đâđš Message Ă ceux qui ont regardĂ©
Vous avez choisi d'ĂȘtre lĂąches. Vous avez choisi de servir le pouvoir. Vous avez choisi de nous dĂ©shumaniser Ă coups de gros titres, de silence et de pseudo-empathie. Nous ne pardonnerons pas.
đâđš Message Ă ceux qui ont regardĂ©
Par Ahmad Ibsais, le 19 août 2025
Nous n'oublierons pas, nous ne pardonnerons pas. Le silence est pire que la trahison.
Une partie de moi envie ceux d'entre vous qui n'ont accordĂ© aucune attention au gĂ©nocide en cours. Quelle chance de ne pas intĂ©rioriser les photos que nous voyons tous en ligne, quelle chance de pouvoir fermer les yeux ! L'autre partie de moi a honte de vous avoir connus. L'autre partie de moi est Ă©cĆurĂ©e de voir que vous ĂȘtes encore intacts, alors que je me suis disloquĂ© en voyant mourir mon peuple.
22 mois
Vingt-deux mois que les massacres ont recommencĂ©, au vu et au su de tous. Depuis que le blocus sâest resserrĂ© jusqu'Ă l'anĂ©antissement total. Depuis qu'un peuple qui avait dĂ©jĂ tout perdu a Ă©tĂ© traquĂ©, brĂ»lĂ© vif sous des tentes et affamĂ© en silence. Et pourtant, vous n'avez rien dit.
Vous vous ĂȘtes tus, vous avez ajustĂ© votre langage. Vous avez choisi de prĂ©server votre carriĂšre, votre rĂ©putation et votre confort. Vous avez calibrĂ© votre conscience. Vous vous ĂȘtes convaincus que la neutralitĂ© est une nuance, le silence du savoir-vivre et la distance une forme de sagesse.
Vous avez alimentĂ© ce gĂ©nocide par vos communiquĂ©s de presse, vos Ă©ditoriaux et vos gros titres, effaçant les morts et rĂ©pĂ©tant les mensonges de leurs assassins. Vous avez organisĂ© des dĂ©bats alors que les fosses communes se garnissaient d'enfants. Vous ĂȘtes mĂȘme allĂ©s jusqu'Ă demander s'il s'agit bien d'un gĂ©nocide, alors que des mĂšres rĂ©cupĂ©raient les restes de leurs bĂ©bĂ©s au coeur des cendres. Vous avez prĂ©sentĂ© les âdeux cĂŽtĂ©sâ de l'histoire, alors qu'un cĂŽtĂ© mangeait des feuilles et buvait des eaux usĂ©es, tandis que l'autre bĂ©nĂ©ficiait du soutien total de l'arsenal mondial.
Vous avez minimisé chaque cruauté. Vous avez filtré chaque cri. Vous avez humanisé les meurtriers et pixellisé les victimes.
Maintenant que c'est trop effroyable pour ĂȘtre ignorĂ©, que les corps sont rĂ©duits Ă de simples squelettes et que la faim dans leurs yeux crĂšve l'Ă©cran, vous feignez de vous en soucier. Maintenant, soudainement, il y a de la place pour l'horreur dans votre fil d'actualitĂ©. Mais uniquement pour l'horreur. Jamais pour les causes. Jamais pour les criminels. Vous parlez de souffrance, mais jamais de blocus, de morts, mais jamais de logistique, de pertes, mais jamais de ceux qui ont larguĂ© les bombes. Vous refusez mĂȘme de prononcer le mot âPalestineâ. Vous ne pouvez mĂȘme pas mentionner IsraĂ«l.
Laissez-moi vous dire ce que personne n'a jamais eu Ă nous dire : si toute une population doit peu Ă peu mourir de faim pour que vous daigniez murmurer votre inquiĂ©tude, c'est que vous n'avez jamais Ă©tĂ© neutres. Vous n'avez jamais Ă©tĂ© honnĂȘtes. Vous y avez contribuĂ©.
Ă tous les dirigeants des salles de rĂ©daction, les prĂ©sentateurs Ă©lĂ©gants et chroniqueurs culturels qui ont su faire disparaĂźtre Gaza des plannings Ă©ditoriaux : vous n'ĂȘtes pas seulement complices. Vous ĂȘtes les instruments de ce gĂ©nocide. Vos euphĂ©mismes ont justifiĂ© les tirs. Vos directives Ă©ditoriales ont gommĂ© le sang de chaque massacre. Vous avez fait en sorte que le massacre soit tolĂ©rable pour les donateurs, les annonceurs et les cercles bien-pensants.
Vous avez choisi d'ĂȘtre lĂąches. Vous avez choisi de servir le pouvoir. Vous avez choisi de nous dĂ©shumaniser Ă coups de gros titres, de silence et de pseudo-empathie.
Ă ceux d'entre vous qui faisaient partie de notre vie, qui nous avez ignorĂ©s, vous ĂȘtes tus, ĂȘtes allĂ©s bruncher pendant que Rafah brĂ»lait, ne tolĂ©riez rien de notre colĂšre, mais n'avez pas bronchĂ© devant l'agonie de notre peuple, j'espĂšre que ce silence vous ronge. J'espĂšre que vous vivrez conscients que votre silence nâĂ©tait quâun luxe au prix de la vie d'autrui.
Ce combat n'oublie rien.
Il est trop tard pour nous revenir le cĆur brisĂ© et des poĂšmes plein la bouche, alors que les mots vous ont manquĂ© quand cela comptait le plus. Ne dites pas âc'est dĂ©chirantâ si vous n'avez rien dit quand on nous arrachait le cĆur. Votre indignation tardive ne nous intĂ©resse pas. Votre culpabilitĂ© non plus.
Je ne connais peut-ĂȘtre pas tant de ceux qui sont morts, mais une partie de moi est morte avec eux. J'ai Ă©tĂ© enterrĂ© avec l'Ăąme que l'humanitĂ© n'a jamais eue.
Traduit par Spirit of Free Speech
Ils ont choisi d'ĂȘtre fidĂšles Ă leur communautĂ©, c'est tout, et/ou Ă la main qui les paie, car celle-ci est toujours au dessus de celle qui reçoit. Pour ce qui me concerne, cela fait trente ans que j'ai compris qu'il n'y aura jamais de solution Ă deux Ă©tats et que je pleure qu'un humain puisse se conduire comme cela vis Ă vis d'un autre. Ces gens n'ont peut-ĂȘtre pas d'Ăąme. Il devient urgentissime que les belles personnes de cette communautĂ© se lĂšvent ! Il y a fatalement des gens bien qui pleurent en mĂȘme temps que moi. Il a bien fallu repartir les salopards...et non les concentrer...
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