👁🗨 Patrick Lawrence - Destitution : allusions & preuves
Les républicains sont impatients de faire tomber Joe Biden, certes. Mais le plus gros problème des démocrates est que la suite va receler bien plus que des allégations infondées et des insinuations.
👁🗨 Destitution : allusions et preuves
Par Patrick Lawrence, Spécial Consortium News, le 29 septembre 2023
Patrick Lawrence, dans Consortium News, couvrira quotidiennement l'enquête de la Chambre des représentants des États-Unis sur la mise en accusation du président Joe Biden. Voici son premier article.
Depuis de nombreuses semaines, le Parti démocrate et les médias qui le servent sans vergogne ont rejeté les enquêtes de la Chambre des représentants sur les transactions commerciales potentiellement corrompues de la famille Biden à l'étranger, les qualifiant de futiles, non fondées et totalement partisanes. Consortium News considère que les allégations d'implication du président dans de nombreuses affaires de corruption et de trafic d'influence sont d'une ampleur comparable à celles portées contre le président Nixon pendant la crise du Watergate. Avec l'ouverture des audiences officielles jeudi, CN commence une couverture et une analyse régulières des procédures. Voici notre premier reportage.
Dix mois après que les républicains aient repris le contrôle de la Chambre des représentants et huit mois après que la Commission de surveillance de la Chambre ait commencé à enquêter sur les affaires de la famille Biden à l'étranger et sur le rôle du président dans ces affaires, la Commission a officiellement ouvert une enquête jeudi sur ce que le président de la Chambre, Kevin McCarthy, a qualifié d'emblée de “culture de la corruption” dans laquelle, selon des preuves de plus en plus nombreuses, Joe Biden est, selon toute vraisemblance, impliqué sur le plan pénal.
Les débats de jeudi, qui ont duré près de sept heures et qui peuvent être visionnés ici, ont été un tour d'horizon - introductif plutôt que substantiel. Les membres de la commission de surveillance, présidée par James Comer, un républicain du Kentucky ayant exercé quatre mandats, ont donné un aperçu des preuves recueillies jusqu'à présent par les enquêteurs, des documents écrits et des témoignages. Les remarques préliminaires de Comer, de Jason Smith et de Jim Jordan suggèrent deux choses :
Premièrement, les membres de la commission semblent déterminés à mener ce processus jusqu'à sa juste conclusion. Et il est peu probable qu'il s'agisse d'une perte de temps.
Deuxièmement, il est fort probable que la Chambre des représentants réunisse suffisamment de preuves dans les mois à venir pour soumettre les articles de mise en accusation au vote et, s'ils sont adoptés - je souligne le mot “si” - les transmettre au Sénat.
Un moment historique
Ce qui a commencé jeudi s'appelle officiellement La base d'une enquête de mise en accusation du président Joseph Biden. Notez la terminologie. Il ne s'agit pas en soi d'une procédure de destitution.
Si les huit derniers mois ont été préliminaires à l'ouverture de ces audiences, ces audiences sont préliminaires à la conclusion qu'il existe des motifs de mise en accusation de Joseph Robinette Biden, Jr. Une procédure de mise en accusation suivra lorsque la Chambre transmettra ses articles à la Chambre haute.
En cas de mise en accusation par la Chambre, le Sénat déterminerait alors, par le biais d'un procès, s'il convient ou non de démettre M. Biden de ses fonctions.
Comer et ses collègues ont présenté une analyse convaincante de ce que la Commission de surveillance a déjà en main - les courriels et les textes de Hunter Biden, les mensonges de longue date du “grand homme” sur son implication dans les affaires de corruption de la famille, les dissimulations et les obstructions du ministère de la justice, les preuves documentaires de l'escroquerie des Biden, père et fils, à l'égard de Burisma Holdings, la société gazière ukrainienne au cœur de l'affaire.
L'affaire Burisma semble être la plus solide contre le président dissimulateur et, de toute évidence, son fils sans scrupules. Ce qui s'est passé entre les Biden et Burisma n'est pas simplement une question d'inconvenance, d'immoralité ou de mauvaise conduite : si elle sont prouvées, et les preuves tangibles semblent être là, ils devraient être passibles d'une lourde peine de prison.
Au cours de l'audition, M. Comer a annoncé que la commission avait cité à comparaître les dossiers bancaires de Hunter Biden et de James Biden, le frère du président. Ces documents doivent être produits avant le 12 octobre.
Il semble que de nouvelles preuves arrivent quotidiennement dans les bureaux de la Commission de surveillance, et l'un des aspects les plus intéressants de l'audience d'ouverture de jeudi a été la présentation détaillée de documents reçus au cours des jours précédents.
Il s'agit notamment de deux nouvelles communications téléphoniques incriminées provenant de ressortissants chinois, d'un courriel dans lequel Hunter Biden se vante d'avoir obtenu un contrat d'une valeur de 10 millions de dollars de la part d'une entreprise “rien que pour des propositions” et d'autres témoignages de lanceurs d'alerte de l'IRS, affirmant qu'une certaine Leslie Wolf, procureur des États-Unis, a interdit à cette agence du fisc de mentionner le “personnage politique n° 1” lorsqu'elle a sollicité un mandat d'enquête. Mme Wolf est, avec son mari, un soutien démocrate de longue date et une donatrice dans de nombreux cycles électoraux.
Où on qualifie l'affaire de "stupide" et de "pathétique
Le représentant Jamie Raskin, démocrate de premier rang au sein de la commission de surveillance, a déblatéré pendant de longues minutes, sans jamais s'attaquer aux preuves présentées. La procédure serait “pathétique”, “insensée”, “basée sur un mensonge depuis longtemps démenti et discrédité”. Cette enquête de destitution, a déclaré M. Raskin, “est le résultat, directement ou indirectement, de la pression exercée par Donald Trump.”
Raskin ne mériterait pas d'être mentionné si ce n'était pour ce qu'il a implicitement signalé jeudi. Les démocrates n'ont pas l'intention d'aborder les questions graves en se basant sur les preuves : on dirait qu'ils savent qu'ils sont dans l'incapacité de leur faire face.
Comme l'a rapporté le New York Times il y a quelques semaines, les démocrates s'adresseront au public et mèneront leur guerre par le biais d'un blitz de propagande de proportions exceptionnelles sur la base de l'idée - et ils ont raison - que l'on peut tromper en permanence une partie de la population pour autant qu'il s'agisse d'autoritaires libéraux, autrement dit de démocrates loyaux.
C'est ce que nous avons constaté lors de l'intervention de M. Raskin jeudi, ni plus ni moins. Il n'avait rien d'autre à offrir que du théâtre et du spectacle.
Cette stratégie est tout ce que les démocrates semblent avoir à offrir. Il sera terriblement difficile de la mettre en œuvre au fur et à mesure que les preuves se multiplient, jusqu'à ce qu'elles atteignent un niveau tel qu'il sera impossible à quiconque, à l'exception des loyalistes robotisés, de fermer les yeux. On ne peut pas tromper tout le monde en permanences, après tout. D'autant plus, semble-t-il, que Raskin est le porte-parole des démocrates à la Chambre des représentants.
Une bataille majeure de la guerre de l'information
Nous avons déjà vécu des guerres de l'information. Le Russiagate en est une illustration. Mais nous entrons à présent dans une guerre qui pourrait s'avérer la plus invasive et la plus totale de toutes. La question posée est la suivante : les mensonges et les fausses déclarations à répétition peuvent-ils triompher dans la conscience américaine au détriment de réalités parfaitement perceptibles ?
Ceux qui suivront ce processus seront donc appelés à le lire comme un simple exercice de politique partisane, sept jours sur sept, et pas davantage. Je considère qu'il est impératif, pour la clarté des esprits, d'écarter toutes ces pressions. La vérité ne relève d'aucun parti politique.
M. Comer a été attentif à cette question dans son discours d'ouverture.
“Dans l'histoire récente, les démocrates ont beaucoup nui à la crédibilité des enquêtes spéciales en colportant le canular de la collusion avec la Russie”, a-t-il déclaré. “Mais cette Commission, avec cette majorité, ne poursuivra pas de telles chasses aux sorcières basées sur des allégations infondées, des insinuations, et aucune preuve réelle”.
“Cette majorité” est républicaine, oui. Les républicains, ou nombre d'entre eux, sont impatients de faire tomber Joe Biden, certes. Mais au début, du moins, nous devons mettre de côté l'affiliation à un parti et l'ambition et prendre des déclarations comme celle-ci comme une déclaration d'intention pertinente jusqu'à ce que le contraire soit démontré.
Le plus gros problème des démocrates après la première journée d'audition : sur la base de ce que nous avons observé jusqu'à présent, ce qui va suivre va contenir bien plus que des allégations infondées et des insinuations.
Les auditions se poursuivent.
* Patrick Lawrence, correspondant à l'étranger de nombreuses années, principalement pour l'International Herald Tribune, est chroniqueur, essayiste, conférencier et auteur, plus récemment de Journalists and Their Shadows. Parmi ses autres ouvrages, citons Time No Longer : Americans After the American Century. Son compte Twitter, @thefloutist, a été définitivement censuré.
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https://consortiumnews.com/2019/11/12/patrick-lawrence-the-impeachment-pantomime/