👁🗨 “Ne dites pas à ma mère que je suis aveugle”
Malgré la cécité, les blessures et la souffrance, M. Barrash a survécu. Il est libre. Mais les cicatrices sont indélébiles.
👁🗨 “Ne dites pas à ma mère que je suis aveugle” : Muhammad Barrash libéré après 22 ans de souffrance dans les prisons israéliennes
Par Quds News Network, le 8 février 2025
Muhammad Barrash a passé 22 ans dans une prison israélienne, souffrant de cécité, de douleur et de négligence médicale. Samedi, il a finalement été libéré.
L'histoire de Muhammad Barrash est marquée par une souffrance inimaginable. En 2002, un obus israélien “Energa” l'a frappé au cœur de Ramallah, en Cisjordanie. L'explosion a arraché sa jambe gauche, endommagé sa jambe droite et l'a rendu partiellement aveugle. En juin 2003, les forces israéliennes l'ont capturé. Il a été condamné à trois peines de prison à vie et à 40 ans additionnels.
La prison n'a fait qu'aggraver ses souffrances. Dans l'année qui a suivi sa détention, Barrash a complètement perdu la vue. Son œil droit, blessé, s'est détérioré en raison de problèmes médicaux non traités. Mais il a caché ce secret à sa mère :
“Ne dites pas à ma mère que je suis aveugle”, a-t-il écrit dans une lettre depuis la prison en 2012. “Elle me voit, mais je ne la vois pas. Je souris et je fais semblant quand elle montre les photos de mes frères et de mes amis. Elle ne sait pas que l'obscurité s'est emparée de moi”.
Pendant des années, les autorités pénitentiaires israéliennes lui ont refusé les soins médicaux. Il a attendu sans fin une greffe de cornée. L'intervention n'a jamais eu lieu. Son corps portait les cicatrices des éclats d'obus de guerre incrustés dans sa chair, l’état de sa jambe droite se dégradait. En 2021, il a découvert que les autorités pénitentiaires israéliennes lui ont donné des médicaments contre le cholestérol périmés, aggravant ainsi son état.
Pendant ce temps, sa mère attendait. Elle s'est battue pour lui rendre visite. Elle rêvait de le voir libre. Samedi, ses prières ont été exaucées. M. Barrash est sorti de prison, il n'est plus derrière les barreaux mais il est marqué à jamais par les années de négligence et de souffrances subies.
Sa libération intervient dans le cadre de la première phase d'un accord d'échange de prisonniers entre la Résistance et l'État d'occupation. Pour beaucoup, son histoire symbolise les conditions brutales auxquelles sont confrontés les prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes.
Malgré la cécité, les blessures et la souffrance, M. Barrash a survécu. Il est libre. Mais les cicatrices sont indélébiles.
Des actes de torture sans précédent
Les expériences éprouvantes des prisonniers palestiniens dans les centres de détention israéliens sont depuis longtemps un sujet de préoccupation internationale. Des rapports récents font état d'une escalade inquiétante dans la gravité des tortures et des mauvais traitements.
Selon la Palestinian Prisoner's Society (PPS), les détenus libérés dans le cadre du récent échange de prisonniers présentent des signes de torture et de privation de nourriture “sans précédent”. Les prisonniers libérés portent des combinaisons de prison grises tachées, témoignant de sévices prolongés. Des témoignages ont révélé que nombre d'entre eux ont été violemment battus et ont eu des côtes cassées, ont été victimes de négligence médicale systématique et sont délibérément affamés. Certains souffrent d'affections cutanées non traitées, comme la gale, exacerbées par un environnement carcéral particulièrement rude.
D'autres rapports émanant de la Arab Workers Union indiquent que les travailleurs palestiniens arrêtés à la suite du génocide israélien d'octobre 2023 à Gaza ont été victimes d'un traitement barbare. Le conseiller juridique Wehbe Badarneh a révélé que 34 d'entre eux sont morts dans des circonstances inexpliquées ou à la suite de prétendues crises cardiaques pendant leur détention. Les témoignages des survivants ont détaillé des abus horribles, y compris les coups, le dénudement et plusieurs méthodes de torture. Ces récits suggèrent que certains ont été torturés à mort, suscitant des appels à une action juridique internationale contre Israël.
Amnesty International a également constaté une forte augmentation du recours à la détention administrative par les autorités israéliennes, entraînant des arrestations arbitraires de Palestiniens dans toute la Cisjordanie occupée. L'organisation a signalé que les détenus sont soumis à des traitements inhumains et dégradants, et que les cas de torture et de décès en détention ne font l'objet d'aucune enquête. Ce type d'abus témoigne d'un problème systémique au sein du système de détention israélien.