đâđš Procureur de la CPI Karim Khan : Demandes de mandats d'arrĂȘt dans le cadre de la situation dans l'Ătat de Palestine
Les tentatives d'entrave, d'intimidation & d'influence indue de la Cour doivent immédiatement cesser. Mon Bureau agira conformément à l'art. 70 du Statut de Rome si de tels agissements se poursuivent.
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Par Karim A.A. Khan KC, le Procureur de la Cour pénale internationale
Je dĂ©pose aujourd'hui des demandes de mandats d'arrĂȘt devant la Chambre prĂ©liminaire I de la Cour pĂ©nale internationale dans le cadre de la situation dans l'Ătat de Palestine.
Le Procureur de la CPI, M. Khan, sur la demande de mandats d'arrĂȘt dans le cadre de la situation dans l'Ătat de Palestine [Les demandes de mandat dâarrĂȘt contre trois cadres du Hamas feront lâobjet dâun autre article].
Benjamin Netanyahu, Yoav Gallant
Sur la base des Ă©lĂ©ments de preuve recueillis et examinĂ©s par mon Bureau, j'ai des motifs raisonnables de croire que Benjamin NETANYAHU, le Premier ministre d'IsraĂ«l, et Yoav GALLANT, le ministre de la DĂ©fense d'IsraĂ«l, portent une responsabilitĂ© pĂ©nale pour les crimes de guerre et les crimes contre l'humanitĂ© suivants, commis sur le territoire de l'Ătat de Palestine (dans la bande de Gaza) Ă partir du 8 octobre 2023 au moins :
Affamer des civils comme méthode de guerre en tant que crime de guerre, en violation de l'article 8(2)(b)(xxv) du Statut
Provoquer intentionnellement de grandes souffrances ou des atteintes graves à l'intégrité physique ou à la santé, en violation de l'article 8-2-a-III, ou infliger des traitements cruels en tant que crime de guerre, en violation de l'article 8-2-c-i
Homicide volontaire en violation de l'article 8(2)(a)(i), ou le meurtre en tant que crime de guerre en violation de l'article 8(2)(c)(i)
Diriger intentionnellement des attaques contre la population civile en tant que crime de guerre, en violation des articles 8(2)(b)(i) ou 8(2)(e)(i)
Extermination et/ou meurtre en violation des articles 7(1)(b) et 7(1)(a), y compris dans le contexte des décÚs causés par la famine, en tant que crime contre l'humanité
Persécution en tant que crime contre l'humanité, en violation de l'article 7, paragraphe 1, point h)
Autres actes inhumains en tant que crimes contre l'humanité, conformément à l'article 7, paragraphe 1, point k).
Mon Bureau soutient que les crimes de guerre allĂ©guĂ©s dans ces demandes ont Ă©tĂ© commis dans le contexte d'un conflit armĂ© international entre IsraĂ«l et la Palestine, et d'un conflit armĂ© non international entre IsraĂ«l et le Hamas (ainsi que d'autres groupes armĂ©s palestiniens) se dĂ©roulant en parallĂšle. Nous soutenons que les crimes contre l'humanitĂ© incriminĂ©s ont Ă©tĂ© commis dans le cadre d'une attaque gĂ©nĂ©ralisĂ©e et systĂ©matique contre la population civile palestinienne, conformĂ©ment Ă la politique de l'Ătat. Nous estimons que ces crimes se poursuivent encore aujourd'hui.
Mon Bureau soutient que les preuves collectées, y compris les entretiens avec les survivants et les témoins oculaires, les documents vidéo, photo et audio authentifiés, les images satellite et les déclarations du groupe d'auteurs présumés, montrent qu'Israël a intentionnellement et systématiquement privé la population civile de toutes les parties de Gaza d'objets indispensables à la survie humaine.
Pour ce faire, Israël a imposé un blocus total à Gaza en fermant complÚtement les trois points de passage frontaliers, Rafah, Kerem Shalom et Erez, à partir du 8 octobre 2023 pour de longues durées, puis en restreignant arbitrairement le transfert de fournitures de premiÚre nécessité - y compris la nourriture et les médicaments - par les points de passage frontaliers aprÚs leur réouverture. Le blocus a également consisté à couper les canalisations d'eau transfrontaliÚres entre Israël et Gaza - principale source d'eau potable des Gazaouis - pendant une période prolongée à compter du 9 octobre 2023, ainsi qu'à couper et à entraver l'approvisionnement en électricité depuis au moins le 8 octobre 2023 jusqu'à aujourd'hui. Ces actes ont eu lieu parallÚlement à d'autres attaques contre des civils, notamment ceux qui faisaient la queue pour obtenir de la nourriture, à l'obstruction de l'acheminement de l'aide par les agences humanitaires, et aux attaques et meurtres de travailleurs humanitaires, qui ont contraint de nombreuses agences à cesser ou à limiter leurs opérations à Gaza.
Mon Bureau soutient que ces actes ont été commis dans le cadre d'un plan concerté visant à utiliser la famine comme méthode de guerre et d'autres actes de violence contre la population civile de Gaza afin (i) d'éliminer le Hamas, (ii) d'obtenir le retour des otages enlevés par le Hamas et (iii) de punir collectivement la population civile de Gaza, qu'ils considÚrent comme une menace pour Israël.
Les effets de la famine comme méthode de guerre, ainsi que d'autres attaques et punitions collectives contre la population civile de Gaza sont graves, tangibles et largement reconnus, et ont été confirmés par de nombreux témoins interrogés par mon Bureau, y compris des médecins locaux et internationaux. Il s'agit notamment de malnutrition, de déshydratation, de souffrances intenses et d'un nombre croissant de décÚs au sein de la population palestinienne, y compris des bébés, des enfants et des femmes.
La famine est présente dans certaines zones de Gaza et imminente dans d'autres. Comme l'a prévenu le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, il y a plus de deux mois,
â1,1 million de personnes Ă Gaza sont confrontĂ©es Ă une famine catastrophique - le nombre le plus Ă©levĂ© jamais enregistrĂ© - n'importe oĂč, n'importe quandâ, en raison d'une âcatastrophe entiĂšrement provoquĂ©e par l'hommeâ.
Aujourd'hui, mon Bureau cherche à inculper deux des principaux responsables, NETANYAHU et GALLANT, à la fois en tant que coauteurs et en tant que responsables hiérarchiques, conformément aux articles 25 et 28 du Statut de Rome.
IsraĂ«l, comme tous les Ătats, a le droit de prendre des mesures pour dĂ©fendre sa population. Ce droit ne dispense toutefois pas IsraĂ«l ou tout autre Ătat de son obligation de se conformer au droit humanitaire international. IndĂ©pendamment des objectifs militaires poursuivis, les moyens choisis par IsraĂ«l pour les atteindre Ă Gaza - Ă savoir causer intentionnellement la mort, la famine, de grandes souffrances et des atteintes graves Ă l'intĂ©gritĂ© physique ou Ă la santĂ© de la population civile - sont criminels.
Depuis l'annĂ©e derniĂšre, Ă Ramallah, au Caire, en IsraĂ«l et Ă Rafah, je n'ai cessĂ© de souligner que le droit humanitaire international exige qu'IsraĂ«l prenne des mesures urgentes pour autoriser immĂ©diatement l'accĂšs Ă l'aide humanitaire Ă Gaza Ă grande Ă©chelle. J'ai particuliĂšrement insistĂ© sur le fait que la famine comme mĂ©thode de guerre et le refus de l'aide humanitaire constituent des infractions au Statut de Rome. Je ne pouvais pas ĂȘtre plus clair.
Comme je l'ai également souligné à plusieurs reprises dans mes déclarations publiques, ceux qui ne respectent pas la loi ne doivent pas se plaindre plus tard lorsque mon Bureau prend des mesures. Ce jour est arrivé.
En prĂ©sentant ces demandes de mandats d'arrĂȘt, mon Bureau agit conformĂ©ment au mandat que lui confĂšre le Statut de Rome. Le 5 fĂ©vrier 2021, la Chambre prĂ©liminaire I a dĂ©cidĂ© que la Cour pouvait exercer sa compĂ©tence pĂ©nale dans le cadre de la situation dans l'Ătat de Palestine et que le champ d'application territorial de cette compĂ©tence s'Ă©tendait Ă Gaza et Ă la Cisjordanie, y compris JĂ©rusalem-Est. Ce mandat est en cours et comprend l'escalade des hostilitĂ©s et de la violence depuis le 7 octobre 2023. Mon Bureau est Ă©galement compĂ©tent pour les crimes commis par des ressortissants d'Ătats parties et par des ressortissants d'Ătats non parties sur le territoire d'un Ătat partie.
Les plaintes dĂ©posĂ©es aujourd'hui sont le rĂ©sultat d'une enquĂȘte indĂ©pendante et impartiale menĂ©e par mon Bureau. GuidĂ© par notre obligation d'enquĂȘter sur les preuves Ă charge et Ă dĂ©charge de maniĂšre Ă©gale, mon Bureau a travaillĂ© minutieusement pour sĂ©parer les affirmations des faits et pour prĂ©senter sobrement Ă la Chambre prĂ©liminaire des conclusions fondĂ©es sur des preuves.
En guise de garantie supplĂ©mentaire, j'ai Ă©galement bĂ©nĂ©ficiĂ© des conseils d'un groupe d'experts en droit international, un groupe impartial convoquĂ© par mes soins pour soutenir l'examen des preuves et l'analyse juridique dans le cadre de ces demandes de mandats d'arrĂȘt. Ce groupe est composĂ© d'experts de renom en matiĂšre de droit humanitaire international et de droit pĂ©nal international, notamment Sir Adrian Fulford PC, ancien Lord Justice of Appeal et ancien juge Ă la Cour pĂ©nale internationale, la baronne Helena Kennedy KC, prĂ©sidente de l'Institut des droits de l'homme de l'Association internationale du barreau, Elizabeth Wilmshurst CMG KC, ancienne conseillĂšre juridique adjointe au ministĂšre britannique des affaires Ă©trangĂšres et du Commonwealth, Danny Friedman KC, et deux de mes conseillers spĂ©ciaux - Amal Clooney et Son Excellence le juge Theodor Meron CMG. Cette analyse d'experts indĂ©pendants a soutenu et appuyĂ© les demandes dĂ©posĂ©es aujourd'hui par mon Bureau. Je suis Ă©galement reconnaissant Ă plusieurs de mes autres conseillers spĂ©ciaux pour leur contribution Ă cet examen, en particulier Adama Dieng et le professeur Kevin Jon Heller.
Aujourd'hui, nous soulignons une fois de plus que le droit international et le droit des conflits armĂ©s s'appliquent Ă tous. Aucun soldat, aucun commandant, aucun dirigeant civil - personne - ne peut agir en toute impunitĂ©. Rien ne peut justifier le fait de priver dĂ©libĂ©rĂ©ment des ĂȘtres humains, dont tant de femmes et d'enfants, des produits de premiĂšre nĂ©cessitĂ© nĂ©cessaires Ă la vie. Rien ne peut justifier la prise d'otages ou le ciblage de civils.
Les juges indĂ©pendants de la Cour pĂ©nale internationale sont les seuls Ă pouvoir dĂ©terminer si les conditions nĂ©cessaires Ă la dĂ©livrance de mandats d'arrĂȘt sont remplies. S'ils accĂšdent Ă mes demandes et dĂ©livrent les mandats demandĂ©s, je travaillerai alors en Ă©troite collaboration avec le greffier dans le cadre de tous les efforts dĂ©ployĂ©s pour apprĂ©hender les personnes citĂ©es. Je compte sur tous les Ătats parties au Statut de Rome pour prendre ces demandes et la dĂ©cision judiciaire qui s'ensuivra avec le mĂȘme sĂ©rieux que celui dont ils ont fait preuve dans d'autres situations, en s'acquittant des obligations qui leur incombent en vertu du Statut. Je suis Ă©galement prĂȘt Ă travailler avec les Ătats non parties dans notre quĂȘte commune de responsabilitĂ©.
En ce moment, il est essentiel que mon Bureau et toutes les composantes de la Cour, y compris ses juges indépendants, soient autorisés à mener leurs travaux en toute indépendance et impartialité. J'insiste sur le fait que toutes les tentatives d'entrave, d'intimidation ou d'influence indue des fonctionnaires de cette Cour doivent immédiatement cesser. Mon Bureau n'hésitera pas à agir conformément à l'article 70 du Statut de Rome si de tels agissements se poursuivent.
Je reste profondĂ©ment prĂ©occupĂ© par les allĂ©gations en cours et les preuves Ă©mergentes de crimes internationaux commis en IsraĂ«l, Ă Gaza et en Cisjordanie. Notre enquĂȘte se poursuit. Le Bureau du Procureur avance des pistes supplĂ©mentaires, multiples et interconnectĂ©es, notamment en ce qui concerne les informations concernant les bombardements Ă grande Ă©chelle qui ont causĂ© et continuent de causer tant de morts, de blessĂ©s et de souffrances parmi la population civile de Gaza. J'encourage les personnes disposant d'informations pertinentes Ă contacter mon bureau et Ă soumettre des informations via OTP Link.
Mon Bureau n'hĂ©sitera pas Ă soumettre d'autres demandes de mandats d'arrĂȘt si et quand nous considĂ©rerons que le seuil d'une perspective rĂ©aliste de condamnation a Ă©tĂ© atteint. Je renouvelle mon appel Ă toutes les parties au conflit actuel pour qu'elles se conforment Ă la loi dĂšs maintenant.
Je souhaite Ă©galement souligner que le principe de complĂ©mentaritĂ©, qui est au cĆur du Statut de Rome, continuera d'ĂȘtre pris en compte par mon Bureau lorsque nous prendrons des mesures concernant les crimes et les auteurs prĂ©sumĂ©s Ă©numĂ©rĂ©s ci-dessus et que nous avancerons sur d'autres pistes d'enquĂȘte. La complĂ©mentaritĂ© exige toutefois que les autoritĂ©s nationales ne soient saisies que lorsqu'elles s'engagent dans des procĂ©dures judiciaires indĂ©pendantes et impartiales qui ne protĂšgent pas les suspects et qui ne sont pas des simulacres. Elle exige des enquĂȘtes approfondies Ă tous les niveaux sur les politiques et les actions qui sous-tendent ces demandes.
Soyons clairs aujourd'hui sur un point essentiel : si nous ne démontrons pas notre volonté d'appliquer la loi de maniÚre équitable, si elle est perçue comme étant appliquée de maniÚre sélective, nous créerons les conditions de son échec. Ce faisant, nous affaiblirions les derniers liens qui nous unissent, les relations stabilisatrices entre toutes les communautés et tous les individus, le filet de sécurité vers lequel toutes les victimes se tournent dans les moments de souffrance. Tel est le véritable risque auquel nous sommes confrontés en ce moment.
Aujourd'hui, plus que jamais, nous devons collectivement dĂ©montrer que le droit international humanitaire, qui constitue le fondement de la conduite humaine en pĂ©riode de conflit, s'applique Ă tous les individus et qu'il s'applique de la mĂȘme maniĂšre Ă toutes les situations traitĂ©es par mon Bureau et par la Cour. C'est ainsi que nous prouverons, de maniĂšre tangible, que la vie de tous les ĂȘtres humains a une valeur Ă©gale.
Source : Bureau du Procureur Bureau du Procureur | Contact : OTPNewsDesk@icc-cpi.int
Qu'en penser ? Ce procureur est un acrobate du deux poids deux mesures depuis sa nomination...Est-il sincÚre ? Et puis....comme la CIJ, la CPI n'a aucun pouvoir sur les pays n'ayant pas signé le traité de Rome (comme les USA mdr)! L'avenir nous dira si cela représente un léger baume sur les blessures du peuple Palestinien...