đâđš LâopĂ©ration Spiderweb, un âpetitâ jeu trĂšs risquĂ©
Trump doit réagir. En ordonnant à l'OTAN & l'UE de renoncer au soutien militaire & financier à Kiev. Opter pour l'Ukraine & déclencher une guerre nucléaire. Ou choisir la Russie, & sauver le monde.
đâđš LâopĂ©ration Spiderweb, un âpetitâ jeu trĂšs risquĂ©
Par Scott Ritter, le 1er juin 2025
L'opĂ©ration âSpiderwebâ menĂ©e par l'Ukraine a franchi un cap dĂ©cisif susceptible de dĂ©clencher une riposte nuclĂ©aire russe. La rĂ©action de la Russie et des Ătats-Unis pourrait bien dĂ©terminer le sort du monde.
En 2012, le président russe Vladimir Poutine a déclaré que
âles armes nuclĂ©aires restent la garantie ultime de la souverainetĂ© et de l'intĂ©gritĂ© territoriale de la Russie et jouent un rĂŽle clĂ© dans le maintien de l'Ă©quilibre et de la stabilitĂ© rĂ©gionauxâ.
Au cours des annĂ©es suivantes, les analystes et observateurs occidentaux ont accusĂ© la Russie et ses dirigeants d'invoquer de maniĂšre irresponsable la menace des armes nuclĂ©aires comme une âfanfaronnadeâ - un bluff stratĂ©gique pour masquer les prĂ©tendues lacunes opĂ©rationnelles et tactiques des capacitĂ©s militaires russes.
En 2020, la Russie a publié pour la premiÚre fois une version non classifiée de sa doctrine nucléaire. Ce document, intitulé
âPrincipes fondamentaux de la politique de la FĂ©dĂ©ration de Russie en matiĂšre de dissuasion nuclĂ©aireâ, prĂ©cise que la Russie âse rĂ©serve le droit d'avoir recours Ă lâarme nuclĂ©aireâ lorsque Moscou agit âen rĂ©action Ă l'utilisation d'armes nuclĂ©aires et d'autres types d'armes de destruction massive contre elle et/ou ses alliĂ©s, ainsi qu'en cas d'agression contre la FĂ©dĂ©ration de Russie avec des armes conventionnelles lorsque l'existence mĂȘme de l'Ătat est menacĂ©eâ.
Le document stipule également que la Russie se réserve le droit de recourir à l'arme nucléaire en cas
âd'attaque par [un] adversaire contre des sites gouvernementaux ou militaires critiques de la FĂ©dĂ©ration de Russie, dont la perturbation compromettrait les capacitĂ©s de riposte nuclĂ©aireâ.
En 2024, Vladimir Poutine a ordonnĂ© la mise Ă jour de la doctrine nuclĂ©aire russe compte tenu des rĂ©alitĂ©s gĂ©opolitiques complexes liĂ©es Ă l'opĂ©ration militaire spĂ©ciale (SMO) en cours en Ukraine, oĂč le conflit s'est muĂ© en une guerre par procuration entre l'Occident collectif (OTAN et Ătats-Unis) et la Russie.
La nouvelle doctrine stipule que l'utilisation de l'arme nucléaire sera autorisée en cas
d'âagression contre la FĂ©dĂ©ration de Russie et (ou) ses alliĂ©s par tout Ătat non nuclĂ©aire avec la participation ou le soutien d'un Ătat nuclĂ©aire, perçue comme une attaque conjointeâ.
L'arsenal nucléaire russe serait également déployé en cas
âde mesures prises par un adversaire affectant des Ă©lĂ©ments d'infrastructures Ă©tatiques ou militaires d'importance cruciale pour la FĂ©dĂ©ration de Russie, dont la mise hors service perturberait les capacitĂ©s de riposte des forces nuclĂ©airesâ.
Les menaces ne doivent pas nécessairement se présenter sous la forme d'armes nucléaires. En effet, la nouvelle doctrine 2024 stipule expressément que la Russie pourra riposter par des armes nucléaires à toute agression contre elle impliquant
âl'emploi d'armes conventionnelles qui constituent une menace critique pour sa souverainetĂ© et (ou) son intĂ©gritĂ© territorialeâ.
L'opération Spiderweb, l'attaque à grande échelle contre des infrastructures militaires russes stratégiques directement liées à la dissuasion nucléaire stratégique de la Russie par des drones sans pilote, a manifestement franchi les lignes rouges de la Russie en matiÚre de déclenchement d'une riposte nucléaire et/ou d'une frappe nucléaire préventive afin de dissuader des attaques ultérieures. Le SBU ukrainien, sous la direction personnelle de son chef, Vasyl Malyuk, a revendiqué la responsabilité de cette attaque.
L'opération Spiderweb est une attaque directe, menée dans le secret contre des infrastructures et des capacités militaires russes critiques liées aux capacités de dissuasion nucléaire stratégique de la Russie. Au moins trois aérodromes ont été touchés à l'aide de drones FPV lancés à partir de camions civils Kamaz réaménagés en rampes de lancement de drones. L'aérodrome de Dyagilevo à Ryazan, et ceux de Belaya à Irkoutsk et d'Olenya à Mourmansk, qui abritent des bombardiers stratégiques Tu-95 et Tu-22 ainsi que des avions d'alerte avancée A-50, ont été frappés, entraßnant la destruction et/ou de lourds dégùts sur de nombreux appareils.
Câest comme si un groupe hostile lançait des frappes de drones contre des bombardiers B-52H de l'armĂ©e de l'air amĂ©ricaine stationnĂ©s Ă la base aĂ©rienne de Minot dans le Dakota du Nord, de Barksdale en Louisiane, ainsi que contre des bombardiers B-2 stationnĂ©s Ă Whiteman dans le Missouri.
Le timing de l'opération Spiderweb est clairement conçu pour perturber les pourparlers de paix prévus le 2 juin à Istanbul.
Tout d'abord, il faut bien comprendre qu'il est impossible pour l'Ukraine de se prĂ©parer sĂ©rieusement Ă des pourparlers de paix substantiels tout en planifiant et en exĂ©cutant une opĂ©ration telle que l'opĂ©ration Spiderweb. MĂȘme si le SBU a pu mener cette attaque, elle n'aurait jamais pu avoir lieu sans que le prĂ©sident ukrainien ou le ministre de la DĂ©fense en aient eu connaissance et aient donnĂ© leur feu vert.
De plus, cette attaque n'aurait pas pu avoir lieu sans le consentement des partenaires européens de l'Ukraine, en particulier la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne, tous engagés dans des consultations directes avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans les jours et les semaines qui ont précédé l'exécution de l'opération Spiderweb.
Les Ukrainiens ont Ă©tĂ© encouragĂ©s par l'Europe Ă ĂȘtre perçus comme soutenant activement le processus de paix d'Istanbul, sachant que si les pourparlers Ă©chouent, la responsabilitĂ© serait rejetĂ©e sur la Russie et non sur l'Ukraine, permettant ainsi Ă l'Europe de poursuivre ouvertement son soutien militaire et financier Ă l'Ukraine.
Les acteurs amĂ©ricains jouent eux apparemment aussi un rĂŽle majeur : le sĂ©nateur Lyndsay Graham, rĂ©publicain de Caroline du Sud, et Richard Blumenthal, dĂ©mocrate du Connecticut, se sont rendus ensemble en Ukraine la semaine derniĂšre, oĂč ils ont travaillĂ© en Ă©troite collaboration avec le gouvernement ukrainien sur un nouveau train de sanctions Ă©conomiques liĂ© au refus de la Russie d'accepter les conditions de paix fondĂ©es sur un cessez-le-feu de 30 jours, l'une des principales exigences de l'Ukraine.
L'opération Spiderweb s'apparente à une tentative concertée d'éloigner la Russie des négociations d'Istanbul, soit en provoquant une riposte russe pouvant servir de prétexte à l'Ukraine pour ne pas se rendre à Istanbul (et à Graham et Blumenthal pour faire avancer leur projet de sanctions), soit en incitant la Russie à se retirer des négociations alors qu'elle examine ses futures options, un geste qui déclencherait également les sanctions de Graham et Blumenthal.
On ne sait pas si le président Trump, qui a fait pression pour que les pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine aboutissent, était au courant des initiatives ukrainiennes, et s'il les a approuvées (Trump semblait ignorer que l'Ukraine a pris pour cible le président russe Poutine à l'aide de drones lors d'un récent voyage à Koursk).
On ignore encore comment la Russie réagira à cette derniÚre action ukrainienne. Les attaques de drones contre les bases militaires russes succÚdent à au moins deux attaques ukrainiennes contre des lignes ferroviaires russes qui ont causé d'importants dégùts aux locomotives et aux wagons de voyageurs, et fait des dizaines de morts et de blessés civils.
Quoiquâil en soit, l'Ukraine n'aurait pas pu mener l'opĂ©ration Spiderweb sans l'approbation politique et le coup de pouce opĂ©rationnel de ses alliĂ©s occidentaux. Les services du renseignement amĂ©ricain et britannique ont tous deux formĂ© les forces spĂ©ciales ukrainiennes aux techniques de guĂ©rilla et de guerre non conventionnelles, et il est largement admis que les prĂ©cĂ©dentes attaques ukrainiennes contre des infrastructures russes critiques (le pont de CrimĂ©e et la base aĂ©rienne d'Engels) ont Ă©tĂ© menĂ©es grĂące aux services du renseignement amĂ©ricain et britannique, tant au niveau de la planification que de l'exĂ©cution. En effet, les attaques contre le pont de CrimĂ©e et la base aĂ©rienne d'Engels ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©es comme le dĂ©clencheur des modifications apportĂ©es par la Russie Ă sa doctrine nuclĂ©aire de 2024.
La Russie a jusqu'à présent répondu aux provocations de l'Ukraine et de ses alliés occidentaux avec une bonne dose de patience et de détermination.
Beaucoup ont interprété cette attitude comme un signe de faiblesse, influençant probablement la décision de l'Ukraine et de ses complices occidentaux de mener une opération aussi provocatrice à la veille de discussions cruciales pour la paix.
La nature mĂȘme de l'attaque, un recours massif Ă des armes conventionnelles pour frapper la force de dissuasion nuclĂ©aire stratĂ©gique de la Russie et causer des dĂ©gĂąts, teste la capacitĂ© de la Russie Ă continuer de faire preuve de la mĂȘme retenue que par le passĂ©.
On imagine sans peine que cette tactique sera utilisée à l'avenir pour décapiter les moyens nucléaires stratégiques (avions et missiles) et le leadership de la Russie (l'attaque contre Poutine à Koursk illustre bien cette menace).
Si l'Ukraine peut dĂ©ployer des camions Kamaz prĂšs des bases aĂ©riennes stratĂ©giques russes, elle pourra agir de mĂȘme contre les bases russes abritant les forces mobiles de missiles russes.
L'attaque menée par l'Ukraine témoigne également des efforts déployés par les services du renseignement occidentaux pour tester le terrain en vue d'un éventuel conflit avec la Russie, auquel les membres de l'OTAN et de l'UE affirment se préparer activement.
Nous sommes à un tournant décisif de l'opération militaire spéciale.
Pour la Russie, les lignes rouges qu'elle a jugé bon de définir concernant l'utilisation éventuelle d'armes nucléaires ont été ouvertement violées non seulement par l'Ukraine, mais aussi par ses alliés occidentaux.
Le prĂ©sident Trump, qui a toujours affirmĂ© soutenir un processus de paix entre la Russie et l'Ukraine, doit maintenant dĂ©cider de la posture des Ătats-Unis face Ă ces dĂ©veloppements.
Son secrĂ©taire d'Ătat, Marco Rubio, a reconnu que sous l'administration prĂ©cĂ©dente de Joe Biden, les Ătats-Unis se sont engagĂ©s dans une guerre par procuration avec la Russie.
L'envoyé spécial de Trump en Ukraine, Keith Kellogg, a récemment confirmé cette affirmation à l'égard de l'OTAN.
Bref, en soutenant l'Ukraine, les Ătats-Unis et l'OTAN sont devenus des protagonistes actifs d'un conflit qui a dĂ©sormais franchi le seuil du recours potentiel Ă l'arme nuclĂ©aire.
Les Ătats-Unis et le reste du monde sont au bord d'un Armageddon nuclĂ©aire dont ils sont les seuls responsables.
Soit nous rompons avec les politiques qui nous ont menés à cette situation, soit nous en acceptons les conséquences et en payons le prix.
Nous ne pouvons pas vivre dans un monde oĂč notre avenir dĂ©pend par la patience et la retenue d'un dirigeant russe face Ă des provocations dont nous sommes nous-mĂȘmes responsables.
C'est l'Ukraine, et non la Russie, qui représente une menace existentielle pour l'humanité.
C'est l'OTAN, et non la Russie, qui encourage l'Ukraine à se comporter de maniÚre aussi inconsidérée.
Et câest Ă©galement le cas des Ătats-Unis. Les dĂ©clarations contradictoires des dĂ©cideurs politiques amĂ©ricains Ă l'Ă©gard de la Russie fournissent une couverture politique Ă l'Ukraine et Ă ses acolytes de l'OTAN pour planifier et mener des opĂ©rations telles que Spiderweb.
Les sĂ©nateurs Graham et Blumenthal devraient ĂȘtre poursuivis pour sĂ©dition si leur ingĂ©rence en Ukraine a Ă©tĂ© dĂ©libĂ©rĂ©ment orchestrĂ©e pour saboter le processus de paix dont le prĂ©sident Trump affirme qu'il est au cĆur de sa vision de l'avenir de la sĂ©curitĂ© nationale amĂ©ricaine.
Mais c'est Ă Trump lui-mĂȘme que revient la dĂ©cision du sort de la planĂšte.
Nous entendrons sûrement, dans les heures qui viennent, le président russe annoncer les mesures que prendra la Russie pour répondre à cette provocation existentielle.
Trump doit lui aussi réagir.
En ordonnant Ă Graham, Blumenthal et leurs soutiens de cesser leurs manĆuvres concernant les sanctions contre la Russie.
En ordonnant à l'OTAN et à l'UE de renoncer définitivement à leur soutien militaire et financier à l'Ukraine.
Et en choisissant clairement son camp dans l'opération militaire spéciale.
Opter pour l'Ukraine, et déclencher une guerre nucléaire.
Ou choisir la Russie, et sauver le monde.
Traduit par Spirit of Free Speech
* Scott Ritter est un ancien officier du service du renseignement des Marines, qui possĂšde une vaste expĂ©rience dans le domaine du contrĂŽle des armements et du dĂ©sarmement, et un expert des relations entre les Ătats-Unis et la Russie. Son travail est disponible sur ScottRitter.com. Il est l'auteur de plusieurs livres, dont le dernier, Highway to Hell: The Armageddon Chronicles, 2014-2025, publiĂ© par Clarity Press.
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