đâđš Murray sur Assange, les lanceurs d'alerte & la presse.
"Nous devons sauver de la persécution le principal partisan de la lutte contre la guerre, pour la vérité, la justice, ces vertus phares que toute personne digne de ce nom devrait soutenir."
đâđš Murray sur Assange, les lanceurs d'alerte & la presse.
Par Amy Blumenshine, le 3 octobre 2023
Nous devons sauver de la persécution le principal partisan de la lutte contre la guerre, pour la vérité, la justice, pour les vertus fondamentales de la société que toute personne digne de ce nom devrait poursuivre.
Lors du rĂ©cent anniversaire du 11 septembre, plus d'une centaine de personnes sont venues Ă©couter le lanceur d'alerte et ancien ambassadeur britannique Craig Murray au Hook and Ladder. Ăcossais et diplomate de carriĂšre pour le Royaume-Uni, Murray a Ă©tĂ© ambassadeur en OuzbĂ©kistan alors que notre âguerre mondiale contre le terrorismeâ servait de prĂ©texte Ă ce dictateur pour faire bouillir ses opposants.
La mission de M. Murray aux Ătats-Unis consistait toutefois Ă plaider en faveur de la protection des lanceurs d'alerte et de la presse qui les publie, et en particulier Julian Assange. Julian Assange est en captivitĂ© - il n'a Ă©tĂ© ni jugĂ© ni condamnĂ© - depuis plus de 13 ans pour avoir publiĂ© la vĂ©ritĂ© sur les crimes du gouvernement amĂ©ricain. M. Murray dĂ©crit en dĂ©tail l'exĂ©cution au ralenti de Julian Assange par les gouvernements amĂ©ricain et britannique. Un rapporteur spĂ©cial des Nations unies sur la torture, qui a enquĂȘtĂ© sur le traitement et l'Ă©tat de santĂ© de M. Assange, les a qualifiĂ©s de torture.
WikiLeaks, l'organisation de M. Assange dĂ©diĂ©e Ă la transparence, a publiĂ© des documents divulguĂ©s rĂ©vĂ©lant des actions rĂ©prĂ©hensibles de gouvernements et d'entreprises de diffĂ©rents pays. Les rĂ©vĂ©lations de WikiLeaks sur la torture aux Ătats-Unis, les journaux de guerre d'Irak et d'Afghanistan, et mĂȘme les manigances politiciennes lui ont valu la vindicte des autoritĂ©s amĂ©ricaines, a dĂ©clarĂ© M. Murray, et ont abouti Ă une atteinte manifestement inconstitutionnelle Ă la libertĂ© de la presse.
M. Murray a également rendu hommage au défunt lanceur d'alerte Daniel Ellsberg, qui a témoigné en faveur d'Assange alors qu'il était sur le point de disparaßtre. Le tribunal fantoche britannique chargé de l'affaire d'extradition a tenté de saboter le témoignage d'Ellsberg en n'autorisant l'accÚs aux 600 pages de preuves que la veille de son témoignage (en ligne) à 5h30 du matin.
En rĂ©ponse Ă l'affirmation du gouvernement selon laquelle Assange mettait en danger des personnes, Ellsberg a soulignĂ© qu'aucune victime n'avait Ă©tĂ© identifiĂ©e, alors que les guerres internationales illĂ©gales menĂ©es par les Ătats-Unis aprĂšs le 11 septembre - auxquelles les rĂ©vĂ©lations de WikiLeaks cherchaient Ă mettre fin - ont entraĂźnĂ© la mort d'au moins un million de personnes et le dĂ©placement de plus de 27 millions d'autres.
L'histoire de Murray est la suivante : aprĂšs avoir Ă©puisĂ© les voies internes pour modifier le soutien de son gouvernement au dictateur tortionnaire, il a portĂ© l'affaire Ă la connaissance d'un journal britannique. Cette affaire a eu des rĂ©percussions, et on lui a accordĂ© sept ans de salaire afin qu'il dĂ©missionne prĂ©maturĂ©ment. Sa situation contraste avec celle de M. Assange qui, dans l'attente d'une extradition pour un Ă©ventuel procĂšs aux Ătats-Unis, dĂ©pĂ©rit dans la prison de haute sĂ©curitĂ© de Belmarsh, oĂč des menaces draconiennes pĂšsent sur sa vie et sa libertĂ©, le tout en violation de la loi britannique, a expliquĂ© M. Murray.
Les effroyables meurtres sous la torture en OuzbĂ©kistan, dont Murray a eu personnellement connaissance, ont Ă©tĂ© tolĂ©rĂ©s et soutenus par le Royaume-Uni et les Ătats-Unis dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. En rĂ©alitĂ©, ces atrocitĂ©s ont Ă©tĂ© commises pour terroriser les Ouzbeks, maintenir le dictateur au pouvoir tout en cherchant Ă obtenir l'aide et le soutien politique des faiseurs de guerre amĂ©ricains et britanniques. Murray savait Ă©galement que l'une des victimes, persĂ©cutĂ©e en raison de son appartenance Ă Al-QaĂŻda, Ă©tait en fait un tĂ©moin de JĂ©hovah. Murray a expliquĂ© que George H.W. Bush avait des intĂ©rĂȘts financiers dans la construction de l'olĂ©oduc traversant l'OuzbĂ©kistan, qui partage une frontiĂšre avec l'Afghanistan. Cette situation gĂ©ographique favorisait les bĂ©nĂ©fices tirĂ©s du trafic d'opiacĂ©s, reprĂ©sentant plus de 90 % du commerce illicite mondial pendant l'occupation amĂ©ricaine.
Cela ne se limite pas Ă la catastrophe des opioĂŻdes, mais aussi Ă la prĂ©sence sur le territoire d'un grand nombre de rĂ©fugiĂ©s Ă©quatoriens. Le prĂ©sident Ă©quatorien, Rafael Correa, qui a offert l'asile Ă Assange dans l'ambassade Ă©quatorienne de Londres, a Ă©galement contribuĂ© Ă une forte baisse de la pauvretĂ© en Ăquateur. Mais les actions secrĂštes des Ătats-Unis ont contribuĂ© Ă un changement de rĂ©gime en Ăquateur, affirme M. Murray. Les prĂ©sidents qui ont succĂ©dĂ© Ă Correa, qui lui a accordĂ© l'asile, ont autorisĂ© la surveillance amĂ©ricaine au sein de l'ambassade et ont finalement expulsĂ© M. Assange, en confisquant ses documents de prĂ©paration du procĂšs, les remettant Ă l'accusation.
Un autre impact sur le terrain est, bien sĂ»r, l'effet dissuasif sur l'ensemble du journalisme de la pĂ©nalisation de la publication de vĂ©ritĂ©s gĂȘnantes pour le gouvernement. âUne sociĂ©tĂ© qui exclut la possibilitĂ© de dire la vĂ©ritĂ© anĂ©antit la possibilitĂ© de vivre dans un esprit de justiceâ, telle est la citation de Chris Hedges prononcĂ©e par Coleen Rowley, lanceuse d'alerte du FBI en introduction Ă l'Ă©vĂ©nement rĂ©cemment organisĂ©. Gary King, d'Amnesty International, a soulignĂ© dans ses remarques prĂ©liminaires qu'Assange Ă©tait l'exemple mĂȘme de ce que l'organisation appelle un prisonnier de conscience : une personne emprisonnĂ©e par son gouvernement non pour avoir commis des actes de violence, mais pour avoir rĂ©vĂ©lĂ© des vĂ©ritĂ©s qui dĂ©rangent.
Murray a ainsi citĂ© Assange : âSi les mensonges peuvent dĂ©clencher des guerres, la vĂ©ritĂ© peut y mettre finâ. Murray a exhortĂ© toutes les personnes prĂ©sentes Ă agir si Assange devait ĂȘtre extradĂ© vers les Ătats-Unis. Il a insistĂ© sur la nĂ©cessitĂ© d'avoir un impact sur cette journĂ©e, notamment en fournissant des photos des manifestations aux mĂ©dias alternatifs locaux.
M. Murray a conclu par ce message incitatif : âNous devons sauver de la persĂ©cution le principal partisan de la lutte contre la guerre. Câest un combat pour la vĂ©ritĂ©, la justice, le principe mĂȘme de la libertĂ© d'expression, contre la guerre, pour les vertus fondamentales de la sociĂ©tĂ© que toute personne digne de ce nom devrait soutenir. Et je sais que tous ceux qui sont ici prĂ©sents se joindront Ă moi pour mener cette lutteâ.
https://southsidepride.com/2023/10/03/murray-on-assange-whistleblowers-and-the-press/