đâđš Pipeau que les simagrĂ©es de Starmer. Le sang versĂ© Ă Gaza mĂšne tout droit Ă sa porte
Les capitales occidentales continuent de coordonner avec IsraĂ«l et les Ătats-Unis leurs âcritiquesâ du gĂ©nocide, tout comme elles ont coordonnĂ© auparavant leur soutien au massacre.
đâđš Pipeau que les simagrĂ©es de Starmer. Le sang versĂ© Ă Gaza mĂšne tout droit Ă sa porte
By Jonathan Cook, le 22 mai 2025
AprÚs dix-neuf mois de récits officiels mensongers sur Gaza, on sert désormais aux populations occidentales un récit différent, mais tout aussi trompeur.
Alors que le gĂ©nocide et le nettoyage ethnique menĂ©s par IsraĂ«l touchent Ă leur fin, l'Occident s'empresse de réécrire le scĂ©nario de Gaza. Mais ne vous y trompez pas : c'est toujours le mĂȘme tissu de mensonges servant des intĂ©rĂȘts Ă©hontĂ©s.
Comme dirigĂ©s par un chef d'orchestre invisible, la Grande-Bretagne, la France et le Canada â alliĂ©s clĂ©s des Ătats-Unis â ont poussĂ© cette semaine un chĆur de condamnations contre IsraĂ«l.
Ils ont qualifiĂ© de âdisproportionnĂ©sâ les plans d'IsraĂ«l pour raser les derniers vestiges de Gaza encore debout, tandis que l'intensification par IsraĂ«l de la famine imposĂ©e depuis des mois Ă plus de deux millions de civils palestiniens serait âintolĂ©rableâ.
Ce changement de ton a été précédé, comme je l'ai souligné la semaine derniÚre dans ces pages, par un nouveau durcissement de ton de la presse occidentale envers Israël.
Il fallait d'abord que le discours des mĂ©dias traditionnels change, afin que l'Ă©mergence soudaine de prĂ©occupations morales et politiques sur les souffrances de Gaza de la part du Premier ministre britannique Keir Starmer, du prĂ©sident français Emmanuel Macron et du Premier ministre canadien Mark Carney â aprĂšs plus d'un an et demi d'indiffĂ©rence â ne semble pas trop soudaine, ni trop Ă©trange.
Ils agissent comme si le gĂ©nocide perpĂ©trĂ© par IsraĂ«l avait franchi un cap. Mais les gĂ©nocides ne franchissent pas de caps. Ils progressent inexorablement jusqu'Ă ce qu'on les arrĂȘte.
Les médias et les politiciens gÚrent minutieusement toute dissonance cognitive susceptible de perturber leur public.
Mais la rĂ©alitĂ© sous-jacente est que les capitales occidentales continuent de coordonner leurs âcritiquesâ du gĂ©nocide perpĂ©trĂ© par IsraĂ«l Ă Gaza, tout comme elles ont coordonnĂ© leur soutien Ă ce gĂ©nocide jusqu'Ă maintenant.
C'est ce qu'a concĂ©dĂ© un haut responsable israĂ©lien au journal israĂ©lien Haaretz. Ăvoquant le changement soudain de ton, il a dĂ©clarĂ© :
âLes derniĂšres 24 heures font partie d'un plan dont nous avions connaissance. Il s'agit d'une sĂ©rie d'actions coordonnĂ©es en amont de la rĂ©union de l'UE Ă Bruxelles, et grĂące aux efforts conjoints de nos ambassadeurs et du ministre des Affaires Ă©trangĂšres, nous avons rĂ©ussi Ă modĂ©rer le rĂ©sultatâ.
Ces larmes de crocodile ne sont qu'une autre mise en scĂšne, qui diffĂšre peu du prĂ©cĂ©dent cocktail de silence et de discours sur le âdroit d'IsraĂ«l Ă se dĂ©fendreâ. Et elles ont le mĂȘme objectif : gagner du temps afin qu'IsraĂ«l puisse âfinir le travailâ, c'est-Ă -dire achever son gĂ©nocide et son nettoyage ethnique de Gaza.
L'Occident continue de promouvoir de faux âdĂ©batsâ, entiĂšrement conçus par IsraĂ«l, pour savoir si le Hamas vole l'aide, ce qui constitue une aide suffisante et comment cette aide doit ĂȘtre acheminĂ©e.
Tout cela n'est que du vent, destiné à nous détourner du seul sujet pertinent : Israël commet un génocide en massacrant et en affamant la population de Gaza, avec l'aide et la complicité de l'Occident.
Exercice de relations publiques
Les stocks alimentaires étant complÚtement épuisés par le blocus israélien, le responsable humanitaire de l'ONU, Tom Fletcher, a déclaré à la BBC mardi que quelque 14 000 bébés pourraient mourir à Gaza dans les 48 heures si une aide immédiate ne leur parvenait pas.
Les pronostics Ă plus long terme sont encore plus sombres.
Lundi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a décidé de laisser entrer un filet d'aide, libérant cinq camions, dont certains contenant du lait en poudre, parmi les milliers de véhicules qu'Israël bloque aux checkpoints depuis prÚs de trois mois. Cela représente moins de 1 % du nombre de camions qui, selon les experts, doivent entrer chaque jour pour éviter une famine meurtriÚre.
Mardi, alors que le tollĂ© s'amplifiait, le nombre de camions d'aide autorisĂ©s Ă entrer Ă Gaza aurait grimpĂ© Ă prĂšs de 100, soit moins d'un cinquiĂšme du strict minimum. Au moment oĂč cet article est rĂ©digĂ©, aucune aide n'a apparemment atteint la population de l'enclave.
Netanyahu a clairement fait savoir à l'opinion publique israélienne, qui semble pour la plupart favorable à la poursuite de cette famine orchestrée, qu'il n'agissait pas par élan humanitaire.
Il s'agit purement et simplement d'une opération de relations publiques destinée à calmer les capitales occidentales, a-t-il déclaré. L'objectif est d'apaiser les pressions exercées par leurs populations respectives pour les pousser à sanctionner Israël et à mettre fin au massacre de la population de Gaza.
Ou encore :
âNos meilleurs amis dans le monde, les sĂ©nateurs les plus pro-israĂ©liens [aux Ătats-Unis] ... nous assurent qu'ils nous fournissent toute l'aide, les armes, le soutien et la protection dont nous avons besoin au Conseil de sĂ©curitĂ© de l'ONU, mais ils supportent mal les images de famine massiveâ.
Le ministre des Finances israélien, Bezalel Smotrich, a été encore plus clair :
âEn dĂ©truisant le Hamas, nous dĂ©truisons aussi tout ce qui reste de la bande de Gazaâ.
Il a Ă©galement parlĂ© de ânettoyerâ l'enclave.
âRetour Ă l'Ăąge de pierreâ
Depuis 19 mois, l'opinion publique occidentale assiste Ă cette destruction â ou du moins en voit-elle des bribes, quand les mĂ©dias occidentaux daignent rapporter le massacre.
Israël a systématiquement détruit tout ce qui est indispensable à la survie de la population de Gaza : ses maisons, ses hÎpitaux, ses écoles, ses universités, ses boulangeries, ses réseaux d'approvisionnement en eau et ses soupes populaires.
IsraĂ«l a finalement mis en Ćuvre ce qu'il menace de faire depuis 20 ans au peuple palestinien s'il refuse l'Ă©puration ethnique de sa patrie. Il l'a renvoyĂ© âĂ l'Ăąge de pierreâ.
Une enquĂȘte menĂ©e auprĂšs des plus grands spĂ©cialistes mondiaux du gĂ©nocide, publiĂ©e la semaine derniĂšre par le journal nĂ©erlandais NRC, rĂ©vĂšle que tous s'accordent Ă dire qu'IsraĂ«l commet un gĂ©nocide Ă Gaza. La plupart pensent que le gĂ©nocide a atteint sa phase finale.
Cette semaine, Yair Golan, leader du principal parti du centre en IsraĂ«l et ancien chef adjoint de l'armĂ©e israĂ©lienne, a exprimĂ© le mĂȘme sentiment de maniĂšre plus explicite. Il a accusĂ© le gouvernement de âtuer des bĂ©bĂ©s pour s'amuserâ . Comme on pouvait s'y attendre, Netanyahu a accusĂ© Golan d'âantisĂ©mitismeâ.
La dĂ©claration commune de Starmer, Macron et Carney est bien moins virulente, cela va sans dire, et a Ă©tĂ© accueillie par Netanyahu avec un message relativement modĂ©rĂ©, affirmant que les trois dirigeants font un âimmense cadeauâ au Hamas.
Leur dĂ©claration stipule : âLe niveau de souffrance humaine Ă Gaza est intolĂ©rableâ. On peut supposer que jusqu'Ă prĂ©sent, ils ont trouvĂ© âtolĂ©rableâ l'enfer que vivent les Palestiniens de Gaza depuis un an et demi.
David Lammy, le ministre britannique des Affaires Ă©trangĂšres qui, en plein gĂ©nocide, s'est rĂ©joui d'ĂȘtre photographiĂ© serrant la main de Netanyahu, a dĂ©clarĂ© cette semaine au Parlement que Gaza entre dans une ânouvelle phase sombreâ.
C'est une interprétation qui l'arrange bien. En réalité, il est minuit à Gaza depuis trÚs longtemps.
Une source diplomatique européenne haut placée impliquée dans les discussions entre les trois dirigeants a déclaré à la BBC que ce nouveau discours traduit
âun sentiment rĂ©el de colĂšre politique croissante face Ă la situation humanitaire, le franchissement d'une ligne rouge et ce gouvernement israĂ©lien qui agit en toute impunitĂ©â.
C'est le rappel que jusqu'Ă prĂ©sent, les capitales occidentales ont fermĂ© les yeux sur toutes les autres lignes franchies par IsraĂ«l, y compris la destruction de la plupart des maisons de Gaza, l'Ă©radication des hĂŽpitaux et autres infrastructures humanitaires essentielles, le regroupement des civils palestiniens dans des zones âsĂ»resâ pour mieux les bombarder, le massacre et la mutilation de plusieurs dizaines de milliers d'enfants, et la famine imposĂ©e Ă une population de plus de deux millions de personnes.
Pris pour des imbéciles
Les trois dirigeants occidentaux menacent dĂ©sormais de prendre âd'autres mesures concrĂštesâ contre IsraĂ«l, y compris ce qu'ils appellent des âsanctions ciblĂ©esâ.
MĂȘme si cela semble prometteur, n'en croyez rien. L'Union europĂ©enne et la Grande-Bretagne tergiversent depuis des dĂ©cennies sur l'opportunitĂ© et les modalitĂ©s d'un Ă©tiquetage des produits importĂ©s des colonies illĂ©gales d'IsraĂ«l en Cisjordanie occupĂ©e.
L'existence mĂȘme de ces colonies en constante expansion, construites sur des territoires palestiniens volĂ©s et bloquant la crĂ©ation d'un Ătat palestinien, est un crime de guerre. Nul pays ne devrait les soutenir.
En 2019, la Cour européenne de justice s'est prononcée en faveur de l'obligation d'indiquer clairement aux consommateurs européens quels produits proviennent d'Israël et lesquels proviennent des colonies.
Pendant toutes ces annĂ©es, les responsables europĂ©ens n'ont jamais envisagĂ© d'interdire les produits provenant des colonies, et encore moins d'imposer des âsanctions ciblĂ©esâ Ă IsraĂ«l, alors que l'illĂ©galitĂ© des colonies est sans ambiguĂŻtĂ©. En fait, les dirigeants ont volontiers qualifiĂ© ceux qui appellent au boycott et aux sanctions contre IsraĂ«l d'âantisĂ©mitesâ et de âdĂ©tracteurs du peuple juifâ.
La vérité, c'est que les dirigeants occidentaux et les médias traditionnels se moquent éperdument de nous, comme ils le font depuis 19 mois.
âD'autres actions concrĂštesâ suggĂšrent que des mesures concrĂštes ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© imposĂ©es Ă IsraĂ«l. Ce mĂȘme IsraĂ«l qui a rĂ©cemment terminĂ© deuxiĂšme au Concours Eurovision de la chanson. Les manifestants qui rĂ©clament l'exclusion d'IsraĂ«l de la compĂ©tition â comme la Russie l'a Ă©tĂ© pour avoir envahi l'Ukraine â sont diffamĂ©s et dĂ©noncĂ©s.
Si les dirigeants occidentaux ne sont mĂȘme pas capables d'imposer une sanction symbolique significative Ă IsraĂ«l, pourquoi devrions-nous les croire capables de prendre des mesures substantielles ?
Aucune volonté d'agir
Mardi, on a mieux compris ce que le Royaume-Uni entend par âmesures concrĂštesâ. L'ambassadrice d'IsraĂ«l a Ă©tĂ© convoquĂ©e pour ce qui nous a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© comme une rĂ©primande. Elle a dĂ» trembler.
Et la Grande-Bretagne a suspendu â c'est-Ă -dire reportĂ© â les nĂ©gociations sur un nouvel accord de libre-Ă©change, une proposition visant Ă Ă©largir les relations commerciales dĂ©jĂ trĂšs Ă©troites entre la Grande-Bretagne et IsraĂ«l. Ces nĂ©gociations peuvent sans doute attendre quelques mois.
Par ailleurs, 17 des 27 membres de l'Union europĂ©enne ont votĂ© en faveur de la rĂ©vision de la base juridique de l'accord d'association UE-IsraĂ«l â qui accorde Ă IsraĂ«l un statut commercial spĂ©cial â, mĂȘme si la rĂ©vocation effective de cet accord semble trĂšs improbable.
Examiner si IsraĂ«l ârespecte les droits de l'homme et les principes dĂ©mocratiquesâ est une simple perte de temps. Les enquĂȘtes menĂ©es l'annĂ©e derniĂšre ont montrĂ© qu'il se livre Ă des atrocitĂ©s et Ă des crimes contre l'humanitĂ© Ă grande Ă©chelle.
S'adressant au Parlement britannique, Lammy a déclaré que
âce sont les actions du gouvernement Netanyahu qui l'ont rendu indispensableâ.
Bien d'autres âmesures concrĂštesâ infiniment plus sĂ©rieuses auraient pu ĂȘtre prises par la Grande-Bretagne et d'autres capitales occidentales, et ce depuis des mois.
La Grande-Bretagne et l'UE en ont donné un avant-goût mardi en annonçant de nouvelles sanctions contre la Russie, non pour avoir commis un génocide, mais pour avoir hésité à conclure un cessez-le-feu avec l'Ukraine.
En fin de compte, l'Occident veut punir Moscou pour avoir refusĂ© de restituer les territoires qu'il occupe en Ukraine, ce que les puissances occidentales n'ont jamais exigĂ© de maniĂšre significative d'IsraĂ«l, alors mĂȘme que celui-ci occupe les territoires palestiniens depuis des dĂ©cennies.
Les nouvelles sanctions contre la Russie visent les entitĂ©s qui soutiennent ses efforts militaires et ses exportations d'Ă©nergie, en plus des sanctions Ă©conomiques sĂ©vĂšres dĂ©jĂ en vigueur et d'un embargo pĂ©trolier. Rien de mĂȘme vaguement comparable n'est proposĂ© pour IsraĂ«l.
Le Royaume-Uni et l'Europe auraient pu cesser de fournir à Israël les armes qui lui permettent de massacrer des enfants palestiniens à Gaza. En septembre dernier, Starmer a promis de réduire d'environ 8 % les ventes d'armes à Israël, mais son gouvernement a en réalité envoyé plus d'armes pour armer le génocide israélien au cours des trois mois qui ont suivi que les conservateurs ne l'ont fait pour toute la période comprise entre 2020 et 2023.
Le Royaume-Uni pourrait Ă©galement cesser de transporter les armes d'autres pays et d'effectuer des vols de surveillance au-dessus de Gaza pour le compte d'IsraĂ«l. Les informations de suivi des vols ont montrĂ© que, cette semaine, le Royaume-Uni a envoyĂ© un avion-cargo militaire, capable de transporter des armes et des soldats, depuis une base de la Royal Air Force Ă Chypre vers Tel-Aviv, puis a dĂ©pĂȘchĂ© un avion espion au-dessus de Gaza pour recueillir des renseignements afin d'aider IsraĂ«l dans son massacre.
Il pourrait bien sĂ»r prendre la âmesure concrĂšteâ de reconnaĂźtre l'Ătat palestinien, comme l'ont dĂ©jĂ fait l'Irlande et l'Espagne, et ce, Ă tout moment.
Le Royaume-Uni pourrait imposer des sanctions aux ministres du gouvernement israĂ©lien. Il pourrait se dĂ©clarer prĂȘt Ă appliquer le mandat d'arrĂȘt dĂ©livrĂ© par la Cour pĂ©nale internationale contre Netanyahu pour crimes de guerre, si celui-ci venait Ă se rendre en Grande-Bretagne. Et il pourrait refuser Ă IsraĂ«l l'accĂšs aux Ă©vĂ©nements sportifs, le transformant ainsi en un Ătat paria, comme cela a Ă©tĂ© fait avec la Russie.
Il pourrait annoncer que tout Britannique revenant d'un service militaire Ă Gaza risque d'ĂȘtre arrĂȘtĂ© et poursuivi pour crimes de guerre.
Et bien sûr, le Royaume-Uni pourrait imposer des sanctions économiques radicales à Israël, là encore comme cela a été fait avec la Russie.
Toutes ces âmesures concrĂštesâ, et bien d'autres encore, pourraient facilement ĂȘtre mises en Ćuvre. La vĂ©ritĂ©, c'est qu'il n'y a aucune volontĂ© politique de le faire. Il n'y a qu'un seul dĂ©sir, celui de meilleures relations publiques, d'embellir la complicitĂ© de la Grande-Bretagne dans un gĂ©nocide qui ne peut plus ĂȘtre occultĂ©.
Le loup est démasqué
Pour l'Occident, la difficulté réside en ce qu'Israël n'est désormais plus l'agneau que les capitales occidentales ont présenté pendant des décennies.
IsraĂ«l est de toute Ă©vidence un loup prĂ©dateur. Son comportement brutal et colonialĂ l'Ă©gard du peuple palestinien est pleinement visible. Il n'y a nulle part oĂč se cacher.
VoilĂ pourquoi Netanyahu et les dirigeants occidentaux sont dĂ©sormais engagĂ©s dans un tango de plus en plus compliquĂ©. Le projet colonial, d'apartheid et de gĂ©nocide d'IsraĂ«l â le client militarisĂ© et tyrannique de l'Occident au Moyen-Orient riche en pĂ©trole â doit ĂȘtre protĂ©gĂ©.
Jusqu'Ă maintenant, les dirigeants occidentaux comme Starmer ont dĂ©tournĂ© les critiques des crimes d'IsraĂ«l et de la complicitĂ© britannique. Ils ont ressassĂ© sans fin et sans discernement le âdroit d'IsraĂ«l Ă se dĂ©fendreâ et la nĂ©cessitĂ© âd'Ă©liminer le Hamasâ.
Mais l'aboutissement du gĂ©nocide israĂ©lien consiste Ă affamer Ă mort deux millions de personnes â ou Ă les chasser de Gaza, selon ce qui arrivera en premier. Aucune de ces deux options n'est compatible avec les objectifs que les politiciens occidentaux nous ont vendus.
Un nouveau discours doit donc accentuer la responsabilité personnelle de Netanyahu dans le carnage, comme si le génocide n'était pas l'aboutissement logique de tout ce qu'Israël fait subir au peuple palestinien depuis des décennies.
La plupart des Israéliens sont également favorables au génocide. Les seules voix dissidentes significatives sont celles des familles des otages israéliens, principalement en raison du danger que représente l'offensive israélienne pour leurs proches.
L'objectif de Starmer, Macron et Carney est donc d'Ă©laborer ce nouveau rĂ©cit, en prĂ©tendant qu'ils n'ont rĂ©alisĂ© que tardivement que Netanyahu Ă©tait « allĂ© trop loin » et qu'il faut le freiner. Ils vont pouvoir ainsi graduellement hausser le ton contre le Premier ministre israĂ©lien, faire pression sur IsraĂ«l pour qu'il change de cap et, s'il rĂ©siste ou hĂ©site, faire croire qu'ils pousseront Washington Ă prendre des âmesures concrĂštesâ.
Contrairement Ă l'ancienne, qui a fait son temps, cette nouvelle version des faits pourra ĂȘtre rabĂąchĂ©e pendant encore plusieurs semaines, voire des mois, le temps nĂ©cessaire Ă l'achĂšvement du gĂ©nocide et du nettoyage ethnique de Gaza, ou du moins Ă un stade oĂč il sera impossible de revenir en arriĂšre.
C'est en tout cas ce qu'espĂšrent les capitales occidentales.
Du sang sur les mains
Le nouveau discours hypocrite de Starmer, Macron et Carney présente plusieurs avantages. Il leur permet de ne pas avoir le sang de Gaza sur les mains. Ils s'y sont laissés tromper. Ils ont été trop charitable. Les luttes internes vitales contre l'antisémitisme les ont distraits.
Ce discours rejette toute la responsabilité sur un seul homme : Netanyahu.
Sans lui, l'Ătat d'IsraĂ«l, violent, hypermilitarisĂ© et pratiquant l'apartheid, peut poursuivre comme avant, comme si le gĂ©nocide n'avait Ă©tĂ© qu'un malheureux dĂ©rapage dans le bilan par ailleurs irrĂ©prochable d'IsraĂ«l.
De nouvelles prĂ©tendues menaces âterroristesâ â provenant du Liban, de Syrie, du YĂ©men et d'Iran â pourront ĂȘtre montĂ©es en Ă©pingle pour nous faire revenir Ă un discours optimiste sur le courageux avant-poste occidental de la civilisation qui nous protĂšge des barbares de l'Est.
Le nouveau discours n'exige mĂȘme pas que Netanyahu soit traduit en justice.
Au fur et Ă mesure que les informations sur l'ampleur rĂ©elle des atrocitĂ©s et le nombre de morts seront rĂ©vĂ©lĂ©es, Netanyahu, feignant le remords, apaisera l'Occident en relançant le discours sur la solution Ă deux Ătats â une solution dont la rĂ©alisation a Ă©tĂ© Ă©cartĂ©e pendant des dĂ©cennies et pourra continuer Ă l'ĂȘtre encore des dĂ©cennies durant.
Des annĂ©es de âconflitâ israĂ©lo-palestinien, prĂ©tendument sur le point de se rĂ©soudre, s'annoncent encore.
MĂȘme si un Netanyahu humiliĂ© Ă©tait contraint de dĂ©missionner, il passerait le relais Ă l'un des autres monstres suprĂ©macistes juifs et gĂ©nocidaires qui attendent leur heure en coulisses.
AprÚs la destruction de Gaza, le massacre de la population palestinienne en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est reprendra simplement à un rythme plus lent, celui qui lui a permis d'échapper à l'attention de l'opinion publique occidentale pendant 58 ans.
Les choses se passeront-elles vraiment ainsi ? Seulement dans l'imagination des élites occidentales. En réalité, faire oublier prÚs de deux ans d'un génocide trop visible pour une grande part de l'opinion publique occidentale sera une tùche bien plus ardue.
Trop de gens en Europe et aux Ătats-Unis ont ouvert les yeux ces 19 derniers mois. Ils ne peuvent oublier ce qu'ils ont vu en direct, ni ignorer ce que cela rĂ©vĂšle sur leurs propres classes politiques et mĂ©diatiques.
Starmer et ses complices vont continuer à prendre leurs distances avec le génocide de Gaza, mais ne pourront pas y échapper. Quoi qu'ils disent ou fassent, le sang versé à Gaza mÚne tout droit à leur porte.
Traduit par Spirit of Free Speech