👁🗨 Meta expose les difficultés des sociétés israéliennes à appâter le client
Alors que le génocide perdure, le refus croissant de la communauté internationale de s'engager auprès des marques israéliennes génère des pertes qu'aucune censure, même celle de Meta, ne peut effacer.
👁🗨 Meta expose les difficultés des sociétés israéliennes à appâter le client
Par Murtaza Hassasın, Waqas Ahmed & Ryan Grim, le 9 juin 2025
Pour l'année 2025, le gouvernement israélien a annoncé une enveloppe supplémentaire de 150 millions de dollars pour ses relations publiques à l'échelle mondiale, une augmentation sans précédent dans un contexte marqué par une détérioration spectaculaire de l'image d'Israël à travers le monde.
Il s'avère que le coût de ce déclin peut être quantifié. Meta, qui détient Instagram et Facebook, est le principal moyen utilisé par de nombreuses entreprises pour toucher leurs clients. Le coût pour attirer l'attention d'un nouveau client grâce à la publicité sur Meta est appelé CPC, ou coût par clic. Plus le CPC d'une entreprise est bas, moins elle doit dépenser pour attirer de nouveaux clients. Plus elle doit dépenser, moins son activité est viable.
Un examen des données divulguées par Meta, que nous ont fournies des lanceurs d'alerte de l'entreprise, montre que depuis 2023, les entreprises israéliennes ont de plus en plus de mal à attirer de nouveaux clients partout dans le monde, entraînant une augmentation des coûts publicitaires de plusieurs milliards.
Nous venons également de publier la traduction audio d'une interview exceptionnelle donnée par l'ancien Premier ministre israélien Yair Lapid, souvent présenté comme une alternative plus humaine et plus centriste à Benjamin Netanyahu. Écoutez-le et voyez si vous êtes d'accord avec cette affirmation.
Au cours du week-end, nous avons enfin reçu une réponse de l'armée israélienne à notre enquête sur l'utilisation par une unité d'un Palestinien de 63 ans comme bouclier humain pendant trois mois consécutifs. Vous pouvez la lire ici.
— Ryan Grim
Un article de Murtaza Hussain, Waqas Ahmed et Ryan Grim
Selon des données internes confidentielles du géant des réseaux sociaux obtenues par Drop Site News, le retour sur investissement des milliards de dollars dépensés en publicité par les entreprises israéliennes sur les plateformes de Meta a considérablement diminué. En conséquence, dans un contexte de réactions internationales de plus en plus vives contre le génocide perpétré par le gouvernement israélien dans la bande de Gaza, les entreprises israéliennes sont contraintes de dépenser de plus en plus pour attirer des clients potentiels sur leurs sites web, tout en constatant une baisse de l'engagement des utilisateurs.
Les coûts marketing croissants des marques israéliennes, fournis à Drop Site par des lanceurs d'alerte internes de Meta, chiffrent précisément la toxicité croissante de la réputation internationale d'Israël. Les données sont ventilées en plusieurs catégories, indiquant le montant total dépensé par les sociétés israéliennes en publicité d'une année sur l'autre depuis 2023, les montants dépensés par d'autres pays chaque année au cours de cette période, le coût moyen pour susciter l'engagement des utilisateurs individuels, les principaux pays consommateurs de publicités israéliennes et les 40 premières entreprises israéliennes à faire de la publicité sur les plateformes Meta en fonction du montant total de leurs dépenses publicitaires.
L'indicateur connu sous le nom de “coût par clic” (CPC) est essentiel pour les annonceurs en ligne. Le CPC représente le montant en dollars que les entreprises doivent payer pour qu'un client potentiel clique sur leurs publicités, un chiffre qui est ensuite utilisé pour évaluer la part de leurs dépenses publicitaires qui se traduit effectivement en revenus. Meta n'a pas répondu à une demande de commentaires.
Entre 2023 et 2025, le CPC des entreprises israéliennes a augmenté de 155,3 %, passant de 0,094 $ à 0,24 $ pour attirer un client potentiel vers le site web d'une entreprise israélienne.
Cette augmentation est loin de correspondre à une tendance générale à la hausse. Israël est le pays qui a connu la plus forte augmentation des dépenses en CPC d'une année sur l'autre entre 2023 et 2024, selon les données, les deux pays suivants étant l'Irak et le Pakistan. En moyenne, les entreprises israéliennes ont dépensé entre 1,8 et 1,9 milliard de dollars en publicité sur les plateformes Meta entre ces deux années, l'efficacité de ces dépenses publicitaires diminuant rapidement.
Les principales entreprises israéliennes qui dépensent le plus sur les plateformes Meta comprennent un mélange éclectique de sociétés de jeux, de services informatiques, de marketing contenu et de fournisseurs de commerce électronique traditionnels. Plusieurs des entreprises répertoriées ont été ciblées par des campagnes de boycott, de désinvestissement et de sanctions (BDS). D'autres, bien qu'elles ne se présentent pas ouvertement comme israéliennes, ont commencé à afficher leur soutien à la cause israélienne immédiatement après les attentats du 7 octobre, notamment dans leurs publications et leurs publicités sur les réseaux sociaux. Bon nombre des entreprises de marketing contenu basées en Israël figurant parmi les principaux annonceurs sur Meta ne divulguent pas l'identité de leurs clients dans leur documentation en ligne, ce qui laisse penser qu'une grande partie de leur publicité pourrait également être centrée sur Israël. Le gouvernement israélien, ainsi que des groupes pro-israéliens du secteur privé, ont annoncé des initiatives majeures visant à défendre la réputation d'Israël en ligne au cours des deux dernières années, alors que les critiques à l'égard des actions d'Israël à Gaza s'intensifiaient.
À l'approche de novembre et décembre 2023, alors que le nombre de victimes civiles grimpait en flèche, les entreprises israéliennes ont cherché à prendre leurs distances avec l'image de leur pays dans leurs publicités en ligne, craignant un revers de l'opinion publique. Les données de Meta suggèrent que ces mesures n'ont pas été efficaces. Jusqu'à présent, en 2025, le nombre de clics enregistrés sur les publicités des entreprises israéliennes ne représente que 39,2 % du total enregistré en 2023, ce qui explique pourquoi les entreprises israéliennes doivent désormais payer plus du double en frais publicitaires pour appâter la clientèle.
Cette tendance a été observée dans presque tous les pays où les entreprises israéliennes font de la publicité. Pour les utilisateurs américains ciblés par les publicités israéliennes, le CPC entre 2023 et 2024 a augmenté de 93,32 % pour la même période, tandis que le CPC des entreprises non israéliennes faisant de la publicité aux États-Unis n'a augmenté que de 2,8 %. Des augmentations importantes du CPC ont été observées dans les autres principaux pays étrangers ciblés par les publicités israéliennes, notamment le Royaume-Uni (163,22 %), le Canada (106,61 %), l'Australie (115,87 %), l'Allemagne (144,39 %), le Brésil (89,60 %), la France (102,68 %), le Mexique (39,91 %) et l'Inde (40,32 %). À titre de comparaison, le CPC des entreprises israéliennes qui font de la publicité auprès d'un public en Israël n'a augmenté que de 12 %, ce qui s'explique probablement par une économie en perte de vitesse. De même, le CPC des entreprises mondiales est resté relativement stable sur tous les marchés où Meta fait de la publicité. Par exemple, la croissance du CPC au Royaume-Uni pour les entreprises non israéliennes n'a été que de 9,7 %, contre 8,83 % au Canada, 8 % en Australie et 10,9 % en Allemagne, et similaire pour presque tous les pays, ce qui montre une différence remarquable entre la croissance du CPC pour Israël et celle des autres entreprises mondiales.
Les données de Meta offrent un rare aperçu qualitatif des difficultés auxquelles est confrontée l'économie israélienne après 20 mois de guerre dans la bande de Gaza, qui ont donné lieu à des accusations officielles de génocide portées contre l'État devant les tribunaux internationaux. Plusieurs des principaux annonceurs israéliens de Meta ont également été répertoriés par des campagnes de boycott et de désinvestissement en ligne, tandis que le mouvement officiel BDS appelle au désinvestissement des entreprises israéliennes en général.
Malgré le soutien sans précédent de Meta à Israël durant la guerre à Gaza, y compris sa complicité dans la censure massive des contenus pro-palestiniens et des critiques à l'égard d'Israël, les données internes révèlent un revirement radical de l'opinion des consommateurs mondiaux à l'égard des marques israéliennes et une baisse des revenus de Meta provenant d'Israël, avec d'ores et déjà une baisse de 8 % des dépenses publicitaires israéliennes pour la période 2023-2024. Alors que le génocide à Gaza se poursuit, le refus croissant de la communauté internationale de s'engager auprès des marques israéliennes impose un coût économique qu'aucune censure, même celle de Meta, ne peut effacer.
D'autres classements témoignent du même effondrement brutal de la marque Israël à l'échelle mondiale. Dans le rapport annuel Global Soft Power Index publié en début d'année par le cabinet de conseil en marketing londonien Brand Finance, Israël a atteint son score le plus bas jamais enregistré.
“Plus d'un an après l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre et l'invasion de Gaza par Israël en réponse, le conflit israélo-palestinien continue d'avoir un impact considérable sur la perception mondiale du pays, comme en témoigne son recul de 42 places dans le classement, où il occupe désormais la 121e place”, note le rapport.
Sur fond de réactions de plus en plus vives aux projets annoncés par les dirigeants israéliens d'annexer la bande de Gaza et d'expulser ou de tuer sa population, les pays européens qui soutenaient jusqu'alors l'effort de guerre israélien ont commencé à brandir la menace de sanctions et d'autres mesures visant à contraindre Tel-Aviv à mettre fin à son assaut. L'Union européenne et le Royaume-Uni ont annoncé ce mois-ci leur intention de suspendre les négociations commerciales et de revoir les accords économiques existants en signe de protestation contre les actions d'Israël.
Les sondages montrent que l'opinion publique américaine à l'égard d'Israël continue de se détériorer. Un sondage réalisé en avril par le Pew Research Center a révélé que 53 % des Américains ont désormais une opinion défavorable d'Israël, contre 42 % en mars 2022. La baisse de popularité est particulièrement marquée chez les jeunes Américains, les opinions négatives étant beaucoup plus fortement représentées dans la tranche d'âge des 18-49 ans, où même 50 % des personnes se déclarant républicaines se disent désormais défavorables à Israël.
Cette baisse de popularité survient malgré les efforts colossaux déployés par le gouvernement israélien pour influencer l'opinion publique mondiale. Fin 2024, le budget du ministère des Affaires étrangères israélien consacré à la diplomatie publique a été augmenté de 150 millions de dollars en plus des montants existants, alors même que le gouvernement procède à des coupes dans les prestations sociales pour financer la Défense et autres dépenses. L'ancien directeur de la banque centrale du pays a averti fin mai que les coupes budgétaires pourraient entraîner l'effondrement des infrastructures vitales du secteur public israélien.
“Dans le cadre du nouveau budget, le ministère des Affaires étrangères recevra 150 millions de dollars, en plus de ses activités existantes, au titre de ce qui est officiellement appelé la diplomatie publique, ou hasbara en hébreu”, a rapporté le Times of Israel à propos de l'augmentation du financement de la hasbara. “Cette somme est plus de 20 fois supérieure à ce qui était généralement alloué à de telles initiatives au cours des dernières années”.
Traduit par Spirit of Free Speech
Très bonne nouvelle....Les juifs et l'argent...leur talon d’Achille.