👁🗨 Nous, l'OTAN, allons vous mettre le grappin dessus
“Pour la Russie, il y a deux façons possibles de mettre fin à cette évolution : soit l'Ukraine disparaît, soit c'est l'OTAN qui disparaît. Encore mieux : les deux.”
👁🗨 Nous, l'OTAN, allons vous mettre le grappin dessus
Par Pepe Escobar, le 11 juillet 2024
Le bout de bois norvégien épileptique qui se fait passer pour le secrétaire général de l'OTAN a accompli une sacrée performance.
Nous sommes le monde. Nous sommes les peuples. Nous sommes l'OTAN. Nous allons vous mettre le grappin dessus - où que vous soyez, que vous le vouliez ou non.
Voilà la dernière mouture pop de l’“ordre international fondé sur des règles”, dûment proclamé à l'occasion du 75e anniversaire de l'OTAN à Washington.
La Majorité Mondiale avait déjà été avertie, mais sous le techno-féodalisme, les cerveaux ont tendance à se réduire en bouillie.
Un petit rappel s'impose donc. Le premier paragraphe de la déclaration conjointe de coopération entre l'UE et l'OTAN, publiée le 9 janvier 2023, l'indiquait déjà :
“Nous allons continuer à mobiliser l'ensemble des moyens dont nous disposons, qu'ils soient politiques, économiques ou militaires, (c'est moi qui souligne) pour poursuivre nos objectifs communs dans l'intérêt de notre milliard de citoyens.”
Correction : un million à peine, faisant partie de la ploutocratie des 0,1 %. Certainement pas un milliard.
Passons maintenant à la déclaration du sommet de l'OTAN de 2024 - manifestement expurgée par les Américains, avec une médiocrité exemplaire, les 31 autres membres vassaux ayant dûment donné leur assentiment.
Voici donc le principal triptyque “stratégique” de l'OTAN en 2024 :
Des dizaines de milliards de dollars supplémentaires pour “aider” la future Ukraine déchue : l'écrasante majorité de ces fonds servira à blanchir les capitaux du complexe militaro-industriel.
Imposition forcée de dépenses militaires supplémentaires à tous les membres.
Croissance en flèche de la “menace chinoise”.
Concernant la chanson thème du spectacle de l'OTAN 75, il y en a en fait deux. Outre “La menace chinoise” (générique de fin), l'autre (générique d'ouverture) est “Ukraine libre”. Les paroles sont à peu près les suivantes : il semble que nous soyons en guerre contre la Russie en Ukraine, mais ne vous laissez pas abuser : l'OTAN ne participe pas aux hostilités.
Ils sont même en train d'installer un bureau de l'OTAN à Kiev, mais ce n'est que pour coordonner la production d'une série sur la guerre diffusée par Netflix.
Des autoritaires pervers
Le bout de bois norvégien épileptique qui fait office de secrétaire général de l'OTAN - avant l'arrivée de son remplaçant, le Gouda néerlandais - s'est donné en spectacle. Il a notamment dénoncé avec virulence “l'alliance croissante entre la Russie et ses amis autoritaires d'Asie”, c'est-à-dire “les dirigeants autoritaires d'Iran, de Corée du Nord et de Chine”. Ces entités malveillantes “veulent toutes faire échouer l'OTAN”. Nous avons donc du pain sur la planche “avec nos amis de l'Indo-Pacifique”.
Le terme “Indo-Pacifique” est une invention grossière de l'“ordre international fondé sur des règles”. Personne en Asie, où que ce soit, n'a jamais utilisé ce terme ; tout le monde se réfère à l'Asie-Pacifique.
La déclaration finale accuse directement la Chine d'avoir alimenté l'“agression” russe en Ukraine : Pékin est décrit comme un “facilitateur décisif” de “l'effort de guerre” du Kremlin. Les scénaristes de l'OTAN menacent même directement la Chine : selon eux, la Chine
“ne peut favoriser la plus grande guerre de l'histoire récente en Europe sans nuire à ses intérêts et à sa réputation”.
Pour contrer cette diablerie, l'OTAN étendra ses “partenariats” avec les États de l'“Indo-Pacifique”.
Avant même la déclaration du sommet, le Global Times perdait déjà son sang-froid face à ces inepties :
“Sous le battage médiatique des États-Unis et de l'OTAN, il semblerait que la Chine soit devenue la ‘clé’ de la survie en Europe, contrôlant le sort du conflit Russie-Ukraine telle une ‘puissance décisive’”.
Le festival de rhétorique de Washington déplaira certainement à Pékin : l'hégémon veut simplement
“étendre sa présence en Asie, tentant d'établir une ‘OTAN Asie-Pacifique’ pour contribuer à la réalisation de la 'stratégie indo-pacifique' des États-Unis”.
L'Asie du Sud-Est, par le biais des canaux diplomatiques, est globalement d'accord : à l'exception des Philippins malavisés que les Américains ont soudoyés et récompensés, personne ne veut de graves turbulences en Asie-Pacifique, comme celles que l'OTAN a déclenchées en Europe.
Zhou Bo, maître de conférences au Center for International Security and Strategy de l'université Tsinghua et officier de la République populaire de Chine à la retraite, a également rejeté les manigances indo-pacifiques avant même le sommet : nous avons eu un excellent échange à ce sujet à la fin de l'année dernière lors du Forum d'Astana au Kazakhstan.
Quoi qu'il en soit, la politique exceptionnaliste continuera de fonctionner à plein régime. L'OTAN et le Japon ont décidé d'établir un lien direct et permanent pour les “informations de sécurité hautement confidentielles”. Comptez donc sur le docile Premier ministre japonais Fumio Kishida pour renforcer le “rôle pivot” du Japon dans la construction d'une OTAN asiatique.
Toute personne dotée de neurones, d'Urumqi à Bangalore, sait que la devise des exceptionnistes en Asie est “Aujourd'hui l'Ukraine, demain Taïwan”. La majorité absolue de l'ANASE et, espérons-le, de l'Inde, ne tomberont pas dans le panneau.
Ce qui est clair, c'est que les 75 pays membres de l'OTAN ne savent absolument pas ce qui s'est passé lors du récent sommet de la Coopération de Shanghai à Astana et qu'ils y sont imperméables. En particulier lorsqu'il s'agit de l'OCS, qui se positionne désormais comme un nœud clé dans la mise en place d'un nouvel accord de sécurité collective à l'échelle de l'Eurasie.
Quant à l'Ukraine, une fois de plus, Medvedev décape, dans son style inimitable, exposant la position russe :
“La déclaration du sommet de Washington du 10 juillet évoque ‘le processus irréversible d'adhésion de l'Ukraine’ à l'OTAN. Pour la Russie, il y a deux façons possibles de mettre fin à cette évolution : soit l'Ukraine disparaît, soit c'est l'OTAN qui disparaît. Encore mieux : les deux.”
Parallèlement, la Chine organise des exercices militaires au Belarus quelques jours seulement après l'adhésion officielle de Minsk à l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Traduction : on oublie que l'OTAN “s'étend” à l'Asie quand Pékin montre déjà clairement qu'elle est bien présente dans la prétendue “arrière-cour” de l'OTAN.
Déclaration de guerre à l'Eurasie
Michael Hudson a une fois de plus rappelé à tous ceux qui réfléchissent que le spectacle belliciste de l'OTAN n'a strictement rien à voir avec un internationalisme pacifique. Il s'agit plutôt d'une
“alliance militaire unipolaire des États-Unis menant à une agression militaire et à des sanctions économiques pour isoler la Russie et la Chine”.
Ou, plus précisément, isoler les alliés européens et autres de leurs anciens accords commerciaux et d'investissement avec la Russie et la Chine, rendant ainsi ces alliés plus dépendants des États-Unis.
La déclaration de l'OTAN de 2024 est en fait une nouvelle déclaration de guerre, hybride ou non, contre l'Eurasie - ainsi que contre l'Afro-Eurasie (oui, il y a des promesses de “partenariats” qui progressent partout, de l'Afrique au Moyen-Orient).
Le processus d'intégration de l'Eurasie concerne l'intégration géoéconomique - y compris, de manière cruciale, les corridors de transport reliant, entre autres latitudes, l'Europe du Nord à l'Asie de l'Ouest.
Pour l'hégémon, il s'agit là du cauchemar ultime : le processus d'intégration de l'Eurasie éloignant l'Europe occidentale des États-Unis et empêchant la colonisation de la Russie, son éternel rêve éveillé.
Par conséquent, seul le plan A s'appliquerait, de façon absolument implacable : Washington a littéralement fait exploser l'intégration Russie-Allemagne (Nord Stream 1 et 2, etc.) et a transformé les terres vassales d'Européens effrayés et déconcertés en un territoire potentiellement très dangereux, à deux doigts d'une guerre ouverte qui ferait rage.
Alors, revenons à ce premier paragraphe du communiqué commun de l'UE et de l'OTAN de janvier 2023. C'est ce à quoi nous sommes confrontés aujourd'hui, comme le titre mon dernier livre, “Eurasia v. OTANstan” : l'OTAN - en théorie - est entièrement mobilisée en termes militaires, politiques et économiques pour lutter contre l’ensemble des forces de la Majorité Mondiale susceptibles de déstabiliser l'Hégémonie Impériale.
https://strategic-culture.su/news/2024/07/11/we-are-nato-and-were-comin-to-get-ya/
Il y a encore mieux que l'envoi d'un contingent au Belarus ...La Chine (d'après les USA..) se mettrait à espionner la Floride via un réseau de surveillance qu'elle aurait installé à Cuba ! C'est quand même plus pro que de vulguaires ballons météo ! Ouh j'ai peur, maman....ils vont nous manger avec leurs baguettes, les méchants bridés ! 😜