👁🗨 L'Occident comme l'État hébreu ont sur les mains le sang versé à Gaza.
Israël s'est à nouveau déchaîné & la population de Gaza est confrontée à un lent & discret processus d'éradication. Ce sont les États-Unis et leurs alliés européens qui le financent et le facilitent.
👁🗨 L'Occident comme l'État hébreu ont sur les mains le sang versé à Gaza.
Par Jonathan Cook, le 11 octobre 2023
Ce ne sont ni le Hamas ni le gouvernement de Netanyahou à avoir la main la plus lourde dans le massacre actuel des Palestiniens et des Israéliens, mais bien l'Occident.
Certes, des combattants palestiniens ont mené une attaque meurtrière ce week-end contre des colonies israéliennes situées à la périphérie de la bande de Gaza. Mais cette attaque n'a pas surgi de nulle part, ni sans signe avant-coureur. Elle n'était pas “non provoquée”, comme Israël voudrait nous le faire croire.
En fait, les capitales occidentales savent très exactement à quel point la provocation à l’égard des Palestiniens de Gaza a été forte, car ces mêmes gouvernements ont été complices des décennies durant du soutien apporté à Israël, qui a procédé à une véritable “éradication ethnique” des Palestiniens sur leur terre natale, emprisonnant le reste de la population dans des ghettos à l'intérieur de la Palestine historique.
Au cours des 16 dernières années, le soutien occidental à Israël n'a pas faibli, alors même qu'Israël a transformé l'enclave côtière de Gaza, la plus grande prison à ciel ouvert du monde, en une effroyable machine de torture, où les Palestiniens font l'objet de toutes sortes d'expériences.
Ils ont été privés de nourriture et d'électricité, les besoins vitaux leur ont été rationnés, l'accès à l'eau potable leur a été progressivement retiré et leurs hôpitaux n'ont pu recevoir ni médicaments ni équipement médical.
Mais le problème ne réside pas en une méconnaissance de la situation. Les gouvernements occidentaux ont été informés en temps réel des crimes commis par Israël, dans des câbles confidentiels émanant de leurs propres fonctionnaires d'ambassade, et dans d'innombrables rapports d'organisations de défense des droits de l'homme documentant le régime d'apartheid d'Israël à l'égard des Palestiniens.
Et pourtant, les hommes politiques occidentaux n'ont, à maintes reprises, rien fait pour intervenir, rien fait pour exercer une pression significative. Pire, ils ont récompensé Israël en lui apportant un soutien militaire, financier et diplomatique sans faille.
Des animaux
L'Occident n'est pas moins responsable aujourd'hui, alors qu'Israël intensifie son traitement barbare de Gaza. Le ministre de la défense, Yoav Gallant, a décidé cette semaine de renforcer le siège de Gaza en interrompant l'approvisionnement en nourriture et en électricité, ce qui constitue un crime contre l'humanité.
Il a qualifié la population palestinienne de l'enclave - hommes, femmes et enfants - d’“animaux”.
La déshumanisation, comme l'histoire l'a prouvé à maintes reprises, est le prélude à des outrages et des horreurs toujours plus grands.
Comment l'Occident a-t-il réagi ?
Le président Joe Biden a déclaré - avec enthousiasme - qu'une “longue guerre” s'annonçait entre Israël et le Hamas. Washington semble grandement apprécier les longues guerres, toujours propices à l'essor de ses industries d'armement, ainsi qu’à détourner l'attention de ses problèmes nationaux.
Un porte-avions américain est déjà en route. Les autorités se préparent à envoyer des missiles et des bombes qui seront utilisés une fois de plus pour tuer des civils palestiniens depuis les airs, ainsi que des munitions pour que les troupes israéliennes pilonnent les communautés palestiniennes lors de l'invasion terrestre à venir.
Et, bien sûr, il y aura beaucoup d’autres financements pour Israël - de l'argent jamais trouvé quand les citoyens américains les plus vulnérables en ont besoin.
Ces fonds viendront s'ajouter aux quelque 4 milliards de dollars que Washington envoie actuellement chaque année à un gouvernement israélien composé de fascistes autoproclamés et de suprémacistes ethniques dont l'objectif explicite est d'annexer les derniers lambeaux du territoire palestinien - dès qu'ils obtiendront le feu vert de Washington.
Le Premier ministre britannique Rishi Sunak ne veut pas être en reste, alors qu'Israël inflige une punition collective aux Palestiniens de Gaza et commence à les massacrer aussi aveuglément que le Hamas l'a fait avec les festivaliers israéliens le week-end dernier.
Un drapeau israélien géant lumineux a été positionné sur la façade de la demeure la plus célèbre de Grande-Bretagne : le 10 Downing Street, résidence officielle de M. Sunak. Le Premier ministre a offert une “assistance militaire” et des “renseignements”, vraisemblablement pour aider Israël à bombarder la population encagée de Gaza.
Souffrir en silence
La vérité est que cette catastrophe n'aurait jamais pu avoir lieu si les puissances occidentales n'avaient pas cautionné, subventionné et couvert diplomatiquement la brutalité d'Israël à l'égard du peuple palestinien, décennie après décennie.
Sans ce soutien indéfectible et la complicité des médias occidentaux qui ont métamorphosé l’annexion des terres par les colons et l'oppression des soldats en une sorte de “crise humanitaire”, Israël n'aurait jamais pu s'en tirer avec ses crimes.
Le pays aurait été contraint de conclure un véritable accord avec les Palestiniens, contrairement aux faux accords d'Oslo qui ne visaient qu'à piéger les “bons” dirigeants palestiniens en les incitant à participer à l'asservissement de leur propre peuple.
Israël aurait également été contraint de réellement normaliser ses relations avec ses voisins arabes, et non de les intimider pour leur faire accepter une Pax Americana au Moyen-Orient.
Au lieu de cela, Israël a été libre de poursuivre une politique de surenchère incessante, vendue par les médias occidentaux comme “calme” ou “paisible” - jusqu'à ce que les Palestiniens tentent de se défendre contre leurs bourreaux.
Ce n'est qu'à ce moment-là que le terme “escalade” est utilisé. Ce sont toujours les Palestiniens qui “font monter la pression”. L'état permanent d'oppression infligé par Israël peut alors être reconnu en toute sécurité, et qualifié de “représailles”.
Les Palestiniens sont censés souffrir en silence. Car s'ils font du bruit, ils risquent de rappeler à l’opinion publique occidentale à quel point les appels des dirigeants occidentaux à un “ordre fondé sur des règles” sont factices et intéressés.
Retour à l'âge de pierre
Où cette indulgence sans fin de l'Occident peut-elle finalement mener ?
D'ores et déjà, Israël s'enhardit à rendre beaucoup plus explicite sa politique à l'égard des deux millions d'habitants de Gaza. Il existe un terme pour qualifier cette politique, un terme que nous ne sommes pas censés utiliser pour éviter d'offenser ceux qui la mettent en œuvre, ainsi que ceux qui la soutiennent discrètement.
Qu'il s'agisse d'une intention ou d'un aboutissement, le fait qu'Israël affame les civils, les prive d'électricité, d'eau potable et interdit aux hôpitaux de soigner les malades et les blessés - de soigner ceux qu'Israël a bombardés - est une politique génocidaire.
Les gouvernements occidentaux le savent aussi. Car les dirigeants israéliens n'ont jamais caché leurs intentions.
Il y a quinze ans, peu après l'instauration par Israël d'un siège asphyxiant de Gaza par voie terrestre, maritime et aérienne, le vice-ministre de la défense de l'époque, Matan Vilnai, a déclaré qu'Israël était prêt à perpétrer une “Shoah” - le terme hébreu pour “Holocauste” - sur Gaza. Si les Palestiniens veulent échapper à ce destin, a-t-il dit, ils doivent se taire dans leur enfermement.
Six ans plus tard, Ayelet Shaked, qui allait bientôt être nommée ministre israélienne de premier plan, a déclaré que tous les Palestiniens de Gaza étaient “l'ennemi”, y compris “ses vieillards et ses femmes, ses villes et ses villages, ses terres et ses infrastructures”.
Elle a appelé Israël à tuer les mères des combattants palestiniens qui résistent à l'occupation afin qu'elles ne puissent pas donner naissance à d'autres “petits serpents” - des enfants palestiniens.
Lors des élections générales de 2019, Benny Gantz, alors chef de l'opposition et futur ministre de la défense, a fait campagne avec une vidéo célébrant son passage à la tête de l'armée israélienne, lorsque “certaines parties de Gaza ont été ramenées à l'âge de pierre”.
En 2016, un autre général, Yair Golan, alors commandant en second de l'armée israélienne, a décrit l'évolution de la situation en Israël comme faisant écho à la période qui a précédé l'Holocauste en Allemagne.
Invité à commenter la remarque de Golan lors d'une interview cette année, le général à la retraite Amiram Levin a reconnu qu'Israël ressemblait de plus en plus à l'Allemagne nazie. “Cela fait mal, c'est déplaisant mais, c'est la réalité”.
Le sang de Gaza
Les dirigeants occidentaux ont assisté à tout cela : les civils palestiniens - la moitié de la population de l'enclave est constituée d'enfants - ont été affamés, privés d'eau potable, d'électricité, de soins médicaux adaptés et ont été soumis à d'horribles bombardements de façon répétée.
D'un côté, l'Occident fait mine de s'agiter sur les subtilités juridiques de la “proportionnalité”. De l'autre côté, il encourage Israël. Il parle de “liens indéfectibles”, de “droits inaliénables”, de “légitime défense”.
Il se fait l'écho de personnalités comme le ministre israélien de la défense Yoav Gallant. Les Palestiniens ne sont pas des êtres humains dotés de capacités d'action. Ils ne sont pas des êtres luttant pour leur liberté et leur dignité. Ils ne sont pas non plus un peuple résistant à l'occupation et à la spoliation, comme ils en ont pleinement le droit en vertu du droit international - un droit que le monde célèbre lorsqu'il s'agit des Ukrainiens.
Non, ils ont été soit les victimes, soit les complices de leurs dirigeants “terroristes”. En tant que tels, ils ont été traités par l'Occident comme s'ils avaient perdu tout droit d'être entendus, d'être estimés, d'être traités comme des êtres humains.
Les hommes politiques et les médias occidentaux attendent des Palestiniens de Gaza qu'ils se cantonnent à leur chambre de torture, qu'ils serrent les dents et qu'ils souffrent en silence pour ne pas troubler les consciences occidentales.
Il faut le dire. La population de Gaza est confrontée à un lent et silencieux processus de liquidation. Et ceux qui le financent, ceux qui y contribuent, sont les États-Unis et leurs alliés européens. Ce sont eux dont les mains sont couvertes du sang de la population de Gaza.
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