đâđš P. Schlosser et M. Dorsey - COP27 : Il est temps de se montrer gĂ©nĂ©reux envers les pays les plus marginalisĂ©s.
De véritables investissements sont impératifs pour avoir une chance d'éviter les pires conséquences du changement climatique dans les délais les plus brefs possibles, & aux quatre coins de la planÚte.
đâđš COP27 : Il est temps de se montrer gĂ©nĂ©reux envers les pays les plus marginalisĂ©s.
đ° Par Peter Schlosser* et Michael Dorsey* Ă Sharm El-Sheikh, Ăgypte, Inter Press Service, le 18 novembre 2022
Selon Peter Schlosser et Michael Dorsey, il faudrait investir chaque année 3 800 milliards de dollars dans le monde pour freiner le réchauffement climatique. à titre de comparaison, le FMI indique que 5 900 milliards de dollars ont été dépensés en subventions aux combustibles fossiles, au total, en 2020.
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Le changement climatique est une menace existentielle pour les humains et notre capacité à prospérer sur une planÚte saine. Mais en ce qui concerne la hausse des températures, l'incapacité de l'humanité à ralentir les émissions et à limiter le réchauffement à 1,5 degré Celsius n'est pas due à un manque de connaissances ou à un besoin de nouvelles technologies.
Pensez-y : depuis plus d'un siÚcle, l'humanité est avertie des dangers du réchauffement climatique et de ses effets néfastes sur la santé humaine et les systÚmes planétaires, notamment la perte de biodiversité, la dégradation de la santé des sols et des océans, la fonte accrue des glaces de mer et l'élévation correspondante du niveau de la mer, ainsi que l'amplification des catastrophes telles que les ouragans, les inondations, les vagues de chaleur et les sécheresses.
Il y a cinquante ans, "les limites de la croissance" alertait les humains sur la nĂ©cessitĂ© de vivre en Ă©quilibre avec les Ă©cosystĂšmes de la Terre. La thĂ©orie est dĂ©sormais Ă©tablie. De mĂȘme, des technologies permettant de rĂ©duire radicalement les Ă©missions de gaz Ă effet de serre sont disponibles et de plus en plus compĂ©titives en termes de coĂ»ts, notamment dans le domaine de la production d'Ă©nergie et des transports, deux des principaux responsables des Ă©missions mondiales.
Que manque-t-il ? Il ne s'agit pas d'une équation de physique difficile. Bien que nous vivions dans un monde complexe, les retardataires dans ce domaine sont observables: l'argent, et la volonté sociétale.
Lors des nĂ©gociations mondiales de la ConfĂ©rence des Nations unies sur le changement climatique de 2022 Ă Sharm El-Sheikh, en Ăgypte, communĂ©ment appelĂ©e COP27, le succĂšs dĂ©pendra de la capacitĂ© des dĂ©cideurs Ă mobiliser des investissements et Ă faire progresser les politiques lors de la confĂ©rence en vue d'accĂ©lĂ©rer les possibilitĂ©s d'inflĂ©chir la trajectoire du changement climatique.
MĂȘme les discussions sur les "pertes et prĂ©judices" - une question emblĂ©matique de cette confĂ©rence, historiquement nĂ©gligĂ©e - sont dĂ©finies par ces deux besoins. Les questions relatives aux pertes et prĂ©judices portent sur les processus de traitement des pertes (politique) et sur la dĂ©termination de la responsabilitĂ© financiĂšre (investissement).
Le coût de la lutte contre le changement climatique n'est pas négligeable, mais si on le replace dans le bon contexte, c'est une aubaine. Prenons l'exemple des catastrophes liées au climat. En 2021, le monde a connu quatre méga-événements météorologiques qui ont chacun coûté plus de 20 milliards de dollars en pertes économiques : l'ouragan Ida, les inondations en Europe, les inondations en Chine, et un hiver sans précédent au Texas et dans certaines régions du Mexique.
Ce type de catastrophes d'origine humaine est désormais de plus en plus fréquent, et se produit dans un nombre croissant de zones et avec une ampleur plus forte, et son coût augmente en l'absence d'investissements considérables pour limiter l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Lors du 5Úme Dialogue ministériel de haut niveau sur le financement du climat [le 14 novembre], les ministres ont discuté de la possibilité d'atteindre la barre des 100 milliards de dollars de soutien annuel pour les pays à faible revenu, montant que ces pays considÚrent déjà comme trop faible et trop tardif. Les besoins réels se chiffrent en billions de dollars, et non en milliards.
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'Ă©volution du climat estime qu'Ă l'Ă©chelle mondiale, 1,6 Ă 3,8 billions de dollars doivent ĂȘtre investis chaque annĂ©e par le biais de financements publics et privĂ©s liĂ©s au climat pour maintenir le rĂ©chauffement bien en deçà de 2 degrĂ©s Celsius. Ă titre de comparaison, le Fonds monĂ©taire international indique que les subventions aux combustibles fossiles s'Ă©levaient Ă 5 900 milliards de dollars en 2020 si l'on additionne les subventions explicites et implicites.
La combinaison politique + investissement public peut amplifier considérablement les résultats. La loi américaine sur la réduction de l'inflation, la tentative la plus spectaculaire du pays pour réorienter ses infrastructures et sa production d'électricité afin de réduire les émissions, pourrait dépenser jusqu'à 800 milliards de dollars en crédits d'impÎt, ce qui stimulerait les investissements privés à hauteur de 1 700 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie, selon un examen de cette politique par le Credit Suisse.
Ce mĂȘme rapport estime qu'avec les crĂ©dits d'impĂŽt pour la fabrication et la consommation, le coĂ»t de l'Ă©lectricitĂ© solaire pourrait passer sous la barre du centime amĂ©ricain par kilowattheure, peut-ĂȘtre dĂšs 2025. La banque d'investissement a dĂ©clarĂ© que la loi amĂ©ricaine sur la rĂ©duction de l'inflation "change dĂ©finitivement la donne, passant de l'attĂ©nuation des risques Ă la saisie des opportunitĂ©s" pour que les entreprises profitent de l'impact positif de la loi sur l'Ă©conomie.
Nous avons pris du retard sur le calendrier fixé par les accords de Paris sur le climat et l'objectif de 1,5 degré Celsius ne semble plus réalisable. Les négociations internationales doivent faire avancer l'agenda pour définir des politiques d'atténuation agressives, avec des mesures incitatives et dissuasives, afin de faire évoluer les solutions connues dans les délais les plus rapides possibles pour la fabrication et la distribution aux quatre coins du monde.
De véritables investissements, tant privés que publics, sont nécessaires pour avoir une chance d'éviter les pires conséquences du changement climatique. Il est temps de se montrer généreux envers les pays les plus marginalisés.
* Peter Schlosser est l'un des plus grands spécialistes mondiaux des sciences de la terre. Il est expert de l'hydrosphÚre terrestre et de la maniÚre dont l'homme affecte l'état naturel de la planÚte. Il est vice-président et vice-provost de la Julie Ann Wrigley Global Futures à l'Arizona State University.
* Michael Dorsey est un expert mondialement reconnu en matiÚre de durabilité, de finance, d'énergie renouvelable et d'environnement. Il est le président du Rob and Melani Walton Sustainability Solutions Service de l'Arizona State University.
Cet article est tiré d'Inter Press Service.
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https://consortiumnews.com/2022/11/18/cop27-show-marginalized-countries-the-money/