👁🗨 Parlons un peu du lobby pro-israélien au Royaume-Uni
Les Amis travaillistes & conservateurs d'Israël & le Board of Deputies ont fait des percées majeures dans la politique britannique, permettant à Londres de soutenir sans réserve le génocide israélien.
👁🗨 Parlons un peu du lobby pro-israélien au Royaume-Uni
Par Hamza Ali Shah, le 28 avril 2024
Le génocide israélien à Gaza vient de dépasser les 200 jours, soit plus de la moitié d'une année marquée par une constance impitoyable, les forces israéliennes pilonnant l'enclave sans retenue. Plusieurs hôpitaux ont été détruits et mis hors service, la moitié des bâtiments de Gaza sont rasés et pratiquement plus aucun établissement éducatif n'est debout. La famine provoquée par l'homme à Gaza a causé la mort d'au moins 27 enfants par déshydratation et malnutrition. Par ailleurs, plus de 19 000 enfants sont devenus orphelins. Le nombre de morts avoisine les 40 000.
Jusqu'à présent, les crimes d'Israël ont bénéficié d'un soutien sans faille de la part de la classe politique britannique. Pour comprendre comment un pays jugé pour génocide par la Cour internationale de justice a reçu un soutien sans réserve dans ces milieux, il faut comprendre l'ampleur de l'opération méticuleuse et multidimensionnelle menée par le lobby pro-israélien pour protéger Israël.
Les amis conservateurs d'Israël
En avril, l'ancien ministre conservateur Sir Alan Duncan a provoqué l'indignation en suggérant que le groupe de pression Conservative Friends of Israel (CFI) était aux ordres du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et de son gouvernement. Cette déclaration a constitué un rare moment d'honnêteté de la part de Westminster.
Créé en 1974, le CFI a pour mission de veiller à ce que “la cause d'Israël soit équitablement représentée au Parlement”. L'une des principales mesures de ce modus operandi est l'organisation de voyages gratuits en Israël. Des études montrent que le groupe a offert 155 voyages gratuits à des députés britanniques au cours de la dernière décennie, soit plus que n'importe quel autre groupe ou gouvernement.
Sir Richard Dalton, ancien ambassadeur britannique à Téhéran et consul à Jérusalem, a déjà souligné la relation entre le lobby et les hommes politiques. Il suggère que les voyages gratuits - “pressions financières” - sont un moyen de censurer les politiciens sur Israël.
Lors de l'assaut israélien sur Gaza, alors que le nombre de morts avait déjà dépassé les 20 000, le CFI a payé des députés pour se rendre en Israël. Theresa Villiers et Greg Smith en faisaient partie. À leur retour, tous deux ont utilisé les médias - Jewish News et GB News, respectivement - pour faire l'éloge d'Israël et tenter de légitimer sa campagne de nettoyage ethnique à Gaza.
Il s'agit là d'une métaphore d'un scénario plus large : lorsque des ministres conservateurs ont été emmenés en voyage en Israël par la FCI, un bilan prévisible de sympathie vis-à-vis d'Israël s'est ensuivi. Lorsqu'il a entrepris son parcours politique en tant que député en 2015, l'un des premiers voyages enregistrés pour James Cleverly a pris la forme d’une “délégation politique” d'enquête en Israël et en Cisjordanie. “Ami d'Israël” est une description appropriée des positions ultérieures du ministre de l'Intérieur : rien qu'au cours des six derniers mois, il a rejeté la catégorisation d'Israël comme un État d'apartheid, exprimé le soutien indéfectible de la Grande-Bretagne à Israël et a appelé à la fin des marches pro-palestiniennes.
Et tandis que les promoteurs d'Israël ou de la FCI continuent de nier que les dons et les voyages gratuits se font au prix du respect des règles, lorsque ce respect est mis en péril, la réalité est mise à nu. En 2006, William Hague, alors secrétaire d'État aux affaires étrangères, a émis une très légère critique à l'encontre d'Israël lorsque celui-ci a attaqué le Hezbollah au Liban, suggérant que la riposte était “disproportionnée”. William Hague avait déjà accepté des dons personnels de la part de membres du FCI, qui s'élèveraient à des dizaines de milliers de livres.
Mais lorsqu'il a fait cette remarque sur l'agression d'Israël, on a immédiatement menacé de lui retirer son financement. La première menace est venue de Lord Kalms, l'un des principaux donateurs du Parti conservateur et membre du FCI. En quelques mots, il a semblé résumer la nature du contrat tacite dans un article paru dans le Spectator : “Réfléchissez bien, William, au nom de qui vous parlez”.
Entre-temps, Stuart Polak, alors directeur du FCI, a rencontré David Cameron, alors chef de file du parti. Une concession cruciale a été faite : le mot “disproportionné” ne devait pas être utilisé pour qualifier l'action de l'armée israélienne.
Il y a quarante ans, l'historien et homme politique conservateur Robert Rhodes James définissait le FCI comme étant “la plus grande organisation d'Europe occidentale dédiée à la cause du peuple d'Israël”. Aujourd'hui, au moins 80 % des députés du parti conservateur sont impliqués dans le FCI. Un bref coup d'œil à l'enthousiasme avec lequel les dirigeants du parti conservateur - généralement lors d'événements organisés par le FCI - de Liz Truss à Boris Johnson en passant par Rishi Sunak, s'alignent pour exprimer clairement leur engagement envers Israël, complète la montagne de preuves qui rend ce diagnostic difficile à réfuter.
Le succès de la démarche est lui aussi bien visible. Au cours des 15 dernières années de gouvernement conservateur, des lois visant à interdire et à museler le BDS ont été introduites, une enquête de la Cour pénale internationale sur les atrocités commises par Israël a été rejetée et le gouvernement ignore actuellement les conseils juridiques qui l'obligeraient à suspendre les ventes d'armes à Israël.
Les amis travaillistes d'Israël
Bien que les conservateurs soient de fervents amis d'Israël tant par leur orientation politique que par penchant naturel, il ne s'agit pas d'un niveau de soutien isolé, limité à un recoin sombre de Westminster. Les Amis travaillistes d'Israël fonctionnent sur une longueur d'onde similaire et les règles d'engagement semblent identiques. Lorsque Tony Blair était à la tête du parti travailliste, l'accord tacite de la hiérarchie du parti était que le parti ne devait “plus jamais être contre Israël”. Ce principe s'est traduit par de constantes injections de capitaux, souvent de la part de personnalités associées au LFI. Le résultat a été, comme l'a expliqué l'ancien président de Labour Friends of Israel, Jon Mendelsohn, que l'anti-israélisme a disparu du parti.
Après une brève période avec Jeremy Corbyn à la barre et un programme politique clairement pro-palestinien dont le LFI a été exclu, la routine a repris sous la direction de Keir Starmer. Aujourd'hui, les députés travaillistes en exercice ont accepté plus de 280 000 livres sterling de dons de la part de groupes ou de particuliers pro-israéliens, et les Amis travaillistes d'Israël financent un nombre substantiel de membres du cabinet fantôme travailliste.
Le directeur des Amis travaillistes d’Israël, Michael Rubin, a célébré le retour d'une approche “équilibrée, mature et constructive” de la question israélo-palestinienne en 2021, affirmant qu'elle a repris des allures de l'époque Blair-Brown.
Toutefois, cela se traduit par une culture de promotion inébranlable d'Israël. Keir Starmer a lui-même rejeté les conclusions sans appel d'Amnesty International selon lesquelles Israël pratique le crime d'apartheid, et alors qu'Israël a illégalement interrompu l'approvisionnement en nourriture, en eau et en électricité de l'ensemble de la bande de Gaza après le 7 octobre, l'ancien avocat spécialisé dans les droits de l'homme a publiquement encouragé la punition collective qui en a découlé.
Trevor Chinn, l'un des premiers bailleurs de fonds du FCI et donateur du parti travailliste de Tony Blair, a été l'un des principaux soutiens de la campagne de Keir Starmer - au cours de laquelle il s'est vanté de soutenir le sionisme sans réserve - avec une contribution de 50 000 livres sterling. M. Chinn a également fait des dons généreux aux membres du cabinet fantôme David Lammy et Lisa Nandy. Tous deux sont intervenus sur les ondes pour brouiller les pistes lorsqu'ils ont été interrogés sur la violation du droit international par Israël, incarnant ainsi parfaitement le lien transactionnel en vigueur.
Le Conseil des députés
Cependant, si ce renforcement d'un consensus d'élite pro-israélien à Westminster illustre des schémas d'influence globaux, il ne fait qu'effleurer la surface du réseau qui met Israël à l'abri de tout devoir de rendre des comptes.
Le Board of Deputies est un récidiviste de longue date à cet égard. Cette organisation est censée représenter officiellement la communauté juive de Grande-Bretagne, mais elle est notoirement un fervent partisan d'Israël.
Dans un ouvrage récent sur le lobby israélien, l'auteur Hil Aked souligne qu'en 2007, alors que l'Union des universités et collèges de Grande-Bretagne appelait au boycott des institutions universitaires israéliennes dans la lignée du BDS, le Board of Deputies a annoncé qu'il consacrerait près d'un million de livres sterling à la lutte contre le boycott et d'autres campagnes de “délégitimation” du même ordre.
Là où il y a volonté de neutraliser tout dénigrement d'Israël, la présence du Board of Deputies n'est jamais bien loin. Lorsque les Nations unies ont mis en place une commission d'enquête sur l'assaut israélien de 2008 à Gaza, le Conseil des députés a exigé que la Grande-Bretagne la rejette. Fidèle à ses habitudes, lors du procès d'Israël devant la Cour internationale de justice, le Board s'est empressé d'applaudir le rejet de l'affaire par le gouvernement britannique.
Par le passé, il s'est même donné beaucoup de mal pour blanchir la barbarie israélienne. Lors de la Grande Marche du Retour en 2018, lorsque les forces israéliennes ont tué plus de 120 Palestiniens qui marchaient pacifiquement et réclamaient le droit au retour, le Board of Deputies a publié une déclaration qui tendait à rejeter la faute sur les Palestiniens, laissant entendre que les tirs aveugles d'Israël sur des civils non armés n'étaient qu'un moyen de défense contre une “invasion massive”.
Fait remarquable, on ne cherche apparemment pas non plus à dissimuler le processus. Le récent président de son conseil d'administration, Jonathan Arkush, a déclaré explicitement que “nous faisons du lobbying pour Israël sans aucune honte”. L'organisation a également révélé les “relations de travail étroites” qu'elle entretient avec l'ambassade d'Israël au Royaume-Uni et ses liens avec le ministère israélien des Affaires stratégiques et Tsahal. Ce n'est pas la première organisation qui se consacre à la sauvegarde d'Israël et dont les liens avec les institutions de l'État d'Israël sont ostensibles.
Il y a plus d'un siècle, la Grande-Bretagne et Lord Balfour ont joué un rôle majeur en facilitant la prise de contrôle systématique de la Palestine par les sionistes. Aujourd'hui, la Grande-Bretagne joue un rôle stratégique essentiel dans le maintien de cette domination. Comment peut-on parler de perspectives positives alors que le dernier et sombre chapitre du génocide israélien à Gaza est en cours ? Toutefois, l'un des principaux enseignements à en tirer est la nécessité absolue de prendre conscience de l'ampleur de l'influence du lobby pro-israélien au Royaume-Uni.
https://mondoweiss.net/2024/04/we-need-to-talk-about-the-pro-israel-lobby-in-the-uk/
Cela prouve encore une fois que Londres est la plaque tournante de l'organisation anglo-sioniste. Car dans l'article, on ne cite que Balfour. Mais le financier de la monarchie depuis 2 siècles et qui donne les ordres, donc, était le destinataire de cette fameuse déclaration. La 'city' continue de régenter avec ses écus bien distribué la politique britannique. Le vrai monarque n'est pas le prince d'opérette en phase terminale que l'on voit dans les médias !