đâđš Quelles sont les chances de Trump face Ă lâĂtat profond ?
Le CongrĂšs, le Capitole, les barbouzes, le Pentagone, les fournisseurs d'armes & les lobbyistes, tous ont intĂ©rĂȘt Ă voir le complexe militaro-industriel fonctionner au mĂȘme rythme qu'aujourd'hui.

đâđš Quelles sont les chances de Trump face Ă lâĂtat profond ?
Par Patrick Lawrence pour ScheerPost, le 23 février 2025
Cet article est le second volet de deux textes examinant l'offensive en cours du prĂ©sident Trump contre les institutions et agences qui composent l'Ătat profond - l'Ătat permanent ou le gouvernement invisible, comme on l'appelle aussi communĂ©ment. Vous pouvez consulter le premier article ici [Trump vs. lâĂtat profond].
La conversation téléphonique de Trump avec le président russe, divulguée à midi mercredi 12 février, a duré 90 minutes. Trump s'est empressé de noter que l'échange a marqué le début des négociations visant à mettre fin à la guerre par procuration du régime de Biden en Ukraine, en cours depuis trois ans le 24 février. Mais la conversation, telle que Trump et le Kremlin l'ont décrite, a été bien plus approfondie. Voici comment Trump a présenté l'appel sur sa plateforme Truth Social :
âJe viens d'avoir un appel tĂ©lĂ©phonique long et extrĂȘmement fructueux avec le prĂ©sident russe Vladimir Poutine. Nous avons Ă©voquĂ© l'Ukraine, le Moyen-Orient, l'Ă©nergie, l'intelligence artificielle, la puissance du dollar et plusieurs autres sujets. Nous avons tous deux rĂ©flĂ©chi Ă la Grande Histoire de nos nations, et Ă notre combat commun si efficace pendant la Seconde Guerre mondiale, en nous rappelant que la Russie a perdu des dizaines de millions de vies humaines, et que nous avons, de mĂȘme, perdu tant de vies humaines ! Nous avons tous deux parlĂ© des atouts de nos nations respectives et du grand avantage Ă travailler ensemble. Mais d'abord, comme nous l'avons tous deux convenu, nous voulons mettre un terme aux millions de morts de la guerre entre la Russie et l'Ukraine. Le prĂ©sident Poutine a mĂȘme utilisĂ© la devise marquante de ma campagne, Ă savoir âle bon sensââŠ.â
Depuis l'appel tĂ©lĂ©phonique, bien sĂ»r, le secrĂ©taire d'Ătat Marco Rubio et d'autres responsables de l'administration Trump ont rencontrĂ© Ă Riyad leurs homologues russes, servant effectivement de sherpas avant un sommet Trump-Poutine prĂ©vu Ă une date ultĂ©rieure au printemps, si tout se passe comme prĂ©vu. Cette rencontre est considĂ©rĂ©e comme un premier pas vers les objectifs de Trump, mais aussi comme une Ă©tape essentielle dans la consolidation de sa stratĂ©gie : plus les succĂšs sont nombreux, plus le prĂ©sident est protĂ©gĂ© contre les subversions de l'Ătat profond. La dĂ©marche de Trump qui a rapidement progressĂ© dans les relations avec la Russie, il faut le souligner, implique de replacer sa campagne contre l'Ătat profond dans un contexte plus large. Les Ă©lections de dimanche en Allemagne en sont le cas le plus immĂ©diat. Les sondages publiĂ©s indiquent que l'Union chrĂ©tienne-dĂ©mocrate, sous la direction de Friedrich Merz, un europĂ©aniste convaincu, formera le prochain gouvernement, comme prĂ©vu de longue date.
Mais Merz ne le formera pas seul. La CDU et l'Union chrĂ©tienne-sociale, sa cousine conservatrice dont la base la plus puissante se trouve en BaviĂšre, semblent avoir recueilli ensemble 29 % des suffrages. Pour comprendre ce rĂ©sultat, probable, il faut le rapprocher des 19 % Ă 20 % - toujours selon les sondages - qui vont Ă Alternativ fĂŒr Deutschland, le parti des populistes conservateurs prĂ©cisĂ©ment opposĂ©s Ă l'idĂ©ologie nĂ©olibĂ©rale Ă laquelle Trump et les siens s'attaquent chez eux. La CDU, comme les sociaux-dĂ©mocrates (qui ont perdu gros dimanche) et d'autres partis traditionnels, a jurĂ© de ne jamais inviter l'AfD - dĂ©sormais deuxiĂšme parti d'Allemagne - Ă participer Ă un gouvernement de coalition. Cela signifie que la CDU devra soit cĂ©der sur cet engagement - peu probable pour le moment - soit que la politique allemande est sur le point de dĂ©river, de maniĂšre assez brouillonne, dans la voie post-dĂ©mocratique. Quoi qu'il en soit, les reprĂ©sentants politiques de la version allemande de l'Ătat profond restent en Ă©tat de veille. âNous avons gagnĂ©â, a dĂ©clarĂ© M. Merz Ă Berlin dimanche soir. Pas tout Ă fait, dirais-je. Pas vraiment. Pas du tout, en fait.
La guerre de Trump contre l'Ătat profond doit ĂȘtre perçue comme un phĂ©nomĂšne mondial, ou du moins comme un phĂ©nomĂšne perceptible dans l'ensemble des post-dĂ©mocraties occidentales. Les principales positions de l'AfD, celles qui font gagner des voix au parti, incluent l'opposition Ă l'immigration excessive et Ă la guerre ruineuse en Ukraine, ainsi que la nĂ©cessitĂ© de restaurer les liens avec la FĂ©dĂ©ration de Russie. Sur ces aspects, le combat politique de l'AfD ressemble fort Ă celui de Trump.
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Renouer avec la Russie et nĂ©gocier un accord de paix en Ukraine seraient des coups assez rudes pour les intĂ©rĂȘts de l'Ătat profond. La russophobie est une de ses constantes, et l'Ukraine a Ă©tĂ© la piĂšce maĂźtresse, ces derniĂšres annĂ©es, de la campagne incessante du MICIMATT de dĂ©stabilisation de la FĂ©dĂ©ration de Russie. Mais les autres Ă©lĂ©ments de la liste des thĂšmes abordĂ©s par Trump avec Poutine ne sont pas Ă rejeter en bloc. Mis bout Ă bout, ils indiquent l'intention de Trump de mettre fin au projet du rĂ©gime Biden de rĂ©duire la Russie au statut d'Ă©tat paria via un isolement total au sein de la communautĂ© des nations.
âLa grande Histoire de nos nationsâ, âle grand avantage de travailler ensembleâ : il s'agit lĂ d'un projet de restauration global, la nĂ©o-dĂ©tente favorisĂ©e par Trump pendant son premier mandat avec pas mal d'Ă©lĂ©ments supplĂ©mentaires Ă la clĂ©. La rhĂ©torique de Trump repose implicitement sur un postulat d'Ă©galitĂ© que les adeptes de l'Ătat profond, tels qu'Hillary Clinton, ont volontairement Ă©cartĂ©. (On se souvient de la description condescendante de la Russie par Barack Obama comme une puissance rĂ©gionale mineure). Dans la foulĂ©e - et c'est particuliĂšrement apprĂ©ciable - Trump a reconnu le rĂŽle de la Russie dans la victoire des AlliĂ©s sur le Reich en 1945, que les propagandistes amĂ©ricains ont honteusement cherchĂ© Ă gommer de l'histoire au moins depuis les annĂ©es de John Kerry en tant que secrĂ©taire d'Ătat d'Obama.
Les implications sont Ă©normes. Les EuropĂ©ens sont en Ă©tat de choc - âEuropaniqueâ, pourrions-nous dire - aprĂšs avoir vendu leur Ăąme, leur Ă©conomie et le bien-ĂȘtre de leurs citoyens au rĂ©gime de sanctions de Biden et Ă son exploitation perverse de l'Ukraine comme pion aux frontiĂšres de la Russie. Que vont-ils faire maintenant ? Volodymyr Zelensky est plus ou moins sorti du dĂ©bat Ă prĂ©sent - enfin. Trump, en effet, vient de qualifier l'autocrate de Kiev de âdictateurâ. Zelensky est apparu Ă la ConfĂ©rence sur la sĂ©curitĂ© de Munich au dĂ©but du mois comme le bonimenteur impuissant qu'il a toujours Ă©tĂ©, mais qu'il prĂ©tend ne pas ĂȘtre. On peut maintenant beaucoup parler des nouveaux projets amĂ©liorĂ©s de Trump pour que la Russie modifie de maniĂšre dĂ©cisive âl'ordreâ d'aprĂšs 1945, et insistons bien sur les guillemets.
La proposition de Trump en faveur d'une nouvelle dĂ©tente avec la Russie a Ă©tĂ© dĂ©prĂ©ciĂ©e avec puĂ©rilitĂ© dans les mĂ©dias grand public au cours de son premier mandat, et ce des deux cĂŽtĂ©s de l'Atlantique - et qualifiĂ©e de simple marque d'affection pour un dictateur, et rien d'autre. On a fait fi des prĂ©occupations politiques importantes, on n'a pas envisagĂ© un monde au-delĂ des schĂ©mas binaires entretenus par l'Ătat profond depuis les victoires de 1945. Il en va de mĂȘme cette fois-ci. La couverture du New York Times, fidĂšle au reste, a Ă©tĂ© assurĂ©e par Maggie Haberman et Anton Troianovski, la premiĂšre couvrant la Maison Blanche et le second le Kremlin, sans compter sur le sĂ©rieux ni de l'une, ni de l'autre. Lisez ces articles. Il n'est question que de Trump flattant son ego et de Poutine se jouant de Trump Ă grand renfort de flagornerie. Aucune mention de la nouvelle structure de sĂ©curitĂ© entre la Russie et l'Occident, qui est au fond la question la plus importante et la plus essentielle.
Tout change, semble-t-il, pour lâinstant.
Il est bien trop tĂŽt pour tirer des conclusions, mais comment voir l'Ătat profond prendre cette affaire Ă la lĂ©gĂšre. MĂ©fions-nous en effet de Keith Kellogg, le gĂ©nĂ©ral Ă la retraite qui sert d'envoyĂ© spĂ©cial de Trump pour l'Ukraine et la Russie, depuis qu'il a commencĂ©, immĂ©diatement aprĂšs sa nomination, Ă aboyer des menaces de sanctions supplĂ©mentaires et d'action militaire contre la Russie si Moscou se refuse Ă accepter un accord favorable Ă Kiev et Ă ses organisateurs. En cela, Kellogg semble ĂȘtre exactement le genre de personnage que l'Ătat profond a imposĂ© Ă Trump la derniĂšre fois - John Bolton, H.R. McMaster, et consorts - en place pour saboter toutes les bonnes idĂ©es de Trump.
Kellogg n'est-il pas un indicateur de subterfuges potentiels ? Il ne figurait pas, Ă ma connaissance, sur la liste des fonctionnaires dĂ©pĂȘchĂ©s par Trump Ă Riyad la semaine derniĂšre.
Et c'est parti pour une nouvelle période d'observation et d'attente.
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Tulsi Gabbard a affirmĂ© des choses surprenantes et courageuses lors de ses audiences de confirmation trĂšs controversĂ©es devant la commission sĂ©natoriale du renseignement au dĂ©but du mois. Et au vu de ces dĂ©clarations surprenantes, c'est Ă nouveau avec Ă©tonnement quâon a appris sa nomination au poste de directeur du renseignement national de Trump. Hmmm. Quelles autres surprises l'attendent lorsqu'elle prendra ses fonctions ?
Ă la mi-janvier, lorsque Mme Gabbard a brusquement annoncĂ© qu'elle soutiendrait le maintien de la section 702 de la loi sur la surveillance du renseignement Ă©tranger, j'ai fait partie de ceux, nombreux, qui ont Ă©tĂ© stupĂ©faits - pleine de surprises, Mme Gabbard - par sa capitulation sur cette question cruciale. La section 702, annexĂ©e au Foreign Intelligence Surveillance Act en 2008, autorise la SĂ©curitĂ© nationale Ă surveiller des AmĂ©ricains sans obtention de mandat prĂ©alable dĂ©livrĂ© par un tribunal. Ă l'Ă©poque, j'avais dĂ©crit Mme Gabbard comme âun personnage qui a fait de bonnes choses mais qui, comme on peut s'y attendre aujourd'hui, manque de principes politiques solides, de discipline intellectuelle, de tout ce qui n'est pas nĂ©gociableâ. Je ne reviens pas sur ce jugement. Mais en visionnant des sĂ©quences de ses auditions sur C-SPAN, cette conclusion m'est apparue comme prĂ©maturĂ©e, trop sĂ©vĂšre, ou les deux Ă la fois.
Mme Gabbard a donné autant qu'elle a reçu - ou mieux, en fait - alors que ses interlocuteurs s'acharnaient avec la suffisance de mise lorsqu'un candidat qui n'est pas en parfaite conformité avec les orthodoxies de Washington vient s'assoir en face d'eux.
Michael Bennet, un DĂ©mocrate du Colorado, Ă©tait passablement obsĂ©dĂ© par la question de savoir si Gabbard allait condamner Edward Snowden comme traĂźtre. L'Ă©change s'est transformĂ© en une de ces scĂšnes d'infra-digues âOui ou non, oui ou non, oui ou non ?â jusqu'Ă ce que Gabbard, qui a parrainĂ© en tant que congressiste une rĂ©solution de la Chambre appelant Ă l'abandon de toutes les charges contre Snowden, rĂ©ponde enfin magistralement : âLe fait est qu'il a aussi - alors mĂȘme qu'il a enfreint la loi - publiĂ© des informations qui ont exposĂ© des programmes extrĂȘmes, illĂ©gaux et anticonstitutionnelsâ.
Voilà qui semble avoir cloué le bec au sénateur des Rocheuses.
Ainsi s'est déroulé l'interrogatoire de Mme Gabbard à plusieurs reprises. Elle a évoqué certains de ses entretiens controversés avec Bachar el-Assad alors qu'elle siégeait au CongrÚs, au plus fort de l'opération secrÚte de la CIA contre le régime d'Assad à Damas. La transgression dans ce cas était - ah bon - de parler à un adversaire. J'invite les lecteurs à réfléchir à la riposte de Mme Gabbard. Elle renvoie à cet impératif du XXIÚ siÚcle : prendre en compte le point de vue des autres est aujourd'hui une condition sine qua non des relations internationales.
Mme Gabbard sur la question :
âJe lui ai posĂ© des questions pointues sur les activitĂ©s de son propre rĂ©gime, sur l'utilisation d'armes chimiques et les tactiques brutales employĂ©es contre son propre peuple..... Je pense que les dirigeants, qu'ils soient membres du CongrĂšs ou prĂ©sidents des Ătats-Unis, ont tout Ă gagner Ă se rendre sur le terrain, Ă apprendre, Ă Ă©couter et Ă rencontrer directement les gens, adversaires ou amisâ.
L'Ă©change qui m'a vraiment captivĂ©, cependant, concernait les dĂ©clarations antĂ©rieures de Mme Gabbard selon lesquelles les Ătats-Unis, au cours de l'opĂ©ration secrĂšte visant Ă dĂ©poser Assad, ont soutenu Al-QaĂŻda, l'Ătat islamique, Al-Nusra et d'autres djihadistes sauvages de leur espĂšce. âQuelle a Ă©tĂ© votre motivation ?â, a voulu savoir le sĂ©nateur Mark Kelly, dĂ©mocrate de l'Arizona, d'autant que les affirmations de Mme Gabbard correspondaient - AĂŻe ! - Ă ce que les Russes et les Iraniens dĂ©claraient Ă©galement Ă l'ONU et ailleurs. (Curieux, ou peut-ĂȘtre pas du tout, que ce soient les DĂ©mocrates qui aient brandi les piques les plus acĂ©rĂ©es ici).
Gabbard en réponse :
âSĂ©nateur, en tant que membre de l'armĂ©e engagĂ©e spĂ©cifiquement Ă la suite de l'attaque terroriste d'Al-QaĂŻda du 11 septembre, et ayant pris la dĂ©cision de faire tout ce qui Ă©tait en mon pouvoir pour vaincre ces terroristes, j'ai Ă©tĂ© choquĂ©e, ainsi que tous ceux qui ont Ă©tĂ© tuĂ©s le 11 septembre, leurs familles et mes frĂšres et sĆurs en uniforme. Lorsque, en tant que membre du CongrĂšs, j'ai appris que le prĂ©sident Obama a lancĂ© un double programme visant Ă renverser le rĂ©gime de la Syrie et qu'il Ă©tait prĂȘt Ă collaborer avec Al-QaĂŻda, Ă l'armer et Ă l'Ă©quiper, dans le cadre du programme Timber Sycamore de la CIA, qui a Ă©tĂ© rendu public, afin de renverser ce rĂ©gime et de dĂ©clencher un nouveau changement de rĂ©gime au Moyen-Orient, j'ai Ă©tĂ© choquĂ©e et me suis sentie trahie par la dĂ©cision du prĂ©sident Obama.
âLe programme de formation et dâĂ©quipement du ministĂšre de la DĂ©fense, lancĂ© sous le prĂ©sident Obama, est largement connu, examinĂ© et Ă©tudiĂ©. En fin de compte, plus d'un demi-milliard de dollars a Ă©tĂ© utilisĂ© pour former ceux qu'ils ont appelĂ©s âles rebelles modĂ©rĂ©sâ, mais qui Ă©taient en fait des combattants travaillant avec et alignĂ©s sur la filiale d'Al-QaĂŻda sur le terrain en Syrie, tout cela pour aller de l'avant avec leur changement de rĂ©gime et sans reconnaĂźtre ce qui Ă©tait Ă©vident Ă l'Ă©poque et qui s'est malheureusement avĂ©rĂ© vrai, Ă savoir qu'une guerre de changement de rĂ©gime en Syrie, tout comme les guerres de changement de rĂ©gime en Irak, le renversement de Kadhafi [en Libye, 2011] et de Moubarak [en Ăgypte, 2011], alors qu'il s'agissait tous de dictateurs, entraĂźnerait probablement la montĂ©e au pouvoir d'extrĂ©mistes islamistes tels qu'Al-QaĂŻda...â
Une critique immanente, pratiquĂ©e de main de maĂźtre. Faire avaler autant de vĂ©ritĂ©s Ă des sĂ©nateurs qui prĂ©sumaient que tous les mensonges de l'Ătat profond pouvaient ĂȘtre dĂ©ployĂ©s pour discrĂ©diter la candidate, voilĂ qui Ă©tait tout simplement brillant. Il y a plus dans l'Ă©change de Gabbard avec Kelly, et c'est tellement exceptionnel que je renvoie cette sĂ©quence des audiences ici.
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Ă ce stade, rien ne semble contester que Trump a dĂ©cidĂ©, au cours de son annĂ©e dans la nature sauvage de Mar-a-Lago, qu'Ă son retour au pouvoir, il poursuivrait une stratĂ©gie bien ciblĂ©e et soigneusement calculĂ©e contre l'Ătat profond sous toutes les formes qu'il pourrait affronter. Kash Patel, un ancien procureur fĂ©dĂ©ral, a Ă©tĂ© confirmĂ© cette semaine au poste de directeur du Federal Bureau of Investigation, et c'est donc le dernier en date des nominĂ©s de Trump prĂ©parĂ©s Ă concocter une autre ligne d'attaque.
La nomination de M. Patel et celle de Mme Gabbard ont deux points communs. Le FBI, comme l'appareil du renseignement, Ă©tait au centre mĂȘme des complots de l'Ătat profond qui ont plus ou moins neutralisĂ© le premier mandat de Trump par le biais de campagnes de dĂ©sinformation extravagantes, de violations de la loi et de plusieurs autres formes de corruption. Et comme M. Patel l'a largement fait savoir dans les semaines prĂ©cĂ©dant ses audiences de confirmation au SĂ©nat, il a, comme Mme Gabbard, l'intention de rompre avec les normes enracinĂ©es de son agence. M. Patel vient en effet d'entamer une purge qui, si elle se dĂ©roule comme il l'entend, ira certainement bien au-delĂ de ce que Mme Gabbard pourra rĂ©aliser.
On peut citer également le revirement dans les relations avec la Russie, que Trump et ses responsables de la Sécurité nationale ont assaini à un rythme remarquable depuis l'appel téléphonique du 12 février avec M. Poutine. Et il y a la proposition de Trump de tenir un sommet avec Poutine et Xi Jinping, une sorte de Yalta du 21Ú siÚcle, au cours duquel il négocierait avec les présidents russe et chinois une réduction de 50 % de leurs budgets militaires.
La premiĂšre fois que Trump a Ă©voquĂ© cette derniĂšre proposition, il l'a fait en passant, en quelques phrases, au cours d'une confĂ©rence de presse qui portait sur divers autres sujets. On aurait pu penser qu'il s'agissait d'une autre de ses nombreuses improvisations - ces propositions spontanĂ©es qui semblent lui venir Ă l'esprit au cours de l'un ou l'autre type d'Ă©change public. Pour moi, cela n'irait pas plus loin que l'affirmation de la souverainetĂ© sur le Groenland. Le Washington Post a ensuite rapportĂ© que Pete Hegseth a ordonnĂ© au Pentagone de procĂ©der Ă des rĂ©ductions budgĂ©taires de 8 % par an au cours des cinq prochaines annĂ©es. Depuis, Associated Press a rapportĂ© que le SecrĂ©taire Ă la dĂ©fense de Trump prĂ©conise des rĂ©ductions de 50 milliards de dollars - pas tout Ă fait 6 % du budget dĂ©clarĂ© du Pentagone - au cours de l'annĂ©e fiscale en cours, qui sâachĂšve le 30 septembre.
Si l'on prend toute cette agitation bureaucratique au pied de la lettre, seuls les membres de l'Ătat profond sont susceptibles de s'opposer Ă ce qu'un nouveau SecrĂ©taire Ă la DĂ©fense s'attaque au monstre militaro-industriel, ou Ă ce qu'un nouveau ministĂšre de l'IntĂ©rieur s'engage Ă fournir Ă la Maison-Blanche des renseignements âpropresâ, c'est-Ă -dire des rapports quotidiens prĂ©cis et non contaminĂ©s par les idĂ©ologues de l'Ătat profond aux mains sales. Et s'il y a bien une agence Ă s'ĂȘtre salie plus que toute autre pendant les annĂ©es du Russiagate, puis lors des opĂ©rations visant Ă Ă©carter Trump de la politique et Ă protĂ©ger Joe Biden de la destitution pour ses corruptions omniprĂ©sentes, c'est bien le FBI, depuis Christopher Wray, son directeur en disgrĂące, jusqu'Ă un grand nombre d'agents spĂ©ciaux.
Bon, trois hourras, dit-on souvent. Disons deux, avec une marge de réduction ouverte.
Il faut examiner de prĂšs le mĂ©morandum Hegseth envoyĂ© aux gĂ©nĂ©raux et aux fonctionnaires civils du Pentagone. On y trouve de nombreuses catĂ©gories de dĂ©penses exemptĂ©es de rĂ©ductions budgĂ©taires, y compris, mais sans s'y limiter, le projet de modernisation nuclĂ©aire, des drones d'attaque, des sous-marins et - ces Dr Folamour ne s'arrĂȘteront jamais - un âDĂŽme de fer pour l'AmĂ©riqueâ. L'intention dĂ©clarĂ©e de M. Hegseth n'est qu'un ârĂ©alignementâ comme de nombreux autres.
Deux observations. PremiĂšrement, citons les observateurs qui considĂšrent Trump comme une sorte de ârĂ©volutionnaireâ. Ces personnes devraient aller prendre l'air et reconsidĂ©rer leurs idĂ©es : Pete Hegseth et son patron n'ont pas pour mission de dĂ©manteler l'imperium - ce dernier et meilleur espoir dont parlait feu Chalmers Johnson. Secundo, le complexe militaro-industriel possĂšde plus d'armes que ces bronzes bouddhistes exotiques visibles dans les musĂ©es. Les 435 circonscriptions du CongrĂšs, les lĂ©gislateurs du Capitole, les barbouzes, le Pentagone lui-mĂȘme, les fournisseurs d'armes, et je ne sais combien de lobbyistes : tous ont intĂ©rĂȘt Ă ce que le complexe militaro-industriel continue Ă fonctionner au mĂȘme rythme qu'aujourd'hui. Hegseth est-il assez puissant pour vaincre la vive rĂ©sistance Ă©manant de ces redoutables milieux ? De quelle maniĂšre - c'est la question posĂ©e maintenant - son influence bureaucratique lui permettra-t-elle d'obtenir gain de cause ?
Alors que le sĂ©nateur du Colorado chahutait Tulsi Gabbard Ă propos de son apprĂ©ciation sur Edward Snowden, les messages envoyĂ©s par Snowden sur les rĂ©seaux sociaux depuis la Russie Ă©taient particuliĂšrement intĂ©ressants. Dites-le, a-t-il dit en s'adressant Ă Mme Gabbard. Dites-leur que oui, je suis un traĂźtre. Cela vous permettra d'ĂȘtre accrĂ©ditĂ©e. Cette attitude est parfaitement logique quand on examine les auditions d'Antony Blinken, par exemple, en tant que candidat de M. Biden au poste de secrĂ©taire d'Ătat. Elles se situent Ă mi-chemin entre le rituel et la mise en scĂšne politique. J'ai regardĂ© les auditions de Blinken Ă l'Ă©poque sur C-SPAN. J'ai rarement entendu un tel ramassis de conneries : il n'a jamais tenu aucun des engagements pris devant l'assemblĂ©e des sĂ©nateurs - la diplomatie d'abord, l'action militaire en dernier lieu, la consultation constante du CongrĂšs, etc.
Mme Gabbard, je le rĂ©pĂšte, a tenu bon et a protĂ©gĂ© son intĂ©gritĂ© sur la question de Snowden. Mais (et c'est un grand âmaisâ) sa capitulation sur la section 702, qu'elle a dĂ©jĂ cherchĂ© Ă abroger au cours de ses annĂ©es au CongrĂšs, reste une grave trahison de principe, bien plus grave que l'affaire Snowden pour le DĂ©partement national de l'information (DNI).
Quant Ă M. Patel, il affiche un style dĂ©terminĂ© lorsqu'il parle publiquement de la nĂ©cessitĂ© de rĂ©curer l'Ă©curie de M. Wray et d'autres du FBI de tout le fumier accumulĂ©. Avant sa nomination, M. Patel a dĂ©clarĂ© sans ambages son intention de fermer le bĂątiment du FBI Ă Washington et d'en faire âun musĂ©e de l'Ătat profondâ. Difficile de faire plus direct. Vendredi, il a annoncĂ© son projet de dĂ©centraliser un millier d'agents spĂ©ciaux du siĂšge de Washington vers les bureaux locaux Ă travers le pays.
M. Patel est avocat : il ne manquera pas de rester dans les clous en ce qui concerne la loi. Mais la question de savoir s'il va récurer l'agence ou si l'agence va le recaser n'est pas tranchée. Plus M. Patel avance dans les sombres recoins du FBI, plus il risque de se heurter à une résistance aussi féroce que celle que M. Hegseth ne manquera pas de rencontrer à mesure qu'il creusera plus profondément dans le budget du Pentagone.
Faire de Trump un rĂ©volutionnaire est bien trop excessif. Quant au nettoyage de l'Ătat profond, on ne peut pour lâinstant que rĂ©pondre Ă une question Ă la fois pour le prĂ©sident et ses collaborateurs. Mes encouragements vont Ă la Russie, et une sortie de la guerre en Ukraine. Ces initiatives sont les plus dĂ©terminantes Ă ce jour et disposent des meilleures chances de rĂ©sister aux prĂ©visibles contre-attaques.
https://scheerpost.com/2025/02/23/patrick-lawrence-what-odds-as-trump-takes-on-the-deep-state/
Par un cheminement trÚs différent, je suis arrivé à des conclusions assez similaires aux votres.
J'ai lu successivement les livres suivants:
L'histoire secrÚte de l'oligarchie anglo américaine (Carol Quigley)
Les secrets de la Réserve Fédérale (Eustace Mullins)
La guerre des monnaies (Hong Bing Song)
Les 3 livres de Peter Dale Scott sur lâĂtat profond amĂ©ricain
Depuis la naissance des Etats-Unis, un pouvoir apparent mis en place par un processus démocratique à toujours cohabité avec un pouvoir caché qui s'est développé, tel un cancer (votre image est la bonne) au fil du temps.
Le premier stade a été la prise de contrÎle de la monnaie américaine, réalisée en 1913.
Pour ce faire, la finance anglo-saxonne a dû faire élire Woodrow Wilson, qu'elle a fait surveiller tout au long de son mandat par Mandell House. Membre de la Round Table américaine, il a créé le CFR en 1919, qui allait créer la SDN en 1921, premier pas vers la domination mondiale de cet "Etat-profond"
L'isolationnisme du peuple américain n'a pas permis de progresser et il a fallu Pearl Harbor en 1941 pour y mettre un terme.
Il restait a prendre le pouvoir politique et le premier pas fut le "projet du jugement dernier" né en 1949 aprÚs l'explosion de la 1Úre bombe nucléaire soviétique.
Changement de nom en 1981, le jugement dernier devient le COG (continuity of government)
et c'est le 11 septembre 2001 que Dick Cheney s'installe dans le fauteuil de GW Bush
Dés lors, l'Etat profond contrÎle les Etats-Unis jusqu'à l'arrivée de Trump.
Il dirige la finance, l'industrie militaire et les médias, et probablement une partie importante du Pentagone et des renseignements et possÚde les moyens d'établir sa domination mondiale
L'administration sous prĂ©sidence de Donald John Trump semble vraiment Ćuvrer pour une pacification mondiale. Ses ennemis sont Ă l'intĂ©rieur des USA, tout comme nos ennemis sont Ă l'intĂ©rieur en France (et en UERRSL) Rappelons le rĂ©cent magnifique discours Ă Munich du Vice-prĂ©sident James David Vance : les vĂ©ritĂ©s !. Craignons les manĆuvres mafieuses (Ă©limination physique) dont les maĂźtres derriĂšre le rideau sont coutumiĂšres ! Que Notre Seigneur soutienne les activitĂ©s des pacifistes !