đâđš L'occupation de Gaza va-t-elle accĂ©lĂ©rer le dĂ©part des troupes amĂ©ricaines d'Irak et de Syrie ?
Si l'occupation amĂ©ricaine - assistant IsraĂ«l - perturbe les liens politiques, Ă©conomiques & sĂ©curitaires entre Ătats d'Asie occidentale, elle doit sâattendre Ă ce que ses jours soient comptĂ©s.
đâđš L'occupation de Gaza va-t-elle accĂ©lĂ©rer le dĂ©part des troupes amĂ©ricaines d'Irak et de Syrie ?
Par Khalil Harb, le 8 décembre 2023
Bien que Gaza occupe le devant de la scÚne, l'Axe de la Résistance reste déterminé dans sa mission de mettre fin à la présence militaire américaine dans la région, en reconnaissant qu'il y a deux, et non une seule, forces d'occupation dans la région.
En soutenant sans Ă©quivoque l'assaut militaire d'IsraĂ«l contre Gaza, les Ătats-Unis se sont exposĂ©s Ă des vulnĂ©rabilitĂ©s dans toute l'Asie occidentale, en particulier sur les thĂ©Ăątres irakien et syrien, dĂ©jĂ instables.
Loin de favoriser la paix ou la stabilité, la présence illégale de troupes américaines dans ces régions a exacerbé les tensions avec les populations anti-israéliennes qui soutiennent fortement la résistance palestinienne à Gaza.
Washington est allĂ© trop loin dans son alignement sur Tel-Aviv, ignorant aveuglĂ©ment les intĂ©rĂȘts, sentiments et positions des pays Ă majoritĂ© arabe et musulmane, de leurs gouvernements et de leurs citoyens.
MalgrĂ© deux mois de carnage et de destruction israĂ©liens incessants, le dĂ©partement d'Ătat amĂ©ricain continue d'offenser ces populations par des dĂ©clarations fallacieuses telles que : âJe n'ai pas vu de preuve qu'ils (IsraĂ«l) tuent intentionnellement des civilsâ.
Si l'invasion amĂ©ricaine de l'Irak en 2003 a crĂ©Ă© un environnement arabe et islamique hostile populaire, avec des centaines de milliers de cadavres, des massacres et des millions de personnes dĂ©placĂ©es, une catastrophe multiforme dont les effets sont encore profondĂ©ment gravĂ©s dans l'esprit des peuples de la rĂ©gion, qui n'en ont pas guĂ©ri, le soutien ouvert Ă la politique criminelle du gouvernement israĂ©lien aujourd'hui, y compris la livraison de 10 000 tonnes d'armes et d'Ă©quipements n'a rien arrangĂ©. La prĂ©sence aĂ©rienne continue (200 avions-cargos) depuis le 7 octobre, selon le ministĂšre israĂ©lien de la DĂ©fense, a ajoutĂ© tous les Ă©lĂ©ments possibles de distorsion et de tension face aux Ătats-Unis et Ă leur prĂ©sence.
Bien que l'invasion illĂ©gale de l'Irak par les Ătats-Unis ait eu lieu il y a 20 ans, de fortes rĂ©miniscences d'hostilitĂ© Ă l'Ă©gard des AmĂ©ricains subsistent localement et rĂ©gionalement. Il est difficile d'oublier les millions de personnes dĂ©placĂ©es, les centaines de milliers de cadavres, les tortures et les humiliations subies Ă Abu Ghraib et dans d'autres camps de prisonniers amĂ©ricains, ainsi que les bĂ©bĂ©s nĂ©s avec des malformations dues Ă l'intensitĂ© mĂȘme de l'opĂ©ration âShock and Aweâ [choc et effroi].
Ceux qui n'ont pas encore guĂ©ri de ces horreurs voient aujourd'hui les Ătats-Unis aider IsraĂ«l Ă infliger le mĂȘme carnage Ă leurs frĂšres arabes et musulmans de Gaza, enflammant ainsi le ressentiment partout dans le monde.
Une présence systématique dans la région
Depuis le 7 octobre, les Ătats-Unis ont fourni Ă la guerre de Tel-Aviv au moins 10 000 tonnes d'armes et d'Ă©quipements, par l'intermĂ©diaire d'au moins 200 avions-cargos - des livraisons qui se poursuivent quotidiennement et qui soulĂšvent de nouveaux doutes quant Ă la durabilitĂ© et Ă l'objectif des forces d'occupation amĂ©ricaines en Irak et en Syrie.
Les AmĂ©ricains auraient tout intĂ©rĂȘt Ă Ă©viter cette situation : leurs forces d'occupation en Irak et en Syrie soutiennent celles qui dĂ©truisent la bande de Gaza.
S'adressant Ă The Cradle, Haj Abu Alaa al-Walai, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Brigades Sayyid al-Shuhada, soutient que les Ătats-Unis se maintiennent dans ces pays non pas Ă cause de l'ISIS ou de la sĂ©curitĂ©, mais pour âcouper l'artĂšreâ de la rĂ©sistance dans la rĂ©gion.
Les frappes contre les forces d'occupation et les installations amĂ©ricaines ayant atteint un niveau record, le scepticisme Ă l'Ă©gard de la prĂ©sence militaire dans ces pays a refait surface. Rappelons les efforts dĂ©ployĂ©s en 2019 par le prĂ©sident de l'Ă©poque, Donald Trump, pour retirer toutes les forces amĂ©ricaines de la Syrie, un pays de âsable et de mortâ. Bien que la menace d'ISIS ait disparu depuis longtemps, des lobbies de guerre ont attaquĂ© Trump sans merci, son secrĂ©taire Ă la dĂ©fense, James Mattis, a dĂ©missionnĂ© en signe de protestation, et le Premier ministre israĂ©lien Benjamin Netanyahu lui a demandĂ© de reporter le retrait - ce que le prĂ©sident amĂ©ricain a fait.
Aujourd'hui, le sénateur républicain Rand Paul a lancé un mouvement en faveur du retrait des troupes américaines de leurs bases illégales en Syrie, soulignant que:
âLe peuple amĂ©ricain est fatiguĂ© des guerres sans fin au Moyen-Orient, et pourtant, 900 soldats amĂ©ricains sont encore stationnĂ©s en Syrie sans que les intĂ©rĂȘts vitaux des Ătats-Unis soient en jeu, sans victoire, sans stratĂ©gie de sortie, sans autorisation du CongrĂšs pour ĂȘtre.â
M. Rand fonde sa rĂ©solution sur les âpouvoirs de guerreâ adoptĂ©s par le CongrĂšs depuis 1973, qui obligent les administrations amĂ©ricaines Ă retirer les troupes d'un territoire hostile tant que le CongrĂšs n'a pas dĂ©clarĂ© la guerre.
Face aux critiques, tant aux Ătats-Unis que dans les pays qu'elle occupe, l'armĂ©e amĂ©ricaine a maquillĂ© sa prĂ©sence en Irak, passant d'un rĂŽle de combat Ă une âmission de conseil et de soutien", afin de justifier la poursuite de son rĂŽle militaire.
Mais les soupçons concernant le rĂŽle des Ătats-Unis dans le soutien Ă ISIS et leurs actions contre les propres forces de sĂ©curitĂ© irakiennes pendant la bataille de libĂ©ration persistent et prospĂšrent, renforcĂ©s par des actions douteuses, telles que les cas de frappes aĂ©riennes amĂ©ricaines ciblant les unitĂ©s de mobilisation populaire irakiennes (PMU) pendant leurs combats contre ISIS, et entravant leurs efforts de libĂ©ration du territoire irakien.
Alors qu'ISIS a été le prétexte utilisé pour le retour des troupes américaines en Irak en 2014, l'Axe de la Résistance de la région convient que ce n'est pas une coïncidence si les militants d'ISIS ont pu franchir la frontiÚre entre la Syrie et l'Irak (avançant depuis la ville syrienne de Raqqa le 8 juin 2014 vers la ville irakienne de Mossoul pour déclarer son califat) sous la surveillance des Américains.
MĂȘme aprĂšs la dĂ©claration officielle de 2017 du gouvernement irakien de victoire sur ISIS, les forces amĂ©ricaines ont refusĂ© de partir, citant les opĂ©rations en cours contre des troupes dâISIS trĂšs diminuĂ©es - que les forces de sĂ©curitĂ© irakiennes sont largement Ă mĂȘme de contrĂŽler.
Cibler les forces anti-ISIS irakiennes
Le nombre dĂ©croissant d'opĂ©rations contre ISIS en juin, par exemple, oĂč un petit nombre de terroristes prĂ©sumĂ©s ont Ă©tĂ© tuĂ©s (13) ou arrĂȘtĂ©s (21) Ă la fois en Syrie et en Irak - et seulement avec la coopĂ©ration des alliĂ©s kurdes amĂ©ricains locaux - suscite des questions Ă©videntes.
Des résultats aussi maigres, qui ont coûté des milliards de dollars, justifient-ils le stationnement de milliers de soldats américains entre des bases militaires en Irak et des bases dans le nord-est de la Syrie, ainsi qu'à la base d'al-Tanf dans le sud de la Syrie - tout cela pour tuer un seul terroriste en Syrie en juin dernier ?
L'orgueil de Washington fait fi du fait que l'Irak a alloué 22 milliards de dollars à son propre ministÚre de la Défense. L'armée irakienne, qui englobe les forces de l'UGP [Unité de Mobilisation Populaire], a acquis une expérience de combat considérable dans les efforts de lutte contre le terrorisme.
Mais depuis la victoire de l'Irak sur ISIS, les Ătats-Unis ont concentrĂ© leurs efforts sur le ciblage de l'UGP, l'assassinat des principaux dirigeants et la violation de la souverainetĂ© et de l'intĂ©gritĂ© territoriale de l'Irak Ă maintes reprises. Washington a complĂštement ignorĂ© le vote du Conseil des reprĂ©sentants irakien, le 5 janvier 2020, sur une rĂ©solution visant Ă mettre fin Ă la prĂ©sence de toute force Ă©trangĂšre sur le territoire irakien. Ce vote a eu lieu quelques jours aprĂšs l'assassinat par le Pentagone du chef adjoint des forces armĂ©es irakiennes, Abu Mahdi al Muhandes, et du gĂ©nĂ©ral iranien de la Force Qods, Qassem Soleimani.
Les AmĂ©ricains ont Ă©galement jetĂ© leur dĂ©volu sur Al-Walai, dĂ©sormais dĂ©signĂ© comme âterroriste mondialâ parce que ses brigades âont planifiĂ© et participĂ© Ă des attaques contre le personnel amĂ©ricain en Irak et en Syrieâ, dĂ©clare-t-il au Cradle, avant d'ajouter :
"Dans cette perspective, l'occupation américaine constate que la ligne de l'Axe de la Résistance, qui s'étend à travers l'Iran, l'Irak et la Syrie vers le reste des pays, représente l'artÚre aortique de l'axe, et que la présence de l'occupation américaine en Irak et en Syrie contribuera de son point de vue à la sectionner."
En Syrie, les forces amĂ©ricaines sont entrĂ©es en 2014 lors de la montĂ©e en puissance d'ISIS, ont menĂ© des frappes aĂ©riennes Ă la fois contre les terroristes et les forces syriennes, puis ont occupĂ© des pans entiers de l'est de la Syrie pour prendre pour cible l'Ătat lui-mĂȘme, en 2017.
Depuis le 17 octobre, plus de 70 attaques ont été menées contre divers sites des forces américaines entre l'Irak et la Syrie, dans le cadre des réponses des factions de la résistance à la position complÚtement biaisée de Washington à l'égard d'Israël dans les massacres qu'il commet à Gaza.
Washington ignore les avertissements
MalgrĂ© les avertissements de l'Axe de RĂ©sistance de la rĂ©gion, les Ătats-Unis sont allĂ©s de l'avant et ont dĂ©ployĂ© des renforts militaires, notamment des navires de guerre, deux porte-avions et des milliers de soldats, apparemment pour soutenir toutes les actions d'IsraĂ«l.
Washington a tentĂ© de prĂ©senter cette action comme une mesure visant Ă empĂȘcher l'escalade rĂ©gionale du conflit, mais la population locale ne sây trompe pas. Tout d'abord, ce discours est en contradiction flagrante avec les actions des Ătats-Unis, compte tenu des raids incessants des forces amĂ©ricaines sur les sites de la rĂ©sistance en Irak et en Syrie qui ont fait de nombreuses victimes.
En outre, les Ătats-Unis luttent activement et avec vigilance contre les missiles et les drones lancĂ©s par les forces armĂ©es yĂ©mĂ©nites en direction d'IsraĂ«l. Il s'agit lĂ d'une nouvelle incohĂ©rence qui met Ă mal l'affirmation de Washington selon laquelle son renforcement militaire vise Ă contrecarrer une guerre rĂ©gionale.
Selon M. Walai, la situation devient Ă©galement intenable pour le gouvernement irakien :
"L'occupation américaine, par ses violations incessantes de la souveraineté irakienne et le sang irakien qu'elle fait couler par ses opérations aériennes contre les Irakiens, et sans aucun consentement ou avis du gouvernement irakien, s'est écartée du statut de consultation et de formation, ces expressions n'ayant plus aucun sens, et il est clair qu'il s'agit d'un occupant militaire, d'une présence de combat et de forces meurtriÚres qui n'ont rien à voir avec la formation ou la consultation".
Obstacles à la paix et à la stabilité
La situation dĂ©sastreuse Ă Gaza a introduit de nouvelles complications dans la confrontation de longue date entre l'Axe de la RĂ©sistance et les forces d'occupation amĂ©ricaines. Les manĆuvres stratĂ©giques de Washington, comme le fait de jouer la carte kurde dans le nord-est de la Syrie, garantissent la dĂ©stabilisation continue de l'Ătat syrien, en favorisant les conflits internes et en entravant le contrĂŽle de Damas sur les territoires occupĂ©s.
La base d'Al-Tanf sert d'outil pour contrecarrer la domination syrienne dans la Badia (zone dĂ©sertique) et dans le sud du pays, oĂč seuls les groupes alignĂ©s sur les intĂ©rĂȘts amĂ©ricains sont autorisĂ©s. La base sert Ă©galement de barriĂšre au triple point de convergence entre Jordanie, Irak et Syrie. Elle cherche Ă bloquer la ligne de communication entre Bagdad et Damas, reflĂ©tant le rĂŽle de la base amĂ©ricaine d'Ain al-Assad dans l'ouest de l'Irak, servant Ă entraver les dĂ©placements de l'Iran vers l'ouest en direction de la MĂ©diterranĂ©e.
Par conséquent, les missiles et les drones suicides continueront à viser les soldats américains - en plus grand nombre et avec plus de victimes - augmentant les risques potentiels et la précarité de leur présence non sollicitée.
The Intercept a rĂ©cemment divulguĂ© des documents classifiĂ©s dĂ©taillant des vols d'Ă©quipements militaires âsensiblesâ dans les bases amĂ©ricaines en Irak et en Syrie, renforçant l'inquiĂ©tude quant Ă l'efficacitĂ© des mesures prises par les Ătats-Unis pour protĂ©ger leurs troupes.
Si l'occupation amĂ©ricaine perturbe le dĂ©veloppement des liens politiques, Ă©conomiques, sociaux et sĂ©curitaires entre les Ătats et les populations d'Asie occidentale, elle est Ă©galement bien consciente que les Iraniens, les Turcs, les Irakiens, les Syriens et les Russes s'attendent Ă ce que ses jours soient comptĂ©s.
Le rappel de la victoire collaborative du 18 juin 2017, lorsque les factions de la résistance irakienne et l'armée syrienne, ainsi que leurs alliés, se sont unis à leur frontiÚre commune aprÚs avoir vaincu ISIS dans la province d'Anbar, alimente l'espoir d'un avenir libéré de l'occupation étrangÚre. Et le massacre génocidaire américano-israélien des Palestiniens en rapproche l'échéance .
https://new.thecradle.co/articles/will-gaza-hasten-the-exit-of-us-troops-from-iraq-syria