đ© Patrick Lawrence: " Les images et les mots ".
Il faudrait des reportages aux termes bien plus honnĂȘtes que recourir Ă des rĂ©cits submergĂ©s qui font passer la sauvagerie pour de l'hĂ©roĂŻsme et les nationalistes Ă la sauce nazie pour des dĂ©mocrates.
Le temps des assassins. Buca aprĂšs l'invasion russe. (Đ ĐĐ-ĐŁĐșŃĐ°ŃĐœĐ°, ĐŃŃĐ°Đ»ŃĐč ĐĐŸŃĐ°Ń, cc by-SA 4.0/ Wikimedia Commons.)
đ© "Les images et les mots".
Les usages manipulatoires des images et du langage.
đ° Par Patrick Lawrence, le 13 octobre 2022
12 OCTOBRE - Je lis depuis quelques jours, principalement dans des publications indĂ©pendantes dont je ne suis pas en mesure d'Ă©valuer la crĂ©dibilitĂ©, ce qui se passe dans les territoires que les troupes ukrainiennes ont rĂ©cemment repris. Il semble que ce qui s'ensuit trĂšs rapidement, ce sont de violentes campagnes de reprĂ©sailles oĂč ceux qui ont des sympathies pour la Russie sont traitĂ©s de "collaborateurs" et font l'objet d'assassinats ou d'arrestations.
En mĂȘme temps, on lit les conditions dans lesquelles les forces russes battent en retraite, comme elles l'ont fait derniĂšrement en divers endroits de l'est et du sud. Vous lisez des articles sur les dĂ©combres, la dĂ©solation, les graffitis griffonnĂ©s sur les murs par des soldats russes dĂ©sespĂ©rĂ©s qui "fuient dans le dĂ©sarroi".
Vous lisez ces choses et vous prenez soin de ne pas tirer de conclusions immédiates. Est-ce que telle ou telle publication est fiable ? Dans quelle mesure est-elle indépendante ? Qui sont ses collaborateurs ?
En mĂȘme temps, certains de ces rĂ©cits - ceux qui concernent le comportement des Ukrainiens dans les villes et villages que les forces armĂ©es ukrainiennes ont repris - concordent avec de nombreux autres rĂ©cits remontant Ă plusieurs mois, dans lesquels sont relatĂ©s les dĂ©tails de voitures piĂ©gĂ©es, de fusillades Ă bout portant, d'empoisonnements, de coups de couteau, etc. Cette semaine, nous avons pris connaissance de "meurtres de reprĂ©sailles" dans les zones rĂ©cemment reprises au sud et au nord-est de l'Ukraine.
Dans la plupart ou la totalité de ces cas, les victimes sont des personnes qui occupent des postes politiques ou administratifs au niveau local ou provincial, ou des personnes qui prÎnent un rÚglement négocié entre Moscou et Kiev, ou des personnes qui ont effectivement travaillé avec les Russes lorsqu'ils étaient présents, ou simplement des personnes qui parlent russe et partagent une histoire, des traditions, des liens religieux ou familiaux, et donc une sorte de perspective de la "mÚre patrie".
On lit, on est attentif, et on s'interroge.
Il y a quelques semaines, le Washington Post s'est penché sur la question. David Stern couvre l'Ukraine depuis 2009, de toute évidence en tant que reporter. Son article a été publié le 8 septembre sous le titre "Les escadrons de la mort ukrainiens ciblent les occupants et les collaborateurs russes".
Stern écrit que cette campagne de meurtres remonte au début des hostilités, fin février, et qu'à cette date, elle avait fait prÚs de 20 victimes, tuées ou blessées lors de tentatives d'assassinat. Il écrit :
Ils ont Ă©tĂ© abattus par balles, explosĂ©s, pendus et empoisonnĂ©s - un Ă©ventail de mĂ©thodes qui reflĂšte la dĂ©termination des escadrons de tueurs et des saboteurs ukrainiens qui opĂšrent souvent au cĆur du territoire contrĂŽlĂ© par l'ennemi. L'imprĂ©visibilitĂ© des attaques a pour but de terrifier toute personne susceptible d'accepter de servir dans les gouvernements fantoches que la Russie a crĂ©Ă©s en vue d'organiser des rĂ©fĂ©rendums fictifs et d'annexer finalement les territoires occupĂ©s.
Je suis mieux placé que d'autres pour évaluer la crédibilité du Post, car j'ai passé quelques décennies à écrire ou à réviser des quotidiens grand public, et je ne la considÚre pas de maniÚre trÚs flatteuse, pour dire les choses courtoisement.
Les "prĂšs de 20" de Stern semblent ĂȘtre un chiffre faible si l'on se base sur ce que je lis ailleurs. Il brouille la question de savoir qui sont ces victimes, les qualifiant de "fonctionnaires soutenus par le Kremlin ou leurs collaborateurs locaux", et qui sait ce qu'il entend par lĂ ?
D'autre part, il reconnaĂźt, mĂȘme si c'est de maniĂšre indirecte, comme si nous ne devions pas le remarquer, que ce qu'il dĂ©crit est du terrorisme. Il Ă©crit Ă©galement, tout au long de l'article, que ces victimes, quoi qu'elles fassent, sont des civils, ce qui soulĂšve des questions fondamentales, tant morales que juridiques:
La campagne d'assassinats, bien qu'applaudie par de nombreux Ukrainiens, soulĂšve nĂ©anmoins des questions juridiques et Ă©thiques sur les exĂ©cutions extrajudiciaires et les crimes de guerre potentiels, en particulier lorsque les cibles sont des acteurs politiques ou des civils et non des combattants sur le champ de bataille ou d'autres personnels militaires. Et ces questions ne peuvent pas ĂȘtre simplement Ă©cartĂ©es en soulignant l'illĂ©galitĂ© de l'invasion russe.
Je me suis Ă nouveau interrogĂ© sur tout cela aprĂšs avoir lu un article publiĂ© par RT peu de temps aprĂšs la parution de celui de Stern. RT est l'Ă©quivalent russe de la BBC en raison de son financement par le gouvernement, et parce que nous ne pouvons pas ĂȘtre sĂ»rs de l'influence que leurs gouvernements exercent, directement ou non. Dans les deux cas, j'ai toujours supposĂ© qu'ils exerçaient au moins une certaine influence, et indirectement. Dans le passĂ©, cette description a contrariĂ© de nombreuses personnes, celles qui entretiennent encore dans les annĂ©es 1950 la notion d'intĂ©gritĂ© immaculĂ©e de la BBC. Je n'y peux rien. On lit RT et on Ă©coute la Beeb avec la mĂȘme prudence pour Ă©valuer la valeur du reportage.
L'article de RT portait le titre "L'Ukraine menace les enseignants de les emprisonner". Il rapporte qu'immĂ©diatement aprĂšs la prise de nouveaux territoires par l'AFU dans le nord-est en septembre, ces mĂȘmes forces ont commencĂ© Ă arrĂȘter "un nombre indĂ©terminĂ© d'enseignants". Ces enseignants ne sont pas "des fonctionnaires soutenus par le Kremlin ou leurs collaborateurs locaux", comme le dit le Wash Post. Ce sont des russophones qui enseignent le russe Ă leurs Ă©lĂšves russophones. C'est leur transgression. Extrait du rapport de RT :
Ceux qui ont enseigné à des enfants locaux selon le programme russe feront désormais l'objet de poursuites pénales en Ukraine, a déclaré le vice-premier ministre Irina Vereshchuk au média ukrainien Strana.
"Ils ont commis un crime contre notre nation", a dĂ©clarĂ© Mme Vereshchuk, ajoutant qu'"un tribunal dĂ©terminera leur... sanction". Le vice-premier ministre a accusĂ© les enseignants dĂ©tenus de se livrer Ă des "activitĂ©s illĂ©gales", sans prĂ©ciser quel crime spĂ©cifique ils avaient commis. Selon Strana, une publication ukrainienne, Mme Vereshchuk a dĂ©clarĂ© qu'ils pourraient ĂȘtre accusĂ©s de "violation des lois de la guerre" - une accusation gĂ©nĂ©ralement utilisĂ©e contre ceux qui pratiquent la torture, le meurtre de civils et le pillage.
Elle a également "prévenu" que les "citoyens russes" arrivés dans ce qu'elle appelle les territoires ukrainiens temporairement occupés "seraient certainement punis s'ils ne quittaient pas immédiatement notre territoire".
Cet article est remarquable pour plusieurs raisons.
PremiÚrement, nous n'avons plus à nous poser autant de questions. RT nous donne maintenant la confirmation de la campagne de persécution, directement d'un membre haut placé du régime de Kiev. Je suis Irina Vereshchuk depuis quelques mois maintenant, remarquant notamment, mais pas seulement, sa conduite au moment des massacres de Buca au printemps dernier. C'est une nationaliste étrangement obsédée, une fanatique impétueuse empestant le mépris des Russes.
Et elle est vice-PM de l'Ukraine - charmant.
DeuxiĂšmement, cette campagne ne se limite pas aux personnes que l'on peut considĂ©rer, selon la dĂ©finition la plus malveillante, comme des collaborateurs. Il s'agit de personnes qui parlent le russe et donc l'enseignent dans une rĂ©gion d'Ukraine oĂč c'est la langue de la majoritĂ©. Elles sont aujourd'hui menacĂ©es de prison ou de ce qui s'apparentera Ă un dĂ©placement forcĂ©. Que nous appelions ce dernier ainsi, ou dĂ©placement arbitraire, ou migration forcĂ©e, c'est un crime en droit international.
TroisiĂšmement, ce dont nous sommes tĂ©moins en Ukraine est plus qu'une guerre au sens oĂč nous entendons communĂ©ment ce terme. Kiev ne mĂšne pas seulement une guerre territoriale. Elle mĂšne un Kulturkampf, et j'utilise ce terme Ă bon escient. Du point de vue du rĂ©gime, ce conflit concerne des personnes de statut supĂ©rieur et infĂ©rieur et le droit des premiĂšres d'anĂ©antir les secondes. Ne vous demandez plus pourquoi tant de fonctionnaires ukrainiens qualifient si souvent et avec dĂ©sinvolture les habitants de l'est russophone, ainsi que tous les Russes, d'"animaux". Une meilleure traduction serait "sous-hommes", dĂ©rivant du nazi Untermenschen.
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J'ai fait la culbute en réfléchissant autrement à la lecture de l'article de RT. Aussi étrange que cela puisse paraßtre, ce qui m'est venu à l'esprit, c'est cette photo grotesque que Vogue a publiée dans ses éditions d'août sous le titre "Portrait de bravoure: La premiÚre dame d'Ukraine, Olena Zelenska". On y voyait des pages de photos mettant en scÚne la glamour Olena avec Volodymyr, son mari, pas si glamour dans son T-shirt souillé mais néanmoins président de l'Ukraine. Volodymyr, "un comédien devenu politicien dont la présidence peut encore déterminer le destin du monde libre" - ce Volodymyr-là , pas le Volodymyr qui criminalise la langue russe, interdit son opposition, réduit la presse au silence, prive les syndicats de leurs droits et approvisionne ses services spéciaux en assassins.
La langue, c'est le pouvoir. Pierre Bourdieu. (Bernard Lambert, cc by-SA 4.0/ Wikimedia Commons.)
Je n'aurais jamais imaginé que quelqu'un tenterait de mettre à la mode les bellicistes et le bellicisme, mais c'est la Vogue de l'automne de notre empire, alors que l'imperium engage des mandataires comme Zelensky pour défendre son hégémonie déclinante. Donnons-lui du style.
Je ne pense pas que mon cheminement de pensée ce matin-là était aussi excentrique qu'il peut paraßtre. Nous sommes inondés d'images et de certains propos lourds, un usage calculé du langage destiné à conférer une légitimité au condamnable, comme les commis de la classe dirigeante prétendent nous le dire à propos du conflit en Ukraine. Que savent réellement la plupart d'entre nous de ceux qui font la guerre aux forces russes ? C'est la question que mon esprit m'a dictée.
Ce sont des démocrates épris de liberté qui luttent pour leur indépendance et ils sont comme nous: n'est-ce pas à peu prÚs la réponse que vous obtiendriez si vous demandiez à quelqu'un brandissant un drapeau bleu et jaune qui sont les Ukrainiens ?
C'est exactement la rĂ©ponse que les porteurs de drapeaux sont prĂ©parĂ©s Ă fournir. Sa principale caractĂ©ristique est son caractĂšre bidimensionnel. Entendre cela encore et encore, comme toute personne qui Ă©coute notre discours ne peut que le faire, c'est comme regarder une toile Ă plat sur une scĂšne qui dĂ©peint un paysage imaginaire et Ă©couter les peintres de la scĂšne vous dire: "Non, ce n'est pas une reprĂ©sentation imaginaire. C'est le vrai paysageâ.
Il y a quelques semaines, Ralph Nader a publié un article dans ScheerPost pour signaler que le New York Times, qu'il semble tenir en bien meilleure estime que moi, utilise un nombre démesuré d'images dans ses reportages. J'ai ensuite commencé à le remarquer en lisant le rapport quotidien sur l'étranger. Le Times était autrefois surnommé "The Gray Lady" parce qu'il ne contenait que du texte et quelques photos. Aujourd'hui, un reportage à l'étranger comporte généralement des photos, des photos et encore des photos, le tout entrecoupé d'un texte. C'est particuliÚrement vrai, mais pas seulement, pour la couverture de l'Ukraine. Les photographes se voient souvent gratifiés d'une légende.
Le Times s'adresse aux nouvelles gĂ©nĂ©rations qui ne lisent pas, se soucient peu de l'histoire et ne savent pas gĂ©rer la complexitĂ©: c'est ainsi que je l'ai compris. Mais il ne s'agit pas seulement pour le journal de s'avilir au nom du marchĂ©. Le Times reproduit la vision simpliste du monde qu'un empire en dĂ©clin exige lorsque son dĂ©clin doit ĂȘtre cachĂ©.
Les images ne racontent pas d'histoires. Ce sont des images bidimensionnelles qui prĂ©tendent raconter des histoires sans, en elles-mĂȘmes, dire grand-chose Ă ceux qui les regardent. Il n'y a pas longtemps, le Times a publiĂ© une photographie de caisses de munitions vides Ă©parpillĂ©es le long d'une route. La lĂ©gende nous disait qu'il s'agissait des consĂ©quences de la retraite russe du nord-est. C'Ă©tait une histoire de peur, de hĂąte, de dĂ©sespoir.
Ătait-ce le cas ? A qui sont ces caisses ? Qui les a vidĂ©es et pourquoi ? Comment sont-elles arrivĂ©es lĂ ? Pourquoi des caisses de fusils vides gisent-elles sur une route ? En quoi la "retraite" Ă©tait-elle visible ? Alors que nous assistons Ă la guerre la plus propagandisĂ©e de l'histoire, et je pense que c'est le cas, ces caisses Ă©taient-elles lĂ oĂč la lĂ©gende nous a dit qu'elles Ă©taient, ou ailleurs ?
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Nous trouvons une variante du mĂȘme phĂ©nomĂšne avec l'utilisation du langage. On nous nourrit de beaucoup de vocabulaire chargĂ©, car les Ă©vĂ©nements qui donnent une mauvaise image des Ukrainiens ne peuvent plus ĂȘtre simplement omis et les correspondants sont tenus d'en parler. L'article de David Stern dĂ©crit les "meurtres extrajudiciaires" commis par les Ukrainiens et leur intention de terroriser les populations locales - un langage direct appropriĂ©. Mais son article Ă©tait l'exception qui confirme la rĂšgle. Les soldats ukrainiens sont toujours valeureux. Les Russes dirigent des colonies pĂ©nitentiaires. Comme indiquĂ© prĂ©cĂ©demment dans cet espace, les assassins ukrainiens sont des "partisans" qui tuent justement des "collaborateurs", le sous-texte Ă©tant une rĂ©fĂ©rence honteuse Ă la campagne des maquisards contre les collaborateurs de Vichy pendant l'occupation nazie de la France. Ce ne sont lĂ que quelques exemples parmi tant d'autres.
Si les images prétendent raconter des histoires et ne le font pas, les textes utilisés de cette maniÚre prétendent raconter des histoires vraies qui ne le sont pas. Dans les deux cas, les personnes qui regardent les images ou qui lisent le texte n'ont pas accÚs à la tridimensionnalité qui est une caractéristique de tous les événements.
Lorsque je pense à ces choses, je pense à Pierre Bourdieu et à son ouvrage Langage et pouvoir symbolique. Le titre original, Ce que parler veut dire : l'économie des échanges linguistiques, aborde plus directement la question. La langue est plus qu'une simple communication: "Je n'ai plus de cigarettes." "Le musée est ouvert aujourd'hui." Il est imprégné de hiérarchies de pouvoir et est déployé pour signifier les emplacements sociaux du sujet et de l'objet. Lorsque la presse occidentale décrit les assassins et les terroristes ukrainiens avec un vocabulaire ennoblissant qui n'est en aucun cas approprié, elle tente de donner à ces personnes un pouvoir sur nos pensées et notre imagination.
MĂ©fions-nous des images et des mots utilisĂ©s de cette maniĂšre. C'est la "gestion de la perception" telle qu'elle fonctionne. Ce n'est pas nouveau. Mais la manipulation des perceptions du public est dangereuse, purement et simplement, lorsqu'elle devient aussi rĂ©pandue que maintenant. L'histoire nous dit assez clairement oĂč cela peut mener.
Diana Johnstone, l'éminente européiste, a publié un superbe article dans Consortium News il n'y a pas si longtemps, affirmant: "Une guerre apparemment irrationnelle - comme beaucoup le sont - a des racines émotionnelles profondes et revendique une justification idéologique. Il est difficile de mettre fin à de telles guerres car elles s'étendent en dehors du champ de la rationalité." Johnstone poursuit en explorant les forces historiques profondes qui jouent en Ukraine, au premier rang desquelles une russophobie subliminale, présente dans certaines parties de l'Europe ainsi qu'en Ukraine, qui trouve ses racines dans les vieux ressentiments empoisonnés de la victoire soviétique sur le régime nazi en 1945.
C'est la troisiĂšme dimension manquante dans la couverture de la crise ukrainienne par les mĂ©dias grand public, ou une partie importante de celle-ci. Il est essentiel pour notre comprĂ©hension et notre capacitĂ© Ă juger ce conflit et des personnes telles qu'Irina Vereshchuk - de savoir de quoi sont faits les dirigeants et les militaires ukrainiens. Il faudrait une photographie exceptionnelle pour en donner une idĂ©e. Et un reportage aux termes bien plus honnĂȘtes que ce que nous lisons dans ces mĂ©dias, sans recourir Ă des rĂ©cits submergĂ©s qui font passer la sauvagerie pour de l'hĂ©roĂŻsme et les nationalistes Ă la sauce nazie pour des dĂ©mocrates.
Une version de cet article a été publiée dans Current Concerns, Zeit-Fragen, et Horizons et débats.