đâđš Meta, en pleine offensive contre la libertĂ© d'expression, bannit le site The Cradle
Le géant des réseaux sociaux a pris pour cible un média indépendant d'Asie occidentale, intensifiant sa répression des voix palestiniennes & régionales, tant sur ses plateformes qu'en interne.
đâđš Meta, en pleine offensive contre la libertĂ© d'expression, bannit le site The Cradle
Par la rédaction de The Cradle, le 19 août 2024
Le 16 aoĂ»t, Meta, la sociĂ©tĂ© mĂšre de Facebook et d'Instagram, a dĂ©finitivement banni The Cradle de ses plateformes de rĂ©seaux sociaux pour avoir prĂ©tendument contrevenu aux standards de la communautĂ© en âfaisant l'Ă©loge d'organisations terroristesâ et en se livrant Ă de lââincitation Ă la violenceâ.
âPersonne ne pourra voir ou trouver votre compte, et vous ne pourrez plus l'utiliser. Toutes vos informations seront dĂ©finitivement effacĂ©esâ,
peut-on lire dans le message accompagnant l'interdiction sur Instagram, oĂč The Cradle avait dĂ©passĂ© les 107 000 followers et accumulĂ© des millions de vues.
âVous ne pourrez pas faire appel Ă une rĂ©vision de cette dĂ©cisionâ, conclut le message, bien que l'interdiction ait Ă©tĂ© prononcĂ©e sans aucun avertissement ni possibilitĂ© de recours.
The Cradle est un site d'information indépendant, géré par des journalistes, qui commente la géopolitique de l'Asie occidentale d'un point de vue ouest-asiatique. Depuis 2021, la publication s'est fait un nom en couvrant les événements régionaux avec toute la profondeur et les nuances qui font souvent défaut aux médias grand public.
Les accusations de Meta quant Ă l'âĂ©loge d'organisations terroristesâ et Ă l'âincitation Ă la violenceâ trouvent en grande partie leur origine dans des messages et des vidĂ©os qui relaient des informations ou des citations de mouvements de rĂ©sistance d'Asie occidentale tels que le Hamas, le Hezbollah et Ansarallah - inscrits sur la liste noire de nombreux gouvernements occidentaux - qui jouent un rĂŽle essentiel dans l'actualitĂ© d'une rĂ©gion au bord du gouffre que signifie une guerre majeure.
Les organisations politiques majeures d'Asie occidentale sont profondément ancrées dans les institutions et la société au Liban, en Palestine et au Yémen et constituent un élément essentiel du tissu social de ces pays. Elles sont représentées dans la gouvernance, gÚrent des écoles, des hÎpitaux et des services publics et distribuent des salaires à des millions de travailleurs civils.
Ironie de la chose, un grand nombre des citations signalées par Meta de The Cradle au sujet de ces organisations émanent également de responsables israéliens et occidentaux :
âLes renseignements recueillis par le Hezbollah sont aussi prĂ©cis que ceux d'une organisation de renseignement occidentale avancĂ©e, avec des capacitĂ©s d'observation, une collecte de renseignements rigoureuse et une documentation en temps rĂ©el... Dans le nord du pays, il n'y a pas de cible que le Hezbollah ne puisse atteindre avec un taux de rĂ©ussite supĂ©rieur Ă 50 % ». - Meta affirme que cet article, datant de deux mois, a violĂ© les standards de Meta, bien que les citations proviennent de journalistes et d'officiels israĂ©liens.â
Parmi les autres posts qui, selon Meta, enfreignent ses rĂšgles, figurent un soutien Ă des manifestants qui pĂ©nĂštrent dans une usine Elbit au Royaume-Uni, sous la forme d'une image titrĂ©e âLâarmĂ©e israĂ©lienne approuve les plans d'une offensive sur le Libanâ et les propos d'un responsable du Hamas au Liban sur la maniĂšre dont le âfront de soutien [Ă Gaza] ... a atteint son objectifâ.
Bien que The Cradle se soit parfois heurté aux directives communautaires frustrantes et peu précises de Meta - auxquelles la publication répondait toujours immédiatement - les choses ont semblé se verrouiller davantage aprÚs l'assassinat, le 31 juillet, du chef du Politburo du Hamas, Ismail Haniyeh, lorsque la société détenue par le milliardaire américain Mark Zuckerberg a nettement durci sa politique en matiÚre de liberté d'expression.
Dans les jours qui ont suivi l'assassinat de Haniyeh, Meta a supprimĂ© 10 posts du compte Instagram de The Cradle en 48 heures. Il s'agissait de citations de responsables du Hamas et du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Hezbollah, Hassan Nasrallah, condamnant les massacres Ă Gaza et les frappes israĂ©liennes Ă TĂ©hĂ©ran et Ă Beyrouth, de vidĂ©os publiĂ©es par des factions locales de la rĂ©sistance affrontant l'armĂ©e israĂ©lienne Ă Gaza, et mĂȘme de titres d'actualitĂ© concernant Haniyeh.
L'un des messages supprimĂ©s pour non-respect des standards Ă©tait un titre indiquant que âle Hamas appelle Ă un âjour de rĂ©volteâ aprĂšs l'assassinat d'Haniyehâ. Un autre post contenait un diaporama de citations du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Hezbollah, Hassan Nasrallah, Ă©voquant les assassinats Ă Beyrouth et Ă TĂ©hĂ©ran, ainsi qu'une rĂ©action prĂ©visible.

Meta a informĂ© The Cradle pour la premiĂšre fois au dĂ©but du mois d'aoĂ»t : âSi vous enfreignez Ă nouveau les standards de la communautĂ© Meta, votre compte pourra ĂȘtre supprimĂ©â.
Quelques jours plus tard, Meta a Ă©mis son bannissement permanent, ciblant le compte Instagram principal de The Cradleet un compte de secours qui n'avait violĂ© aucune des directives de l'entreprise. Quelques heures plus tard, l'entreprise a dĂ©sactivĂ© la page Facebook de The Cradle, qui n'Ă©tait pas directement liĂ©e au compte Instagram et Ă©tait enregistrĂ©e sous un email totalement diffĂ©rent. Meta a prĂ©cisĂ© dans son message concernant la dĂ©sactivation permanente du compte de sauvegarde que le site ne permet pas de âcrĂ©er un autre compte aprĂšs la dĂ©sactivation du vĂŽtreâ. Le compte de sauvegarde a Ă©tĂ© créé avant la suspension.
Nous considérons qu'il s'agit là d'une preuve que Meta vise The Cradle dans son ensemble.
Le compte commercial deThe Cradle sur Instagram a Ă©tĂ© clairement identifiĂ© dĂšs le dĂ©part comme une entreprise de âsites web d'actualitĂ©s/mĂ©diasâ.
D'autres pages d'actualités sur Meta, telles que Middle East Eye et Al Jazeera, publient des images et des contenus similaires - des vidéos publiées par le Hamas et le Hezbollah, par exemple - et semblent libres de le faire sans que leurs posts soient supprimés. La description de ces posts par The Cradle a toujours été strictement neutre.

Depuis les événements du 7 octobre 2023 et l'assaut militaire d'Israël sur Gaza, les organes d'information indépendants tels que The Cradle ont constaté une nette augmentation de leur audience, les consommateurs d'informations recherchant une couverture représentative du terrain qui contrecarre la désinformation.
Cette évolution du statu quo mondial de l'information a déclenché une censure croissante de la part des géants des réseaux sociaux.
âLes politiques et les pratiques de Meta ont rĂ©duit au silence les voix en faveur du soutien Ă la Palestine et des droits de l'homme des Palestiniens sur Instagram et Facebook dans une vague de censure accrue sur les rĂ©seaux sociauxâ,
a détaillé Human Rights Watch (HRW) dans un rapport publié en décembre 2023.
âHuman Rights Watch a constatĂ© que la censure des contenus liĂ©s Ă la Palestine sur Instagram et Facebook est systĂ©matique et globale. L'application incohĂ©rente par Meta de ses propres politiques a conduit Ă la suppression erronĂ©e de contenu sur la Palestine ... Meta, la sociĂ©tĂ© mĂšre de Facebook et d'Instagram, a un dossier bien documentĂ© de rĂ©pression excessivement Ă©tendue sur le contenu liĂ© Ă la Palestineâ, ajoute le rapport de HRW.
Les organisations de défense des droits civiques numériques et les groupes de défense des droits de l'homme ont appelé Meta ces derniers mois à mettre fin à sa censure systématique des contenus pro-palestiniens, et à respecter ses engagements en matiÚre de droits de l'homme.
L'Ă©volution des politiques de censure de Meta peut ĂȘtre attribuĂ©e Ă ses recrutements douteux. C'est le cas de Guy Rosen, directeur de la sĂ©curitĂ© de l'information depuis 2022, un vĂ©tĂ©ran de l'unitĂ© 8200 de l'armĂ©e israĂ©lienne - l'unitĂ© clandestine des services de renseignement - et cofondateur de l'entreprise technologique israĂ©lienne Onavo, dĂ©tenue par Facebook.
Meta continue d'intensifier ses attaques contre la libertĂ© d'expression, envisageant mĂȘme de censurer le mot âsionisteâ, comme l'a rĂ©vĂ©lĂ© le journaliste de The Intercept, Sam Biddle, en fĂ©vrier 2024.

En 2022, des journalistes palestiniens de la bande de Gaza et de JĂ©rusalem-Est occupĂ©e ont accusĂ© Meta d'avoir âpurgĂ©â leurs comptes WhatsApp et Facebook pour avoir dĂ©noncĂ© des crimes de guerre israĂ©liens.
à l'époque, Meta a accusé les journalistes d'avoir
âenfreint leurs standards de publication [en publiant des photos] montrant en dĂ©tail les civils tuĂ©s par les forces israĂ©liennes dans la bande de Gazaâ.
Le gĂ©ant de la tech a Ă©galement Ă©tĂ© accusĂ© de pratiquer une âcensure interne abusiveâ par ses propres employĂ©s.
En juin, Maxine Williams, responsable des politiques de diversité chez Meta, a interdit à ses employés de discuter de la guerre à Gaza, les informant que l'entreprise avait
âdĂ©cidĂ© de limiter les discussions sur des sujets historiquement perturbants sur le lieu de travail, quelle que soit la gravitĂ© de ces sujets - y compris le contenu liĂ© Ă la guerre et Ă l'existence d'un Ătatâ.
Le mĂȘme mois, un ingĂ©nieur palestino-amĂ©ricain, Ferras Hamad, a poursuivi l'entreprise pour discrimination et licenciement abusif, affirmant que Meta l'a licenciĂ© pour avoir essayĂ© de contribuer corriger des bugs responsables de la suppression de posts palestiniens sur Instagram.
De plus, Ferras Hamad accuse Meta de partialitĂ© Ă l'Ă©gard des Palestiniens, affirmant que l'entreprise a supprimĂ© les communications internes des employĂ©s Ă©voquant la mort de leurs proches Ă Gaza et menĂ© des enquĂȘtes sur leur utilisation de l'emoji du drapeau palestinien.
Le 15 aoĂ»t, un jour avant que Meta ne bannisse dĂ©finitivement The Cradle de ses plateformes, The Guardian a fait Ă©tat des âconflits internesâ chez Meta pour modĂ©rer les contenus liĂ©s Ă la guerre Ă Gaza et de son double discours lorsqu'il s'agit de dĂ©terminer âla pertinence de modĂ©ration de contenus en hĂ©breu et de contenus en arabeâ.
Les lanceurs d'alerte ont Ă©galement exprimĂ© leurs craintes de reprĂ©sailles de la part de l'entreprise, dĂ©clarant que dans ses prioritĂ©s, âla sĂ©curitĂ© du contenu pour la communautĂ© n'est pas la prioritĂ©.â
âSi je soulĂšve la question ouvertement, j'ai peur que mon emploi soit menacĂ© - la position de l'entreprise sur cette question est trĂšs claireâ,
a déclaré le membre du personnel de Meta dont le nom n'a pas été dévoilé.
Alors que les libertés journalistiques déclinent rapidement dans toutes les sphÚres, nous invitons nos lecteurs et notre public à contribuer à contrer leur censure en nous faisant un don via thecradle.co et Patreon. Suivez-nous sur X, Telegram, TikTok et le flux RSS de The Cradle pour des mises à jour quotidiennes et heure par heure, abonnez-vous à notre lettre d'information hebdomadaire et rejoignez-nous sur YouTube et Rumble pour des podcasts hebdomadaires qui décryptent l'actualité en profondeur.
https://thecradle.co/articles/meta-permanently-bans-the-cradle-in-latest-attack-on-free-speech
Quelle drÎle d'idée que de maintenir une page sur FB ! Le groupe 'meta' est un club sioniste depuis sa fondation par le mal-nommé Montagne de sucre. J'ai abandonné ce réseau depuis des années pour ceux non censurés de VK et Télégram...
Les 107.000 abonnés vont aussi comprendre que le boycott et la meilleure réponse ? Méta se casse gentiment la gueule depuis plusieurs mois à cause du départ endémique de ses utilisateurs. Il faut accélÚrer le processus. BDS passe aussi par cette action!
Quand Ă The Craddle, je leur souhaite un prompt rĂ©tablissement et je ne doute pas que ça ouvrira les yeux Ă bien des occidentaux. Cela confirmera encore que la rĂ©pression de la vraie information a toujours la mĂȘme origine...