đâđš Pourquoi lâarmĂ©e israĂ©lienne ne (peut) sâen prendre quâaux civils
Pour la plupart des sociĂ©tĂ©, la mort d'un civil est plus coupable que celle d'un soldat, mais câest l'inverse qui prĂ©vaut pour IsraĂ«l, s'expliquant en partie par le mythe suprĂ©maciste sioniste.
đâđš Pourquoi lâarmĂ©e israĂ©lienne ne (peut) sâen prendre quâaux civils
Par Robert Inlakesh, le 31 octobre 2024 Ă 14:18
IsraĂ«l avait besoin de rĂ©tablir sa domination militaire, et sâest soudain retrouvĂ© dans la pire position possible, ne sachant qu'utiliser la technologie pour tuer Ă distance, sans stratĂ©gie cohĂ©rente sur le terrain.
Bien que cela puisse paraßtre excessif, l'armée israélienne n'est réellement apte qu'à commettre des massacres civils de haute technologie et est incapable de faire face à des ennemis bien préparés. L'histoire du régime sioniste en matiÚre de guerre asymétrique l'a plongé dans un sentiment de sécurité illusoire qui a complété sa vision raciste du monde, certitude s'avérant catastrophique dans la guerre à fronts multiples d'aujourd'hui.
Qui sont les soldats qui composent l'armée ?
Pour comprendre l'armĂ©e israĂ©lienne et sa façon de combattre, il faut d'abord comprendre la sociĂ©tĂ© qui façonne ses soldats. Tous les IsraĂ©liens sont endoctrinĂ©s dĂšs leur plus jeune Ăąge par une idĂ©ologie suprĂ©matiste vĂ©hiculĂ©e par le systĂšme scolaire, et sont orientĂ©s vers le service militaire dĂšs leur sortie de l'utĂ©rus. Ils pensent que leur armĂ©e est âla plus moraleâ de la planĂšte, tout en croyant au concept de leur propre suprĂ©matie.
Toute discussion sur les forces armées sionistes doit commencer par une analyse de l'identité du public israélien, car lorsque chacun Israélien termine ses études secondaires, il doit effectuer un service obligatoire de deux à trois ans, souvent suivi d'un service de réserve pour une période plus longue. Bien que certains ultra-orthodoxes (Haredim) ne fassent pas leur service pour des raisons religieuses et que des Israéliens libéraux invoquent souvent des problÚmes de santé mentale comme excuse, la plupart des Israéliens sont enrÎlés dans diverses unités de l'armée.
Les soldats qui effectuent leurs annĂ©es de service obligatoire, qui seront confrontĂ©s Ă de vĂ©ritables situations de combat, ne participent pas directement Ă la guerre et seront plutĂŽt affectĂ©s Ă des checkpoints, au contrĂŽle des foules ou Ă des opĂ©rations nocturnes visant Ă arrĂȘter des adolescents qui ont, par exemple, jetĂ© des pierres. VoilĂ pourquoi de nombreux jeunes IsraĂ©liens trouvent qu'il est plus stimulant psychologiquement de rejoindre l'armĂ©e de l'air ou de travailler dans le domaine du renseignement. Il n'est pas rare de trouver des soldats assis aux checkpoints, s'ennuyant Ă mourir et affichant des mines frustrĂ©es. Pour les journalistes qui couvrent les manifestations en Cisjordanie, les soldats israĂ©liens dĂ©ployĂ©s pour tirer sur les enfants/adolescents qui brĂ»lent des pneus et lancent des pierres agissent comme s'ils jouaient au paintball.
Ces soldats montent rapidement en grade dans l'armée israélienne, gagnant en quelques années ce que la plupart des autres armées ne délivrent habituellement qu'aprÚs 10 à 15 ans de service. Il s'agit d'individus habilités dont l'esprit n'est pas assez structuré et qui, en particulier au cours des derniÚres décennies, sont devenus indisciplinés, capables de s'en tirer à leur guise avec toutes sortes de décisions prises individuellement. Il s'agit d'une armée citoyenne, faisant partie intégrante de la société dans son ensemble.
Si l'on examine les actions qu'ils ont pu commettre lors de confrontations armĂ©es, en particulier dans la bande de Gaza, il n'est pas Ă©tonnant qu'ils se sentent encouragĂ©s Ă prendre les choses en main, lĂ aussi. C'est ce qu'illustre la tendance observĂ©e au cours de l'annĂ©e Ă©coulĂ©e, oĂč leurs combattants se sont filmĂ©s en train de commettre toutes sortes de crimes et d'activitĂ©s perverses, et ont postĂ© ces images sur les rĂ©seaux sociaux.
Ces vidĂ©os, postĂ©es avec dĂ©sinvolture sur des plateformes en ligne comme Tiktok, oĂč des soldats israĂ©liens portent les sous-vĂȘtements de femmes palestiniennes qu'ils ont dĂ©placĂ©es et tuĂ©es ,ou font exploser des logements de civils, ne tĂ©moignent pas seulement dâun manque de discipline, mais nuisent Ă©galement aux objectifs de l'entitĂ© sioniste.
Les deux cas suivants mettent en évidence la maniÚre dont les soldats ont nui aux efforts de guerre de l'armée israélienne :
La diffusion instantanĂ©e d'informations et de photos/vidĂ©os du chef du Hamas, Yahya Sinwar, qui a empĂȘchĂ© leurs supĂ©rieurs de crĂ©er une fausse histoire sur lâaltercation et d'infliger un revers psychologique.
Les forces israéliennes qui se sont emparées du checkpoint de Rafah en mai se sont filmées en train de détruire gratuitement le site et d'insulter l'armée égyptienne, tout en commettant des actes en violation systématique de l'accord de normalisation entre Le Caire et Tel-Aviv.
VoilĂ pourquoi l'armĂ©e israĂ©lienne est en difficultĂ©. Nous avons tous vu ce qui s'est passĂ© lorsque 10 soldats ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s pour le viol collectif d'un dĂ©tenu palestinien, incarcĂ©rĂ© dans le centre de dĂ©tention de Sde Teiman sans aucune accusation. Cette affaire a donnĂ© lieu Ă des manifestations au cours desquelles des milliers d'IsraĂ©liens ont pris d'assaut des installations militaires dans le cadre de ce que l'on a appelĂ© les manifestations pour le âdroit au violâ. Toutefois, les manifestants n'Ă©taient pas les seuls concernĂ©s : le concept du droit des soldats Ă violer collectivement des prisonniers a Ă©tĂ© exprimĂ©e par des membres de la Knesset israĂ©lienne, et a reçu le soutien d'une grande partie de l'opinion publique.
Par consĂ©quent, si le commandement israĂ©lien donne l'ordre de poursuivre ses soldats pour avoir postĂ© des vidĂ©os d'eux-mĂȘmes en train de brĂ»ler des maisons Ă Gaza, de dĂ©fĂ©quer sur le sol des maisons ou de commettre une multitude d'autres actes rĂ©pugnants, on peut raisonnablement supposer qu'il sera confrontĂ© Ă un soulĂšvement national contre ce type de dĂ©cision.
Quelle est la stratégie militaire israélienne ?
Sachant la société israélienne inextricablement liée aux forces armées, on comprend mieux l'état d'esprit de Tsahal. Par exemple, alors que dans la plupart des sociétés du monde, la mort d'un civil est perçue comme plus dommageable que celle d'un soldat, c'est précisément l'inverse pour les Israéliens. Cela s'explique en partie par le mythe suprématiste de la supériorité israélienne ainsi que par le fait que la mort de soldats n'a jamais été trÚs fréquente, à l'exception d'attaques occasionnelles de tueurs solitaires ici et là .
La doctrine de l'armĂ©e israĂ©lienne correspond Ă peu prĂšs Ă celle du modĂšle amĂ©ricain de contre-insurrection qui a vu le jour pendant la âguerre contre le terrorismeâ au dĂ©but des annĂ©es 2000, mais comporte des diffĂ©rences essentielles qui la rendent beaucoup moins efficace que l'armĂ©e amĂ©ricaine.
Dans les annĂ©es 1990 et au dĂ©but des annĂ©es 2000, l'armĂ©e israĂ©lienne a bĂ©nĂ©ficiĂ© d'une asymĂ©trie sur le champ de bataille, en s'appuyant fortement sur son armĂ©e de l'air pour rĂ©pondre aux agressions avec une force considĂ©rable capable d'accomplir des missions et de remporter des victoires tactiques pour un coĂ»t trĂšs faible pour le corps militaire. Tout en s'appuyant sur leur supĂ©rioritĂ© en matiĂšre de vĂ©hicules militaires et d'aĂ©ronefs pendant les annĂ©es de la seconde Intifada (2000-2005), les IsraĂ©liens ont rĂ©ussi Ă infliger une dĂ©faite aux groupes de RĂ©sistance basĂ©s en Cisjordanie, le coup le plus important ayant Ă©tĂ© portĂ© lors de leur âOperation Defensive Shieldâ de 2002, qui a causĂ© la mort d'environ 500 Palestiniens.
En 2000, le rĂ©gime sioniste s'est retirĂ© du Sud-Liban - la situation Ă©tant devenue trop coĂ»teuse pour ses forces - puis, en 2005, il a dĂ©cidĂ© de faire de mĂȘme dans la bande de Gaza aprĂšs avoir Ă©chouĂ© Ă Ă©craser le Hamas lors des combats qui se sont dĂ©roulĂ©s dans le nord de la bande de Gaza en octobre 2004.
Cependant, les sionistes ont dĂ©couvert, lors de leur guerre de 2006 contre le Liban et, plus tard, lors des innombrables assauts contre Gaza, qu'ils Ă©taient dĂ©sormais confrontĂ©s Ă un nouveau type de menace qu'ils dĂ©crivent aujourd'hui comme des âarmĂ©es terroristes Ă©quipĂ©s de roquettesâ. Tout au long des presque deux derniĂšres dĂ©cennies, les militaires sionistes ont cru qu'ils pourraient gĂ©rer les menaces que reprĂ©sentent les RĂ©sistances palestinienne et libanaise, n'ayant besoin que d'attaquer pĂ©riodiquement pour maintenir la âdissuasionâ.
Pourtant, entre 2019 et 2020, l'armĂ©e israĂ©lienne a commencĂ© Ă refaire ses calculs et a publiĂ© deux ouvrages importants : âThe Momentum Multiyear Planâ et âThe Operational Concept for Victoryâ. Dans ces documents, il est clair que les IsraĂ©liens cherchent Ă s'adapter aux nouveaux dĂ©fis. Le plan prĂ©sente une stratĂ©gie d'intĂ©gration des dĂ©veloppements technologiques de la âquatriĂšme rĂ©volution industrielleâ dans la planification militaire, notant que les opĂ©rations ponctuelles menĂ©es par les forces armĂ©es sionistes ne gĂ©nĂ©rent pas l'image souhaitĂ©e de la victoire face Ă la puissance militaire iranienne en constante progression.
Les IsraĂ©liens ont donc cherchĂ© Ă mettre en place un systĂšme qui relierait tous leurs dispositifs technologiques de surveillance, de reconnaissance et d'espionnage. Nous voyons qu'en 2021, ce nouveau systĂšme commence Ă ĂȘtre mis en pratique lorsque les sionistes se vantent de leurs systĂšmes d'IA qui les ont aidĂ©s Ă mener la guerre de Gaza de 11 jours en mai de cette annĂ©e-lĂ . L'idĂ©e Ă©tait de recourir Ă ce systĂšme, qui serait Ă terme totalement intĂ©grĂ©, pour permettre Ă l'entitĂ© sioniste de frapper en premier, et de porter des coups indubitables aboutissant Ă une victoire stratĂ©gique.
Puis vint le 7 octobre, lorsque l'opération Al-Aqsa Flood, menée par le Hamas, a bouleversé le monde pour l'armée israélienne et ses dirigeants, bien trop sûrs d'eux. Soudain, ils ont dû réagir à un coup qui les a totalement ridiculisés à tous les niveaux, porté par le bastion de résistance le moins puissant qu'ils aient eu à affronter.
Il n'est pas surprenant non plus que le Hezbollah, conscient de la stratégie israélienne, ait immédiatement commencé à cibler la technologie de reconnaissance et d'espionnage du régime sioniste au cours de la premiÚre phase de la guerre.
En examinant la stratĂ©gie de contre-insurrection Ă Gaza sur le terrain, on constate que, contrairement Ă l'armĂ©e amĂ©ricaine, l'infanterie n'est pas autorisĂ©e Ă se dĂ©placer et Ă dĂ©gager les bĂątiments avant que les chars ne pĂ©nĂštrent dans une zone, mais qu'elle utilise des vĂ©hicules blindĂ©s pour protĂ©ger ses soldats et rĂ©duire le nombre de morts. Mais le problĂšme de cette stratĂ©gie amĂ©ricaine improvisĂ©e de contre-insurrection est qu'en rĂ©duisant le nombre de morts parmi les soldats, elle empĂȘche aussi de combattre correctement ceux qu'ils sont censĂ©s affronter.
En effet, les Israéliens sont tout simplement trop lùches pour suivre une stratégie traditionnelle de contre-insurrection et tentent d'accomplir cette tùche sans prendre les risques qu'elle implique. En l'absence de résultats concrets pour leurs opérations terrestres, conçues pour mettre leurs soldats mal préparés et indisciplinés à l'abri du danger, ils se sont mis à détruire de plus en plus d'infrastructures civiles.
En effet, nous voyons aujourd'hui qu'ils tentent d'assiĂ©ger la RĂ©sistance palestinienne dans le nord de Gaza comme ils ont assiĂ©gĂ© l'armĂ©e Ă©gyptienne en 1973. Pourtant, dans la guerre actuelle dans la bande de Gaza, les forces terrestres israĂ©liennes ne sont pas prĂ©parĂ©es au genre de stratĂ©gies mises en Ćuvre pendant la guerre d'octobre.
Les IsraĂ©liens avaient besoin de rĂ©tablir leur domination militaire et se sont soudainement retrouvĂ©s dans la pire des positions possibles. Ne sachant qu'utiliser leur technologie pour tuer Ă distance et sans stratĂ©gie terrestre cohĂ©rente, ils ont Ă©tĂ© contraints de recourir Ă cette armĂ©e assez peu efficace pour atteindre des objectifs extrĂȘmement complexes que leur armĂ©e de l'air et leur technologie d'intelligence artificielle ne pouvaient pas accomplir Ă leur place. C'est ainsi que le gĂ©nocide est devenu un choix stratĂ©gique.
Dans le passé, les massacres de civils n'étaient pas simplement motivés par le désir de verser du sang sans raison - bien que le régime sioniste n'ait eu aucun problÚme avec cela - mais les massacres auxquels nous assistons à Gaza sont commis dans le but d'infliger de véritables coups psychologiques à la Résistance et au peuple palestinien, en plus d'envoyer un message à l'ensemble de la région. Cette fois, on assiste à une campagne incontrÎlée de massacres de masse, permettant aux soldats racistes déchaßnés de se livrer à ce que bon leur semble pour massacrer des innocents et détruire intégralement les infrastructures de la bande de Gaza.
Pourquoi ? Parce que l'entitĂ© sioniste a compris qu'elle n'a plus d'options militaires et que le seul moyen de remporter une victoire et de sauver son image de puissance dĂ©chue est de perpĂ©trer un gĂ©nocide, de tuer, de dĂ©placer et de dĂ©truire tous les habitants et la moindre parcelle de terrain. MĂȘme leurs opĂ©rations tactiques au Liban, il y a environ un mois, sont aujourd'hui balayĂ©es par le Hezbollah, contre lequel ils n'ont pas de vĂ©ritable rĂ©ponse. Il est dĂ©sormais Ă©vident que les assassinats et les attentats ne leur permettent pas de remporter une victoire stratĂ©gique, et que la RĂ©sistance libanaise leur est nettement supĂ©rieure dans les combats directs.