👁🗨 Pourquoi Israël est en train de perdre
Israël prétend gagner priv du soutien international, confronté aux actions en justice, en ruinant son pays empêtré dans les luttes intestines. Franchement, l'attitude d'Israël est vraiment pathétique.
👁🗨 Pourquoi Israël est en train de perdre
Par Robert Inlakesh & Ramzy Baroud pour The Palestine Chronicle, le 10 mai 2025
La stratégie apparemment mise en œuvre consiste à affamer la population civile. Quant aux manœuvres terrestres, il est difficile d'imaginer comment l'armée israélienne pourrait venir à bout de la résistance palestinienne.
Menace après menace, plan après plan, l'armée israélienne ne parvient toujours pas à remporter de victoire sur aucun des fronts où elle est engagée. Aucun des objectifs publiquement déclarés n'a été atteint à Gaza, à part le massacre de civils et, aujourd'hui, pour le 19e mois consécutif, les dirigeants israéliens brandissent de nouveaux plans de “victoire totale” qui changent d'heure en heure.
Depuis mars, quand Israël a pris la décision de violer l'accord de cessez-le-feu à Gaza et d'imposer une politique de famine totale à la population civile du territoire assiégé, plusieurs menaces ont été proférées par de hauts responsables israéliens, évoquant une “deuxième phase” de l’agression.
Tantôt Israël et le président américain Donald Trump discutent du contrôle américain sur le territoire, tantôt le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu tente de convaincre ses concitoyens qu'Israël doit occuper Gaza.
En termes de “plans”, nous avons tout entendu, depuis les prétendues zones de sécurité dans le nord de Gaza jusqu'au nouveau camp de réfugiés géant à Rafah.
Quant aux soldats israéliens qui vont participer à la nouvelle offensive massive contre les zones civiles de la bande de Gaza, nous apprenons que 100 000 réservistes sont attendus, puis que 20 000 ont été recrutés, et que 60 000 ont reçu l'ordre de se tenir prêts à être déployés. Mais sur ces 60 000, combien seront déployés le long de la frontière libano-syrienne ?
Des menaces de nouvelles bombes miracles censées vaincre le Hamas émanent également de manière cyclique, tandis que Netanyahu brasse de l'air et menace d'envahir le Liban, la Syrie, et d’attaquer les sites nucléaires iraniens. Et le Premier ministre israélien se vante de toutes les victoires remportées à ce jour dans la guerre qu'il mène sur sept fronts.
Aujourd'hui, Israël a apparemment approuvé la prochaine phase des combats à Gaza, dont les médias hébreux parlent sans relâche, se demandant quels nouveaux effectifs leur armée génocidaire pourra bien mobiliser. Pourtant, aucun d'entre eux n'est en mesure de fournir la moindre preuve de ce qui va se passer.
La défaite stratégique d'Israël
Dans le brouillard de guerre, les passions s'exacerbent de toutes parts. Après le massacre de dizaines de milliers d'enfants à Gaza, la dévastation totale des infrastructures du territoire, l'assassinat de dirigeants phares des courants politiques palestiniens et les attaques contre le Liban, suivies de l'assassinat de hauts responsables du Hezbollah, Israël s'est efforcé de convaincre le monde qu'il contrôle la situation.
Pourtant, malgré la propagande qui vante au monde entier la défaite du Hamas et du Hezbollah, aucun des deux n'a été vaincu. Tous deux ont été affaiblis, mais ils sont loin d'être vaincus. Quant à Ansarallah au Yémen, il ne fait que se renforcer et est désormais à même de frapper directement l'aéroport Ben Gourion.
L'Iran, le Hezbollah, Ansarallah, les factions palestiniennes et même les Forces de mobilisation populaire irakiennes (PMF) n'ont pas été vaincus, loin s'en faut. Israël mène une guerre totale avec le soutien inconditionnel des États-Unis, du Royaume-Uni et de l'Europe depuis 19 mois et ne peut faire état que de victimes civiles et d'assassinats.
Et qu'en est-il de la Syrie ? Eh bien, la Syrie n'a jamais été un front dans cette guerre jusqu'à la chute de Bachar al-Assad, et le nouveau gouvernement n'est même pas considéré comme suffisamment crédible pour être pris au sérieux par Israël, du moins pour l'instant.
Bien qu'Ahmed al-Shara'a ait maintes fois réaffirmé sa volonté de normaliser les relations avec Israël, le programme d'expansion du contrôle territorial israélien et de balkanisation de la Syrie passe avant toute collaboration, même envisagée, au stade actuel.
Les responsables israéliens affirment désormais que le renforcement de leur présence à Gaza relève de l'“option nucléaire” et qu'ils ne passeront à l'acte que si aucun cessez-le-feu ni échange de prisonniers n'est conclu dans les deux semaines, soit à l'issue de la tournée de Donald Trump dans la région.
D'après ce que nous pouvons actuellement en déduire, la phase 2 du plan consisterait à expulser la population de Gaza vers le sud de la bande de Gaza. Il a également été question de faire appel à des entreprises privées pour distribuer l'aide humanitaire à la population de Gaza une fois qu'elle aura été refoulée vers une zone proche de Rafah. Des menaces pèsent également sur une partie encore plus importante des infrastructures du territoire.
D'après l'analyse des fuites et des déclarations des responsables militaires, tout semble indiquer qu'ils envisagent de procéder au nettoyage ethnique à grande échelle.
Cependant, si l'idée de faire appel à des entreprises privées pour distribuer l'aide humanitaire laisse présager une évolution, c'est que l'armée israélienne ne dispose pas d'effectifs suffisants ni d'une confiance suffisante en ses soldats pour assurer la distribution de l'aide.
La stratégie réelle consiste apparemment à soumettre la population civile à la famine. Quant aux manœuvres terrestres, on voit mal comment leurs troupes pourraient venir à bout de la résistance palestinienne.
C'est d'autant plus vrai que plus de 100 000 réservistes ont refusé de répondre à l'appel aux armes, tandis que les soldats servant dans les brigades Golani et Givati d'Israël ont été déployés après seulement quatre mois d'entraînement. Il y a quelques semaines, on a même signalé des cas de pénurie de vivres pour les soldats israéliens à Gaza.
Outre le manque d'effectifs et de motivation, Israël doit également faire face à une crise concernant ses chars et ses véhicules blindés. Si Israël a certes les moyens de lancer une offensive majeure à Gaza, une telle opération pourrait toutefois compromettre ses capacités défensives sur le front nord.
Alors qu'il poursuit ses agressions contre la Syrie et le Hezbollah au Liban, une offensive depuis le nord risquerait de le mettre en échec. À cela s'ajoute la question de la gestion de la Cisjordanie, qui pèse lourdement sur ses forces armées.
De plus, la situation politique intérieure s'envenime de mois en mois. Ces facteurs, combinés à la dévastation économique infligée à l'économie israélienne, mettent l'État sous pression, alors qu'un approvisionnement constant en munitions fournies par les États-Unis est nécessaire pour bombarder au quotidien sur plusieurs fronts.
La communauté internationale a unanimement condamné les agissements du régime israélien, en violation flagrante des normes et du droit internationaux, tandis que les décideurs de Tel-Aviv poursuivent leurs agressions sur plusieurs fronts.
Les mesures extrêmes prises dans les pays occidentaux par les partisans et les expatriés d'Israël, qui mobilisent leurs investissements et leur pouvoir de lobbying pour démanteler les droits constitutionnels et légaux et museler la liberté d'expression, sont un autre indicateur flagrant de la faiblesse d'Israël.
Même si les Israéliens semblent détenir un pouvoir considérable, leur attitude trahit la peur que connaît le mouvement sioniste. Ils ont perdu le débat et ne peuvent gagner la bataille, d'où le recours à la censure et à la force pour réprimer toute dissidence.
En outre, l'on peut s'attendre à un retour de bâton lié à la criminalité extrême d'Israël. Prenons l'exemple du Hezbollah, un parti politique autrefois très modéré et avisé, dont le pragmatisme inspirait une certaine confiance. Il n'en sera plus de même lors des conflits futurs. Et en Syrie, un seul faux pas pourrait déclencher une intervention contre Israël.
Le conflit syrien est totalement imprévisible, et plus les Israéliens interviennent, plus le risque que la situation dégénère augmente.
Quant au peuple palestinien, le traumatisme qu'il a subi ne s'effacera jamais. Son avenir n'est fait que de résistance et d'une volonté inébranlable de tout sacrifier pour obtenir justice.
À Gaza, tout le monde a perdu un être cher, sans exception. Rares sont ceux qui acceptent l'idée que ces morts ont été vaines. Les Palestiniens n'ont d'autre choix que de poursuivre leur combat, quoi qu'il arrive.
Si Israël veut vraiment s'attaquer à l'Iran, cela ne fera qu'accélérer le processus qui le mènera à la défaite définitive dans les guerres en cours.
Faisons abstraction des noms un instant. Imaginez que la plus grande puissance militaire d'une région, avec le soutien total de la première superpuissance mondiale, livre bataille depuis 19 mois et ne parvienne pas à vaincre un seul groupe armé, alors qu'elle l'assiège de toutes parts et commet un génocide contre son peuple.
Cette puissance prétend ensuite qu'elle est en train de gagner, tout en perdant le soutien international, confrontée à d'innombrables actions en justice et ruinant son économie, et qu'elle sombre dans des luttes intestines. Objectivement, l'attitude d'Israël est plus que pathétique.
Traduit par Spirit of Free Speech
* Robert Inlakesh est journaliste, écrivain et réalisateur de documentaires. Il s'intéresse particulièrement au Moyen-Orient, et plus particulièrement à la Palestine. Il a contribué à cet article pour The Palestine Chronicle.