👁‍🗨 MbS à l'abri de poursuites pour le meurtre de Khashoggi: voilà la justice américaine

"L'argent avant la justice": le décret royal d'accession au poste de Premier ministre de l'Arabie saoudite a permis d'éviter au prince héritier d'être poursuivi par la justice fédérale américaine.

Le Premier ministre saoudien Mohammad bin Salam, face à face, avec le président américain Joe Biden en Arabie saoudite en juillet (Crédit photo : Cour royale d'Arabie saoudite / Anadolu Agency via Getty Images)

👁‍🗨 MbS à l'abri de poursuites pour le meurtre de Khashoggi: voilà la justice américaine

📰 Par The Cradle, le 18 novembre 2022

Dans une déclaration du 17 novembre, l'administration du président américain Joe Biden s'est prononcée en faveur du prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman (MbS) concernant les accusations criminelles portées contre lui pour son rôle dans le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi.

Le communiqué du porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche indique que cette décision est "une détermination juridique prise par le Département d'État en vertu des principes de longue date et bien établis du droit international coutumier."

Le porte-parole a ajouté que cela n'a "rien à voir avec le fond de l'affaire", ce qui implique que la décision est purement judiciaire et n'est pas influencée par des pressions politiques ou morales.

MbS fait l'objet d'un procès aux États-Unis pour le meurtre de Khashoggi à Istanbul en 2018, perpétré par des membres des services de sécurité saoudiens. Le corps de Khashoggi a été démembré et n'a jamais été retrouvé.

Cependant, les avocats du prince héritier sont sûrs de son immunité contre d'éventuelles poursuites en vertu de la loi américaine, invoquant son statut actuel de prince héritier et de Premier ministre.

Le 27 septembre, MbS a été promu par son père, le roi Salman, à la tête du royaume par un décret royal. Selon l'Agence de presse saoudienne (SPA), c'est la première fois qu'un non-roi accède au poste de premier ministre.

Ce remaniement de l'équilibre des pouvoirs en Arabie saoudite a fait de MbS un roi de facto en termes d'immunité en tant que chef d'État. Cette mesure visait à le protéger de toute action judiciaire éventuelle dans l'affaire Khashoggi.

"L'ordonnance royale ne laisse aucun doute sur le fait que le prince héritier a droit à une immunité fondée sur son statut", ont souligné ses avocats le 3 octobre, dans une demande de non-lieu adressée à la cour fédérale.

Le 18 novembre, Reuters a rapporté les conclusions des avocats du ministère américain de la justice (DOJ) dans l'affaire contre MbS, citant leur soutien à l'immunité qui lui est accordée en tant que chef d'État, et la qualifiant de "bien établie dans le droit international coutumier".

Les avocats du DOJ ont déterminé que "le défendeur bin Salman, en tant que chef de gouvernement étranger en exercice, bénéficie de l'immunité de chef d'État de la juridiction des tribunaux américains en raison de cette fonction."

Ces conclusions ont été un choc pour l'ex-fiancée de Khashoggi, Hatice Cengiz, qui a considéré l'affaire comme une trahison, et “un jour où Jamal [a été] à nouveau [assassiné]".

Hatice Cengiz a accusé les États-Unis de ménager l'Arabie saoudite et de faire passer "l'argent avant la justice", tout en exprimant son sentiment de trahison après avoir supposé qu'il y avait peut-être un espoir pour le système judiciaire américain, suite à la décision politique de rejeter l'affaire en Turquie.

Alors que les États-Unis concluent ce chapitre des tensions avec l'Arabie saoudite, la Maison Blanche s'est empressée de désavouer l'enquête du FBI sur le meurtre de Shireen Abu Aqla sous la pression d'Israël.

On a appris le 14 octobre que le DOJ a informé les responsables israéliens d'une nouvelle enquête sur le meurtre de la journaliste d'Al Jazeera en coordination avec le FBI.

Cependant, la Maison Blanche n'a pas été informée, et n'a pas non plus approuvé l'enquête en cours, créant des tensions entre Tel Aviv et Washington.

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