đâđš Non, Poutine nâest pas Hitler
Les économies d'Europe occidentale, sous l'impulsion d'une UE en mutation, sont en train de se préparer à la guerre, leurs dirigeants véhiculant une haine héréditaire & atavique de la Russie.

đâđš Non, Poutine nâest pas Hitler
Par Craig Murray, le 14 mars 2025
Un sophisme domine actuellement la âpensĂ©eâ nĂ©olibĂ©rale europĂ©enne. Il s'Ă©nonce comme suit :
âHitler avait des ambitions territoriales illimitĂ©es et a tentĂ© de conquĂ©rir toute l'Europe aprĂšs avoir annexĂ© les SudĂštes. Par consĂ©quent, Poutine a des ambitions territoriales illimitĂ©es et tentera de conquĂ©rir toute l'Europe aprĂšs avoir annexĂ© l'est de l'Ukraineâ.
Cet argument fallacieux ne prouve nullement l'ambition territoriale du prĂ©sident Vladimir Poutine. Pour prouver que Poutine menace le Royaume-Uni, le Premier ministre Keir Starmer fait rĂ©fĂ©rence de maniĂšre risible Ă l'affaire du ânovitchokâ de Salisbury, peut-ĂȘtre la plus pathĂ©tique propagande de l'histoire.
Mais mĂȘme si vous Ă©tiez assez naĂŻf pour accepter la version officielle des Ă©vĂ©nements de Salisbury, une tentative d'assassinat contre un agent double indique-t-elle de maniĂšre crĂ©dible le dĂ©sir de Poutine de dĂ©clencher la troisiĂšme guerre mondiale ou d'envahir le Royaume-Uni ?
Les ambitions territoriales d'Hitler n'étaient pas secrÚtes. Son aspiration à l'espace vital et, surtout, sa conviction que les Allemands constituaient une race supérieure censée dominer les races inférieures, étaient clairement exprimées dans ses écrits et ses discours.
Rien ne prouve que Poutine ait de telles ambitions territoriales. Il ne dĂ©fend pas une idĂ©ologie nazie dĂ©lirante prĂŽnant la conquĂȘte, ni une idĂ©ologie marxiste visant Ă renverser l'ordre Ă©tabli dans le monde.
Le projet d'alignement Ă©conomique des pays des BRICS ne vise pas Ă promouvoir un systĂšme Ă©conomique radicalement diffĂ©rent, mais simplement Ă rééquilibrer les pouvoirs et les Ă©changes au sein du systĂšme, ou tout au plus Ă crĂ©er un systĂšme parallĂšle non biaisĂ© en faveur des Ătats-Unis.
Le projet des BRICS ne prévoit ni la fin du capitalisme, ni l'expansion territoriale.
On ne peut tout simplement pas prouver que Poutine nourrit des objectifs territoriaux au-delĂ de l'Ukraine et des minuscules enclaves d'OssĂ©tie du Sud et d'Abkhazie. Et il est par contre tout Ă fait juste de dire que l'expansion territoriale de Poutine au cours des deux derniĂšres dĂ©cennies se limite Ă la rĂ©incorporation des districts minoritaires russophones menacĂ©s dans les Ătats de l'ex-Union soviĂ©tique.
Je ne saisis pas bien pourquoi il faudrait dĂ©clencher une guerre mondiale et sacrifier un nombre illimitĂ© de vies pour savoir qui va ĂȘtre maire de la ville de Lougansk, peuplĂ©e d'ethnies russes et russophones.

Penser que Poutine est sur le point d'attaquer la Pologne ou la Finlande est parfaitement absurde. Et croire que l'armĂ©e russe, qui a eu du mal Ă soumettre une Ukraine faible et corrompue, bien que soutenue par l'Occident, est capable d'attaquer l'Europe occidentale elle-mĂȘme est tout simplement inenvisageable.
Le bilan de la Russie de Poutine en matiĂšre de droits de l'homme est mĂ©diocre, mais Ă ce stade, il vaut toujours mieux que celui de l'Ukraine du prĂ©sident Volodymyr Zelensky. En Russie, par exemple, les partis d'opposition sont autorisĂ©s Ă participer aux Ă©lections, mĂȘme si les rĂšgles du jeu sont inĂ©quitables, alors qu'en Ukraine, ils sont purement et simplement interdits.
Les arguments selon lesquels les activités politiques de la Russie à l'étranger dans des pays tiers exigent une augmentation massive des armements occidentaux pour se préparer à une guerre avec la Russie sont encore moins crédibles.
Ingérence et destruction occidentales

En vérité, les puissances occidentales s'ingÚrent bien plus dans les affaires des autres que la Russie, par le biais d'un parrainage massif d'ONG, de journalistes et d'hommes politiques, dont une grande partie est publique et l'autre secrÚte.
Les révélations de l'USAID ou les fuites de l'Integrity Initiative donnent au public un aperçu de ce monde.
Certes, la Russie en fait autant, mais à une échelle bien moindre. Dire que la Russie cherche à conquérir le monde ou que ses agissements justifieraient qu'on lui déclare la guerre est un argument tellement spécieux qu'on peine à croire à la bonne foi de ceux qui le défendent.
L'intervention militaire russe en Syrie serait Ă©galement la preuve que Poutine a des projets de conquĂȘte mondiale.
L'intervention russe en Syrie a empĂȘchĂ© pendant un certain temps sa destruction par l'Occident, de la mĂȘme maniĂšre qu'il a dĂ©truit l'Irak et la Libye. La Russie a retardĂ© l'arrivĂ©e au pouvoir de terroristes islamistes enragĂ©s et le massacre des communautĂ©s minoritaires de Syrie. Ces horreurs se dĂ©roulent actuellement, en partie Ă cause de l'affaiblissement de la Russie par la guerre en Ukraine.
Dire que l'intervention de la Russie en Syrie montre que Poutine est le mal incarnĂ© est une malhonnĂȘtetĂ© Ă©hontĂ©e de la part de nations qui ont dĂ©truit l'Irak, l'Afghanistan et la Libye. Les Ătats-Unis occupent militairement un quart de la Syrie depuis plus de dix ans et ont volĂ© la quasi-totalitĂ© du pĂ©trole syrien.
Pointer du doigt la Russie ne tient pas debout.
Bizarrement, cette mĂȘme âlogiqueâ ne s'applique pas Ă Benjamin Netanyahu. Les nĂ©olibĂ©raux [nĂ©ocons] ne prĂ©tendent pas que ses annexions de Gaza, de la Cisjordanie, du Sud-Liban et du sud de la Syrie signifient qu'il doit nourrir d'autres ambitions territoriales. En fait, les nĂ©olibĂ©raux ne relĂšvent mĂȘme pas les agressions de Netanyahu, ou les prĂ©sentent comme des actes de âdĂ©fenseâ - le mĂȘme argument avancĂ© de maniĂšre beaucoup plus crĂ©dible par Poutine en Ukraine, mais que les nĂ©olibĂ©raux [nĂ©ocons] rejettent catĂ©goriquement.
Une Union européenne bouleversée
Les économies d'Europe occidentale sont à nouveau sur le pied de guerre, sous la direction d'une Union européenne complÚtement transformée. Les partisans enthousiastes du génocide à Gaza, qui dirigent l'UE, véhiculent désormais une haine héréditaire atavique de la Russie.
La politique étrangÚre de l'UE est menée par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen [Allemagne], et la vice-présidente, Kaja Kallas (Estonie). La russophobie fanatique que ces deux femmes propagent, et leur désir non dissimulé d'intensifier la guerre en Ukraine, ne peuvent que rappeler aux Russes qu'ils viennent de nations autrefois fanatiquement nazies.
Pour les Russes, la situation rappelle beaucoup celle de 1941. Alors que l'Europe est en proie à une propagande antirusse totale, la tentative de Trump de négocier un accord de paix s'inscrit dans un contexte troublé et la Russie fait preuve d'une méfiance compréhensible.
Le Royaume-Uni continue de jouer le rÎle le plus néfaste. Il a envoyé Jonathan Powell de Morgan Stanley [banque américaine] pour conseiller Zelensky sur les pourparlers de paix. En tant que chef de cabinet de l'ancien Premier ministre Tony Blair, Powell a joué un rÎle crucial dans l'invasion illégale de l'Irak.
Chaque fois qu'on peut faire de l'argent en faisant la guerre, on retrouve les mĂȘmes charognards. Ceux qui ont participĂ© au lancement de l'invasion de l'Irak devraient ĂȘtre exclus de la vie publique. Au lieu de cela, Powell est maintenant le conseiller Ă la SĂ©curitĂ© nationale du Royaume-Uni.
Je ne suis pas un adepte de Poutine. La force utilisĂ©e pour Ă©craser le dĂ©sir lĂ©gitime d'autodĂ©termination de la TchĂ©tchĂ©nie Ă©tait disproportionnĂ©e, par exemple, et il serait naĂŻf de croire quâun tendre peut devenir lieutenant-colonel du KGB.
Mais Poutine n'est pas Hitler. Ce n'est que par le prisme du patriotisme que Poutine passe pour ĂȘtre pire que les dirigeants occidentaux qui soutiennent des invasions massives et sĂšment la mort aux quatre coins du monde, et tentent maintenant d'Ă©tendre la guerre Ă la Russie.
Ici, au Royaume-Uni, le gouvernement Starmer cherche activement à prolonger la guerre et à augmenter massivement les dépenses d'armement, avec toujours plus de pots-de-vin et de futurs postes de direction et de conseil pour les politiciens.
Pour financer ce bellicisme, le Nouveau Parti Travailliste réduit les dépenses consacrées aux malades, aux handicapés et aux retraités du Royaume-Uni, et supprime l'aide humanitaire aux populations affamées à l'étranger.
Le Labour Friends of Israel a publié une photo de Starmer rencontrant le président israélien Herzog, six mois aprÚs que la Cour internationale de justice ait cité une déclaration de Herzog comme preuve d'intention génocidaire dans sa décision provisoire.
Le gouvernement Starmer a été élu par les 31 % d'électeurs qui ont pris la peine de voter, soit 17 % de la population adulte. Il se livre à une persécution juridique généralisée des principaux soutiens britanniques de la Palestine et est activement complice du génocide à Gaza.
La supériorité morale se pose là .
* Craig Murray est écrivain, journaliste et militant des droits de l'homme. Il a été ambassadeur britannique en Ouzbékistan d'août 2002 à octobre 2004 et recteur de l'université de Dundee de 2007 à 2010.
https://consortiumnews.com/2025/03/14/craig-murray-putin-is-no-hitler/