👁🗨 Mais bon sang, Joe, c'est quoi ce bordel ?
Le Sénat US adoptera sans doute le 7 février un budget pour fournir à Israël 14 milliards de dollars supplémentaires, soit trois fois plus que ce que les États-Unis fournissent annuellement à Israël.
👁🗨 Mais bon sang, Joe, c'est quoi ce bordel ?
Par Ann Wright*, le 5 février 2024
Des attaques en Syrie, Irak & Yémen à la complicité avec le génocide à Gaza & la violence des colons en Cisjordanie, les agissements de Biden sont un danger pour la Sécurité nationale des États-Unis.
Il est trois heures du matin et je n'arrive pas à me rendormir. Ceux d'entre nous qui se préoccupent de Gaza et de la Cisjordanie passent des nuits blanches et des journées bien remplies à essayer désespérément de faire pression sur l'administration Biden pour qu'elle cesse de se rendre complice du déchaînement génocidaire israélien à Gaza, de fournir des armes et des fonds à Israël et exiger qu'elle mette fin au carnage.
Voici notre exigence : Cessez le feu immédiat !
Nous nous sommes réveillés en apprenant que les États-Unis avaient attaqué la Syrie, l'Irak et le Yémen en représailles aux tirs de missiles sur les zones où stationnent les troupes américaines en Syrie et en Jordanie, et aux attaques des Houthis contre les cargos de la mer Rouge. Pourquoi les troupes et les intérêts américains ont-ils été attaqués ?
La réponse est simple. Parce que les États-Unis fournissent armes et protection internationale à Israël dans le cadre de ses opérations militaires génocidaires à Gaza.
Il est évident pour tous, sauf pour vous, que pour notre Sécurité nationale, les États-Unis doivent cesser leur protection irrationnelle des crimes de guerre israéliens et exiger qu'Israël stoppe son massacre des Palestiniens à Gaza.
Les scènes d'une nouvelle journée de bombardements israéliens sur Gaza avec
des dizaines de milliers de bâtiments détruits,
les commandos israéliens prenant d'assaut un hôpital et assassinant trois jeunes hommes dormant dans leur lit d'hôpital,
les pluies torrentielles se déversant sur les tentes de fortune pour le million de Palestiniens maintenant entassés dans le secteur de Rafah,
les raids quotidiens et nocturnes de l'armée israélienne dans les villes et villages de Cisjordanie,
détruisant les routes, les maisons, les centres culturels,
ces forces d'occupation israéliennes dépouillant les hommes et les jeunes garçons de leurs vêtements, les forçant à s'agenouiller pendant des heures dans des positions humiliantes et les battant pendant des jours dans les camps de détention,
la découverte de 30 corps dans une fosse commune dans une cour d'école, des Palestiniens tués par balle les mains attachées derrière eux par les forces israéliennes.
Un Congrès américain indifférent
Chaque jour, nous nous rendons dans les bureaux des membres du Congrès américain pour les inciter à soutenir le cessez-le-feu et à faire pression sur l'administration Biden pour qu'elle refuse de fournir davantage d'armes et d'argent à l'armée israélienne. Après 118 jours de bombardements israéliens sur Gaza, la plupart des sénateurs et des représentants répètent encore une version ou une autre de cette phrase :
“Non au cessez-le-feu. Israël a le droit de se défendre. Israël a le droit de détruire Gaza et de tuer autant de Palestiniens que nécessaire pour éliminer le dernier militant du Hamas”.
Au moins 10 sénateurs et représentants ont des drapeaux israéliens à côté du drapeau américain devant leur bureau, ce qui soulève la question de leur loyauté. Le représentant Brian Mast (R-Mich.) a porté son uniforme militaire israélien au Congrès américain en octobre et est l'un des membres du Congrès les plus haineux, considérant la mort des enfants de Gaza comme tout à fait légitime.
Pendant ce temps, la députée Rashida Tlaib (D-Mich.), le seul membre palestinien-américain du Congrès, continue de recevoir des menaces de mort. Ceux qui s'expriment pour mettre fin au génocide à Gaza sont la cible du tout-puissant et très influent American Israeli Public Affairs Council (AIPAC), qui les accuse d'incitation à la violence, et, de leur Super PAC, présente des candidats pour les remplacer au Congrès.
Des manifestations contre le génocide à Gaza et les massacres en Cisjordanie ont lieu quotidiennement à Washington. Un campement de 9 jours sur l'étroit terrain public de part et d’autre de la deux voies devant la maison du secrétaire d'État Antony Blinken sur Chain Bridge Road a rassemblé des sympathisants palestiniens de Virginie, du Maryland et du district de Columbia qui s'assurent que Blinken sache qu’il a du sang sur les mains pour avoir donné son feu vert au génocide à Gaza.
Biden & Powers interrompus lors de discours publics
Le président Biden a été interrompu à plusieurs reprises par les cris “Genocide Joe” lors de ses interventions publiques, d'abord dans une église de Caroline du Sud, puis la semaine dernière à Manassas, en Virginie, lors d'un discours sur les droits en matière de procréation. Samantha Power, directrice de l'Agence américaine pour le développement international (USAID), a été interrompue dans son discours à Washington la semaine dernière par des personnes ayant travaillé pour l'USAID. Dans son livre “A Problem From Hell”, récompensé par un prix Pulitzer, Mme Power documente l'échec répété de l'Amérique à mettre fin aux génocides dans le monde. Aujourd'hui, elle est complice de l'administration Biden qui refuse de reconnaître le génocide à Gaza et de faire quoi que ce soit pour s'y opposer.
Comme l'indique la promotion de son livre : “Mme Power, professeur à la Harvard Kennedy School et ancienne ambassadrice des États-Unis auprès des Nations unies, s'est appuyée sur des entretiens exclusifs avec les principaux décideurs politiques de Washington, des milliers de documents déclassifiés et ses propres reportages dans les champs de bataille modernes pour apporter la réponse. ‘A Problem from Hell’ montre comment des Américains honnêtes, à l'intérieur et à l'extérieur du gouvernement, ont refusé de s'impliquer malgré des avertissements glaçants, et raconte l'histoire d'Américains courageux qui ont risqué leur carrière et leur vie pour inciter les États-Unis à agir”.
Mme Power ferait bien de se replonger dans son propre livre.
Manifestations dans les rues et désaccord de responsables gouvernementaux
Des millions de personnes dans le monde sont descendues dans la rue pour protester. Aux États-Unis, des milliers ont été arrêtés pour avoir bloqué des rues, des autoroutes et des ponts, perturbé des audiences du Congrès, s'être assises et avoir chanté dans les bâtiments du Congrès, et s'être enchaînées à la grille de la Maison Blanche.
Des dizaines de fonctionnaires continuent de publier des déclarations remettant en cause le silence de leur gouvernement sur le génocide de Gaza.
Le 2 février, plus de 800 fonctionnaires des États-Unis, de 12 pays et d'organisations de l'Union européenne ont publié une lettre protestant contre la politique israélienne et affirmant que les dirigeants de leurs pays et de leurs organisations pourraient être complices des crimes de guerre commis à Gaza.
La lettre stipule ce qui suit :
“Les politiques actuelles de nos gouvernements affaiblissent leur position morale et leur capacité à défendre liberté, justice et droits de l'homme dans le monde. Il existe un risque plausible que les politiques de nos gouvernements contribuent à de graves violations du droit international humanitaire, à des crimes de guerre, voire à un nettoyage ethnique ou à un génocide.”
Environ 80 des signataires membres d’agences américaines, le groupe le plus important étant celui du département d'État, des responsables nationaux de neuf pays membres de l'OTAN, ainsi que de la Suède et de la Suisse, ont signé la lettre.
En novembre, plus de 500 employés d'une quarantaine d'agences gouvernementales américaines ont envoyé une lettre au président Biden pour critiquer sa politique à l'égard de l'offensive israélienne permanente contre Gaza. Dans cette lettre, les fonctionnaires n'ont pas révélé leurs noms en raison de la probabilité de représailles de la part des agences.
Plus de 1 000 employés de l'USAID ont publié une lettre ouverte exprimant les mêmes préoccupations. Des dizaines de fonctionnaires du département d'État ont envoyé au moins trois câbles de désaccord interne au secrétaire d'État Antony J. Blinken.
Selon le New York Times, des centaines de fonctionnaires de l'Union européenne ont signé au moins deux lettres distinctes de désaccord adressées aux dirigeants de l'Union.
Robert Ford, ancien ambassadeur des États-Unis en Algérie et en Syrie qui a démissionné en 2014 en raison de la politique syrienne de l'administration Obama, est cité dans l'article du Times, déclarant qu'il n'avait jamais vu une lettre de désaccord transfrontalière comme celle-ci en trois décennies de travail au département d'État.
M. Ford a ajouté que certains diplomates avaient tiré la leçon des préparatifs de la guerre d'Irak menée sous le président George W. Bush : taire les objections aux politiques malavisées ou ne pas les rendre publiques lorsque les enjeux sont importants contribue à une issue désastreuse.
Étant l'une des trois diplomates américains à avoir démissionné du gouvernement américain à la suite de la décision prise en 2003 par l'administration Bush de déclencher une guerre contre l'Irak, j'appelle les membres du gouvernement américain à continuer de signer des lettres et à envisager de démissionner, comme l'ont fait Josh Paul du département d'État et Tariq Habash du ministère de l'Éducation.
Biden veut des milliards supplémentaires pour permettre à Israël de poursuivre son génocide à Gaza
Malgré tous nos efforts, il est probable que le mercredi 7 février 2024, le Sénat américain adoptera un budget supplémentaire de Sécurité nationale pour fournir à Israël 14 milliards de dollars supplémentaires, soit trois fois plus que ce que les États-Unis fournissent annuellement à Israël. Israël est déjà le plus grand bénéficiaire du financement militaire américain et les 10 milliards de dollars supplémentaires feront exploser le budget des affaires étrangères.
La CIJ et l'opinion publique mondiale demanderont des comptes à M. Biden & au gouvernement américain
La Cour internationale de justice (CIJ) a averti les pays qui fournissent des armes utilisées dans un génocide que leurs dirigeants sont complices et peuvent être tenus pour responsables.
Président Biden, au cas où vos conseillers ne l'auraient pas signalé, vous et eux êtes définitivement impliqués jusqu'au cou dans un génocide, et nous et le monde entier vous tiendrons pour responsables.
* Ann Wright est une vétérante de l'armée américaine et des réserves de l'armée, qui a pris sa retraite en tant que colonel, et une ancienne diplomate américaine qui a démissionné en mars 2003 pour s'opposer à la guerre contre l'Irak. Elle a servi au Nicaragua, à la Grenade, en Somalie, en Ouzbékistan, au Kirghizstan, en Sierra Leone, en Micronésie et en Mongolie. En décembre 2001, elle a fait partie de la petite équipe qui a rouvert l'ambassade des États-Unis à Kaboul, en Afghanistan. Elle est co-auteur du livre "Dissent : Voices of Conscience".
https://www.commondreams.org/opinion/joe-biden-middle-east-policy-gaza