đâđš Nouvelles formes journalistiques et droit Ă la libertĂ© dâexpression!
Il ne sâagit plus dâĂȘtre informĂ© sur les Ă©vĂ©nements du monde, mais dâinformations constituants la matrice qui formate notre façon dâĂȘtre, notre regard sur le monde & nos relations avec les autres.
đâđš Nouvelles formes journalistiques et droit Ă la libertĂ© dâexpression!
đ° Par Anne Farrell, le 16 novembre 2022
Un journaliste peut-il manifester pour lâenvironnement ou encore afficher son soutien pour un cessez-le-feu en Ukraine sur les rĂ©seaux sociaux ?
Le milieu journalistique du QuĂ©bec a dĂ©battu ce type de questions lors du congrĂšs annuel de la FĂ©dĂ©ration professionnelle des journalistes du QuĂ©bec (FPJQ) qui avait comme thĂšme Ceci nâest pas de la censure. Le congrĂšs des journalistes sâest tenu du 4 au 6 novembre au Mont-Sainte-Anne Ă BeauprĂ©.
Plusieurs journalistes ont insistĂ© sur la nĂ©cessitĂ©, comme reporters de taire ses opinions pour se tenir loin de toute apparence de conflit dâintĂ©rĂȘt. Alors que dâautres estiment que les journalistes et les reporters ont tous des partis pris et devraient pouvoir sâexprimer sur des sujets qui les touchent.
Selon François Cardinal, vice-président Information et éditeur adjoint de La Presse:
âLes journalistes de La Presse nâont pas le droit de manifester. Ils nâont pas le droit dâadhĂ©rer Ă un groupe ou Ă une organisation militante. Ils nâont pas le droit dâĂ©mettre publiquement leur opinion, que ce soit sur les rĂ©seaux sociaux ou ailleurs, sauf sâils sont chroniqueurs, critiques ou Ă©ditorialistes. Câest le fondement du mĂ©tier. Câest la base mĂȘme du travail pour tout reporter qui Ćuvre Ă La Presse ou dans nâimporte quel grand mĂ©dia gĂ©nĂ©raliste au QuĂ©bec.â (Source: La Presse)
Pour Cardinal un journaliste a un devoir de réserve raisonnable afin de préserver sa neutralité et son indépendance professionnelle.
Par ailleurs, ce ne sont pas tous les journalistes prĂ©sents au congrĂšs de la FPJQ qui ont partagĂ© le point de vue du vice-prĂ©sident et Ă©diteur de La Presse. Lela Savic, fondatrice et rĂ©dactrice en chef du mĂ©dia La Converse, pratique le journalisme de dialogue en couvrant principalement des sujets et des voix issus de la diversitĂ©. Tandis quâAlexis Ross, rĂ©dacteur en chef de Pivot et membre du collectif de rĂ©daction de la revue Ă bĂąbord ! dĂ©fend un journalisme axĂ© sur la justice sociale qui contribue Ă lâĂ©laboration dâune opinion publique progressiste informĂ©e et forte. Selon lui, les journalistes de Pivot ont le droit de manifester librement. (Source : La Presse)
En fait, contrairement Ă ce que peut croire François Cardinal, tout journalisme, mĂȘme sâil prĂ©tend Ă lâobjectivitĂ©, repose sur un point de vue, sur une ligne dâidĂ©es prĂ©alable Ă la construction des mots et des images. Et câest pourquoi de plus en plus de personnes et surtout les jeunes gĂ©nĂ©rations remettent en cause le rĂŽle du journalisme dans les grands mĂ©dias. Ils comprennent quâils soutiennent un discours social et taisent et frĂ©quemment dĂ©forment certaines demandes et expĂ©riences qui rendent compte dâune autre rĂ©alitĂ©. Câest la rĂ©alitĂ© des exclu·e·s du pouvoir, des sans voix ou de tous ces groupes qui proposent des solutions transformatrices et non-violentes pour la sociĂ©tĂ©.
En fait, plus que jamais, les journalistes des nouvelles gĂ©nĂ©rations auront un rĂŽle central Ă jouer dans le traitement de lâinformation et dans la crĂ©ation du bien social quâest lâinformation.
Aujourdâhui, le journalisme de dialogue, le journalisme militant et le journalisme non-violent Ă©mergent. Ces nouvelles formes de journalisme deviendront de plus en plus importantes. Puisquâil ne sâagit plus simplement dâinformation associĂ©e aux nouveautĂ©s ou aux derniĂšres nouvelles, mais Ă lâactualitĂ© dĂ©chiffrĂ©e Ă partir de ce qui se passe dans la vie rĂ©elle et quotidienne des gens. Il ne sâagit plus simplement dâĂȘtre informĂ© sur les Ă©vĂ©nements du monde, mais il sâagit dâinformations constituants la matrice qui formate notre façon dâĂȘtre, notre regard sur le monde et nos relations avec les autres.