👁🗨 New York Times : Netanyahu devrait rester chez lui & se dispenser de parler au Congrès
Un article d'opinion percutant écrit par des journalistes israéliens présente les échecs de Benjamin Netanyahu comme autant de raisons de ne pas être le porte-parole d'Israël au Congrès.
👁🗨 New York Times : Netanyahu devrait rester chez lui & se dispenser de parler au Congrès
Par Al Mayadeen English, le 26 juin 2024
Avant le discours de Benjamin Netanyahu devant le Congrès américain prévu le 24 juillet, des responsables israéliens ont choisi de partager leurs réflexions sur la position de leur Premier ministre, devenue controversée et irrecevable à la lumière de la guerre dans la bande de Gaza.
David Harel, Tamir Pardo, Talia Sasson, Ehud Barak, Aaron Ciechanover et David Grossman, des colons ayant occupé ou occupant des postes prestigieux dans des structures publiques et privées israéliennes, ont qualifié l'invitation de M. Netanyahu au Congrès de “terrible erreur” dans un article publié par le New York Times.
Dans d'autres circonstances, le discours de M. Netanyahu au Congrès serait considéré comme la manifestation des “valeurs partagées” par Israël et les États-Unis. Toutefois, au vu des décisions prises par M. Netanyahu au cours des neuf derniers mois, depuis le déclenchement de la guerre contre Gaza, sa prestation, selon les auteurs, ne représente plus la communauté des colons israéliens, mais récompense son “comportement scandaleux et destructeur” dans le cadre de l'occupation.
Les échecs répétés de M. Netanyahu
Les auteurs soulignent les échecs de M. Netanyahu tout au long de la guerre, qu'il s'agisse de ne pas réussir à libérer les prisonniers en toute sécurité ou de mettre fin à la guerre, et affirment que l'invitation ne ferait que consacrer ses échecs et son rejet des initiatives américaines visant à établir un plan de paix pour Gaza, à acheminer davantage d'aide dans la bande de Gaza et à épargner des vies civiles.
Ils ont également déclaré que M. Netanyahu constitue le principal obstacle à la résolution des principaux conflits régionaux, des alliances et du “conflit israélo-palestinien”. Il est en outre tenu pour responsable de l'opération du 7 octobre et de la grave défaillance sécuritaire subie par Israël, et l'article souligne en particulier qu'il n'a toujours pas endossé la responsabilité des événements du 7 octobre.
Le texte insiste également sur plusieurs manquements de M. Netanyahu, notamment la répression policière des manifestants réclamant un échange de prisonniers, mais aussi la suspension des nominations à la Haute Cour, les velléités de contrôle politique que certains partis ont tenté d'imposer aux établissements scientifiques et culturels, et surtout les importants fonds alloués à la communauté haredim, qui, selon les auteurs, n’ont pas à supporter pas le fardeau inhérent à l'effondrement de l'économie et de la sécurité que doivent endurer les autres citoyens Israéliens.
Si l'on ajoute à cela les violents combats livrés à Gaza et le nombre sans cesse croissant de morts que subissent Gaza et l'armée israélienne, M. Netanyahu semble toujours déterminé à “tenir Israël d’une poigne autoritaire” et surtout enclin à négliger tout le reste, affirment-ils.
Mais surtout, malgré les demandes incessantes des colons pour un accord d'échange qui ramènerait les prisonniers israéliens sains et saufs, Netanyahu a été accusé d'obstruction à plusieurs accords qui auraient répondu aux requêtes de son peuple.
S'accrocher au pouvoir
Netanyahu a constamment rejeté les revendications de la majorité et s'est accroché au pouvoir sous la pression des extrémistes d'extrême droite, le ministre de l'Intérieur Itamar Ben-Gvir et le ministre des Finances Bezalel Smotrich, qui auraient fait tomber le gouvernement si Netanyahu n'avait pas adhéré à leurs aspirations sanguinaires à la reprise de la guerre et à l'établissement de nouvelles colonies dans la bande de Gaza.
Selon les fonctionnaires, cette ligne dure fait fi des revendications des colons déplacés contraints d'abandonner le Sud en raison de l'opération du Hamas et de la guerre en cours à Gaza, et de ceux qui ont fui le Nord par crainte des roquettes du Hezbollah sur la frontière libano-palestinienne.
Cette situation a coûté au gouvernement d'occupation la confiance de la population, qui réclame désormais la fin immédiate de la guerre et des élections anticipées afin de mettre Netanyahu dehors.
Du cinéma au Congrès
Les auteurs de ces critiques virulentes de la conduite de M. Netanyahu ont émis l'hypothèse sa venue devant le Congrès serait l'occasion pour lui de faire appel à ses partisans et se glorifier du soutien américain qu'il a pu obtenir en dépit de ses échecs notoires.
Ceci se produira si ses partisans tombent dans le panneau et exigent de poursuivre la guerre à Gaza, consolidant ainsi sa position au sein du gouvernement, écrivent les auteurs, qui ajoutent que le discours de M. Netanyahu devant le Congrès constitue un manque flagrant de considération pour la “colère et la souffrance” des Israéliens, et devrait inciter l'administration américaine à annuler son invitation et à demander à M. Netanyahou de “rester chez lui”.