đâđš Pourquoi le Hamas rĂ©siste Ă toutes les exigences Ă©trangĂšres de reddition
âLes Ămirats arabes unis tentent de dĂ©stabiliser Gaza de l'intĂ©rieur en encourageant les manifestations anti Hamas, finançant mĂȘme via IsraĂ«l tout GazaouĂŻ souhaitant se mobiliser contre le Hamasâ.
đâđš Pourquoi le Hamas rĂ©siste Ă toutes les exigences Ă©trangĂšres de reddition
Par le correspondant de The Cradle en Palestine, le 1er avril 2025
Alors que les exigences de reddition soutenues par les Ătats-Unis se multiplient et que les nĂ©gociations de cessez-le-feu Ă©chouent face aux sabotages et aux trahisons rĂ©gionales, le Hamas campe sur ses positions, privilĂ©giant la rĂ©sistance Ă l'exil, alors mĂȘme que Gaza brĂ»le et que les Ătats arabes s'alignent pour sceller son destin.
The Cradle a appris de sources bien informĂ©es proches du Hamas qu'une rĂ©cente proposition amĂ©ricaine, remise au haut responsable politique du Hamas, Khalil al-Hayya, actuellement basĂ© Ă Doha, a Ă©tĂ© catĂ©goriquement rejetĂ©e. L'offre, qui appelait Ă la reddition du mouvement de rĂ©sistance palestinien et au dĂ©part de ses dirigeants de la bande de Gaza, a Ă©tĂ© rejetĂ©e par le Hamas par ces mots : âQu'ils fassent ce qu'ils veulentâ.
Le lendemain, le 30 mars, le Premier ministre israĂ©lien Benjamin Netanyahu a publiquement promis d'intensifier les frappes sur Gaza, renforçant ainsi le blocus et les bombardements. Ă l'aube, alors que les Palestiniens se prĂ©paraient Ă cĂ©lĂ©brer l'AĂŻd al-Fitr, une fĂȘte marquant la fin du ramadan, Gaza a subi l'un des plus intenses pilonnages de la guerre. Des explosions ont retenti dans toute la bande de Gaza, provoquant l'effondrement dâhabitations et des ondes de choc jusqu'Ă Beersheba et dans le NĂ©guev.
La proposition amĂ©ricaine aurait inclus un sauf-conduit pour les combattants du Hamas et leurs familles, des garanties financiĂšres et des mesures de protection contre les assassinats. Lorsque le Hamas a rejetĂ© l'offre, Washington en a informĂ© Tel Aviv, incitant Netanyahu Ă intensifier ses visĂ©es bellicistes : le Hamas doit soit dĂ©sarmer, soit ĂȘtre contraint Ă l'exil permanent, conformĂ©ment Ă la doctrine du dĂ©placement du prĂ©sident amĂ©ricain Donald Trump. En thĂ©orie, Netanyahu semble dĂ©terminĂ© Ă obtenir ces deux rĂ©sultats.
Faux espoirs et promesses bafouées
MalgrĂ© les affirmations des mĂ©dias israĂ©liens faisant Ă©tat de progrĂšs dans les nĂ©gociations de trĂȘve depuis le 27 mars et les spĂ©culations sur un cessez-le-feu coĂŻncidant avec l'AĂŻd, la rĂ©alitĂ© n'a Ă©tĂ© marquĂ©e que par de nouveaux massacres perpĂ©trĂ©s par l'armĂ©e occupante. Aucune trĂȘve Ă court ou Ă long terme ne s'est concrĂ©tisĂ©e.
NĂ©anmoins, grĂące Ă la pression soutenue de l'Ăgypte, un accord reste possible, aussi tĂ©nu soit-il. La volontĂ© arabe de mettre fin au conflit Ă Gaza, soutenue par les Ămirats arabes unis et appuyĂ©e par l'Arabie saoudite et la Jordanie, bien que contestĂ©e en partie par l'Ăgypte, tient Ă la volontĂ© de faire table rase du dossier au nom de la normalisation rĂ©gionale avec Tel-Aviv.
Netanyahu, cependant, continue de saboter chaque initiative. Il n'accepte que ce qui sert son unique objectif : son maintien au pouvoir. La guerre doit continuer quoi qu'il en coĂ»te, mĂȘme si un sondage de la chaĂźne israĂ©lienne Channel 12 rĂ©vĂšle que 69 % des IsraĂ©liens soutiennent un accord de paix global pour ramener tous les prisonniers et mettre fin Ă la guerre, et que 70 % disent ne plus faire confiance au gouvernement Netanyahu.
La derniĂšre proposition de l'Ăgypte prĂ©voit la libĂ©ration de cinq prisonniers israĂ©liens encore en vie en Ă©change de prisonniers palestiniens, et un cessez-le-feu de 40 jours. Cette trĂȘve permettrait l'Ă©vacuation des civils blessĂ©s via Rafah et la rĂ©introduction de l'aide humanitaire Ă Gaza. Le Hamas a acceptĂ©, mais a demandĂ© 50 jours et la libĂ©ration d'un prisonnier palestinien tous les 10 jours. L'Ătat d'occupation a refusĂ©.
Des sources ont informé The Cradle que les exigences israéliennes sont incohérentes et contre-productives. Tel Aviv a insisté tour à tour sur la libération de 10 prisonniers vivants, puis de 11, certains vivants, d'autres morts, avant de proposer un cessez-le-feu de 40 jours, déstabilisant les médiateurs et bloquant les négociations.
Avant de rejeter l'accord de reddition, le Hamas a informĂ©, via des intermĂ©diaires qataris et Ă©gyptiens, de l'Ă©tat de santĂ© du prisonnier amĂ©ricano-israĂ©lien Alexander Idan. Pourtant, l'envoyĂ© de Washington dans la rĂ©gion, Steve Witkoff, n'a fait aucune allusion aux pressions que les Ătats-Unis pourraient exercer sur IsraĂ«l pour qu'il accepte une proposition compatible avec les positions du Hamas. Au contraire, le message perçu Ă Doha, au Caire et Ă Gaza est celui de l'indiffĂ©rence amĂ©ricaine. Il semble que l'attention de Washington soit plus plus focalisĂ©e sur les champs de bataille dâUkraine et du YĂ©men.
La complicité arabe atteint de nouveaux sommets
Middle East Eye a rĂ©cemment fait Ă©tat de l'offre de la Jordanie d'expulser 3 000 membres du Hamas de Gaza, de dĂ©sarmer les autres factions de la RĂ©sistance et de confier le pouvoir Ă l'AutoritĂ© palestinienne (AP) basĂ©e Ă Ramallah. The Cradle a confirmĂ© de maniĂšre indĂ©pendante que le roi Abdallah II de Jordanie a adoptĂ© une posture particuliĂšrement agressive durant le mini-sommet de Riyad, s'alignant sur les Ămirats arabes unis pour exiger l'Ă©radication du Hamas : âIls pensent qu'ils vont resterâ.
Cependant, c'est Abu Dhabi qui s'avĂšre ĂȘtre le vĂ©ritable moteur du changement de stratĂ©gie des Ătats-Unis, ses manĆuvres radicales contre Gaza suscitant mĂȘme l'inquiĂ©tude de ses alliĂ©s. Le Caire, par exemple, aurait demandĂ© l'aide de l'Arabie saoudite pour contenir les Ămiratis, tandis que l'AutoritĂ© palestinienne (AP) basĂ©e en Cisjordanie et soutenue par les Ătats-Unis, bien que dĂ©sireuse de voir tomber le Hamas, craint d'ĂȘtre mise sur la touche dans le processus.
Des sources Ă©gyptiennes dĂ©crivent un lobbying agressif des EAU pour le dĂ©placement immĂ©diat des Gazaouis, tandis que la quantitĂ© d'aide humanitaire acheminĂ©e par les postes-frontiĂšres israĂ©liens a diminuĂ©, malgrĂ© une dĂ©rogation accordĂ©e Ă Abou Dhabi pour ces livraisons â dĂ©rogation dĂ©sormais refusĂ©e mĂȘme Ă la Jordanie. Pendant ce temps, la coordination EAU-IsraĂ«l se poursuit au plus haut niveau, explorant des âscĂ©nariosâ excluant dĂ©libĂ©rĂ©ment l'acheminement de l'aide, malgrĂ© les appels rĂ©pĂ©tĂ©s de l'Ăgypte.
Selon les sources :
âLes Ămiratis prennent des mesures inappropriĂ©es qui menacent les intĂ©rĂȘts Ă©gyptiens, la sĂ©curitĂ© nationale et mĂȘme directement la cause palestinienne, mais nous ne pouvons pas nous exprimer et affronter directement Abou Dhabi pour de nombreuses raisons. Les Ăgyptiens craignent maintenant que les Ămirats arabes unis tentent de concrĂ©tiser des plans ambitieux consistant Ă dĂ©stabiliser la bande de Gaza de l'intĂ©rieur en encourageant les manifestations contre le Hamas et en crĂ©ant des affrontements entre la population et la RĂ©sistance. Ils ont mĂȘme financĂ© par l'intermĂ©diaire d'IsraĂ«l tout GazaouĂŻ souhaitant manifester contre le Hamasâ.
Le Caire pense qu'Abou Dhabi est encore plus dĂ©sireux que Tel-Aviv de rĂ©aliser et de financer le plan de dĂ©portation de Trump, selon les sources de The Cradle. L'Ăgypte refusant d'ouvrir ses frontiĂšres Ă des expulsions massives, les plans alternatifs amĂ©ricano-israĂ©liens prĂ©voient d'Ă©vacuer les Gazaouis par la mer vers Chypre, puis vers des pays tiers. Selon certains observateurs, les cartes d'Ă©vacuation de l'armĂ©e d'occupation ne pointent plus vers Rafah, mais vers la MĂ©diterranĂ©e.
Abou Dhabi a mĂȘme sondĂ© un Ătat africain - par ses propres canaux - au nom d'IsraĂ«l pour qu'il accepte les Gazaouis dĂ©placĂ©s.
MĂȘme l'Ăgypte, traditionnelle solution de repli du Hamas, a montrĂ© des signes de dĂ©sengagement depuis que le mouvement de la RĂ©sistance a suspendu ses opĂ©rations contre IsraĂ«l. Le ministre Ă©gyptien des Affaires Ă©trangĂšres, Badr Abdel Ati, a rĂ©cemment dĂ©clarĂ© que âles factions ne gouverneront plus Gazaâ, la premiĂšre dĂ©claration officielle Ă©gyptienne sur la gouvernance d'aprĂšs-guerre, jusqu'alors orientĂ©e vers un âcomitĂ© de gestionâ incluant indirectement le Hamas.
Prochaine étape : fragmenter la Cisjordanie occupée
Le quotidien hĂ©breu Yedioth Ahronoth a rĂ©vĂ©lĂ© les plans d'IsraĂ«l pour fragmenter la Cisjordanie occupĂ©e en citĂ©s-Ătats autonomes, dĂ©manteler l'AutoritĂ© palestinienne et la remplacer par des conseils locaux. Le projet commencerait Ă HĂ©bron (Al-Khalil), oĂč IsraĂ«l a l'intention d'installer une direction locale complaisante travaillant directement avec l'occupant.
Le plan aurait Ă©tĂ© discutĂ© durant une rĂ©union secrĂšte aux Ămirats arabes unis qui a rĂ©uni des chefs de colonies juives de Cisjordanie et des responsables Ă©miratis lors d'un iftar du ramadan.
Cette dĂ©marche s'inscrit dans la lignĂ©e des politiques annexionnistes prĂŽnĂ©es par le ministre israĂ©lien des Finances d'extrĂȘme droite, Bezalel Smotrich. Les Ămirats arabes unis semblent jouer un rĂŽle de plus en plus actif, multipliant les accusations de corruption contre l'AutoritĂ© palestinienne tout en resserrant les liens avec le mouvement des colons juifs, contournant ainsi le gouvernement israĂ©lien. Cette stratĂ©gie dĂ©libĂ©rĂ©e met Ă mal toute prĂ©tention de normalisation avec le monde arabe pouvant favoriser la crĂ©ation d'un Ătat palestinien.
âAvec l'aide de Dieu, nous continuons Ă mener une rĂ©volution de normalisation et de rĂ©glementation dans les coloniesâ, aurait dĂ©clarĂ© Smotrich. âAu lieu de nous cacher et de nous excuser, nous hissons les couleurs, nous construisons et nous colonisons. C'est une autre Ă©tape importante sur la voie de la souverainetĂ© effective en JudĂ©e-Samarieâ.
Au cours du ramadan, une dĂ©lĂ©gation des colonies de Cisjordanie s'est rendue Ă Abou Dhabi et a rencontrĂ© le Dr Ali Rashid al-Nuaimi, membre du Conseil national des Ămirats arabes unis, l'ambassadeur d'IsraĂ«l Yossi Sheli, des hommes d'affaires Ă©miratis et des influenceurs des rĂ©seaux sociaux.
Le journal israélien a également cité le chef du conseil des colonies, Yisrael Gantz, qui a déclaré :
âUn nouvel ordre mondial s'impose, qui nĂ©cessite de nouvelles alliances et une rĂ©flexion originaleâ.
La dĂ©lĂ©gation n'a pas rĂ©vĂ©lĂ© grand-chose, mais selon Yedioth Ahronoth, elle a cherchĂ© Ă assurer aux responsables des Ămirats arabes unis que la normalisation ne nĂ©cessite pas d'Ă©vacuation des colonies juives. Les liens des Ămirats arabes unis avec les chefs des colonies, comme le prĂ©sident du conseil de Naplouse, Yossi Dagan, remontent Ă plusieurs annĂ©es, avec des contrats commerciaux Ă©tablis sous l'administration Trump. Les colons contournent dĂ©sormais ouvertement Tel Aviv pour traiter directement avec les capitales du golfe Persique.
Le Hamas se prépare à l'ultime combat
Avec une famine aux proportions catastrophiques, un soutien régional en baisse et des fronts de la Résistance largement soumis, à l'exception du Yémen, le Hamas est désormais confronté à un dilemme. Le mouvement, soumis à des pressions internes et externes l'incitant à capituler, affirme que la reddition reste impensable.
Des sources au sein du groupe affirment que mĂȘme certaines entitĂ©s liĂ©es aux FrĂšres musulmans les ont exhortĂ©s Ă se rendre, invoquant l'ampleur de la dĂ©vastation. Mais le refus du Hamas ne concerne pas sa survie ou sa continuitĂ© politique, mais la sauvegarde de l'idĂ©e mĂȘme et de la pratique de la RĂ©sistance. Accepter l'exil signifierait non seulement la fin du Hamas, mais aussi la liquidation de la lutte armĂ©e palestinienne, toutes factions confondues.
Pire encore, non seulement la capitulation n'empĂȘcherait pas les dĂ©placements massifs, mais elle les accĂ©lĂ©rerait. L'effondrement de Gaza aurait des rĂ©percussions en Cisjordanie occupĂ©e, Ă JĂ©rusalem-Est et dans les territoires de 1948, prĂ©figurant l'acte final de la cause palestinienne.
Bien que la derniĂšre proposition de trĂȘve puisse rĂ©duire le nombre de prisonniers de guerre israĂ©liens vivants dĂ©tenus par la RĂ©sistance (estimĂ© Ă 20 sur 59), le Hamas ne l'a acceptĂ©e que pour soulager les souffrances des Palestiniens et gagner du temps. Mais le mouvement ne se fait aucune illusion : IsraĂ«l n'a pas l'intention d'arrĂȘter l'offensive, d'autant qu'il bĂ©nĂ©ficie du soutien politique et militaire total de l'administration Trump.
Le Hamas est déterminé à poursuivre le combat quel qu'en soit le prix.
âQuitte Ă ĂȘtre Ă©liminĂ©sâ, dĂ©clare une source Ă The Cradle, âque ce soit en combattant honorablement, et non en exilâ.
Ils citent les massacres des camps de réfugiés de Sabra et Chatila en guise de sinistre leçon : quand l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) a quitté le Liban, les résidents des camps sans défense ont été massacrés. La différence aujourd'hui, c'est que le Hamas est sur sa propre terre, parmi son propre peuple.
Sur le plan tactique, la RĂ©sistance a rĂ©orientĂ© ses opĂ©rations. La prĂ©sence israĂ©lienne Ă Gaza restreint le champ de bataille, laissant peu de marge de manĆuvre. Les Brigades Qassam ont dĂ©sormais recours aux embuscades, attendant que les troupes pĂ©nĂštrent dans des zones urbaines fortement peuplĂ©es, et tirent des roquettes Ă intervalles irrĂ©guliers pour maintenir la pression psychologique, notamment en diffusant des vidĂ©os de prisonniers israĂ©liens destinĂ©es Ă nuire au gouvernement d'occupation.
Le combat se poursuit, et le Hamas a bien l'intention de le mener jusqu'au bout.
https://thecradle.co/articles/why-hamas-resists-all-foreign-demands-for-surrender