👁🗨 Quelles conséquences ont les exemples de Julian Assange, David McBride, Richard Boyle et Chelsea Manning pour les futurs lanceurs d'alerte ?
M. Dreyfus doit agir pour que cette parodie de justice prenne rapidement fin. Le Premier ministre doit également prendre des mesures énergiques pour que Julian Assange soit libéré.
👁🗨 Quelles conséquences ont les exemples de Julian Assange, David McBride, Richard Boyle et Chelsea Manning pour les futurs lanceurs d'alerte ?
Par Kathryn Kelly, le 22 juin 2023
Daniel Ellsberg, le lanceur d'alerte américain qui a divulgué aux médias les Pentagon Papers exposant les agissements des États-Unis pendant la guerre du Viêt Nam, est décédé vendredi dernier. Le courage et l'honnêteté d'Ellsberg ont longtemps été un phare pour ceux qui s'efforcent de demander des comptes aux détenteurs du pouvoir.
Il a toujours soutenu Julian Assange, qui a publié des informations fournies par la lanceuse d’alerte Chelsea Manning sur les crimes de guerre commis par les États-Unis en Irak.
Aujourd'hui, à l'occasion de la Journée mondiale des lanceurs d'alerte, réfléchissons à l'intégrité et au courage d'Ellsberg, d'Assange et de tous les lanceurs d'alerte de notre société, prêts à prendre des risques pour nous dire la vérité sur ce qui est fait en notre nom, mais qui est passé sous silence.
Depuis que M. Assange a révélé la vidéo "Collateral Murder", montrant des soldats américains abattant deux journalistes de Reuters, de nombreux civils et blessant gravement deux enfants, il a passé sept ans comme réfugié politique confiné dans l'ambassade d'Équateur à Londres et, lorsque le gouvernement équatorien a changé et n'a plus voulu le protéger, M. Assange a été incarcéré dans la tristement célèbre prison britannique de Belmarsh. Il y est détenu depuis quatre ans, et risque d'être extradé vers les États-Unis.
Le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, le professeur Nils Melzer, a qualifié les conditions d'emprisonnement de Julian Assange de torture. Son livre, L'Affaire Assange - Histoire d’une persécution politique, expose la désinformation et les mensonges largement diffusés au sujet de Julian Assange, y compris par les gouvernements américain et australien.
L'état de santé de Julian s'est gravement détérioré à Belmarsh et ne cesse de se dégrader. Il a été placé sous surveillance anti-suicide. Les médecins ont exprimé leur inquiétude quant aux risques qu'il encourt s'il est extradé vers les États-Unis, où les accusations dont il fait l'objet pourraient lui valoir une peine de 175 ans d'emprisonnement.
L'affaire Assange a des conséquences désastreuses pour les journalistes du monde entier, et pour l'exigence démocratique d'une presse libre. Si un journaliste ou un éditeur de n'importe quel pays peut être traîné aux États-Unis et encourir des dizaines d'années de prison pour avoir divulgué des informations que le gouvernement américain ne souhaite pas voir publier, combien oseront encore prendre ce risque aujourd'hui ?
Le Premier ministre Anthony Albanese a déclaré que "Trop c'est trop" et que "cela a assez duré", mais il n'a pas exigé clairement des États-Unis qu'ils abandonnent ces poursuites à motivation politique contre un citoyen australien.
David McBride est un autre lanceur d'alerte australien persécuté après avoir révélé des crimes de guerre commis par des soldats australiens en Afghanistan.
M. McBride a perdu ses revenus, son mariage s'est disloqué et il a enduré le stress permanent de nombreuses audiences préliminaires au tribunal pendant de nombreuses années. Tout cela en vain. Son procès s'ouvre devant la Cour suprême de l'ACT le 13 novembre.
Un tribunal a conclu, selon toute probabilité, que le caporal SAS Ben Roberts-Smith avait commis des crimes de guerre en Afghanistan. Il n'a pas encore été inculpé. David McBride, quant à lui, est poursuivi par les tribunaux depuis cinq ans et n'a toujours pas été inculpé. Finiront-ils ensemble en prison ?
Richard Boyle, ancien employé du bureau des impôts, est un autre lanceur d'alerte australien persécuté pour avoir dit la vérité.
M. Boyle a rendu publiques les méthodes brutales de recouvrement des dettes de l'administration fiscale, et s'est vu proposer une rémunération pour garder le silence. Il a refusé, et s'est manifesté publiquement. Il a ensuite été licencié et accusé d'avoir accumulé des preuves pour étayer ses dires.
Il a fait valoir qu'il avait agi dans l'intérêt public, mais la législation australienne, censée protéger les lanceurs d'alerte, ne lui a pas permis d'agir de la sorte. Le 9 août, M. Boyle comparaîtra devant la Cour suprême de l'État d'Australie pour faire appel de l'échec de sa défense de l'intérêt public. Il risque une longue peine de prison.
Les auteurs de l'évasion fiscale de la société PwC subiront-ils les mêmes punitions que celles que Boyle a déjà endurées pendant des années devant les tribunaux ?
Le procureur général Mark Dreyfus a le pouvoir de mettre fin à ces erreurs judiciaires, mais s'y est refusé.
Il affirme ne pas vouloir s'immiscer dans les procédures judiciaires, tout en reconnaissant que les lois sont défaillantes et qu'elles ont besoin d'être révisées.
L'article 71, paragraphe 1, de la loi de 1903 sur le système judiciaire (Judiciary Act 1903) stipule que "lorsqu'une personne est sous le coup d'une inculpation pour un acte criminel contre les lois du Commonwealth, le procureur général ou toute autre personne désignée par le gouverneur général à cet effet peut refuser de poursuivre l'action publique...".
Quelles raisons plus convaincantes que les poursuites injustes engagées contre McBride et Boyle pourraient justifier le "refus de poursuivre" ?
Les lignes directrices du procureur général doivent également être clarifiées et approfondies. Elles requièrent, entre autres, que les poursuites soient "dans l'intérêt général".
Mais on ne peut se satisfaire d'une simple déclaration selon laquelle "les poursuites sont d'intérêt général" pour satisfaire à cette exigence et permettre à des procédures telles que celles engagées à l'encontre de McBride et Boyle de se poursuivre.
M. Dreyfus doit agir pour que cette parodie de justice prenne rapidement fin.
Le Premier ministre doit également prendre des mesures énergiques pour que Julian Assange soit libéré.
* Kathryn Kelly est coresponsable de l'Alliance contre les poursuites politiques et membre du comité national du réseau Independent and Peaceful Australia Network.