisme-us-nouvelle-version.html
Câest ĂŠcrit depuis longtemps....seule la date exacte reste floue. Marx lâavait analysĂŠ le premier quand il expliquait le dernier stade du capitalisme.